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Barkhane, un retrait du Mali, pas du Sahel. Le Mali saisit l’ONU et accuse la France d’informer et d’armer des groupes terroristes
samedi 20 août 2022 par Afrique XXI et Feïza Ben Mohamed

Le 15 août, dans la torpeur de l’été en France, Paris a annoncé le retrait effectif de la force Barkhane du Mali. Neuf ans et demi après le déclenchement de l’opération Serval (à laquelle Barkhane avait succédé en août 2014), l’armée française quitte un pays dans lequel elle a perdu 59 soldats... et une guerre. Cette défaite est, contrairement à ce que voudraient faire croire l’exécutif et l’état-major des armées, autant militaire que politique : elle s’explique en partie par l’aveuglement de l’exécutif français (ce que Rémi Carayol appelait "la défaite des idéologues" [1] dans un article publié en avril), mais aussi par les erreurs stratégiques de l’armée française, trompée notamment par son biais colonial (un héritage auquel Afrique XXI a consacré un dossier [2] en début d’année).
Il y a évidemment d’autres explications à cet échec, et il est possible d’en lister quelques unes ici :
- -l’incapacité des dirigeants maliens à résoudre une crise bien plus profonde qu’il n’y paraissait en 2013 ;
- -l’inefficacité de la "communauté internationale" en dépit des énormes moyens mobilisés depuis près de dix ans ;
- -la résilience des groupes djihadistes et leur implantation au sein des populations ;
- -l’implication de la Russie via la société de sécurité privé Wagner à partir de la fin 2021 ;
- -la multiplication des thèses complotistes qui ont sapé l’image des militaires français (thèses décortiquéespar Aoife Mc Cullough, dont certaines trouvent leur origine dans l’histoire coloniale, et notamment dans le vieux projet de l’OCRS sur lequel est revenu Simon Pierre en mars, mais aussi dans les fautes commises par l’opération Barkhane, et notamment des "bavures")...
Ce retrait, qu’Emmanuel Macron avait été contraint d’annoncer en février dernier en raison de l’hostilité de plus en plus marquée de la junte au pouvoir, marque une nouvelle étape dans la relation entre la France et le Mali.
La passe d’armes entre les deux pays, que Boubacar Haidara décrivait en novembre dernier, et qui semblait improbable il y a de cela un an et demi, est allée crescendo depuis le second coup d’État du 24 mai 2021 et le début de la "rectification", récemment analysée par Yvan Guichaoua et Lamine Savané.
Elle a franchi un palier supplémentaire cette semaine quand, quelques heures après l’annonce du départ des soldats français, Bamako a officiellement accusé la France de soutenir les djihadistes et a demandé au Conseil de sécurité de l’ONU une réunion d’urgence pour faire cesser ces « actes d’agression ».
Pour autant, ce retrait ne sonne pas le glas de l’interventionnisme français dans la région, ainsi que nous le rappelions dans un Space Twitter (dont l’enregistrement est à (ré)écouter ici) en février dernier. En dépit des critiques de plus en plus vives sur le continent, la France compte poursuivre sa guerre contre le "terrorisme" et l’étendre aux pays du Golfe de Guinée.
Pour ce faire, elle devrait mobiliser 2.500 hommes dans la région, répartis dans plusieurs pays, et conserver une partie des moyens matériels dont elle disposait au Mali.
Le Mali saisit l’ONU et accuse la France d’informer et d’armer des groupes terroristes |
Voir en ligne : https://www.france-irak-actualite.c...