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L’Europe renouvelle pour dix ans le glyphosate, sans que la France ne s’y oppose

vendredi 17 novembre 2023 par Marina Fabre Soundron

C’est un coup de théâtre. L’utilisation du glyphosate, pesticide largement controversé, va être renouvelée pour dix dans l’Union européenne, soit une durée deux fois plus longue que sa précédente autorisation en 2017. C’est la Commission qui a dû trancher, faute d’accord entre les 27 États membres. La France, elle, est pointée du doigt pour s’être abstenue alors qu’Emmanuel Macron avait fait de l’interdiction du glyphosate une de ses promesses de campagne.

Le couperet est tombé ce jeudi 16 novembre. Bruxelles a décidé de renouveler l’autorisation du glyphosate dans l’Union européenne pour dix ans. Le glyphosate est la molécule active du très controversé herbicide le plus vendu au monde, le Roundup, produit par Monsanto avant son rachat par le géant de la chimie Bayer. "C’est une décision aberrante", a réagi auprès de Novethic, Nadine Lauverjat, déléguée générale de Générations futures. D’autant plus incompréhensible pour les défenseurs de l’environnement qu’en 2017, lors du précédent renouvellement de licence du glyphosate, la Commission européenne avait accordé une prolongation de mise sur le marché de cinq ans, soit deux fois moins qu’aujourd’hui. Mais le contexte était alors différent.

"Le CIRC (le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC), branche de l’Organisation mondiale de la santé, NDLR) venait de classer le glyphosate comme cancérogène probable pour l’Homme", rappelle Nadine Lauverjat. Or cette année, la Commission européenne affirme, dans son communiqué, s’être fondée sur les rapports de l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) et de l’Agence européenne des produits chimiques (ECHA). Les deux institutions ont conclu qu’aucun "élément de préoccupation critique" n’avait été identifié, le glyphosate ne pouvant être ainsi classé comme cancérogène, mutagène ou reprotoxique.
Problème : au contraire du CIRC, qui se base essentiellement sur la littérature scientifique, dont une large partie est indépendante, les agences réglementaires européennes se tournent en priorité vers les rapports des firmes agrochimiques comme Monsanto.

"S’abstenir, c’est soutenir"

Mais si la Commission a dû prendre position pour un renouvellement de dix ans, c’est que les 27 États membres n’ont pas réussi à s’entendre. Pour parvenir à un accord, une majorité qualifiée, représentant au moins 65% de la population européenne devait se dégager.
"Conformément à la législation de l’UE et en l’absence de la majorité requise dans un sens ou dans l’autre, la Commission est désormais obligée d’adopter une décision avant le 15 décembre 2023, date d’expiration de la période d’approbation actuelle", écrit-elle dans son communiqué avant de proposer un renouvellement de dix ans, sous réserve de certaines nouvelles conditions et restrictions qu’elle n’a pas détaillées.

La France, qui, en 2017, se positionnait pour un renouvellement de trois ans seulement du glyphosate dans l’Union européenne, a cette fois botté en touche, préférant s’abstenir. Une position "scandaleuse" pour l’eurodéputée écologiste, Marie Toussaint alors qu’Emmanuel Macron avait fait de l’interdiction du glyphosate en France une de ses promesses de campagne, avant de faire machine arrière.
Au contraire, l’eurodéputé Renaissance, Pascal Canfin, y voit un passage en force de la Commission "alors que les trois plus grandes puissances agricoles du continent (la France, l’Allemagne et l’Italie) n’ont pas soutenu cette proposition". "S’abstenir, c’est soutenir, tranche Nadine Lauverjat. La France ne montre pas le chemin de la sortie du glyphosate".

Interdiction pays par pays

Le ministre de l’Agriculture, Marc Fesneau, a déclaré la veille sur France Info que "l’interdiction totale, ce n’est pas possible. On a constaté qu’il n’y avait pas d’alternative aujourd’hui". Et de poursuivre : "La position de la France est simple. Là où il y a des alternatives, il faut que l’on continue à les pousser pour avoir une trajectoire de réduction, là où il n’y a pas d’alternatives, on cherche pour essayer de trouver".

Chaque pays peut décider individuellement de sortir du glyphosate.

L’Allemagne a déjà affirmé sa volonté de l’interdire à partir de début 2024 sur son territoire. Mais les principaux syndicats agricoles dénoncent une distorsion de concurrence avec les autres pays. Surtout, les géants de l’agrochimie sont toujours dans la course. Le Luxembourg, qui avait retiré en février 2020 l’autorisation de mise sur le marché des produits phyto à base de glyphosate a dû reculer en avril dernier. Une décision motivée par "l’absence d’indication de la moindre argumentation juridique" dévoilait la Cour administrative du Luxembourg. De quoi redonner des ailes à Bayer, pourtant plombé par les plaintes de consommateurs liées au glyphosate.


Voir en ligne : https://www.novethic.fr/actualite/e...

   

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