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Ziouganov : “La dualité du parti au pouvoir fait obstacle à la victoire”

samedi 29 juillet 2023 par Guennadi Ziouganov

Notez que le discours du président du KPRF se fait de plus en plus direct, de plus en plus critique, même s’il montre que “les objectifs” présidentiels ne sont pas mis en œuvre par le parti au pouvoir. Même si l’on ne parle pas russe, on voit bien à quel point ce discours est prononcé de manière offensive dans la vidéo, où il impose un temps supplémentaire à des députés médusés et conscients du mécontentement populaire. Le peuple russe est conscient du fait que l’impérialisme occidental, les Etats-Unis, les pays d’Europe sont une fois de plus ligués contre lui et au lieu de mobiliser tous les patriotes, il laisse gouverner ceux qui vivent de l’injustice, de la collaboration avec l’ennemi. C’est un réquisitoire avec des faits précis, qui parlent au peuple russe, mais pas de ceux que l’on peut populariser en France et surtout pas dans une gauche otanisée et qui fait de l’anticommunisme de fait son credo et pour lesquels la seule opposition au gouvernement russe est constituée de “libéraux” qui n’ont cessé de trahir, et à qui il est déjà imputé la fin de l’URSS, des “gorbatchéviens” voire pire comme le veut la propagande de l’OTAN et de la CIA qu’ils relayent systématiquement en interdisant la voix ici comme ailleurs des communistes. (note de Danielle Bleitrach traduction de Marianne Dunlop pour histoireetsociete)

Le 26 juillet, depuis la tribune de la Douma d’État, Guennadi Ziouganov, président du comité central du KPRF et chef de la faction parlementaire des communistes, a résumé les résultats de l’année politique dans son discours.

– Chers collègues, cette année politique s’est écoulée dans les conditions de la guerre déclenchée contre la Russie. Elle a mis tous les points sur les “i”, déterminé le prix de chaque institution de pouvoir, de chaque collectif de travail. Toutes les contradictions existantes sont devenues plus aiguës, y compris les menaces dont je vous ai parlé à maintes reprises. L’appauvrissement et l’extinction se poursuivent, la division de la société s’est intensifiée et l’introduction des technologies les plus récentes progresse très difficilement.

Malheureusement, le message du président, dans lequel il a fixé l’objectif d’atteindre le rythme de développement mondial et de résoudre des tâches stratégiquement importantes, n’est pas mis en œuvre. Cela se voit dans le budget de l’État, qui est insuffisant pour permettre le développement de l’économie.

Nous devons nous rappeler qu’une nation périt lorsqu’elle perd la voie du développement. Nous l’avons perdue en 1991, lorsque nous avons été poussés de force sur une voie étrangère et destructrice favorable à l’Occident. Je rappelle à tous, y compris aux cadres nationaux, que depuis le début des destructives années 1990, il y a eu 22 millions de Russes en moins. Or, les Russes sont le peuple qui forme l’État et qui maintient l’unité de notre pays. Le destin de chacun d’entre vous dépend de son destin.

Avant la perfide destruction de l’URSS, la population de la Russie représentait près de 3 % de la population mondiale. Aujourd’hui, ce chiffre a été divisé par deux et nous continuons à décliner à un rythme effrayant. Les raisons de cette extinction sont l’injustice sociale, le manque de perspectives et les escrocs qui se sont fabuleusement enrichis grâce à l’exploitation de nos ressources, mais qui ne veulent pas aider leurs concitoyens appauvris. Nous pensons que cette situation est absolument contre nature. Les oligarques devraient être contraints de payer des impôts normaux, surtout en temps de guerre !

Cette guerre est déclenchée contre l’ensemble du monde russe et a acquis un caractère franchement menaçant. Lorsque des drones atteignent le Kremlin et les centrales nucléaires, lorsque le régime nazi-banderiste de Kiev fait du terrorisme une politique d’État, personne ne peut se sentir en sécurité.

Dans ce contexte, la question se pose inévitablement : où est le succès pour nous et où est la victoire ? Nous sommes en guerre depuis plus de 500 jours, soit un tiers du temps qu’il a fallu pour gagner la Grande Guerre patriotique. Et dans la situation actuelle, seule la victoire peut nous satisfaire. Notre faction et les forces patriotiques de gauche ont travaillé activement à cette tâche pendant tout ce temps.

La Douma dans son ensemble a fait preuve de caractère. Vous et moi avons adopté près de 200 lois qui permettent de mener à bien l’opération militaire et de sortir le pays de la crise. Vingt-quatre fois se sont tenues les « heures de gouvernement » [auditions de ministres par la Douma, NdT]. Force est de constater que le gouvernement actuel rend compte à la Douma de manière plus professionnelle que le précédent. Mais cela ne suffit pas. Nous avons besoin d’un nouveau cap pour gagner !

