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Crise générale du système impérialiste mondial, secondarisation de l’impérialisme français, processus de fascisation

La nécessité urgente de l’unification des communistes de France

lundi 2 décembre 2024 par Victoire

Introduction politique à la Conférence-Congrès de fusion

Camarades,

Depuis plusieurs décennies, avec l’abandon durable par le PCF de la ligne de classe, des cellules et des derniers points qui faisaient l’identité d’un parti communiste révolutionnaire, le mouvement communiste de France est ponctué de scissions et de divisions. Aujourd’hui, une multitude d’organisations et de groupuscules se réclamant du marxisme-léninisme cohabitent, malgré de nombreuses tentatives d’unification depuis les années 2000.

Or, au regard de l’évolution rapide des situations nationale et internationale, qu’en tant que marxistes nous considérons comme étant en interaction permanente, l’unification apparaît plus que jamais comme une nécessité historique s’imposant à nous. En effet, sur le plan international, nous assistons à la montée accélérée de risque de guerre généralisée suscitée par les impérialismes états-unien et européen dont la suprématie est pour la première fois menacée par la montée d’une logique multipolaire mondiale et d’une tentative de nombreux pays d’aller en direction d’une dédollarisation du monde. Sur le plan national, nous assistons à un processus de fascisation grandissant, lié à la crainte de la classe dominante face à la recrudescence de mouvements sociaux radicaux (GJ, réforme des retraites, révolte des quartiers populaires, etc.).

Nous voici aujourd’hui réuni pour passer un cap important dans l’histoire du mouvement communiste de France. Depuis plusieurs décennies celle-ci est ponctuée pour des raisons diverses de scissions et de divisions. Cette fois c’est dans la direction de la convergence et de l’unification que nous voulons résolument progresser le plus rapidement possible mais sans précipitation. Le plus rapidement possible car l’unification des communistes est une nécessité historique qui s’impose à nous au regard de l’évolution des situations internationale et nationale, que nous considérons en tant que marxiste comme étant en interaction permanente. Sur le plan international nous assistons à une montée accélérée des risques de guerre généralisée suscitée par l’impérialisme hégémonique états-unien dont la suprématie est pour la première fois menacée par la montée d’une logique multipolaire mondiale allant de l’ALBA aux BRICS, des accords qui se multiplient entre de nombreux pays pour commercer dans d’autres monnaies que le dollar à la création d’une banque des BRICS ne se limitant pas aux pays membres, etc.

Sur le plan national nous assistons à un processus de fascisation grandissant en lien immédiat avec la crainte de la classe dominante de mouvement sociaux radicaux dont le mouvement des Gilets Jaunes, le mouvement contre la réforme des retraites et la révolte des quartiers populaires successive à l’assassinat du jeune Naël ont démontré la possibilité. De tels mouvements sociaux dans le contexte d’une crise de l’impérialisme français en Afrique dont les coups d’Etat patriotiques au Sahel ou la crise des relations avec l’Algérie ne sont que les symptômes les plus visibles, conduisent la classe dominante française à une stratégie de réaction en terme de fascisation d’une part, de préparation à la guerre d’autre part, multiplication des ingérences et déstabilisations en Afrique pour une troisième part et à une répression des mouvements nationaux dans ses colonies comme le montre les derniers exemples de la Kanaky et de la Martinique pour une dernière part. L’unification des communistes apparaît bien dans ce contexte comme une nécessité historique. Cependant cette unification ne saurait être décrétée mais doit être bâtit pas à pas théoriquement et dans l’action pour qu’elle n’éclate pas à la première divergence tactique.

Prendre la mesure réelle de ces contextes internationaux et nationaux nécessitent de prendre en compte l’ensemble des contradictions qui travaillent notre humanité dominé par le système impérialiste mondial sous hégémonisme états-unien, à savoir : 1) Les contradiction de classe du capitalisme et en premier lieu sa contradiction principale, celle entre le capital et le travail qui n’est elle-même que la concrétisation pour le capitalisme de la contradiction fondamentale de tous les modes de production, celle entre les forces productives et les rapports de production ; 2) Les contradictions entre le système impérialiste et les peuples, Etats et nations dominés par celui-ci ; 3) Les contradictions entre puissances impérialistes et enfin 4) Les contradictions entre pays rescapés du camps socialiste et le système impérialiste. Abordons rapidement chacune d’entre elles pour en mesurer l’impact sur la situation nationale française.

