Accueil > Assemblée de fusion des 1er, 2 et 3 novembre 2024 > Résolution sur l’organisation
Résolution sur l’organisation
Organisons-nous !
lundi 2 décembre 2024 par Victoire
1 : Les statuts de l’URC définissent ses principes d’organisation « ici et maintenant », c’est-à-dire correspondant aux conditions objectives et subjectives de notre contexte national et historique. Ceux-ci sont historiquement et nationalement situés, c’est-à-dire ont vocation à se modifier au fur et à mesure des transformations de ces conditions tant objectives [importance quantitative de nos adhésions, enracinement dans les secteurs essentiels de la classe ouvrière, type de répressions à l’encontre des révolutionnaires, etc.] que subjectives [niveau de l’unité politique des forces se réclamant du communisme, état de la formation de nos militants, base d’enquête de l’organisation dans les classes populaires etc.].
2 : Cette photo à un moment donné de notre histoire ne doit pas nous faire oublier l’étape suivante que nous visons, ne doit pas occulter le but qui reste la reconstruction d’un parti communiste en France. L’URC adopte ainsi la forme d’organisation aujourd’hui possible en visant à la dépasser pour aboutir à terme à la fondation de ce parti de classe et de masse par la convergence et la fusion des forces communistes, l’implantation dans l’ensemble des secteurs des classes populaires, la formation politique et idéologique de nos militants, etc.
Vers un véritable centralisme démocratique
3 : La question organisationnelle se pose à tous les groupes communistes, non seulement quand ils se forment ou quand ils fusionnent, mais aussi au cours de leur existence, dans un processus permanent d’adaptation au contexte et d’apprentissage.
Deux dérives dans l’histoire du mouvement communiste ont miné cette question : l’une centrifuge, accumulant, par libéralisme et individualisme, les divergences internes jusqu’à l’explosion ; l’autre bureaucratique, enfermant la parole dans une verticalité antidémocratique et répulsive.
4 : « Liberté totale dans la discussion, unité totale dans l’action » : C’est le principe proposé par Lénine il y a plus d’un siècle pour résoudre cette contradiction, et nous avons, depuis, confirmation de la justesse de cette formule, appliquée en temps de conquêtes et de victoires, dévoyée en temps d’échecs ou de reculs.
5 : Le terme « total » utilisé par Lénine indique pour nous une perspective, une orientation, plutôt qu’un impératif dogmatique : nous ne nous proclamons pas Parti communiste et sommes donc encore loin de l’organisation idéale qu’elle devrait mettre en pratique. Cependant notre expérience montre qu’on ne saurait agir efficacement en tant qu’organisation communiste sans effort résolu vers le centralisme démocratique tel que défini par Lénine, sans effort permanent pour l’unité en notre sein.
6 : La raison d’être de notre organisation est la construction d’une ligne politique juste et sa mise en application concrète, dans la perspective d’une reconstruction d’un parti communiste, fusion du marxisme et du mouvement ouvrier en France. C’est la raison pour laquelle, avec la souplesse que nécessite la diversité de nos expériences et nos pratiques, le centralisme démocratique, diabolisé par la bourgeoisie qui en cache la signification réelle, doit être notre boussole assumée. La diversité de nos expériences et nos pratiques n’est donc pas une fin en soi mais un point de départ objectif, qu’il faut dépasser.
7 : L’unité dialectique du centralisme et de la démocratie correspond à un double impératif. La discussion démocratique la plus totale est nécessaire à l’élaboration d’une ligne politique juste, c’est-à-dire correspondant aux besoins de la lutte des classes. L’unité d’action la plus totale est nécessaire à une pratique révolutionnaire efficace, c’est-à-dire capable de peser dans la lutte des classes. Elle est de ce fait incontournable à toutes les étapes de la construction de l’organisation révolutionnaire, du cercle au parti. Bien entendu, les formes concrètes de cette unité dialectique varient selon ces étapes. Le centralisme démocratique ne peut pas se traduire similairement en situation clandestine ou légale, dans un cercle d’une dizaine de militants ou dans un parti de masse.
Le centralisme démocratique contre l’individualisme
8 : Une organisation communiste se distingue par le caractère collectif de la construction de sa ligne révolutionnaire, de ses tactiques. Le centralisme démocratique garantit la discussion libre de chaque camarade au sein de sa cellule de base. Il garantit son expression au sein de cette cellule et dans l’organisation toute entière à partir d’elle, dans les sections départementales/régionales et Assemblées générales. Il garantit en même temps que la décision collectivement tranchée soit mise en pratique par tous les camarades. Il garantit enfin la critique et l’autocritique de la ligne sur le critère des effets de sa mise en pratique réelle.