Nous avons organisé neuf tables rondes et six auditions parlementaires. Nous remercions tous ceux qui y ont participé. À mon avis, la forme la plus efficace de notre travail a été la visite des députés dans les collectifs de travail et les régions. J’aimerais que le président de la Douma, Viacheslav Volodine, qui a été l’initiateur de ces visites, poursuive cette pratique. J’espère qu’en voyant le talent des gens qui travaillent sur le terrain et dans les usines, nous répondrons plus rapidement à leurs demandes et à leurs propositions, et que nous adopterons plus rapidement les lois dont les travailleurs ont besoin.

J’en appelle au président de la Douma en lui proposant d’effectuer deux visites de députés à l’usine de Kirov et à Rostselmash. Vous verrez des entreprises modernes, qui réussissent dans les nouvelles conditions difficiles.

En tant que personne et en tant qu’homme politique, je suis très préoccupé par la bipolarité du pouvoir dans ses décisions et dans la détermination de son cours. Une telle bipolarité mène toujours non pas à la victoire, mais à la défaite. Comment se manifeste-t-elle ? Lorsque j’écoute le président, je suis prêt à le soutenir sur presque toutes les positions clés. Mais je ne vois aucun signe d’un véritable changement de cap, même après que le président a officiellement déclaré que le capitalisme était dans l’impasse et qu’un nouveau cap était nécessaire.

Il est absolument clair que nous devons nous engager dans l’éducation patriotique et laborieuse et lutter sans relâche contre la cinquième colonne. Celle-ci est devenue extrêmement active et tourne autour du Président du matin au soir.

Nous estimons que les décisions relatives au système de Bologne et à l’examen d’État unifié doivent être prises sans délai. Or, dans ces domaines, nous faisons du sur-place, quand nous ne reculons pas.

Nous avons proposé plusieurs options pour résoudre avec succès les tâches stratégiques. À Minsk, lors du Forum international antifasciste que nous avons organisé, 50 pays ont soutenu la Russie dans la lutte contre le nazisme. Je vous ai lancé un appel et je vous ai demandé de tenir compte de cette expérience de coopération avec nos alliés. Mais vous êtes restés silencieux jusqu’à présent.

Nous avons organisé le Forum économique international d’Orel. Il a réuni d’éminents universitaires et spécialistes. Ils ont unanimement soutenu notre programme renouvelé pour la renaissance du pays et ont pris note de la brillante expérience accumulée par nos entreprises populaires [dirigées par des communistes et fonctionnant « à la soviétique », NdT].

Rendez-vous sur le site KPRF.ru et lisez les rapports de Kashin, Nigmatulin, Babkin, Klychkov, Kolomeitsev, Ostanina qui ont été présentés lors de ce forum. Vous comprendrez qu’il existe un programme absolument constructif qui contribuera à corriger la situation de crise actuelle. Et sur la base duquel il est possible d’établir un budget de développement à part entière.

Le Premier ministre Michoustine s’exprime avec compétence depuis cette tribune. Mais il reste dans le cadre du système qui nous a été imposé il y a trois décennies, ce qui n’est pas de bon augure !

Ensuite, le ministre des finances Silouanov vient à la Douma d’État et appelle à aller de l’avant, à atteindre les taux de croissance économique envisagés dans les décrets et les messages du président. Mais ces appels ne sont pas soutenus par une politique financière appropriée, et sans elle, ils n’ont aucun sens. Si le rouble a perdu 70 % de sa valeur cette année, si le taux bancaire directeur, dont dépendent les conditions de prêt aux entreprises, augmente, si 44 000 entreprises qui auraient pu apporter 5 000 milliards de roubles au Trésor restent offshore, si vous êtes incapables de taxer l’oligarchie, d’où peut venir une croissance économique significative ? N’importe quel économiste vous prouvera qu’elle ne peut venir de nulle part dans une telle situation !

Vous nous prouvez que le salaire minimum de 16 242 roubles est une grande réussite. Mais même en Pologne, il est trois fois plus élevé. Il est deux fois plus élevé en Lituanie. Une augmentation de 18 % ne sert à rien au vu des prix actuels. Elle ne représente que 3 000 roubles de plus. Par conséquent, le salaire minimum n’atteint même pas 20 000 roubles. C’est une vie de famine. Dans le monde, 800 millions de personnes sont au bord de la famine et 2 milliards 400 millions sont régulièrement sous-alimentées. Et nous contribuons à ces tristes statistiques par nos politiques fiscales.

Je crois que le problème de sauver les gens est la question clé aujourd’hui. Et nous vous avons proposé l’algorithme le plus convaincant pour le résoudre. Il est grand temps d’adopter une loi sur les familles nombreuses. Nina Ostanina a prouvé à maintes reprises sa nécessité dans ces murs. Mais elle a été mise de côté. Nous avons proposé une loi sur les repas chauds pour tous les écoliers – et elle a été mise sous la table. Nous avons proposé une loi pour soutenir les enfants de la guerre – et elle est bloquée. Une loi sur les vacances des enfants – et elle est bloquée. Alors comment pouvons-nous empêcher l’extinction du pays ?

