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Coupe du monde de foot : un visage du « monde libre »

dimanche 4 décembre 2022 par Francis Arzalier (ANC)

Nous voici donc revenus comme très régulièrement à un discours médiatique encombré de nouvelles « sportives », entre les exploits des Bleus dans la Coupe du Monde au Qatar, et les publicités, déjà, pour les futurs Jeux Olympiques de Paris. Mais ces événements qui se veulent festifs et mondiaux, relèvent-ils uniquement du sport ?

Ils sont aussi un des visages essentiels des idéologies qui animent les opinions contemporaines, autant que les religions et leurs diverses hérésies ( il y a toujours eu autant de catholicismes que de catholiques ! ) qui ont structuré les comportements des peuples d’autrefois, voire incarné leurs clivages de classe.

Car depuis qu’au siècle avant-dernier on a pu constater la mort progressive des Dieux en Europe ou en tout cas de leurs Églises, d’autres croyances sont venues les remplacer, modelant les comportements : l’homme contemporain, et sa compagne, ont beau imiter Prométhée en refusant la soumission à la Divinité, ils ont tout de même besoin de calmer leurs peurs en créant des mythes rassurants, qui transcendent la réalité en splendides emballements imaginaires, comme le disait le philosophe Roland Barthes .

C’est ainsi que le goût du sport, cet amour du jeu gratuit et du corps, est présent chez beaucoup d’entre nous depuis l’Antiquité, et jusqu’au pied des cités populaires actuelles, quand les gamins tapent dans un ballon. Mais il a muté aujourd’hui en spectacle, drainant des milliards de regards ne voyant plus que performances hors du commun, nourris d’enthousiasmes nationalistes ou régionaux, pour des athlètes rétribués à milliards, portés, amplifiés jusqu’à la démesure par des médias pour lesquels profits et choix idéologiques se confondent.

Qui pourrait démentir qu’aujourd’hui ce sport-spectacle est devenu en de nombreux pays cet « Opium du Peuple » que Marx dénonçait il y a deux siècles chez les prêtres ?
Sait on assez qu’au Brésil la majorité des joueurs devenus millionaires grâce au foot ont soutenu aux élections le démagogue fascisant Bolsonaro ?
Le temps où Maradona, le grand joueur issu grâce au foot des quartiers pauvres d’Argentine, se servait de sa notoriété pour combattre l’oligarchie et approuver la Révolution castriste et Che Guevara est bien loin. Ses successeurs encensent aujourd’hui le Capitalisme qui les a accueilli dans ses rangs.

Ce qui devrait être la « fête mondiale du foot », la Coupe du Monde 2022 au Qatar démontre cette dérive vers le Capitalisme mondialisé et ses modes de pensée de façon caricaturale.

Le Qatar presqu’île de l’Arabie, constitué depuis peu en État avec l’assentiment des puissances occidentales capitalistes, est dirigée par une dynastie héréditaire d’Émirs, autrefois chefs de tribus nomades.
Cet État est grand comme la Corse, a moins de citoyens ( 300 000 au lieu de 340 000). Et à l’inverse de l’île française pourvue de plaines fertiles au pied des massifs, ce pays est totalement désertique, au point de ne consommer que de l’eau de mer dessalée à grands frais, y compris pour ses serres à légumes et fruits.

Mais son sous-sol s’est trouvé recéler les plus grandes réserves mondiales de gaz, y compris au large, dans ses eaux territoriales. Une richesse mirifique, qui a fait grâce à l’appui de l’Impérialisme occidental ( y compris la France qui lui vend des armes ) l’énorme richesse des Émirs qui en sont propriétaires, comme d’autres le sont de banques, d’usines ou de grands magasins.

En fait, le dynaste Qatari est le PDG d’une immense entreprise capitaliste, dont les membres de sa famille et ses proches sont le Conseil d’Administration, et les quelques milliers de familles de citoyens de l’Émirat, vivant une oisiveté confortable, sont les actionnaires.
Car cette « entreprise Qatar » fonctionne grâce à la présence dans le territoire de près d’un million de migrants venus de leur misère asiatique ou africaine construire les gratte-ciels futuristes de Doha, et les équipements sportifs climatisés luxueux.

