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Unir la gauche ?

mardi 11 juin 2019 par Charles Hoareau (ANC)

De quelle gauche parle t-on ? S’unir sur quelles bases et pourquoi faire ?

Nous vous soumettons ici la contribution à ce débat de Charles Hoareau, président de l’ANC, mais comme il n’est pas, comme le pape, infaillible, nous vous proposons de participer à ce débat en vous inscrivant sur notre site. De la confrontation d’avis, d’opinions divergents permet de révéler la vérité ou de faire éclore de nouvelles idées. De la discussion jaillit la lumière et cette lumière nous devons ensuite la confronter à la réalité du terrain.

Unir la gauche ?

Après les européennes cela semble faire l’unanimité au nom d’un constat simple : si la gauche a perdu ou est « en ruine » c’est à cause de ses divisions. Il y aurait donc besoin d’un « big bang », que les dirigeants de cette gauche se « tendent la main », que la « gauche soit unie sinon elle va disparaître » …

Presque tous les dirigeants et dirigeantes des partis classés à gauche tiennent le même discours en y ajoutant quasiment avec la même unanimité la question des municipales prochaines ce qui déjà en soi donne au propos une connotation électoraliste.

La « gauche » aurait donc perdu à cause de ses divisions ? Pas si sûr mais en tous cas ce constat de lendemain d’élections appelle une première remarque : si c’était le cas que ne l’ont-ils compris avant celles et ceux qui, après avoir pour certains d’entre eux tenu le même discours, ont choisi de faire cavalier seul ?

Par orgueil, par inconscience, pour avoir fait passer l’intérêt de leur parti avant celui du peuple ? En tout cas on ne lit pas dans les écrits qui circulent un quelconque aveu de faiblesse ou de reconnaissance d’erreur. On a beau chercher il n’y a personne qui dit : on s’est trompé il faut qu’on change, l’erreur quand elle est dénoncée vient toujours des autres voire de quelqu’un d’autre qui seul a fait perdre son organisation.

La deuxième remarque c’est que ces appels unitaires émettent peu ou pas du tout, l’hypothèse que c’est ce qui est proposé qui est en cause et non le fait de le faire chacun de son côté ou tous ensemble.

Une union de la gauche aurait-elle à elle seule fait disparaître le vote populaire pour l’extrême droite apparu à tort comme le plus sûr moyen de sanctionner Macron ? Aurait-elle répondu au refus de vote pour cette UE qui broie les peuples et leur souveraineté ? Le seul tort de la gauche serait celui de ne pas s’unir et le tort du peuple celui de ne pas comprendre ? Cette opinion circule d’ailleurs sur les réseaux sociaux !
Et si une fois unie la gauche ne convainc pas, pour paraphraser Brecht, on change le peuple ?

Pour l’ANC il ne s’agit pas tant d’unir ce qui existe mais de changer l’offre politique.

Imaginons !

  • - Imaginons qu’une force ait, dès avant la mi-novembre, porté la question du prix du carburant et mené bataille sur le pouvoir d’achat, l’augmentation des salaires et des pensions, la nécessaire nationalisation de TOTAL et de ses profits, au lieu de rejoindre le 18 novembre, toute honte bue, un mouvement des gilets jaunes décrié la veille…sans porter tous ces contenus-là.
  • - Imaginons que cette même force ait dans la foulée dénoncé le mythe de « l’Europe sociale », prôné la souveraineté populaire face à l’oligarchie européenne, n’ait pas hésité à dénoncer cette machine de guerre contre les peuples et non vouloir la changer de l’intérieur.
  • - Imaginons que cette force nourrisse sa réflexion et ses propositions de ce qui se vit et se dit dans les quartiers populaires par la jeunesse victime de toutes les discriminations, dans les entreprises où se mènent des luttes dos au mur qui remettent en cause les choix, non seulement du grand patronat mais aussi de ce gouvernement comme de ceux qui l’ont précédé, y compris ceux qui s’intitulaient de gauche depuis plus de 30 ans.
  • - Imaginons enfin que, pour toutes ces luttes, cette force ait systématiquement proposé l’unité à toutes celles et ceux qui veulent combattre le capitalisme et ce, pas seulement à l’occasion d’un vote.

Le résultat au lendemain des élections aurait-il été le même ?

Nous ne sommes pas dans la politique fiction mais il est clair pour nous qui, modestement de la place où nous sommes essayons de porter ces questions, pour soutenir, à défaut d’être présents, des candidatures aux élections, la question première n’est pas celle des alliances mais celle du contenu de ce qui est proposé en lien avec celles et ceux qui souffrent le plus du capitalisme.

Bien sûr nous savons toutes et tous que pour gagner des combats l’unité est nécessaire. Elle peut d’ailleurs recouvrir des forces différentes selon les batailles. S’unir pour combattre l’UE n’est pas la même chose que s’unir contre un projet de privatisation d’aéroport, pour faire gagner une lutte pour l’emploi ou chasser de la gestion municipale une équipe qui pille la ville.

La question de l’union n’est pas secondaire, elle est seconde et tributaire des objectifs qu’on se donne.

La question de l’unité avec qui, sur quel contenu et comment la bâtir vient après.

