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Du national à l’international - Des désaccords entre les progressistes du « centre » et de la « périphérie »
samedi 11 janvier 2025 par Taher Al-Mouez

Je me permets de vous transférer cet article de mon camarade et ami Taher Al-Mouez qui, à mon avis, apporte des éléments nouveaux dans l’analyse "internationaliste" et qui nous pousse à réfléchir pour repenser les différentes formes d’interactions entre les luttes des peuples en tenant compte de leurs différentes situations géographiques, politiques et culturelles qui déterminent les aspirations de chacun pour finir par se rejoindre dans leur combat commun contre le capitalisme.(URC)
Introduction
Ce texte est un complément à d’autres textes déjà publiés sur le même sujet, notamment un texte intitulé « La domination de l’idéologie impérialiste dans l’Occident colonial » (début novembre 2024) et un texte intitulé « Palestine – Critique de quelques thèses de marxistes des États impérialistes » (mi-juin 2024).
Ce texte tente de mettre en évidence quelques exemples des divergences entre les forces progressistes arabes et les forces progressistes « occidentales » concernant l’interprétation des événements qui se déroulent dans les pays arabes et dans le monde, depuis un quart de siècle.
Après treize années de siège, de famine et d’occupation, la Syrie est gouvernée par Hay’at Tahrir al-Sham. Parmi les premières mesures de cette nouvelle autorité figurent : la privatisation du système bancaire - y compris la banque centrale - au profit d’une société de change et de transfert créée par Hay’at Tahrir al-Sham à Idlib. En matière d’éducation, elle a supprimé les chapitres qui font référence au « Big Bang » pour expliquer les développements historiques et les étapes les plus importantes du développement. Hay’at Tahrir al-Sham a annulé tous les chapitres liés à l’histoire de la Syrie avant l’Islam, ainsi que toute critique de la période de l’occupation ottomane des pays arabes. De nouveaux chapitres font la promotion de la haine contre « les Juifs, les Chrétiens et les peuples déviants ».
Le site Internet du journal progressiste australien « Red Flag » ( la bannière rouge ) a publié, le 05 janvier 2025, un article-reportage sur « les meurtres, les exécutions extrajudiciaires, les perquisitions, les milliers d’arrestations (…) et le harcèlement des femmes ne portant pas le hijab dans plusieurs villes de Syrie ». Les médias « grand public » dans les pays impérialistes et les médias financés par les États du Golfe, n’ont pas soulevé ces questions parce que Hay’at Tahrir al-Sham représente l’une des faces du capitalisme rentier (non productif) et tente de contourner les questions économiques, sociales et politiques de la société syrienne, en provoquant des clivages entre différentes catégories sur des bases religieuses ou de genre (hommes/femmes) et faciliter ainsi la domination et l’exploitation.
Une partie de la gauche « occidentale » a salué l’effondrement de nombreux régimes, le dernier en date étant celui de la Syrie, et a soutenu les milices kurdes – dans le nord-est de la Syrie – qui ne survivent que par le soutien de l’impérialisme américain et « occidental ». Il est légitime de poser la question : Est-ce l’impérialisme peut soutenir une révolution ou un mouvement de libération nationale ?
L’impact du néolibéralisme
La différence de vision entre les socialistes ou progressistes des pays impérialistes et leurs camarades des pays de la « périphérie » est due à la différence d’appréciation de la phase impérialiste du capitalisme, depuis plus d’un siècle, la divergence d’appréciation du « néolibéralisme » depuis le dernier quart du XXe siècle. Ces divergences se sont accentuées à propos de la signification, l’importance et les conséquences de ce qu’on a appelé le « consensus de Washington » (mi-1989). ) qui a préparé le terrain pour l’après-effondrement de l’Union soviétique. Les points de vue divergeaient quant aux résultats et aux dimensions de cet effondrement (indépendamment de la nature du régime de l’Union soviétique au cours des dernières décennies). Les divergences concernent aussi l’évaluation des effets de cet effondrement et la fin de « la bipolarité » qui a laissé place à ce qu’on appelle un monde « unipolaire » dominé par l’impérialisme américain...
