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Les femmes arabes, entre la lutte contre le colonialisme et le sionisme et la confrontation avec l’ignorance, la violence et les traditions
dimanche 12 mai 2024 par Marie Nassif-Debs / Communist Party of Lebanon
... Je me suis demandé par où commencer pour aborder le problème qui se posait à moi, ou plutôt celui que je me posais à moi-même.
Devrais-je entrer dans le sujet par une question de langue où l’utilisation du féminin de "député" (naib) signifie "malheur" (naiba) et où le mot "femme - imra’a" se transforme en "Nissa’a" au pluriel ?
Ou dois-je y voir une contradiction flagrante entre le rôle joué aujourd’hui par les femmes de Gaza, et de Palestine en général, les femmes libanaises, et avant elles beaucoup dans tout le monde arabe, contre les agressions du colonialisme, la violence des colonies et le génocide, et entre l’ignorance, la tradition et les lois qui en résultent et qui considèrent les femmes comme de la "nudité" et des êtres humains incompétents, marginalisant ainsi leur rôle social et national et leur refusant le droit de participer effectivement à la prise de décision ?
Pendant que je réfléchissais à cette question, tous les noms dont l’histoire glorieuse a contribué à façonner mon humanité et à me faire passer du statut de simple femme souffrant de l’injustice qui lui a été infligée à celui de combattante cherchant à changer l’image stéréotypée qui lui a été imposée, m’ont traversé l’esprit.
Des centaines, voire des milliers de noms, que je ne pourrai donc pas citer dans cette hâte.
Ces noms ont dessiné et continuent de dessiner la carte du monde arabe, de l’océan Atlantique au Golfe, et éclairent pour nos peuples les chemins de la lutte et du sacrifice à tous les niveaux, à commencer par Hoda Shaarawi, qui a participé à la révolution de 1919 en Égypte, et toutes les militantes égyptiennes, à Shadia Abu-Ghazaleh et, avec elle, à toutes les héroïques combattantes palestiniennes qui ont laissé leur marque de lumière dans chaque coin et chaque grain de poussière de la Palestine, à la martyre Wardah Boutros Ibrahim et à ses compagnes de la classe ouvrière libanaise et du mouvement féministe, et en particulier de la résistance patriotique contre l’occupation sioniste du Liban, aux femmes de Syrie, d’Irak, de Jordanie, du Yémen et même de tout le Golfe.
Nous n’oublions pas, bien sûr, les militantes soudanaises, ni les femmes pionnières dans tous les pays du Maghreb qui ont contribué à libérer leur pays du colonialisme français, en particulier Djamila Bouhired, Djamila Boupacha et Malika Kayed...
La contradiction entre le rôle de la femme arabe et ses droits en tant qu’être humain à part entière, que nous avons évoquée dans cette introduction, est le résultat des traditions, des coutumes, de l’ignorance, de la violence masculine et de la discrimination qu’elle a accumulées au fil des ans et à tous les niveaux, en commençant par la famille et la société et en finissant par les lois et la politique.
Il convient de noter que les positions des régimes et des gouvernements arabes, sans exception notable, sont identiques en termes de refus de reconnaître le droit des femmes à l’égalité avec leurs partenaires dans la famille, le travail et la lutte à tous les niveaux et dans toutes les ramifications.
Les exemples sont nombreux.
Les plus importants concernent les réserves unifiées émises sur les articles 9 et 16 de la "Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes" (CEDAW), qui stipulent l’égalité entre les citoyens masculins et féminins pour l’acquisition ou l’octroi de la nationalité, et pour toutes les questions relatives au statut personnel, en particulier les droits et les responsabilités en tant que parents de la femme et de l’homme pendant le mariage et également lors de sa dissolution.
L’égalité dans les droits personnels fait peur, semble-t-il, aux régimes arabes et à ceux qui en ont la charge, car elle conduit à une transformation économique et sociale radicale qui se reflétera sans aucun doute dans l’infrastructure, d’abord en suivant l’égalité dans l’héritage et le partage de la libération sociale et l’abolition de la dépendance financière et de l’esclavage pratiqué à l’encontre des femmes.
Le deuxième impact de l’égalité concerne les superstructures.
