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La Commune de Cronstadt

lundi 17 mai 2021 par Charles Jacquier

Marquée par le 150e anniversaire de la Commune de Paris, l’année 2021 est aussi le centenaire d’une autre Commune : celle de Cronstadt, le port qui accueille la flotte de la Baltique, dont les marins avaient joué un grand rôle dans les révolutions de 1905 et 1917, au point d’être qualifiés de « gloire et honneur de la Révolution » par Léon Trotski.

Durant l’hiver 1920-1921, les ennemis extérieurs de la révolution bolchevique sont vaincus, mais les problèmes intérieurs s’exacerbent. Les mesures autoritaires exceptionnelles du « communisme de guerre » ne semblent plus justifiées, et la situation économique est catastrophique : effondrement de la production, famine, pénuries.

Les soviets, au nom desquels a été faite la révolution, n’apparaissent plus à beaucoup que comme des coquilles vides sous la coupe du parti au pouvoir. En février 1921, des grèves éclatent dans plusieurs villes — Petrograd (l’ancienne Saint-Pétersbourg), Moscou… — et sont violemment réprimées.

Venus s’informer de la situation à Petrograd, des marins de Cronstadt prennent parti à leur retour pour les grévistes, dans une résolution adoptée sur le cuirassé Petropavlovsk qui fait siennes leurs revendications.
Le 1er mars, celle-ci est adoptée à l’unanimité, moins les trois voix des dirigeants bolcheviques présents.
Le lendemain, un comité révolutionnaire provisoire se met en place pour organiser la vie et la défense de la ville.

Le 4 mars, Lénine et Trotski déclarent Cronstadt coupable de « mutinerie » ; le 5, Radio Moscou diffuse un message, lancé par avion aux insurgés : « Si vous persistez, on vous tirera comme des perdrix. »

Il n’est tenu aucun compte des tentatives de médiation des anarchistes américains d’origine russe Emma Goldman et Alexandre Berkman.

De leur côté, les insurgés proclament : « Notre cause est juste. Face aux partis, nous défendons le pouvoir des soviets. Nous voulons que soient librement élus les représentants du peuple. Les soviets pervertis, confisqués par le Parti communiste, sont toujours restés sourds à nos besoins et à nos revendications  [1]. »

Du 7 au 12, les premières offensives de l’Armée rouge sont repoussées. La bataille finale a lieu les 17 et 18 mars et, après de violents combats, les insurgés sont défaits.
Une impitoyable répression s’ensuivra.

Estimant que cette histoire est connue grâce aux études menées, entre autres, par Ida Mett, Voline et Alexandre Skirda, ainsi que par des chercheurs aussi divers que l’universitaire américain Paul Avrich, l’historien trotskiste Jean-Jacques Marie ou encore A. S. Poukhov, qui défend le point de vue officiel de l’époque, ce recueil propose un montage de citations de tous les témoins et auteurs qui ont écrit sur le sujet, non sans rectifier les points qui apparaissent erronés ou fallacieux.

Complétée par une bibliographie et une postface qui affirme l’« espoir raisonné d’un socialisme libertaire », cette utile synthèse constitue une première approche, qui ne dispense toutefois pas de se reporter au livre le plus complet en français sur le sujet, celui de Skirda [2], aboutissement de décennies de recherche.
Skirda a traduit des témoins de premier plan, comme Stepan Petritchenko, et utilise aussi les travaux d’historiens russes publiés dans les années 1990-2000.

Le jour même de la défaite des insurgés, les journaux de Petrograd célèbrent le 50e anniversaire de la Commune de Paris.
De leur côté, des anarchistes russes y verront la « seconde Commune de Paris » [3], et Trotski y gagnera le surnom de « Galliffet de Cronstadt », en référence au général Gaston de Galliffet, massacreur de la Commune de Paris.


Voir en ligne : https://www.monde-diplomatique.fr/2...


[1Cité dans Cronstadt 1921. Chronique à plusieurs voix de la révolte des marins et de sa répression, textes assemblés et annotés par Étienne Lesourd, Les Nuits rouges, Paris, 2021, 212 pages, 12,50 euros.

[2Alexandre Skirda, Kronstadt 1921. Soviets libres contre dictature de parti, Spartacus, Paris, 2017. Skirda est aussi le traducteur et le maître d’œuvre du recueil d’Efim Yartchouk, Kronstadt dans la révolution russe, suivi du Dossier de l’insurrection de 1921, Noir et Rouge, Paris, 2018, qui contient une indispensable chronologie des événements entre le 22 février et le 18 mars 1921.

[3Paul Avrich, Les Anarchistes russes, Nada, Paris, 2020, 432 pages, 22 euros.

   

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