La plupart des mouvements de « gauche » des pays périphériques considèrent que l’effondrement de l’Union soviétique (quelle que soit l’évaluation ou la position concernant l’Union soviétique) a conduit au déclin des forces révolutionnaires et des mouvements de libération dans la « périphérie », au déclin du mouvement syndical, à l’affaiblissement du mouvement progressiste et au déclin des formes de solidarité internationale (ou de solidarité avec les peuples) dans les pays du « centre » (les pays riches et impérialistes). Ce déclin a été incarnée dans la plupart des pays du monde par le rythme croissant de la privatisation du secteur public, des équipements collectifs, des secteurs de la santé, l’éducation, les transports, l’énergie ou l’eau, dans le cadre de l’application des programmes néolibéraux des institutions financières de Bretton Woods (le Fonds monétaire international, la Banque mondiale ou l’Organisation mondiale du commerce...) qui ont un impact négatif sur la vie économique dans la plupart des pays du monde, même si les méthodes d’intervention et de domination diffèrent. Ces programmes imposent des « plans d’ajustement structurel » qui impactent la vie quotidienne des citoyens à travers la généralisation de la précarité, du travail à temps partiel et de bas salaires. Cette précarisation se traduit par la perte des acquis arrachés par la lutte de plusieurs générations de la classe ouvrière et des peuples. Elle se traduit aussi par l’augmentation du taux de pauvreté, du chômage et de la précarité, parallèlement à la propagation de la pensée réactionnaire d’extrême droite, parfois avec un vernis « laïc » dans les pays impérialistes et sous forme d’idées obscurantistes, comme « l’Islam politique » dans les pays à majorité musulmane...
Les racines de ces divergences ne sont pas « géographiques » (Nord et Sud ou Est et Ouest) ni « culturelles » (conflit ou choc des civilisations). Il s’agit plutôt de divergences politiques concernant l’interprétation et l’évaluation des événements actuels et la préconisation des moyens d’y faire face. Ces divergences concernent aussi bien la situation économique, politique et sociale, au niveau local ou international, ce qui entraine des divergences sur les objectifs et les moyens de les atteindre ...
Ces divergences sont apparues à plusieurs reprises, depuis plusieurs décennies, notamment lors de l’agression américaine contre le régime de l’île de Grenade et le renversement du président socialiste Maurice Bishop en 1983, lors de l’agression américaine contre le Panama et du remplacement par la force de son président en 1989 parce qu’il voulait contrôler le canal de Panama, à propos de la signification et les conséquences de la chute du mur de Berlin ( 09 novembre 1989), un signe avant-coureur de l’effondrement de l’Union soviétique en 1991, qui a laissé le champ libre à l’impérialisme américain. Il y a eu de divergences sur l’agression de l’OTAN contre la Yougoslavie, l’Irak, la Somalie, sur le démantèlement de ces pays dont la population souffrait de l’embargo, des « sanctions », depuis la dernière décennie du XXe siècle, en plus des guerres par procuration (contre la Russie en Tchétchénie ou la division du Soudan ou l’incitation aux troubles au Venezuela, au Nicaragua et ailleurs). Les socialistes et les progressistes de la périphérie se sont opposés à l’intervention impérialiste, tandis que la plupart de leurs homologues des pays du « centre » ont fait écho à la rhétorique des pouvoirs et des médias grand public sur la « nécessité d’éliminer les régimes autoritaires qui violent les droits de l’homme et les droits des minorités..." Les mêmes divergences sont apparues depuis le début du XXIe siècle, concernant l’agression sioniste ( encouragées par l’impérialisme américain et européen) contre le Liban en 2006 qui fait suite à plusieurs agressions contre l’Afghanistan, l’Iraq, la Somalie, et qui précède l’agression contre la Libye, le Yémen, la Syrie et d’autres pays, à partir de février 2011, parallèlement au déclin de la pensée révolutionnaire ou progressiste et au déclin des organisations socialistes du monde entier, ce qui a laissé le champ libre à l’extrême droite et aux organisation réactionnaires de « l’Islam politique ».