Elle entraînera un changement dans les formes et les méthodes de transfert du pouvoir, et donc dans les systèmes de gouvernement eux-mêmes. Dans les deux cas, le résultat sera le bris des barreaux de la prison dans laquelle elles étaient placées pour contribuer à la construction et au développement des sociétés, et participer à la prise de décision à tous les niveaux, d’autant plus que leur contribution dans les domaines de la lutte de libération, sur le plan pratique, intellectuel et idéologique, n’a plus besoin d’être démontrée ou prouvée.
On peut dire que le moment actuel n’est pas approprié pour une telle discussion, à la lumière de l’expansion de ce qui est métaphoriquement appelé la "troisième guerre mondiale" lancée par l’OTAN au nom des puissances impérialistes et sous la direction des États-Unis d’Amérique, de l’Ukraine à Taïwan, en passant par nos pays arabes et la Palestine en particulier.
Ainsi, la priorité, aujourd’hui, est de faire face au nouveau crime de génocide commis par les sionistes à partir d’octobre 2023, qui a coûté la vie à des dizaines de milliers de femmes palestiniennes dans la seule bande de Gaza, en plus des centaines de milliers qui ont été affectées par le déplacement, la faim, la soif et la maladie, et les crimes qui affectent les femmes et les filles en Cisjordanie occupée et dans les centres de détention sionistes.
Au Soudan, les femmes et les filles sont, depuis près d’un an, le combustible de la nouvelle lutte pour le pouvoir qui fait rage, où l’appauvrissement, le déplacement, la captivité, l’enlèvement, le viol et le meurtre ont touché plus de deux millions de femmes...
Au Yémen, ce sont les femmes et les filles qui ont souffert et souffrent le plus de la guerre et du siège qui se poursuivent...
Tout cela est vrai, car les répercussions négatives fondamentales des guerres et des conflits armés affectent souvent les femmes dans nos pays. Il est donc nécessaire d’attirer également l’attention sur ces répercussions, notamment sur les crimes de mariage de mineures, qui ont augmenté dans tout le monde arabe au cours des dix dernières années, en raison des déplacements et des déplacements forcés, que ce soit au Yémen, en Syrie, au Soudan, au Liban ou en Irak.
Il faut également souligner les souffrances résultant de l’augmentation de la violence domestique et de la violence domestique mortelle... et nous ne devons pas oublier les crimes de circoncision auxquels de nombreuses filles sont exposées à partir de l’âge de treize ans, et même avant, qui, bien qu’ils aient diminué dans certains pays arabes, restent répandus, bien que la circoncision soit considérée comme un crime passible d’emprisonnement dans certains de ces pays.
Pour tout cela, nous disons que le conflit, pour nous les femmes, a trois aspects qui se complètent pour former la solution.
Le premier aspect réside dans le niveau de notre contribution à la lutte de libération nationale contre toutes les formes de colonialisme, nouveau et ancien, et contre le sionisme implicitement parce qu’il représente l’aspect le plus criminel de ce colonialisme.
Le deuxième aspect réside dans le niveau de notre contribution à la lutte des classes visant à se débarrasser des systèmes de dépendance que nous impose le capitalisme mondial, et à imposer un changement démocratique basé sur la justice sociale au sein de nos sociétés.
Le troisième aspect concerne la manière de mettre fin aux coutumes et aux traditions qui ont été établies pour marginaliser la position et le rôle des femmes, en lançant une lutte idéologique qui vise à changer les concepts masculins et à les remplacer par des concepts humains corrects, à savoir l’égalité entre les personnes dans les droits fondamentaux affirmés par la révolution prolétarienne d’octobre et que Marx a formulés comme suit :
- "Au stade supérieur de la société communiste, lorsque la subordination humiliante des individus à la division du travail aura cessé et qu’aura disparu l’antagonisme entre le travail intellectuel et le travail physique ; lorsque le travail deviendra non seulement un moyen de vivre, mais aussi la première nécessité de la vie ; lorsque les forces productives s’accroîtront avec le développement des individus sous tous les aspects, et lorsque toutes les sources de la richesse publique couleront abondamment et en abondance : De chacun selon ses capacités, à chacun selon ses besoins".
(Magazine AL-Hadaf, numéro d’avril 2024)
Traduction JP-ANC avec DeepL