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Julian Assange est un héros paradoxal !

mardi 31 octobre 2023 par Dominique Pradalié

Julian Assange est un journaliste australien, comme en témoignent la carte de son syndicat national MEEA* et celle de la Fédération internationale des journalistes (FIJ) laquelle représente quelques 600 000 journalistes dans plus de 140 pays**.
Il est aussi un informaticien de génie et le cyber militant qui a créé Wikileaks en 2006, pour permettre au plus grand nombre d’avoir accès facilement et gratuitement à une masse d’informations.
De fait, il offre une possibilité pour maints journalistes et lanceurs d’alerte de communiquer et transmettre sans être identifiés et poursuivis par les détenteurs de ces informations.

Julian Assange a épousé Stella Morris dans la prison de Belmarsh. Aucune photo n’a été autorisée. Ils ont deux jeunes garçons.
En 2010, Julian Assange a révélé au monde entier, grâce à un célèbre transfuge de l’armée américaine Chelsea Manning, plus de 150 000 documents internes classifiés américains.
Qui ne se souvient de la vidéo montrant la fusillade mortelle d’un hélicoptère US contre des civils, dont des journalistes à Bagdad le 12 juillet 2007. Les dialogues des pilotes et tireurs illustraient trop bien ce qui leur apparaissait comme une banalité. Cette vidéo, appelée "Collateral murder" a été visionnée des millions de fois.

Les auteurs de ces crimes de guerre identifiés ne sont jamais passés devant la justice.

"Le Monde" est un des cinq grands journaux occidentaux - avec "The New York Times", "The Guardian", "El Pais" et "Der Spiegel" - à s’être associé à WikiLeaks pour la publication des mémos de la diplomatie américaine.
Les journalistes et médias du monde entier ont relayé ces informations.
Julian Assange était alors un héros considéré comme homme de l’année par les lecteurs du site du "Time" en 2010 et consacré « Homme de l’année » par Le Monde.

De héros à paria !

Puis la machine à décrédibiliser, salir et abattre les « ennemis » de l’administration américaine s’est mise en marche avec un certain succès puisqu’encore aujourd’hui on évoque à son sujet « des zones d’ombre » alors que des investigations sérieuses ont démonté les mécanismes de ces manœuvres de basse police.
Julian Assange a peut-être commis des erreurs dans sa vie professionnelle, mais qui ne regrette pas, moi y compris, en 2023 d’avoir fait, dit, écrit ... ou de ne pas avoir fait, dit écrit ...
Il a été diabolisé !
Il est devenu un paria !

Ce qui lui est reproché par l’administration américaine

Julian Assange est "un traitre qui a mis en danger la vie de citoyens américains". Cette affirmation n’a jamais été appuyée par le moindre exemple concret au cours des quelques 10 ans qui ont suivi.
La justice américaine a alors changé son incrimination en 2019 avec 17 nouvelles accusations, notamment d’espionnage.
Quel journaliste d’investigation n’a pas publié des documents auxquels il n’aurait pas eu accès normalement et, ce, afin d’informer dans le cadre d’un débat d’intérêt général, ce que reconnaissent toutes les Cours de justice des pays démocratiques.

Aux États-Unis, Julian Assange risque jusqu’à 175 ans de prison.
Ce serait la première fois que le 1er amendement de la Constitution américaine :
/.../ Le Congrès américain n’adoptera aucune loi /.../ pour limiter la liberté d’expression, de la presse /.../ serait nié, puisque Julian Assange n’a fait qu’exercer sa profession de journaliste.

Ses révélations n’ont jamais été contredites et il est le seul à être poursuivi !

La France "patrie des Droits de l’homme"

Julian Assange a été très vite oublié par celles et ceux qui n’ont pas conscience du danger qui pèse sur la liberté d’Informer et d’être Informé.
Une partie de la profession n’a même pas la "reconnaissance du ventre".
Encore aujourd’hui, on entend dire que Julian Assange n’est pas clair, qu’il "sent le soufre".
Pourquoi les journalistes qui doutent n’ont pas enquêté depuis ces quelques 13 années, pour en avoir le cœur net ?
En fait, beaucoup ont confortablement oublié le cas et ont américanisé le débat en France, c’est un traître, il n’est pas clair !