La contradiction capital/travail

La chute de l’URSS et du camp socialiste constitue pour la classe ouvrière mondiale et pour les peuples dominés par l’impérialisme la plus grande régression historique depuis la seconde guerre mondiale. Non seulement l’ensemble des équilibres mondiaux issus du combat antinazi volait en éclat mais le nouveau contexte unipolaire permettait au capital financier mondial de partir à l’assaut de tous les conquis sociaux obtenus par la lutte de nos ainés dans le contexte du monde bipolaire antérieur. L’offensive idéologique de ce capital financier parlait alors de « fin de l’histoire », de « capitalisme indépassable », du « socialisme comme utopie meurtrière », « d’échec du socialisme » alors que nous étions en présence d’une défaite momentanée ce qui est loin d’être la même chose. Sur le plan économique les thèses de l’école de Chicago s’imposent au sein de la Banque mondiale, du Fond Monétaire International, le traité de Maastricht, etc. Ces politiques font voler en éclat les compromis Keynésien imposé dans le contexte antérieur par le rapport de force mondial et par la crainte de la révolution sociale. Privatisation des grandes entreprises d’Etat et de la sécurité sociale , retrait de l’Etat de l’économie et casse des services publics, gel et limitation des salaires, aides multiples, directes et indirectes aux entreprises, Plan d’ajustement Structurel pour les pays dominés, etc., deviennent les mantras serinés à longueur d’antenne par la classe dominante.
L’ampleur de l’attaque, qui n’est rien d’autre que la tentative de retour au capitalisme pur, celui d’avant les concessions imposées par révolution bolchévique et ses effets sur les luttes de classes et les luttes anticoloniales, déstabilise le mouvement anticapitaliste en général et le mouvement communiste en particulier. Face à l’offensive idéologique annonçant la « fin de l’utopie communiste », nombreux ont été ceux qui ont cédés en se débarrassant de tous les repères de classe, en se débarrassant de tous les symboles qui leur étaient liés, de la référence au marxisme à la faucille et au marteau, en clamant un antisoviétisme tous azimuts, en reprenant les thèses de l’ennemi de classe qu’ils avaient combattues auparavant, en détruisant les outils historiques du combat de classe que sont les syndicats de lutte des classes et le parti communiste, etc.

Les décennies 90 à 2010 sont sur le plan économique, celle d’une véritable contre-révolution mondiale se traduisant par un énorme transfert de revenu des classes populaires vers les classes dominantes. Les évolutions du partage de la valeur ajouté entre capital et travail, comme ceux de la part des dividendes dans le partage de la valeur, indiquent nettement une hausse massive et constante depuis la décennie 90. Concrètement cela signifie que le partage de la valeur est depuis cette période massivement au détriment des salariés et au profit des actionnaires et des investisseurs. En témoigne les dividendes records, les superprofits, les capitalisations historiques en bourse, les bulles spéculatives à répétition, les rémunérations et fortunes énormes des hauts-dirigeants d’entreprises, etc.

Les classes ouvrières et plus largement les classes populaires ne sont pas restées inactives devant ces attaques inédites depuis 1945. Des luttes courageuses ont été menés et continuent de l’être et celles-ci indiquent que nous ne sommes pas impuissants face à la logique du capital. Le mouvement des Gilets Jaunes, celui contre la réforme des retraites et la révolte des quartiers populaires suite à l’assassinat de Naël ne sont que les derniers en date. Ils soulignent les énormes possibilités de contre-offensive populaire. Cependant ces luttes étaient globalement affaiblies par la disparition dans de nombreux pays de l’outil incontournable du mouvement ouvrier que constitue le parti communiste et l’affaiblissement de son autre outil, le syndicat de lutte des classes dans lequel se propageait l’orientation réformiste.

L’évolution de la contradiction capital-travail dans ce contexte de contre-révolution mondiale souligne la double nécessité historique de rebâtir un parti communiste et de renforcer l’orientation de lutte des classes au sein du syndicat, chacune de ces nécessités étant dialectiquement liée à l’autre.

