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Chroniques de Napoléon le tout-petit (IV)

jeudi 21 octobre 2021 par Francis Arzalier (ANC)

Tous les chefs d’États, Présidents ou Monarques, veulent laisser de leur passage au pouvoir d’État une trace, un souvenir dans la mémoire universelle et nationale. Certains l’ont fait par la fabrication de rouages étatiques, comme Louis XI ou De Gaulle ; d’autres ou parfois les mêmes par la guerre et les conquêtes, comme Napoléon qui se disait premier pour tenter d’assurer son lignage, et ne sut guère y parvenir. D’autres encore ont tenté de marquer leur époque en bâtissant le Louvre, le Palais de Versailles ou les boulevards parisiens.
Qui se souvient encore de leurs lubies architecturales, du Président français qui décida la Tour Eiffel, qui n’a gardé le nom que du seul architecte ?
Tous le voulaient, peu ont marqué l’histoire.

En fait, la mémoire des peuples, sans pitié, ne garde souvenir que de ceux qui furent hommes d’État, ou visionnaires accoucheurs d’avenir, Napoléon dont le Code civil et le réseau préfectoral sont encore l’ossature de la France d’aujourd’hui, Staline constructeur aux forceps d’une URSS capable d’écraser le monstre nazi, Robespierre et Lénine dont les rêves d’égalité nourrissent encore nos rêves.

Le » monarque républicain » de la France actuelle, sorti des cabinets du CAC 40 pour devenir Président en 2017 et hanté par le désir d’un autre quinquennat, ne fait pas exception à ce prurit d’éternité. Encore faut-il en avoir la carrure, n’est pas Napoléon qui veut…

Multipliant depuis deux ans les « nous sommes en guerre » à propos de l’épidémie, il n’a réussi qu’à parrainer le cafouillage des mesures contraignantes, sans résultats sanitaires probants plus que la modeste Suède, qui ne fut ni masquée, ni confinée.

Notre Napoléon le tout petit, par référence au troisième du nom, que le père Hugo avait qualifié justement de Napoléon le petit, s’est présenté en chef de la guerre menée en Afrique, contre les bandes de pillards, délinquants et truands, qui prétendent depuis sept ans imposer leur férocité fanatique aux peuples du Sahel, Mali, Niger, Burkina.
Ses glorieuses expéditions, Barkhane et ses 5000 professionnels de guerre, suréquipés d’hélicoptères, blindés et drones tueurs, n’ont réussi qu’à multiplier par quatre l’emprise territoriale des djihadistes, et à contraindre à la fuite des centaines de milliers de citoyens maliens et burkinabés.

Malgré les fréquents communiqués de victoire claironnés par Macron et sa Cour, c’est une défaite totale sur le plan militaire, et un désastre politique, la détestation de la France étant devenue massive dans les populations sahéliennes.

Notre Napoléon le tout petit, malgré ses grands panégyriques de lui-même, n’a aucune chance de laisser le souvenir d’un homme d’État, promouvant une vision d’avenir au service de la Nation.
Ses « réformes » ne consistent qu’à démolir ou démanteler les conquêtes sociales du siècle passé (diminution des allocations aux chômeurs, destruction des retraites et des services publics) en vertu de deux obsessions qui se recouvrent, la volonté d’amener toutes les activités à générer des bénéfices pour les actionnaires, et celle d’imiter en tout le modèle états-unien.

Cette imitation béate de la société capitaliste la plus développée va jusqu’au ridicule, quand elle est décidée en toute ignorance des réalités françaises. Le plus bel exemple récent a été trop peu commenté : lors de sa visite à Marseille, constatant les méfaits mortifères du trafic de drogue dans les quartiers populaires, Macron n’a rien trouvé de mieux comme thérapeutique que confier aux directeurs d’école le pouvoir de choisir « leurs » enseignants ! !
Alors qu’ils n’ont aucune qualification pédagogique pour ce faire, et ne sont en France que chargés dans chaque école d’assumer les tâches administratives ! !
De quoi laisser à la postérité un souvenir d’incompétence crasse, sûrement pas d’un grand homme d’État. Même si les télévisuels de service assènent le contraire.