Des journaux comme le Guardian britannique ont dénoncé leur conditions de vie très dures sur les chantiers (plus de 6000 morts en quelques années ?) et dans leurs habitations rudimentaires loin du luxe de la capitale.
Ils sont d’ailleurs exclus des stades qu’ils ont construit, par la cherté des places, et sont réduits à regarder les matches de la Coupe du Monde à la télévision.

Il s’agit donc d’une exploitation extrême, profitant au maximum des inégalités mondiales, sans opposition, au détriment des plus pauvres. Mais les affairistes mondiaux du foot et les dirigeants complices des puissances occidentales le savaient, quand ils ont attribué en dépit de toute logique, la Coupe du Monde 2022 au Qatar, ce bout de désert dont les citoyens n’ont jamais joué au football.

À preuve, l’incapacité de l’État Qatari à constituer une équipe valable et à faire venir dans les stades climatisés ses citoyens (dés le premier match, le stade s’est vidé à la mi-temps, quand ils ont vu leur équipe se faire ridiculiser par un adversaire !).
Les milliards répandus en pots de vin déguisés en marchés y ont fait localiser la Coupe au Qatar, comme ils ont fait du PSG « français « et « Parisien « un des grands clubs mondiaux, à force d’acheter des athlètes vedettes (et parfois milliardaires).

Mais dans une compétition dont les participants doivent avoir la nationalité de leur équipe, la diplomatie du carnet de chèques à ses limites. Encore que le Capitalisme mondial qui a envahi le sport ait apporté quelques arrangements que la France connaît aussi, un bon professionnel du spectacle sportif n’a guère de mal à obtenir une naturalisation que des millions de migrants chassés de chez eux par la guerre ou la pauvreté se verront refuser.

C’est ainsi que la bonne équipe nationale du Cameroun a été battue par celle de Suisse, par un but à zéro marqué par un joueur d’origine camerounaise…

Cette Coupe du Monde est aussi une aberration sur d’autres plans.

Alors que les chefs des grandes puissances occidentales se sont proclamés à grands cris les défenseurs de la planète menacée par le dérèglement climatique lors de la récente rencontre en Égypte, ils ont attribué la Coupe du Monde au Qatar, ce morceau de désert urbanisé qui est le plus fort producteur mondial par habitant de gaz à effet de serre.

Le coût des constructions réfrigérées, stades et hôtels, destinés à accueillir les matchs et les visiteurs-supporteurs occidentaux sera de 200 milliards de dollars ; dépense la plus élevée pour une Coupes du Monde, dans un monde qui, justement, est en état de pénurie et de guerre.

À titre de comparaison, celle réalisée à Moscou en été 2018 n’en a coûté que 20 !

Alors, fallait-il boycotter cette coupe au Qatar ?

Certainement pas, on ne peut que noter l’hypocrisie de tous ces responsables, « sportifs » et politiciens, notamment français, qui ont attribué au Qatar la Coupe après lui avoir cédé le PSG et des hôtels particuliers dans nos beaux quartiers, et font semblant de découvrir aujourd’hui le sort malheureux des émigrés qui ont rendu possible l’événement.
D’autant que les motivations de nos belles âmes découvrant aujourd’hui les problèmes sans avoir jamais critiqué les ventes d’armes françaises au Qatar sont parfois teintées de xénophobie anti-musulmane.

N’en déplaise à nos journalistes, interdire la vente d’alcool à la porte des stades relève du droit le plus strict des Qataris, et serait peut-être fort utile autour du Stade de France !

De plus, Il n’est pas dans nos intentions de culpabiliser les amateurs de spectacle footballistique, même si l’addiction de trois millions ( ! ) de jeunes supporters français pour les paris sportifs et l’hystérie de certaines tribunes de stade relève plus souvent de la fièvre collective pathologique et de la xénophobie raciste que des luttes nécessaires pour le salaire et pour la paix.

Le sport football a été livré au pires règles de fonctionnement du Capitalisme mondialisé.

Nos donneurs de leçons se gardent bien de les pourfendre, ils en sont au contraire les porte-voix.

Espérons que le « sport olympique. » ne serve pas de prétexte à réaliser en Ile de France les objectifs urbanistiques les plus néfastes du Capital : vider la banlieue anciennement ouvrière de ses derniers quartiers populaires.

Quand on traverse aujourd’hui les travaux pharaoniques engagés autour de Saint Dénis, on peut s’attendre au pire en la matière, et le Qatar n’y est pour rien.

3/12/2022

   

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