Le droit d’asile a été demandé, notamment, par :
- Eric Dupont-Moretti, qui fut son très éphémère défenseur et semble l’avoir oublié depuis qu’il est garde des Sceaux, nous lui avons écrit et le lui avons rappelé,
- de nombreux parlementaires, tout d’abord à l’initiative de Cédric Villani*** 2022, puis plus récemment en juillet 2023 par Arnaud Le Gall****,
- par les syndicats de journalistes et la Fédération internationale des journalistes (FIJ) ainsi que par toutes les organisations et les comités de soutien français, pour se limiter à notre pays.

Il est citoyen d’honneur de parlements et de très nombreuses villes, une dizaine en Italie par exemple.

Les États-Unis font fi des lois et instances internationales

Selon le Rapporteur spécial des Nations Unies sur la torture, le Royaume-Uni et les États-Unis se sont concertés pour détruire publiquement le fondateur de WikiLeaks – et dissuader les autres de dénoncer leurs crimes*****.
Nils Melzer, ce Rapporteur, a décrit sa situation comme celle d’un prisonnier politique soumis à des tortures et à des conditions de détention inhumaines et dégradantes.
Il est de plus, victime, selon lui, du « non-respect des procédures légales de base. »

Julian Assange est donc bien un prisonnier politique.

Solidarités et soutiens, Il est un héros historique
Partout dans le monde, depuis des années, des manifestations réclament qu’il soit mis en liberté.
Elles s’amplifient depuis que la menace d’extradition se fait plus forte.
De nombreux parlements, des hommes et femmes politiques, des écrivains, universitaires, artistes majeurs, dont Aï Wei Wei, se sont élevés pour dénoncer sa situation et exiger que justice lui soit enfin rendue. Son père, John Shipton, évoque à son sujet le mythe de Prométhée. Des astrophysiciens le comparent à Galilée !

Il est un héros entré dans l’histoire du monde.

Les journalistes, via leurs syndicats, fédérations et associations, ont dénoncé le danger d’attaquer leurs sources et le journalisme d’investigation et se sont portés à ses côtés. Ils ont rappelé que Julian Assange est un journaliste d’investigation reconnu et primé (26 récompenses).
Le Monde, avec les quatre autres médias internationaux qui avaient originellement publié les révélations ont, dans une lettre ouverte en novembre 2022, sous le titre « Publishing is not a crime »******, fait de même.

Avec ce titre, en écho à "Journalisme n’est pas un crime", ils ont demandé sa libération en rappelant qu’à ce jour « les journalistes et les historiens continuent de publier de nouvelles révélations en utilisant le trésor unique de ces documents. »
Ils ont surtout mis en garde contre l’utilisation contre Julian Assange de poursuites pour espionnage, car : "Cette inculpation crée un dangereux précédent et menace de saper le premier amendement américain et la liberté de la presse. »

Mediapart et plusieurs autres médias européens viennent d’adresser une lettre, en PJ, au Président Biden lui demandant d’abolir les accusations et de mettre fin à la procédure d’extradition.

La procédure, c’est la punition.

Après près de 10 années de réclusion, accueilli par l’ambassade d’Équateur à Londres où il a été menacé d’être assassiné, d’être enlevé, où il a été espionné ainsi que ses visiteurs, incluant les journalistes et ses avocats, il a été livré aux autorités britanniques.
Il est emprisonné, depuis plus de quatre ans, comme un terroriste dans une prison de très haute sécurité près de Londres, sans qu’aucune incrimination n’ait été portée à son encontre.
Il est détenu à Belmarsh par les autorités de sécurité de Grande Bretagne qui veulent être sûres de pouvoir le remettre à leurs alliés américains aussi vite que possible.
Cette procédure est déjà la véritable punition pour lui, comme le sont les procès-baillons en France, par exemple. Peu importe en fait le résultat, la procédure, c’est la punition !
C’est surtout une menace directe pour les journalistes du monde entier.
Si un journaliste australien, qui a publié en Europe, devait être jugé par une Cour interne américaine, en vertu d’une loi interne de ce pays, qui oserait informer ?

Comme me l’a dit Julian Assange quand j’ai eu la possibilité de le rencontrer à Belmarsh le 8 août dernier : quel serait le prochain pays à faire de même :
la Chine ? Le Pakistan ?

Dominique Pradalié
Journaliste
Présidente de la Fédération internationale des journalistes


Voir en ligne : https://www.facebook.com/viktor.ded...

   

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