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Le « Réformisme » en 2023

mercredi 15 février 2023 par Francis Arzalier (ANC)

Réformisme : la fin du siècle passé, nous avons usé et même abusé de ce concept, que nous pensions alors, avec un peu de mépris militant, qualifier tous ceux clamant leur volonté de progrès social, mais refusant que les « réformes » nécessaires tournent au bouleversement total, à la « Révolution » sociale ou politique. On l’assimilait volontiers aux partis sociaux-démocrates, à la « Gauche » gouvernementale, régnant sur une bonne partie de l’Europe occidentale, de la Scandinavie à la Méditerranée, férue de libertés individuelles et « d’État-providence », avec les visages bonasses du Français Mitterrand ou d’Harold Wilson, ses compères anglais ou allemands.

Mais on qualifiait aussi volontiers de réformistes les dirigeants de l’Église catholique, proclamant à tout instant la « doctrine sociale » de l’Église, dénonçant depuis le XIXème siècle les « excés »du Capitalisme, mais pas son principe. L’Église catholique a changé avec les Papes successifs au cours du XXème siècle, de Jean XXIII l’œcuménique à Jean Paul II, le croisé polonais, qui fut un des auteurs engagés de l’effondrement du Communisme à l’est de l’Europe. Mais tous ont pratiqué peu ou prou le discours de « doctrine sociale » reflété par les syndicats « chrétiens » comme la CFTC française des années 1960.

Le réformisme « de gauche. » est mort ?

Ce schéma idéologique a vécu.
D’abord parce que les grands Partis Sociaux-démocrates se sont progressivement convertis à l’idéologie ultra-libérale, ce qui les a amenés à devenir exclusivement des machines électorales, avec pour seule perspective de remplacer au pouvoir les politiciens conservateurs. Ce faisant, ils ont peu à peu perdu leur ancrage populaire, et leurs chances d’accéder au gouvernement par les urnes. Leur déclin est évident dans les pays scandinaves, et leur emprise est de plus en plus précaire en Méditerranée (Espagne, Portugal etc…).

La Social-démocratie, affadie peu à peu dans le soutien à l’Union Européenne et ses objectifs libéraux, a quasiment disparu au profit de « Mouvements », ectoplasmes politiques disparates et, de ce fait, éphémères, comme « Cinq Étoiles » en Italie, « Podemos » en Espagne.

Plus tardivement, en France, le mouvement FI semble suivre un scénario identique. Cette « Implosion de la Gauche » a évidemment profitée de la quasi-disparition des organisations communistes, réduites souvent à une pléiade de groupes impuissants et divisés.

Un peu partout, en Allemagne, et notamment en France, la Social-démocratie a muté en Verts écologistes, voire en groupes ultra-féministes « me-too », calqués sur les USA.

Un fait majeur ressort de ce paysage d’un réformisme politique explosé : toutes ses variétés sont imprégnées d’idéologie libérale et de soutien à l’impérialisme occidental.

Les verts, partie prenante de la coalition gouvernementale allemande avec le Chancelier Schulz du Part Socialiste, sont les plus ardents promoteurs de la rupture avec le pacifisme allemand dominant depuis 1945. Ils font le forcing pour multiplier les budgets militaires, dans le cadre de l’OTAN, et exigent de leurs partenaires de fournir à la coalition occidentale antirusse en Ukraine les blindés les plus performants.

À leur école, les Verts français s’efforcent depuis un an de pousser le gouvernement de Macron de livrer toujours plus d’armes sophistiquées aux nationalistes ukrainiens. L’égérie nordiste des Écologistes, Sandrine Rousseau, par ailleurs porte-parole des plus déjantées des ultra-féministes me-too, fut la première à prôner le soutien militaire de la France aux nationalistes ukrainiens contre la Russie.

Pour ne pas être en reste dans la surenchère belliciste, Anne Hidalgo, maire socialiste de Paris, ne craint pas le ridicule en prétendant interdire aux athlètes russes « sa ville » lors des Jeux Olympiques prochains ! !

Le terme lui-même de réformisme a été capturé par les tenants de la pire régression sociale comme Macron, qui s’évertue à prétendre réaliser ses « réformes » contre l’avis des Français !

Un réformisme qui perdure au Vatican ?

Le Pape actuel, François, à la grande déconvenue des dirigeants occidentaux, refuse depuis un an de s’inclure dans la croisade belliciste antirusse. Le chef actuel de l’Église catholique s’est dès l’entrée des troupes russes en Ukraine, soigneusement démarqué de l’unanimité belliciste occidentale, prônant à plusieurs reprises la fureur des nationalistes de Kiiv, et même les remarques acerbes de Macron sur le thème : « la paix ne sera possible que quand l’Ukraine agressée en décidera ».

Ce fut notamment le cas lors des cérémonies pascales, où le Pontife fit défiler côte à côte « pour la paix « deux familles, l’une russe, l’autre ukrainienne. Il arriva même au Pape en mai 2022 de se laisser aller au point de dénoncer parmi les responsables du conflit « les aboiements de l’OTAN aux portes de la Russie » !

Même s’il condamna fermement par la suite l’intervention armée de l’armée russe, le Vatican a multiplié en un an les appels au cessez le feu, et à la paix négociée. Ce pacifisme « neutraliste » tient évidemment à la personnalité du Pape François, d’origine argentine, et proche de cette majorité de « pays du Sud » qui, à l’ONU, ont dès février 2022, refusé d’entériner les textes occidentaux de soutien à l’Ukraine Nationaliste, préférant s’abstenir ou ne pas voter.

C’est aussi un reflet de l’évolution du monde catholique en un demi-siècle : la pratique de ce culte est devenue très minoritaire parmi les peuples occidentaux, notamment en Europe, où les partis et syndicats se proclamant chrétiens ont quasiment disparu d’Italie, de France ou de Belgique.

Par contre, le catholicisme demeure très présent en Amérique latine, et progresse même en Afrique, laissant supposer à certains observateurs un futur Pape africain. Il n’est en tout cas pas anodin de voir le Vatican en 2023 perpétuer un certain réformisme, quand la Social-Démocratie s’est massivement accouplée à l’impérialisme occidental le plus virulent.

Une nouvelle configuration idéologique mondiale qui exige parallèlement une reconstruction des forces anticapitalistes et anti impérialistes, trop faibles encore face au risque évident d’une Troisième Guerre Mondiale impérialiste.

La réussite des journées internationales pour la paix, les 24 et 25 février en France et le 5 mars à Caracas, vont dans ce sens.

le 15 février 2023

Photo  : Les dirigeants européens dit de gauche ... réformistes (en 2015) avec Tony Blair, Lionel Jospin, Gerhard Schröder, et le fabuleux François Hollande... La dernière caricature du Réformisme français.

   

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