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Guerre au chômage, pas aux chômeurs !

jeudi 29 décembre 2022 par Victoire Bech (CGT/ANC)/Vidéo Henry Ansaldi (CGT/ANC)

Le mercredi 28 décembre, des dizaines de militants des comités chômeurs de la CGT, de la CGT Pôle Emploi, des structures interprofessionnelles de la CGT et des associations de chômeurs nationales ont occupé pendant plusieurs heures les agences de Montreuil, Marseille et Lorient pour exiger le retrait des réformes de l’assurance chômage de 2019 et de décembre 2022, l’abandon du projet « RSA contre activité » et du projet « France Travail » qui vise, à terme, à fusionner dans une allocation unique, toutes les prestations sociales, indemnités chômage comprises et une vraie politique de lutte contre le chômage de masse.

Entre durcissement des conditions d’ouverture et de rechargement des droits (augmentation de 4 à 8 mois du nombre de mois travaillés pour prétendre à l’assurance chômage et suppression du rechargement), baisse généralisée du montant des indemnités chômage (16 % en moyenne), abaissement du nombre de mois indemnisés (-25 % pour un taux de chômage inférieur à 9 %/-40 % pour un taux de chômage inférieur à 6%), la réforme de l’Assurance Chômage de 2019 et son extension de 2022 sont des machines à fabriquer des pauvres.

Depuis un an, le nombre de chômeurs indemnisés par l’Assurance Chômage a baissé de plus de plus de 16 %, passant de la moitié du nombre total de travailleurs sans emploi à moins d’un tiers, et le montant médian des indemnités est passé à moins de 1000 euros par mois. En d’autres termes, la moitié des chômeurs indemnisés vivent sous le seuil de pauvreté !

Sans compter ceux qui ne le sont pas et survivent avec le RSA !

Parallèlement, certaines régions, sur proposition du gouvernement, expérimentent le projet « RSA contre activité » consistant à conditionner le versement du RSA à la reprise d’une activité de 15 à 20 heures par semaine.

C’est une véritable attaque contre le droit du travail à laquelle le gouvernement soumet la classe des travailleurs : il s’agit, peu ou prou, d’institutionaliser le recours à des formes de travail totalement dérogatoires aux droits conquis de haute lutte par des générations de travailleurs.

Mais, ne nous y trompons pas : le dispositif RSA contre activité n’est que le dernier né d’une longue liste de mécanismes mis en place depuis des décennies, tels que les contrats aidés, les contrats d’apprentissage, les services civiques, les contrats d’insertion, etc.
Tous ces « contrats/dispositifs » ont un point commun : des aides financières massives de l’État aux employeurs qui embaucheraient sous ce type de contrats, un (nouvel) allègement des cotisations sociales voire leur suppression totale, un chèque en blanc pour la précarité (aucun de ces contrats ne contraint les employeurs à les faire suivre d’embauches en CDI), une disparition pure et simple du salaire horaire minimum (la rémunération mensuelle d’un service civique, pour un volume horaire allant de 20 à 35 heures par semaine, tourne autour de 600 euros) !

Ces emplois dégradés représentent plus des trois quart des emplois créés depuis 2020 et ce sont eux qui permettent au gouvernement d’affirmer que la reprise économique est là, que leurs politiques ont porté leurs fruits et que la bonne méthode pour lutter contre le chômage systémique est de durcir encore et encore les conditions de survie des plus précaires et des plus pauvres, quitte à les plonger dans la misère !

En d’autres termes, l’objectif du gouvernement, au service d’un capitalisme en crise, est simple : appauvrir drastiquement les travailleurs privés d’emploi et précaires, les soumettre à des contrôles et des humiliations de plus en plus fréquents, pour, d’un côté, les intégrer de force dans un sous-marché du travail sans protection et sans droits et, de l’autre, les contraindre à accepter les emplois dégradés que leur propose le patronat afin d’affaiblir la résistance de l’ensemble des travailleurs face aux attaques massives du Capital contre le Travail dans les pays dits « industrialisés ».