La contradiction entre l’impérialisme et les peuples dominés

En tant que puissance hégémonique l’impérialisme états-unien a été le principal bénéficiaire de la contre-révolution mondiale. Sur le plan économique le dollar comme monnaie internationale constitue une véritable rente permettant de capter en permanence une part importante de la plus-value mondiale. Plus largement c’est l’ensemble des puissances impérialistes qui s’accaparent une part grandissante de la plus-value mondiale par l’imposition des Plans d’Ajustement Structurel du FMI et de la Banque Mondiale, par la mondialisation faisant voler en éclat toutes les protections douanières et réglementaires des pays dominés, par la délocalisation des entreprises qu’elle encourage, etc.

Sur le plan politique l’impérialisme états-unien a mis à profit le nouveau rapport des forces consécutif à la défaite de l’URSS, pour initier un Soft Power et une propagande non violente pour faire voler en éclat toute opposition à ses intérêts. A coup de subventions massives, d’aide à une pseudo formation des leaders démocratiques, de création et de promotion de structures prétendant défendre la démocratie, le droit des femmes et des minorités, etc., des révolutions de couleurs ont été fomentées soit de toute pièce, soit en instrumentalisant des colères populaires réelles pour les détourner de leur véritable cible.

Sur le plan militaire un cycle de guerre de balkanisation a été initié pour détruire tous les pays susceptibles de résister à l’hégémonisme états-unien. De la Yougoslavie à la L’Ukraine, en passant par l’Irak, la Syrie, le Soudan, la Somalie, l’Afghanistan, la Lybie, etc., l’impérialisme états-unien tente, non sans succès dans un premier temps, de redessiner en fonction de ses intérêts la carte du monde quitte pour cela à semer la mort et à soutenir des idéologies meurtrières. Ce projet états-unien unipolaire ne trouvait pas de réaction d’ampleur en raison du recul de l’anti-impérialisme idéologiquement construit par une vaste campagne idéologique sur le « droit ou le devoir d’ingérence », la « lutte contre des dictateurs sanguinaires », la « guerre contre le terrorisme », etc.

Ce n’est que progressivement que les conditions de riposte des peuples se sont réunies à partir de la décennie 2000 avant de se transformer en bond qualitatif dans une logique anti-hégémonique mondiale. De la création de l’Alba à la création des BRICS, du soutien russe à la Syrie contre le projet états-unien de balkanisation de ce pays aux coups d’Etat patriotiques au Sahel, de la création de la banque des BRICS à la multiplication des initiatives de dédollarisation dans le commerce mondial, de la percée économique de la Chine à celle des pays émergent, c’est la chronique d’une véritable riposte à l’hégémonisme états-unien qui se dessine. Cette riposte est hétérogène, parcourue de contradictions, menée par des Etats ayant des régimes sociaux différents, voire opposés, mais convergent sur le plan de leurs intérêts économiques concrets dans une opposition à l’hégémonisme états-unien. De l’Ukraine au Proche-Orient ce qui se déploie c’est la contradiction entre un « Occident global » sous hégémonie états-unienne à un « Sud global » auquel le couple Russie-Chine sert d’assise. Cette contradiction est l’expression de la contradiction entre l’impérialisme et les peuples dominés dans le contexte du rapport des forces mondial d’aujourd’hui. C’est pourquoi le soutien à ce « Sud global » et à cette logique multilatérale en dépit de ses faiblesses, de ses contradictions et de ses incohérences est objectivement nécessaire pour qui veut réellement être anticapitaliste et antiimpérialiste. On ne peut pas ne pas citer Lénine sur cet aspect quand on entend des organisations se revendiquant de l’antiimpérialisme refuser de soutenir Cuba ou le Venezuela, mettre sur le même plan la Chine et les Etats-Unis ou encore caractériser la guerre de défense nationale de la Russie de guerre impérialiste. Voici ce que disait Lénine dès 1916 : « Croire que la révolution sociale soit concevable sans insurrections des petites nations dans les colonies et en Europe, sans explosions révolutionnaires d’une partie de la petite bourgeoisie avec tous ses préjugés, sans mouvement des masses prolétariennes et semi-prolétariennes politiquement inconscientes contre le joug seigneurial, clérical, monarchique, national, etc., c’est répudier la révolution sociale. C’est s’imaginer qu’une armée prendra position en un lieu donné et dira « Nous sommes pour le socialisme », et qu’une autre, en un autre lieu, dira « Nous sommes pour l’impérialisme », et que ce sera alors la révolution sociale ! C’est seulement en procédant de ce point de vue pédantesque et ridicule qu’on pouvait qualifier injurieusement de « putsch » l’insurrection irlandaise. Quiconque attend une révolution sociale « pure » ne vivra jamais assez longtemps pour la voir. Il n’est qu’un révolutionnaire en paroles qui ne comprend rien à ce qu’est une véritable révolution. »

