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Rencontre en « live » zoom avec le secrétaire général du Front démocratique de libération de la Palestine, Fahd Suleyman
samedi 12 octobre 2024 par Bruno Drweski (ANC)
11 octobre 2024, 18h00 (heure de Jérusalem ...Beyrouth).
J’ai été invité à cette rencontre par mon contact au FDLP en charge des relations internationales, un jeune homme, Fouad Bakr. J’ai transmis l’invitation à Said Bouamama (RC) et Borys Differ (PRCF) car j’ai estimé que c’est ainsi que se bâtissent des relations de confiance et des coopérations durables entre nos organisations, à l’échelle internationale et nationale, et Borys a effectivement assisté à la rencontre.
En tous, il y a eu 85 partis et organisations qui ont participé à la rencontre avec d’abord une longue intervention (en arabe, avec possibilité de traduction en anglais) du secrétaire général du FDLP, puis de courtes interventions des participants qui le souhaitaient et une conclusion du secrétaire général.
Parmi les invités, j’ai noté, hormis le PRCF, l’ambassade du Venezuela aux Barbades, le FSLN du Nicaragua, le Parti des travailleurs d’Irlande, le Parti socialiste des travailleurs de Croatie, les Amis de la Chine socialiste, la Ligue des jeunes Communistes/Parti communiste de Grande-Bretagne, le Cercle juif antisioniste du Canada, les Etudiants et Ouvriers pour la libération de la Palestine du Canada, Eh Bildu du pays basque, l’Association socialiste de libération nationale du Québec, Jamaica Lands, la Gauche radicale de Serbie, le Parti démocratique progressiste de Bahrein, Le Forum Inde-Palestine d’Inde, la Plateforme pour l’indépendance de la Grèce, la Jeunesse socialiste ouvrière allemande, le Front anti-impérialiste de Grèce, la Parti mondial des travailleurs des USA, L’association des juristes progressistes de Turquie, le Collectif des juifs antisionistes du Canada, l’AFPS (France), le Parti socialiste du Bangladesh, le Mouvement socialiste du Ghana, le Parti des travailleurs d’Algérie, le Parti de la gauche radicale de Serbie, les partis communistes allemand, turc, iranien, portugais, italien zimbabwéen, le cercle communiste ouvrier du Canada, le Mouvement communiste de Turquie, les Communistes de Catalogne, le Parti communisted’Inde (marxiste-léniniste). |
Résumé de l’intervention de Fahd Suleyman :
Il a commencé par rappeler les martyrs palestiniens qui se sont sacrifiés pour la libération de la Palestine et qui luttent en fait pour la libération de tous les Arabes. Il a présenté son exposé en trois points :
1/. Le 7 octobre 2023 n’a pas été un coup de tonnerre dans un ciel calme mais le résultat d’’un processus de longue durée qui était prévisible et qui était dû au projet sioniste qui refuse par principe les droits nationaux du peuple palestinien. Même quand les Palestiniens ont accepté l’État d’Israël sur la majorité de leurs terres on leur a dénié leurs droits nationaux basiques. L’exigence unanime et minimum des Palestiniens, c’est d’obtenir leur droit d’être reconnu en tant que nation et le droit de retour pour tous les réfugiés, y compris donc ceux de 1948. Et parce qu’ils ne renoncent pas à ces droits, ils sont victimes d’attaques coercitives, d’une réécriture de leur histoire, d’expulsion et de génocide.
Sur le court terme, en liaison avec la politique US, il y a eu un bond commis sous Trump qui a accepté l’intégralité du projet sioniste d’annexion avec, ensuite, l’objectif d’intégration d’Israël dans le monde arabe et une situation où les USA allaient devenir le point de référence pour toute cette région. La guerre d’octobre a renforcé l’oppression des Palestiniens par les fascistes sionistes dans le but de forcer en décembre 2022 les Palestiniens à quitter leurs terres, établir des colonies juives et changer les lois pour permettre ainsi l’annexion. Ce qui devait aboutir au refus des droits nationaux pour les Palestiniens et au projet des accords d’Abraham, avec traité de paix et relations diplomatiques entre Israël, Bahrein, le Soudan, le Maroc et au final les Saoud.