La relation entre la question nationale et la lutte pour la démocratie
La plupart des courants patriotiques, progressistes et socialistes des pays dominés considère la question nationale (dans le sens patriotique et non « national-chauvin) comme indissociable de la question démocratique, car la majorité des régimes au pouvoir en Afrique, en Asie et en Amérique du Sud sont des agents de l’impérialisme et la question des libertés politiques et de la démocratie est au cœur des préoccupations de ces courants. Les partis progressistes, les organisations socialistes et les syndicats « occidentaux » ont dissocié la question des libertés individuelles et des libertés politiques de la question nationale, car elle n’est pas posée dans le mêmes termes dans leurs pays, ayant déjà réalisé des révolutions bourgeoises, même si l’église occupe encore un espace important en Amérique du Nord, dans certains pays européens, au Chili, au Brésil et ailleurs ...
Le lien entre la libération nationale (de la domination impérialiste) et la lutte pour la démocratie est omniprésent dans les programmes des forces progressistes arabes, africaines et autres, et se reflète dans les slogans des syndicats et des soulèvements populaires spontanés qui ont eu lieu dans les pays arabes et ailleurs. , comme le slogan « Pain (ou travail), liberté et dignité nationale », en Tunisie et en Egypte ou des slogans similaires au Maroc ou en Jordanie. Ce lien se reflète dans la conscience collective des peuples et exprimé par les citoyens des pays arabes lorsqu’ils dénoncent la convergence des intérêts et des objectifs de l’impérialisme américain et du sionisme, concernant la Palestine ou l’Irak et le Liban, malgré la la propagande des médias américains et européens (notamment arabophones comme la BBC, France 24 et Deutsche Welle), des chaines arabes comme Al Jazeera ou Al Arabiya qui prétendent défendre la démocratie en Syrie, en Libye ou en Iran, comme si le au Qatar, les Émirats ou L’Arabie saoudite étaient des oasis de la démocratie et des droits de l’homme.
Les médias sont des outils de propagande idéologique contre les régimes qui tentent de contrôler leurs richesses et de défendre leur indépendance. Les médias ne sont qu’un outil complémentaire au service de la puissance politique et militaire de l’impérialisme, contre les régimes patriotiques ou progressistes en Amérique du Sud (Chili 1973, Nicaragua 1979, Grenade 1983, en plus de Cuba et du Venezuela), en Asie (Indonésie et Malaisie en 1965, en plus de l’agression armée contre le Vietnam, le Laos et le Cambodge), contre tous les peuples du monde, en particulier contre le peuple palestinien et les peuples arabes...
La plupart des forces socialistes et progressistes « occidentales » (dans les États impérialistes) ne prennent pas en compte cette prise de conscience populaire contre l’impérialisme dans la « périphérie » et ne font que répéter des slogans affirmant qu’il n’y a que la lutte de classe qui compte, en négligeant... (intentionnellement ou non) la lutte au niveau international contre l’impérialisme, qui n’est qu’une extension de la lutte de classe ou complémentaire, car la lutte contre l’impérialisme est une lutte contre le capital mondialisé, qui a atteint un degré de concentration qui lui permet de chercher des ressources et des matières premières dans toutes les régions du monde, conquérir de nouveaux marché et écraser les concurrents, à l’intérieur des frontières de l’État-nation et à l’extérieur. Actuellement, ce sont les Etats-Unis qui dominent et essaient d’éliminer les autres puissances qui peuvent lui faire concurrence, comme la Chine...