La montée et les victoires de la logique multipolaire élargissent le champ des possibles pour les luttes populaires et les résistances aux ingérences impérialistes. Ce nouveau contexte mondial a permis grâce à l’aide de la Russie à stopper la balkanisation de la Syrie, a contribué à la défaite états-unienne en Afghanistan, à briser le projet d’isolement de l’Iran, à réunir les conditions du 7 octobre, la plus grande offensive de la résistance palestinienne depuis 1948.

L’évolution de la contradiction entre l’impérialisme et les peuples dominés met à l’ordre du jour la nécessité de la construction d’un véritable mouvement antiimpérialiste en France, d’un véritable mouvement de la paix. L’éparpillement des communistes en de multiples groupes d’une part et les confusions idéologiques sur la nature des guerres en cours d’autre part sont des obstacles objectifs à un tel mouvement de la paix antiimpérialiste.

Les contradictions entre l’impérialisme et les pays rescapés du camp socialiste

Le cataclysme politique qu’a été la disparition de l’URSS et du camp socialiste n’a cependant pas tout emporté. A Cuba, en Corée du Nord, au Vietnam, en Chine, etc., des Etats ont refusés d’abandonner leur référence au socialisme. Ces Etats ont tous subit, sous des formes différentes des pressions, des blocus, des agressions et des ingérences pour qu’ils abandonnent leurs protections douanières, qu’ils renoncent à leurs planifications, qu’ils privatisent ou diminuent drastiquement leurs secteurs économiques d’Etat, etc. De même tous ces Etats ont introduit avec des doses différentes des éléments de la logique capitaliste dans leur système économique tout en maintenant le principe d’un secteur étatique dominant et d’une planification centralisée. Enfin ces Etats expliquent ces « concessions » par l’Etat du rapport des forces mondial contraignant en quelque sorte à une « nouvelle politique économique » dans la logique de celle mise en place par Lénine en URSS de 1921 à 1929.

La caractérisation de ces Etats est l’objet de nombreux débats au sein du mouvement communiste international. Certains les caractérisent comme des Etats socialistes contraint de prendre en compte l’évolution du rapport des forces mondial, d’autres comme des capitalisme d’Etat, d’autres encore comme des Etats capitalistes [ et même pour la Chine impérialiste] se réclamant frauduleusement du socialisme pour masquer la prise de pouvoir par une nouvelle bourgeoisie née à l’ombre de l’appareil d’Etat. Si ce débat est nécessaire, il doit être mené à partir de l’analyse de la situation concrète qui suppose de s’appuyer sur des données conséquentes et objectivées : place du secteur d’Etat et du secteur coopératif dans le système de propriété, progression du niveau des salaires et du niveaux de vie, existence et ampleur des services publics de santé, d’éducation, de retraite, etc., place de la planification dans les orientations économiques, etc. Toute autre approche revient à une posture de purisme idéologique comparable à celle que Lénine dénonçait dans ceux qui étaient en attente d’une révolution pure.