Dans son discours au Forum économique d’Orel, Konstantin Babkine, président de Rostselmash OJSC, a déclaré : “Avec ces prix de l’énergie, avec ces taxes, avec ces tarifs, il sera impossible d’entrer sur les marchés, car nos produits seront plus chers.” Prenons donc la bonne décision ! Après tout, nous avons une mer de pétrole, des réserves gigantesques de gaz et d’électricité !

Mais en même temps, nous avons étranglé presque tous les fabricants. Hier encore, je me suis entretenu avec des représentants d’entreprises. Ils sont indignés : “Regardez : notre diesel coûte presque 60 roubles” ! Ils ont tourné le pipeline de l’Ouest vers l’Est, mais ils ne peuvent pas vendre le carburant à un prix normal à leurs propres producteurs. Ce problème doit être résolu !

Pourquoi étranglez-vous les campagnes avec des tarifs d’électricité exorbitants ? Nos camarades Kharitonov, Kashine et Kolomeitsev ont prouvé à maintes reprises que cette approche est désastreuse. Et il ne s’agit pas d’un problème économique. C’est une question de volonté politique ! Si nous en faisons preuve, il n’est pas difficile de résoudre ce problème.

Vous parlez de la nécessité de la cohésion sociale. Nous insistons également sur cette nécessité. On ne peut pas gagner sans cohésion. C’est la principale condition de la victoire. Mais pour parvenir à la cohésion, il faut se rappeler l’expérience soviétique. Après la guerre civile, la décosakisation et la dékoulakisation, le pays soviétique a réalisé l’unité de la société grâce à une politique dans l’intérêt de chaque citoyen. Et il a été en mesure d’assurer une véritable unité du peuple, grâce à laquelle nous avons vaincu le fascisme.

À la fin de la Grande Guerre patriotique, Staline a porté son célèbre toast au peuple russe. Pourquoi jetez-vous le peuple russe et le monde russe tout entier en pâture ? Nous devons absolument tripler nos efforts au front !

Je salue les soldats et les officiers qui se battent. Je suis moi-même un militaire, j’ai servi trois fois dans l’armée soviétique. Pour avancer, nous devons avoir au moins un triple avantage. Mettons nos efforts en commun pour y parvenir ! Nous ne pouvons tolérer que 80 % du territoire ukrainien reste sous le contrôle des Anglo-Saxons et de l’OTAN. C’est une menace directe pour notre sécurité, pour notre existence !

Lorsque j’entends quelqu’un proposer de négocier avec le régime actuel de Kiev, je demande toujours : avec qui allez-vous négocier ? Avez-vous des garanties que la partie de l’Ukraine qui reste sous le contrôle des Banderistes et des Nazis ne rejoindra pas l’OTAN demain, et que vous ne vivrez pas constamment sous sa menace ? Si nous ne résolvons pas cette question aujourd’hui, nos enfants devront la résoudre demain. Prenons donc ces décisions fondamentales !

En parlant de la nécessité d’unir le peuple et de dialoguer avec la société, nous ne pouvons pas ne pas parler des élections. Regardez ce que vous faites en Khakassie ! J’ai rencontré Kirienko à ce sujet et j’en ai discuté deux fois avec le président.

Le gouverneur de la Khakassie, le communiste Valentin Konovalov, est un dirigeant responsable, un homme intelligent et doué. Au cours de son mandat, il a considérablement évolué sur le plan professionnel. Les principaux indicateurs économiques et sociaux de la république ont été multipliés par deux ou trois sous sa direction. Mais 80 technologues politiques “noirs” ont déjà été envoyés en Khakassie pour combattre l’équipe de Konovalov avec les méthodes les plus sales pendant les élections. Ils ont mis toute la république sens dessus dessous. Ils ont coupé le gouverneur sortant de toutes les ondes.

J’ai vécu beaucoup de choses à l’époque d’Eltsine. J’ai été jugé 300 fois, ils ont publié le journal “Dieu nous en préserve” avec des calomnies contre moi et le parti. Mais nous nous sommes malgré tout comportés très convenablement. Et vous ne voulez pas écouter les mises en garde sur la violation des règles électorales.

Je suis convaincu que nous gagnerons encore cette fois. Mais les problèmes dont nous parlons concernent plus d’une région. Et je vous le demande instamment : ramenez la situation à la normale ! Revenez à un véritable dialogue humain !

Nous avons travaillé pour la victoire et nous continuerons à le faire. C’est aujourd’hui l’enjeu principal de la survie du pays !


Voir en ligne : https://histoireetsociete.com/2023/...

   

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