Les conflits historiques
L’impérialisme utilise d’énormes moyens militaires, politiques, médiatiques et idéologiques sans précédent pour domestiquer les travailleurs et les peuples. L’ennemi principal reste donc le capitalisme, tant au niveau national qu’international. C’est le capitalisme qui impose des relations d’exploitation et de domination à l’échelle mondiale, mais il y a d’énormes divergences entre les forces progressistes du « Nord » (États impérialistes) et du « Sud » (États dominés par l’impérialisme). Ces divergences incluent la position sur les « révolutions de couleur », les questions de « libération nationale » et les luttes anti-impérialistes des peuples du « Sud », ainsi que l’évaluation des causes et des conséquences de l’effondrement de l’Union soviétique (en tant que force concurrente de l’impérialisme américain). Les divergences concernent aussi le rôle des facteurs politiques et idéologiques (abandon du socialisme), le rôle des Etats impérialistes dans l’armement d’une armée « jihadiste islamique » en Afghanistan, financés par les monarchies du Golfe, surtout l’Arabie Saoudite qui a inondé les marchés pétroliers ( à partir de 1985 ) pour faire baisser le prix et priver l’Union Soviétique des revenus d’exportation du pétrole en devises étrangères, ce qui a provoqué une crise économique en pleine guerre en Afghanistan.
De nombreuses divergences subsistent concernant l’analyse du rôle impérialiste dans la perpétuation du « retard » ou « le sous-développement » des pays dominés ont été exprimées depuis des décennies et explicitement par les pionniers de « l’école de la dépendance » qui insiste sur le rôle de l’échange inégal entre le « centre » (les États impérialistes) ) et la « périphérie » (pays dominés), comme conséquence du colonialisme et de la domination impérialiste et comme une nouvelle forme de colonialisme. Samir Amin (et d’autres) ont souligné la nécessité de la rupture avec le capitalisme pour réaliser le développement dans les pays dominés. Il n’est donc pas nécessaire de passer par les mêmes étapes que l’Europe, car la situation est différente et l’Europe n’est pas le centre du monde. Son histoire et son évolution diffèrent de celles de l’Asie, de l’Afrique et l’Amérique du Sud...
L’impérialisme utilise également diverses méthodes de déstabilisation : agression armée, « révolutions de couleur », ONG qui défendent la « démocratie », les « droits de l’homme » ou les droits des minorités etc. Les droits de l’homme, qui ne sont pas respectés dans les pays impérialistes, sont devenus un prétexte pour mener des agressions impérialistes pour renverser des régimes politiques qui ne sont pas nécessairement révolutionnaires ou même progressistes, mais qui rejettent la tutelle impérialiste. Ces guerres ont exacerbé les divergences entre les progressistes au "Nord" et du "Sud", lors de la destruction de nombreux régimes, le démantèlement de nombreux pays (Yougoslavie, Soudan, Libye, Iraq, Syrie...), ce qui a créé une fracture dans les rangs des organisations anti-impérialistes et de profondes divergences concernant le slogan « Travailleurs de tous les pays, unissez-vous », auquel la Troisième Internationale a ajouté le concept de « solidarité internationale entre les peuples du monde » afin que l’union contre le capitalisme et l’impérialisme s’incarnerait dans le slogan « Travailleurs et peuples opprimés du monde entier, unissez-vous ». Peu à peu le fossé s’est creusé entre les militants socialistes des pays impérialistes et leurs camarades des pays opprimés et colonisés. Ceci rappelle le débat au sein de la deuxième Internationale Socialiste et les positions des partis sociaux-démocrates qui ont soutenu leur bourgeoisie locale pendant la Première Guerre mondiale et qui a abouti à la rupture et à la création de la troisième Internationale (sujet évoqué dans un article précédent). Ces débats sont revenus sur la scène depuis la fin du XXe siècle et le début du XXIe siècle, à l’occasion de ce que certains ont appelé la « victoire historique » de l’impérialisme américain et l’avènement du « choc des civilisations » avec l’effondrement de l’Union soviétique, que Francisco Fukuyama considérait comme « la fin de l’histoire » et la victoire de la « démocratie » (telle que la conçoit l’impérialisme américain ). Ceci nous renvoie aussi au débat initié par les philosophes réactionnaires des années 1940 et 1950 sur « les idéologies et les systèmes totalitaires ». Ce discours assimile le système socialiste de l’Union soviétique au régime nazi en Allemagne ou le régime fasciste en Italie. Le « totalitarisme » constitue encore une référence pour de nombreuses organisations qui se considèrent comme « révolutionnaires » (comme les organisations trotskistes) dans les pays impérialistes, même si le terme de « totalitarisme » est vague, non précis et non défini. Ces courants considèrent toujours les États-Unis comme un État démocratique, malgré la répression interne et les lois d’exception qui limitent la liberté d’expression et malgré la militarisation des relations extérieures, de la diplomatie fondée sur les menaces, le chantage, l’occupation, les bombardements et les « sanctions ».
