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L’avant garde éclairée, vieille lune ou fer de lance de la lutte de classe ?
dimanche 8 septembre 2019 par Alain Pascal Benielli (ANC)
La période actuelle se caractérise par une offensive du capital de grande ampleur. Celle-ci se déploie dans un contexte où, la sociale démocratie n’a quasiment plus de marge de manœuvre pour exister.
L’autre paramètre est la disparition de l’outil d’avant-garde, capable d’analyse et de stratégie (marxiste)
Faute d’un tel outil, il ne peut y avoir de montée des consciences, indispensables à la résistance, aux luttes génératrices d’acquit, capable de capter les colères protestataires, pour les rendre porteuses d’affrontements de luttes de classes.
Rassembler les communistes [1], aujourd’hui dispersés, inorganisés, ou tout du moins en poser les prémisses, semble bien être le chantier à ouvrir.
Rassembler, ne veux pas dire étiqueter sous un même sigle, plutôt œuvrer à créer l’espace horizontal ou les communistes mettront à jour, collectivement, leurs analyses, perspectives, stratégies…
Sans dérouler une liste exhaustive, les points suivants méritent examen :
- -La réappropriation des moyens de productions et leur gestion, à la lumière des échecs des « nationalisations »,
- -Les notions transversales d’auto gestion
- -L’analyse des échecs de l’alliance avec le réformisme, qui a conduit, entre-autre, à laisser capter la colère des masses par l’extrême droite et effacer tous les repaires de luttes de classes au profit de l’électoralisme. La rupture totale avec le réformisme, en terme de recherche de compromis programmatique, apparaît inéluctable,
- -L’urgence absolue de remettre la parole révolutionnaire au centre de l’activité de l’outil , débarrassé de toute pollution sociale-démocrate.
A ce titre, on peut prendre pour exemple ce passage de l’intervention de Charles Hoareau lors du festival La Belle Rouge de Saint Amand Roche Savines :
« Poser la question du changement de système en vue des prochaines élections municipales c’est par exemple affirmer la volonté de la réquisition d’une entreprise qui veut fermer, de la remunicipalisation de services aujourd’hui privatisés, de la réquisition de logements maintenus vides ou insalubres, de celle de terrains dont la population a besoin »
Voilà un positionnement audible dans les masses et porteur des fondamentaux marxistes, marquant clairsemant la césure entre démarche révolutionnaire et bavardage protestataire réformiste. C’est sur ces bases que devraient être abordés tous les épisodes électoraux, sans aucun compromis sur la feuille de route.
Le pouvoir.
Le capital entretien soigneusement l’illusion que le pouvoir est l’émanation du vote citoyen, déléguant aux élus majoritaires, la charge de mettre en œuvre le programme choisi. Ce système dit de la « démocratie », si il est jalousement protégé par la bourgeoisie, commence à se déliter dans les masses (montée de l’abstention).
L’affirmation que le seul pouvoir appartient aux possesseurs des grands moyens de productions, aussi détenteurs des moyens de pressions idéologiques, doit être réaffirmé en permanence. Doit-elle être, ponctuellement, accompagnée, du mot d’ordre « abstention de classe » entendu lors des dernières européennes ?
C’est une question.
À la CGT, la dérive réformiste engagée depuis quelques décennies, a conduit, à céder, au moins partiellement, aux sirènes de l’institutionnalisation, portant de l’eau au moulin de la « concertation », éternel miroir aux alouettes du capital.
C’est, pour les communistes, l’un des thèmes de débat premier, à mener en interne. A ce titre, on peut s’arrêter sur la déclaration de Martinez, qui, au sujet des retraites, s’adressait au gouvernement : « vous prenez le problème à l’envers ». Non, les petites mains du capital aux manettes aujourd’hui, abordent bien la réforme des retraites dans le bon sens, celui des intérêts du capital. Créer le sentiment qu’il pourrait en être autrement c’est brouiller la prise de conscience.
Le temps est-il toujours à répondre aux convocations maquillées en « concertation », ou à dénoncer, bien en amont cette supercherie ? Y compris en refusant de s’y soumettre, lorsqu’elle tourne à la mascarade, partant du postulat que le système ne peut produire autre chose que de l’injustice et de la régression sociale.
Un dernier mot sur la manière dont le capital a récupéré les problématiques liées à l’écologie. Il utilise la garde et l’avant-garde de ses moyens de pression idéologique, matériel et humain, pour créer un écran d’enfumage, et donner l’illusion que « l’écologie » est devenue l’affaire de tous, y compris des grands groupes de productions, de distributions, des politiques, et qu’elle exige un investissement de chaque citoyen. Ce brouillard anxiogène fabrique de la culpabilité autour du geste écologique individuel, qui, s’il est négligé, porterait la responsabilité du désastre environnemental.
C’est, pour le capital, le moyen (efficace), de détourner l’attention de l’essentiel : la recherche du profit n’est en aucun cas compatible avec la mise en œuvre d’une maîtrise écologique de la gestion de la planète.
Dans un contexte ou le capital est idéologiquement triomphant, la nécessité de forger l’outil d’avant-garde apparaît, prioritaire.
[1] Le terme désigne celles et ceux qui ont le marxisme comme référant
Messages
1. L’avant garde éclairée, vieille lune ou fer de lance de la lutte de classe ?
11 septembre 2019, 22:09 - par RICHARD PALAO
D accord globalement avec ce texte sauf avec le passage concernant le rassemblement des communistes : je ne comprends pas bien ce que signifie " créer un espace horizontal ..." , je crois qu’ il faut appeler un chat , un chat : ce qui nous manque c est l outil et donc c est a cette tâche , la creation de cet outil qu’ il faut s atteler et contourner cette tâche en créant des structures gazeuses ne peut qu’ être inefficace et aboutir a des impasses ( voir LFI)
2. L’avant garde éclairée, vieille lune ou fer de lance de la lutte de classe ?
12 septembre 2019, 09:18 - par Benielli
Palao , "créer un espace horizontal" c’est œuvrer pour que les communistes éparpillés puissent se rencontrer ,avec comme objectif la création de l’outil . Ca n’est qu’un espace de rencontre , prélude à une structuration d’organisation communiste , ce sera probablement long Cela dit , c’est vrais que la formule employée peut porter à confusion. Rien mais alors rien de commun avec l’agitation sociale démocrate gazeuse de LFI