La marginalisation des Palestiniens provoquée par cette évolution a abouti au fait que personne ne devrait s’’étonner d’une résistance palestinienne englobant toutes les factions face à Israël. Dans le but de stopper la colonisation, de faire libérer les 10 000 prisonniers palestiniens, de cesser le blocus de Gaza, d’imposer le respect de la mosquée Al Aqsa, de garantir les droits nationaux des Palestiniens et de permettre leur droit au retour. Si l’on ignore ici ou là l’histoire des Palestiniens, les Britanniques eux ne peuvent l’ignorer et donc ils ne pouvaient que connaître les conséquences qui allaient entraîner le 7 octobre 2023, à cause du déni systématique des droits des Palestiniens sous des faux prétextes comme les droits de l’homme et l’élimination du terrorisme, dans une situation où Israël cherche l’élimination des Palestiniens.
2/ Aspect régional : La présence de la marine de guerre US, la présence des militaires US dans les rencontres des conseils militaires israéliens et dans les chambres d’opérations montre que la politique des USA ne se limite pas aux questions d’Israël et de Palestine mais qu’il s’agit d’imposer leurs conditions à l’ensemble de la région. La Palestine n’est que l’entrée de jeu pour le contrôle de tout le Moyen Orient, et en conséquence la guerre actuelle est une guerre régionale. Tant que l’Iran n’y participe pas, c’est une guerre régionale et si l’Iran y participait cela deviendrait une guerre mondiale. Donc pour le moment, avec la guerre étendue au Liban, nous avons affaire à une guerre régionale. Après 1948, il n’y a pas eu de guerres régionales, celle de 1956 visait l’Egypte de la part d’Israël, de la Grande Bretagne et de la France, celle de 1967 a duré six jours et n’a donc pas abouti à une guerre régionale, celle de 1973, a duré trois semaines, celle de 1983 entre Palestiniens et Israël a duré plusieurs jours, les suivantes ont été des guerres visant Gaza. C’est maintenant que nous avons affaire à une vraie guerre régionale, incluant dans la durée les Palestiniens, le Liban et d’autres acteurs régionaux.
Les buts de cette guerre pour Netanyahou sont d’ailleurs changeant. Au début, il s’agissait d’éliminer la résistance palestinienne et d’expulser un maximum de Palestiniens de Gaza puis maintenant Israël parle d’éliminer le risque nucléaire iranien. Les USA déclarent qu’ils ne veulent pas d’élargissement de la guerre et qu’ils n’assurent qu’un appui politique et diplomatique à Israël, en plus des armes défensives. Mais il s’agit toujours d’éliminer la question des droits nationaux palestiniens et de contrôler étroitement le Moyen Orient. On a donc bien affaire à une guerre régionale visant à réaménager toute la région.
Dans un contexte où les USA cherchent à militariser le monde entier, en poussant l’Ukraine vers l’OTAN, en poussant les Européens à se soumettre à l’OTAN, en élaborant des plans de coalition militaire avec le Japon, l’Australie, l’Inde (Quad). L’objectif est d’assurer le contrôle par les USA de toutes les communications et de toutes les voies commerciales, de bâtir pour cela un réseau de sécurisation militaire et de contrôler tous les pays importants. Dans ce contexte, les pays arabes sont poussés à se lier aux intérêts politiques US.
3/. La situation politique et les relations israélo-palestiniennes : Le rapport des forces militaires sera toujours en faveur d’Israël et donc nous ne pouvons pas parler d’obtenir des résultats militaires. La question principale est donc que le mouvement de libération national palestinien durera tant que les intérêts nationaux du peuple palestinien seront ignorés et donc, même si Israël gagnait, même si Gaza tombait, la guerre d’usure contre Israël se prolongera. Les Palestiniens ont prouvé qu’ils ne baisseront jamais les bras avant d’avoir obtenu leurs droits nationaux, ce qu’a déjà démontré la liste des activités palestiniennes aux cours du siècle écoulé. Il ne peut y avoir de stabilité régionale tant que cela n’aura pas été obtenu.
Aux USA, il y a le choix liés aux élections : Si c’est Trump qui gagne, Israël annexera la Cisjordanie et Gaza avec l’appui des USA et si c’est Harris, la colonisation se poursuivra mais sans acceptation officielle des USA qui accepteront en réalité ce qu’ils ne reconnaîtront pas officiellement.