Malgré les difficultés résultant des agressions militaires impérialistes (directes ou par procuration), Cuba reste un symbole de résistance. Le peuple palestinien continue de résister à l’impérialisme, le sionisme et les régime réactionnaires arabes. Les peuples et les classes ouvrières de tous les pays du monde continuent de se lutter et à résister. Nous devons résister fermement à la vague fasciste propagée par les partis d’extrême droite en Europe, en Amérique du Nord ou en Corée. Dans les pays du Sud et dans d’autres pays, la résistance est la seule issue face à l’exploitation de classe qui s’est répandue depuis la victoire du mouvement néolibéral en Grande-Bretagne (Margaret Thatcher) et aux États-Unis. (Donald Reagan) et à la guerre d’usure contre les organisations syndicales et les mouvements socialistes. C’est une résistance contre le rétrécissement de la marge de la démocratie et des libertés. La résistance des peuples arabes en Palestine, au Liban et au Yémen s’inscrit dans la lutte mondiale contre l’impérialisme qui n’est que le « stade suprême du capitalisme », selon Vladimir Lénine, et contre le projet impérialiste américano-sioniste appelé le « Projet du Grand Moyen-Orient » qui cible les peuples vivant entre l’Afghanistan et la Mauritanie.
Conclusion
Marx et Engels ont commencé leur lutte en Allemagne puis en Europe, en critiquant la philosophie allemande ou Hegel. Lénine a commencé sa lutte en Russie. Mao Tsé Toung a commencé sa lutte en Chine contre l’occupation japonaise et le système féodal, Fidel Castro a lutté pour libérer son pays Cuba… Ce n’est que par la suite que ces dirigeants socialistes ont élargi le champ ( ou la portée ) de la lutte au-delà des frontières de leurs pays. Par contre, certains de nos camarades et amis des pays impérialistes négligent ces faits historiques et nient la dimension ou la lutte pour la libération nationale. On ne peut être internationaliste sans participer à la lutte « nationale », que cette lutte soit une lutte de classe contre l’exploitation de la classe ouvrière ou une lutte contre l’impérialisme (français, britannique, américain, etc.). La lutte contre la domination impérialiste est une extension de la lutte contre l’exploitation des travailleurs au niveau local. L’impérialisme est une expansion de l’exploitation capitaliste vers des zones d’exploitation et d’oppression au-delà des frontières nationales, en utilisant la violence militaire, l’hégémonie idéologique et culturelle, pour piller les ressources matérielles, conquérir de nouveaux marchés et dénaturer le patrimoine historique et culturel...