Est-ce à dire que notre Napoléon le tout petit n’aurait aucune qualification ?
Bien sûr que si !
Il n’aurait pas sinon bénéficié des soutiens financiers, politiques, médiatiques, qui l’ont amené où il est. Et pour faire ce que désirent ses sponsors du CAC 40. Car c’est ainsi que fonctionne la « démocratie libérale occidentale » , qui n’a rien de démocratique, et qui n’est dite « libérale » que parce qu’elle donne aux possesseurs de capitaux le droit de s’en servir pour exploiter le travail de ceux qui n’en ont pas…

Notre Emmanuel Macron a bien compris ce système politique et ses rouages, et sait utiliser au maximum tous les moyens donnés à l’État, notamment les formidables capacités de manipulation des esprits par le biais des médias. Un pouvoir de formatage de l’opinion que n’ont jamais eu ni Louis XIV ni Napoléon Bonaparte…c’est par ce mécanisme que l’on peut dévier la colère sociale (qui ne disparaît pas, puisqu’elle a des raisons objectives) vers l’impuissance et l’inefficacité politique.

Il suffit pour cela de détruire jour après jour la crédibilité des organisations qui structuraient les luttes populaires depuis deux siècles, partis et syndicats, grâce au discours ressassé « tous pourris, tous inutiles ou néfastes « , qui font se réfugier des millions de citoyens dans l’abstention électorale, voire la démagogie xénophobe.

Ce préalable accompli, (et entamé depuis les décennies précédentes), notre politicien manipulateur et ses affidés ont pu dès les lendemains de 2017 entamer la campagne électorale pour le prochain scrutin présidentiel de 2022. Cela consiste à faire état de la moindre activité du candidat-président, à l’amplifier jusqu’à la démesure par le déferlement des images et des commentaires, de façon à racler le plus possible de points dans les sondages, et de voix dans le futur scrutin.
Et cela, en visant successivement tous les secteurs de l’opinion.

C’est ainsi que depuis des mois, nous avons droit successivement à des séquences démontrant la jeunesse et la forme physique de Macron, en le montrant chez les sportifs, et même en maillot sur un terrain de foot, où il marque un but.
Macron et son équipe de ministres raclent à droite des suffrages, en combattant l’insécurité à Marseille, en assurant avec Darmanin les policiers d’un soutien absolu contre les méchants musulmans qui ne supportent pas que de gentils partisans des libertés d’opinion insultent le Prophète de l’Islam…
Ils raclent à droite grâce à la résurrection médiatique d’Edouard Philippe, traçant pour lui des « Horizons « insoupçonnés…

Les médias fabriquent en quelques semaines de matraquage un boulevard pour le discours nauséabond de Zemmour, jugé à l’Élysée seul capable d’enlever des suffrages à Bertrand, outsider de droite électoralement dangereux, et font semblant de s’ébahir ensuite de sa croissance sondagière.

Parallèlement, Macron pêche des voix à gauche, grâce à Dupont-Moretti, lion des prétoires transformé en caniche marcheur, grâce à Badinter, qui vient mettre l’abolition de la peine capitale au service du Président actuel, qui ne l’a jamais défendue à l’époque.

Pire encore, le même n’hésite pas à pratiquer l’indécente récupération du souvenir des massacres d’Algériens à Paris par la police française le 17 octobre 1961, la meute médiatique lui attribuant sans complexe d’avoir inventé la dénonciation de ces crimes, alors même qu’il vient de restreindre l’accès aux visas des mêmes Algériens pour complaire aux racistes français ! !

Évidemment, ce débauchage tout azimut des électeurs potentiels relève parfois du dérapage mal contrôlé. Cela semble bien être le cas avec l’opération Zemmour, lancée pour affaiblir l’éventuel candidat de droite, qui rebat les cartes en siphonnant aussi celle du RN, repoussoir dont Macron a besoin pour se faire réélire en 2022 comme il le fit en 2017.

Ce n’est pas l’essentiel pour nos idéologues du CAC 40 ; le plus nécessaire pour eux était de réduire drastiquement les capacités électives des candidats réellement anticapitalistes, PCF, Insoumis, LO, etc.

C’est à peu près réussi pour l’instant, il nous reste à renverser la table pour éviter que le débat français de 2022 se déroule entre les seules options droitières, et ne se termine par un désastre politique pour la France.

20/10/2021

   

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