9 : En cela le centralisme démocratique permet d’éviter l’écueil de la personnalisation, de l’inorganisation des prises de parole, du libéralisme des pratiques, des affects, des égos, etc. Sur ce principe, notre Conseil National reflètera le plus fidèlement possible les positions et expressions collectives des cellules de base et sections locales, rattachant par les moyens modernes les camarades les plus géographiquement isolés aux cellules les plus proches pour ne laisser personne en dehors de l’élaboration collective.
Le centralisme démocratique contre le localisme
10 : Une organisation communiste est impliquée dans la lutte des classes à l’échelle locale, nationale et internationale. La discussion libre doit tenir compte de la diversité des contextes locaux, diversité qui doit être dépassée par la formulation d’analyses et de positions nationales, s’imposant partout, dans la mesure du possible. Le local n’est pas à lui seul l’origine d’une position nationale de compromis, mais le terrain de mise en pratique à partir duquel la position nationale est déclinée, testée, critiquée, améliorée, dans une relation dialectique.
11 : Nos structures locales ont des histoires et des contextes divers, sources potentielles de différenciations, de divergences, dont on ne saurait bien sûr se satisfaire : elles doivent être dépassées au niveau du Conseil National par le souci commun de formuler une ligne claire, unique et lisible qui, sans nier la diversité des points de vue, la dépasse. Seules la clarté et la lisibilité de cette ligne, mise en pratique partout où nous sommes organisés en cellules, sont susceptibles de poursuivre la dynamique des adhésions et des fusions prochaines sur des bases saines et sans malentendus.
12 : L’unité réelle ne se décrète pas, même par une conférence de fusion qui n’est qu’une étape de ce processus d’unité. Elle est une lutte permanente supposant la liberté de parole, la participation de tous à l’élaboration de la ligne et la discipline dans la mise en œuvre des décisions majoritaires. Cette lutte suppose un cadre précis correspondant aux principes du centralisme démocratique adaptés aux conditions subjectives et objectives du moment.
Le centralisme démocratique contre la discipline de caserne
13 : Une organisation communiste se distingue des organisations sociales-démocrates où prévalent la verticalité et l’esprit de chefferie sous un vernis démocratique de surface, à travers une juxtaposition des tendances qui ne sont qu’une excroissance fractionniste de l’individualisme anarchiste. Le centralisme démocratique qui garantit la libre discussion, la possibilité pour tous de convaincre ses camarades, demande ensuite une discipline sans laquelle l’organisation resterait sans force et la ligne insuffisamment mise en pratique, jamais soumise à l’autocritique rétrospective. Pour autant, la discipline demandée aux camarades, rempart contre l’individualisme et le libéralisme, est tout sauf une discipline de caserne parce qu’elle est librement consentie d’une part, et qu’elle n’est pas imposée d’en haut et de façon opaque d’autre part.
14 : Le fonctionnement même de toute cellule dans notre organisation doit être attachée à la fois à la discussion politique collective et aux initiatives, critiques, autocritiques, au travail militant, déclinant à l’échelle locale la ligne définie nationalement. Les camarades isolés s’inscrivent dans un processus similaire, rattachés d’abord à la cellule la plus proche, et invités à terme, et quand c’est possible, à créer sur place de nouvelles cellules.
« Cette volonté unique (…) ne peut être créée que collectivement par la voie démocratique, par la confrontation des idées et des propositions. » Ainsi Lénine résume l’articulation nécessaire entre démocratie réelle, c’est-à-dire collectivement organisée, et discipline dans la réalisation de cette volonté commune. En ce sens, le centralisme démocratique comme principe partagé dans l’objectif de la construction, de la consolidation de l’organisation communiste, est un catalyseur de l’unité possible entre organisations d’accord sur l’essentiel, protégeant celle-ci de la vulnérabilité liée au démocratisme formaliste comme à la verticalité imposée d’en haut.
15 : Il doit montrer à tous les communistes qui partagent notre objectif de reconstruire un Parti communiste en France, qu’il est possible d’unir efficacement des organisations sans attendre indéfiniment que les positions soient absolument identiques entre elles pour fusionner.