Dans le monde arabe, l’unité arabe (unité des peuples et non des régimes ou des gouvernements, dans laquelle tous les citoyens ont les mêmes droits et devoirs, sans exception et sans distinction de genre ou ethnique ou religieuse) constitue un pas vers l’internationalisme et une force qui permet aux peuples d’exploiter leurs richesses, sans l’intervention directe de l’impérialisme ou par l’intermédiaire de ses agents. L’expression de leur solidarité populaire avec le peuple palestinien constitue une expression des aspirations populaire à cette unité ( par le bas et non par le haut), de l’appartenance nationale et de l’ambition de près de quatre cents millions de personnes de citoyens enracinés dans cette zone géographique située entre l’océan Atlantique (Maroc, Mauritanie et Sahara occidental) et le golfe Arabique jusqu’en Iraq...
Contrairement à ce que promeuvent certaines tendances de gauches des pays du « centre » impérialiste, les peuples des pays de la « périphérie » (pays sous domination de l’impérialisme) et de tous les pays du monde ont la capacité d’analyser, de comprendre et d’affronter les difficultés, de s’adapter aux réalités du monde. Les peuples des pays opprimés et colonisés ont la capacité de servir leurs patries, leurs peuples et leurs sociétés, et au lieu de s’allier et de soutenir les forces progressistes des pays périphériques, de nombreuses forces de gauche des pays impérialistes reprennent à leur compte la propagande de la CIA concernant la « nécessité d’une intervention militaire pour mettre fin aux violations des droits de l’homme » à Cuba, au Venezuela, en Iran, en Chine, en Russie et en Libye (sous le règne de Mouammar Kadhafi), en Syrie (sous le règne de Hafez et de Bachar al-Assad) et en Iraq (Pendant le règne de Saddam Hussein) et d’autres. Cette gauche soutient également les forces réactionnaires et obscurantistes dans ces pays et dans d’autres, et les considère comme des forces de libération, voire des « forces révolutionnaires », comme les Frères musulmans en Égypte, Hay’at Tahrir al-Sham, ou les milices kurdes en Iraq et en Syrie. Ces mêmes forces réactionnaires sont parfois créées, armées et financées par les États membres de l’OTAN, principalement les États-Unis. Les États-Unis interfèrent dans les affaires intérieures des pays et des peuples, après avoir occupé des pays voisins comme le Mexique et ont annexé plus de la moitié des terres mexicaines, au milieu du XIXe siècle. C’était la continuité de la logique coloniale européenne qui a exterminé les populations autochtones pour coloniser les Amériques. Les Etats-Unis continuent de se comporter en colon qui veut occuper la terre entière et qui menace tout système politique qui manifeste son désaccord. Selon la logique impérialiste, tout concurrent ou adversaire est un ennemi. La chute de l’Union soviétique, l’orientation capitaliste des économies de la Russie ou de la Chine auraient pu mettre fin à la guerre froide, vu l’absence de sa justification, mais l’impérialisme américain et l’Union européenne ont élargi l’OTAN et ont eu recours au prétexte de la « violation des droits de l’homme et le non-respect des principes de la démocratie » pour harceler des dizaines de régimes et de peuples ...
Nous, progressistes et socialistes du monde, visons la construction d’une société juste dans laquelle tous les citoyens servent leur pays selon leurs capacités et sont récompensés en fonction de leur travail, tout en bénéficiant des ressources matérielles ou culturelles nécessaires à leur développement physique et moral … Tels sont les objectifs des progressistes ou des socialistes du monde. Ce qui les place à l’opposé de l’impérialisme américain ou toute force réactionnaire qui adhère aux règles du système capitaliste. Le gouvernement et les services de renseignement américains ne soutiennent que nos ennemis. Nous n’avons pas à nous allier ou à soutenir les forces réactionnaires ( religieuses ou ethniques ou tribales) qui bénéficient du soutien de l’impérialisme.
Taher Al-Mouez est un journaliste tunisien qui écrit essentiellement en arabe. Il a collaboré pendant plus de dix ans au journal palestinien "Kanaan" dirigé par Adel Samara et publie régulièrement dans des journaux et sites d’informations sa rubrique économique hebdomadaire en arabe, (Toutes traductions de ses articles lui sont soumises pour accord avant partage. Désolée pour les coquilles).