Ce qui est en revanche avéré c’est que tous ces Etats se retrouvent dans le camp anti-hégémoniques que nous avons décrit précédemment et qu’ils font tous l’objet d’agressions états-uniennes. La Chine est explicitement présentée comme l’ennemi premier dans la stratégie états-unienne dite du « pivot asiatique » et est l’objet d’une tentative d’encerclement militaire, d’endiguement économique sur le marché mondial et de déstabilisation au motif de protection des Thibétains, de soutien aux « démocrates » à Taïwan et de défense des « Ouighours opprimés ». La Corée du Nord est considérée par Washington comme un Etat terroriste et un danger nucléaire. Cuba reste soumis à un blocus inhumain en dépit de la condamnation de celui-ci par les Nations-Unies à de nombreuses reprises. Etc.

De fait l’ensemble des pays rescapés du camp socialiste sont dans une opposition grandissante à l’impérialisme hégémonique états-unien, participent au développement de la logique multipolaire évoquée précédemment et s’opposent à la logique de guerre promue par l’Occident global. A ce titre ils font partie du camp antiimpérialiste.

Les contradiction inter-impérialistes

L’existence d’un hégémonisme états-unien ne signifie en aucun cas la disparition des autres impérialismes. Chacun d’entre eux continuent de promouvoir les intérêts de son propre capital financier et de ses propres monopoles. Unis derrière les Etats-Unis pour briser toutes les entraves à la logique du profit maximum, ils jouent chacun leur propre jeu pour le partage de celui-ci. Comme le soulignait Engels une contradiction n’est pas seulement une opposition des contraires mais l’unité et l’opposition de ceux-ci.

Pour contraindre ses rivaux impérialistes à l’alignement, les Etats-Unis favorisent une logique de guerre globale. La guerre en Ukraine encouragée par les Etats-Unis marque ainsi un alignement atlantiste plus poussé de la part de l’Union européenne. En conclure à la disparition des autres impérialismes et à leur alignement définitif et complet sur les Etats-Unis serait cependant une grave erreur conduisant à sous-estimer une des conclusions essentiels de l’analyse léniniste de l’impérialisme, celui de la rivalité permanente entre capitaux financier et de l’inconsistance de la thèse d’un ultra-impérialisme développé à l’époque par Kautsky et réactualisé aujourd’hui dans la thèse d’Antonio Négri sur la disparition des Etats Impérialistes et des capitaux financiers nationaux cédant la place à un « empire » sans ancrage national et à un capital financier transnational.

La même logique d’unité et d’opposition des puissances impérialistes est en œuvre au sein de l’Union Européenne. Au sein de celle-ci voisine les logiques de constitution d’un impérialisme supranational européen et les logiques d’affrontement pour la direction de cet impérialisme, en particulier entre les deux principales puissances européennes que sont la France et l’Allemagne. L’annexion de la RDA par la RFA est venue donner à cette dernière une position hégémonique au sein de l’Union Européenne conduisant ainsi à une construction européenne fortement orientée sur ses intérêts. Conclure de cette hégémonie allemande à la disparition ou au caractère résiduel de l’impérialisme français est, selon nous, une impasse qui conduit logiquement à des stratégies d’alliance avec le capital financier français dans une logique de libération nationale d’une France posée comme entièrement soumise au capital allemand.

Ce qui est en revanche indéniable c’est l’affaiblissement de l’impérialisme français tant dans ses colonies comme en témoigne les mobilisations en Kanaky ou en Martinique d’une part et les coups d’Etat patriotique au Niger, au Mali et au Burkina Faso. La crise dans les relations franco-algérienne, le résultat des élections au Sénégal, les mouvements sociaux contre la présence française dans d’autres pays africains, les reculs des accords économiques franco-africains au profit du développement d’accords sino-africains ou avec les autres pays émergents, etc., tous ces faits attestent d’une secondarisation de l’impérialisme français. C’est cette secondarisation qu’il faut avoir en tête pour comprendre l’accélération du processus de fascisation en France. Jamais un impérialisme ne disparaît sans tenter de regagner par tous les moyens possibles le terrain perdu. Pour ce faire, il a l’impérieuse nécessité de maîtriser et de mettre au pas le camp intérieur et pour ce faire des restreindre drastiquement les droits démocratiques, de criminaliser ses opposants, de mater la lutte des classes, etc. Pour se faire il a également besoin de renforcer sa force de frappe militaire. Enfin il a besoin de préparer une éventuelle séquence fasciste dans l’hypothèse où celle-ci deviendrais nécessaire pour reconquérir le terrain perdu.