C’est donc une guerre de résistance et de résilience qui aboutit à l’isolement d’Israël. Dans ce contexte, le rôle des démocrates et des forces socialistes dans le monde entier est très important pour les Palestiniens : embargo, boycott, sanctions, pressions diplomatiques, toutes ces mesures participent d’aide à la guerre d’usure qui coûte cher à Israël.
Interventions :
Une grande partie des participants est intervenue pour apporter son soutien aux Palestiniens et au FDLP, quelques intervenants soulignant le fait que la solution à deux Etats est caduque ou illégitime, et qu’il faut imposer une Palestine unie et laïque.
- Pour ma part, j’ai mentionné le fait que la Palestine est devenue le point nodal des contradictions du monde et que les Palestiniens jouent un rôle d’avant-garde dans la lutte des peuples du monde contre l’ordre dominant, ce qui est devenu plus évident avec le soulèvement du 7 octobre 2023 qui a permis de lancer une guerre militaire, politique, idéologique et économique. Cela épuise Israël et à terme les pays qui le soutiennent, même si les producteurs d’armement font des bénéfices grâce à la guerre. En France nous sommes en train de reconstruire la gauche et le mouvement communiste et la lutte des Palestiniens a donné un coup de fouet et une légitimité à ce processus en contribuant à délégitimer le système dominant tant au niveau mondial que national. Nous voudrions aider les Palestiniens mais, pour le moment, ce sont surtout les Palestiniens qui, par leur mobilisation, nous aident à atteindre des couches nouvelles de la population.
Conclusion de Fahd Suleyman :
Après avoir remercié tous les intervenants, il a souligné que sa réflexion était nourrie par l’expérience historique de la solidarité internationale qui constitue un pas en avant, même s’il reste insuffisant. Les pays occidentaux ont leurs propres problèmes mais ils sont isolés des principaux courants se développant dans le monde et montrent une attitude égocentrique. Les nations occidentales vont devoir apercevoir les alternatives qui sont en train de se développer dans le monde et auxquelles Israël et les USA s’attaquent, d’où l’importance de la solidarité avec les Palestiniens. La solidarité avec les Palestiniens amène à être solidaire de son propre peuple, ce qui entraînera le processus de réaménagement du monde qui se produit et que l’on peut considérer comme devant être désormais solutionné en terme d’années et pas plus, car le fruit est mûr. Si l’on observe ce qui se passe depuis un an en Palestine, mais aussi ailleurs, à Taïwan, en Asie orientale, ou ailleurs encore, en fait partout dans le monde, on ne peut que constater que toutes les nations ont besoin d’être solidaires dans leur propre intérêt avec la Palestine car les conséquences de la guerre en Palestine se font sentir partout.
Des partis qui se prétendent socialistes cessent en fait d’être socialistes s’ils soutiennent Israël pour devenir des partis impérialistes. Nous avons déjà observé au XIXe et au XXe siècle de tels exemples, comme par exemple le parti travailliste britannique qui a collé aux intérêts des USA. Une révolution est donc nécessaire en Occident, à mener en commun avec tous les peuples opprimés. Il faut savoir qu’on ne peut pas être démocrate si on soutient Israël ou les USA. Le combat des Palestiniens continue, ils luttent contre la discrimination raciale et contre un régime d’apartheid. Déjà 145 pays au monde ont reconnu le principe de l’État palestinien avec Jérusalem pour capitale.
C’est la lutte d’une nation occupée pour son indépendance et pour obtenir des droits d’égalité en Israël. Il faut savoir que l’idée d’un seul Etat nécessite l’accord d’au moins 50 % des Israéliens, ce qui est en ce moment impossible. Israël a donc le choix entre une Palestine unifiée et démocratique et un Etat d’apartheid. Si c’est ce dernier projet qui prend le dessus, ce sera un seul Etat avec deux régimes politiques, c’est pour cela que les Palestiniens ont posé deux conditions pour éviter cet écueil : le retour aux frontières de 1967 et le droit de retour pour les Palestiniens de 1948. C’est cela qui permettra d’ouvrir un nouveau chapitre. Nous attendons de nos amis et camarades qu’ils soutiennent la lutte des Palestiniens mais pas qu’ils nous disent ce que nous devons faire. Nous décidons nous même de nos buts et de nos exigences, et des étapes de leur réalisation.