La manœuvre est habile : plutôt que de s’attaquer frontalement au droit du travail et, ce faisant, aux organisations de travailleurs qui disposent encore d’un pouvoir relatif dans notre pays, ils le rongent à la marge, peu à peu, en s’attaquant à ses membres les plus faibles et les moins organisés, les chômeurs et les travailleurs précaires .

En les contraignant à trahir leur classe sociale en acceptant des emplois et des niveaux de rémunération que personne ne devrait accepter. Et ce, au détriment des autres travailleurs, qui, eux, bénéficient (pour le moment) de quelques protections contre la pauvreté et l’exploitation sans fard de leur force de travail qu’ils ont conquis par deux siècles de luttes.

C’est contre ce mécanisme que les militants de la CGT Chômeurs, renforcés par endroits par les structures interprofessionnelles de la CGT, comme à Marseille et Lorient, et par des militants des associations de chômeurs comme à Montreuil, ont voulu lutter en occupant les agences Pôle Emploi.

C’est à cette entreprise de paupérisation programmée de l’ensemble des travailleurs, qui s’inscrit un contexte de crise systémique du Capital et de la baisse du taux de profit que celui-ci cherche à pallier par la guerre à l’extérieur et les attaques contre les travailleurs à l’intérieur, qu’ils ont décidé de dire STOP.

Cette action, certes modeste, n’est que le début d’une série d’actions et de luttes des chômeurs et des travailleurs précaires pour leur droit à vivre dignement de leur travail et contre l’instrumentalisation de leur misère par un gouvernement au service du Capital.
La répression des forces de l’ordre, qui ont délogé les militants d’Ile-de-France et de Lorient au bout de quelques heures, n’y changera rien. Un mouvement est en cours et rien ne pourra l’arrêter. Témoin l’accueil extrêmement bienveillant des usagers rencontrés sur place, dont certains ont rejoint l’action en cours.

Mais pour que cette lutte prenne de l’ampleur, encore faut-il que l’ensemble des organisations syndicales et politiques prennent conscience de sa nécessité absolue pour notre classe sociale : en période de chômage de masse, ne pas lutter aux côtés de ceux qui en sont les victimes, renoncer à en analyser les causes internes et externes, ne pas voir le lien consubstantiel entre attaques contre les chômeurs et attaques contre les travailleurs, entre situation nationale et internationale, mène l’ensemble des travailleurs à la défaite contre les attaques en cours du Capital.

Seule une union, sur tous les fronts et tous les sujets, de l’ensemble des travailleurs, qu’ils soient précaires ou non, qu’ils aient un emploi ou non, qu’ils aient des papiers ou non, nous permettra d’obtenir ce pour quoi nous nous battons depuis déjà des décennies : le pain et la paix, pour tous, sous toutes ses formes et dans tous les pays.

A bon entendeur, salut !

   

Messages

  • 1. Guerre au chômage, pas aux chômeurs !
    29 décembre 2022, 18:08 - par Gérard Jugant


    Bonjour camarades, j’apprends beaucoup par votre article concernant les luttes des associations de chômeurs et notamment de la CGT chômeurs qui lutte avec le soutien de syndicats CGT des salariés.
    J’apprends que dans ma ville, à Lorient, les locaux de Pôle Emploi ont été occupés par des chômeurs et des salariés ayant un emploi, car la lutte doit effectivement rassembler notre classe, qu’il s’agisse des salariés ayant un emploi à statut, de tous ceux, de plus en plus nombreux, qui sont des salariés précaires et de tous ceux, encore nombreux, qui sont sans emploi du tout et subissent les lois régressives concernant leurs droits et indemnités. J’ai été, dans les années 1990, pendant plusieurs années, responsable du Comité CGT des chômeurs et précaires de Marseille Centre, donc aujourd’hui je comprends parfaitement la situation des chômeurs dont beaucoup sont déjà sous le seuil de pauvreté.
    Je suis entièrement solidaire des Comités CGT chômeurs et des organisations syndicales qui les soutiennent.

  • 2. Guerre au chômage, pas aux chômeurs !
    29 décembre 2022, 18:52 - par Gérard Jugant


    Au début de ton article, il est indiqué le 28 février comme date d’occupation des locaux de Pôle Emploi, je crois qu’il faudrait lire le 28 décembre, non ?

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