Les analyses trop fréquentes de la fascisation la découplant des rivalités inter-impérialiste d’une part et des revers internationaux de l’impérialisme français empêchent de saisir la gravité de la situation. Toutes les séquences fascistes qu’a connu l’histoire ont été en lien avec la question coloniale.

L’urgence de la reconstruction d’un parti communiste

C’est dans ce contexte global que s’éclaire les derniers épisodes électoraux de la dissolution de l’Assemblée nationale à la nomination de Michel Barnier membre du plus minoritaire des groupes politiques de l’assemblée, comme dot de l’alliance de facto avec le rassemblement national. La signification de ce « coup d’Etat légal » signe une véritable crise de régime que la classe dominante tente de juguler. Déjà fortement discrédité par le mouvement des Gilets Jaunes, celui contre la réforme des retraites et par la révolte des quartiers populaires suite à l’assassinat du jeune Naël, confronté à un recul économique et militaire en Afrique, le capital financier français commence à envisager sérieusement l’imposition brutale d’une séquence fasciste.
Ce n’est certes pas la première fois. Ce fut le cas au début de la décennie 30 mais avec à l’époque l’existence d’un parti communiste puissant qui a été le fer de lance de la riposte antifasciste qui a fait échouer la tentative de prise de pouvoir par les ligues. Quelques années plus tard la neutralisation du parti communiste par son interdiction, l’arrestation et la mise sous surveillance de ses cadres et militants allaient permettre la venue au pouvoir du fasciste Pétain.

L’ensemble de ces faits et données impose l’agenda des priorités qui met au premier plan la reconstruction d’un parti communiste. Certes sans un tel parti des résistances auront inévitablement lieu mais elles se déploieront avec un handicap lourd, sans cap pour les orienter et sans stratégie globale pour les faire triompher. Bien sûr il faut s’entendre sur les termes « parti » ou « avant-garde » tant ces termes ont été galvaudés et déformés. Marx apportait ainsi la précision suivante à propos de ces termes : « Les communistes ne forment pas un parti distinct opposé aux autres partis ouvriers. Ils n’ont point d’intérêts qui les séparent de l’ensemble du prolétariat. Ils n’établissent pas de principes particuliers sur lesquels ils voudraient modeler le mouvement ouvrier. Les communistes ne se distinguent des autres partis ouvriers que sur deux points : 1. Dans les différentes luttes nationales des prolétaires, ils mettent en avant et font valoir les intérêts indépendants de la nationalité et communs à tout le prolétariat. 2. Dans les différentes phases que traverse la lutte entre prolétaires et bourgeois, ils représentent toujours les intérêts du mouvement dans sa totalité. Pratiquement, les communistes sont donc la fraction la plus résolue des partis ouvriers de tous les pays, la fraction qui stimule toutes les autres ; théoriquement, ils ont sur le reste du prolétariat l’avantage d’une intelligence claire des conditions, de la marche et des fins générales du mouvement prolétarien. Le but immédiat des communistes est le même que celui de tous les partis ouvriers : constitution des prolétaires en classe, renversement de la domination bourgeoise, conquête du pouvoir politique par le prolétariat. »

En décidant de fusionner l’ANC et le RC sont conscients que la plus grande part du travail reste à faire. La création de notre organisation commune n’est pas la fin d’un processus mais son début. Il nous reste en effet à mener dans notre nouveau cadre de nombreux débats, à nous unifier plus fortement idéologiquement et politiquement par le débat et la pratique commune sur la base du centralisme démocratique, à nous enraciner dans les classes populaires et en particulier dans la classe ouvrière, à former nos militants pour qu’ils soient à la hauteur des tâches qui nous attendent et à mener la bataille idéologique du point de vue des intérêts du prolétariat.
Surtout nous n’avons nullement la prétention d’être l’embryon du futur parti communiste. Notre regroupement est une contribution à l’unification de tous les communistes de France Notre dynamique de fusion reste ouverte pour tous les groupes et organisations qui se réclame du marxisme-léninisme. La tâche est certes immense mais là où il y a une volonté, il y a un chemin !

   

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