Le 10 juin 2019

   

Messages

  • 1. Unir la gauche ?
    11 juin 2019, 13:44 - par RICHARD PALAO


    Ma première réflexion est que l union n est pas gage de succès car tous ceux qui gemissent sur le morcellement de la gauche "oublient" que l union de la gauche a existe, elle a même eu un programme commun et elle a échoué a causé des trahisons des uns et de l abandon des repères de classe des autres ...et ce que j ai entendu lors de la campagne électorale n indique pas que ceux qui réclament a cors et cris cette union ont change de positions et sont prêts a construire une union pour répondre aux besoins de la population en s attaquant aux racines du mal : la domination du capital aux seul profit de la minorité la plus riche ...
    il semble que " l appropriation collective des moyens de production " soit devenu a gauche une ineptie y compris au PCF et à LFI or il s agit d une revendication essentielle et incontournable pour assurer un vrai changement de société et un vrai partage des richesses produites par le monde du travail , en conséquence prétendre bâtir une union de la gauche sans au préalable s être mis d accord sur le contenu de classe relève de la supercherie et de l enfumage des masses ..
    RICHARD PALAO

  • 2. Unir la gauche ? IL FAUT APPELER UN CHAT UN CHAT par Francis Arzalier
    12 juin 2019, 11:37 - par Jean Penichon


    Il est bien que l’ANC, par la voix de son Président, dise, a l’inverse de ce que nous serinent les médias et les "experts", que les orientations politiques sont la première préoccupation, et que l’unité ne se pose qu’en conséquence, donc en second. Et il est bien aussi que des Communistes apportent à ce texte leurs contributions, cela ne peut qu’enrichir l’analyse.
    Deux remarques quant à notre position.
    1/ il ne pourra y avoir de transformation sociale notable sans luttes populaires et mise en cause du Capitalisme qui est la cause des reculs actuels. Ce qui implique qu’un quelconque accord unitaire formalisé ne peut se concevoir qu’avec des mouvements ou des partis anticapitalistes structurés, affirmés comme tels : les divers groupes communistes dont le PCF, la France Insoumise, le NPA, LO, les syndicats de lutte comme la CGT, Solidaires, etc, avec des mouvements anticapitalistes de fait comme les Gilets Jaunes, ET EN AUCUN CAS AVEC PS ET VERTS, OU LA CFDT, QUI S’AFFIRMENT DE GAUCHE. ILS SONT PARTISANS AFFIRMÉS DU CAPITALISME "LIBÉRAL" ET DE L’IMPÉRIALISME, DU CANDIDAT SOCIALISTE GLUKSMAN AU MAITRE À PENSER DES VERTS COHN BENDIT.
    2/ le remède au désastre actuel organisé par le Pouvoir politico-médiatique ( polarisation mortifère de l’électorat entre les partisans de Macron et l’extrême-droite "souverainiste" )
    ne peut en aucun cas être la renaissance de " l’Union de la Gauche " constituée des les années 1975-81. Cette alliance-compromission s’est nouée avec des partis ralliés à l’idéologie libérale :
    Les privatisations ont été réalisées depuis aussi bien par des gouvernements "de Gauche"
    ( Fabius, Ayrault, Jospin ) que de Droite. "L’Union de la Gauche" a pu apporter quelques temps des avantages électoraux au PCF, mais il l’a surtout imprégné d’électoralisme, l’a amené à l’abandon progressif de tout ce qui faisait sa spécificité révolutionnaire ( opposition ferme à l’UE, a l’impérialisme, aux privatisations, etc ). Cette " Union de la Gauche " ne peut être la solution, puisqu’elle a été la cause du discrédit mérité d’un PCF oublieux des revendications populaires qu’il était supposé défendre.
    3/ ceci dit, un accord portant sur les luttes à mener ensemble pour des objectifs communs anticapitalistes peut exister malgré les désaccords entre nous. Sinon, nous ne pourrions envisager d’actions larges et efficaces, ni avec PCF ou NPA, ni avec les Gilets Jaunes, etc.
    Elles sont pourtant possibles sur des objectifs précis de lutte ( contre privatisations et fermetures d’entreprises, contre les diverses mesures de régression sociale, contre l’impérialisme français et occidental en Afrique, etc ) et peuvent gagner. Cette unité suppose de rejeter tout sectarisme, mais ne peut reposer que sur la volonté commune de luttes de classe, et le respect des organisations nécessaires à mener ces luttes.
    4/ car l’ANC doit aussi, selon moi, répéter qu’il ne pourra exister de luttes VICTORIEUSES sans
    l’existence d’organisations structurées, syndicats, partis ou mouvements, fortes de leur fonctionnement démocratique, et de leur conviction que les luttes de classe sont le moteur essentiel de l’histoire. Si ces organisations ont dévié de leur mission, perdu leurs repères initiaux dans l’électoralisme et l’opportunisme, notre tâche militante est de contribuer à leur redressement, en aucun cas de céder à la mode actuelle de dénigrement de toute organisation cultivée par le Pouvoir et les médias.
    F. Arzalier, ANC

  • 3. Unir la gauche ?
    14 juin 2019, 17:09 - par Jean-Yves LEBLANC


    Gauche ? Quelle gauche ?
    - Une véritable organisation de gauche devrait être anticapitaliste, c’est à dire pour la propriété collective des moyens de production, et s’inscrire dans la continuité des combats pour le socialisme.
    Malgré leur discours anti-finance et anti-mondialisation, la plupart des partis de gauche sont pour le marché et pour l’UE, les syndicats sont membres de la CES, personne ne parle sérieusement de nationalisations et tout le monde condamne le communisme soviétique comme "criminel" au même titre que le nazisme.

    - Une véritable organisation de gauche devrait se placer dans le cadre de la lutte des classes et être du côté du peuple, connaître ses aspirations, défendre ses revendications et impulser des luttes.
    Au lieu de cela, la plupart des partis se sont inventés des combats écologiques, climatiques et sociétaux et ils courtisent les bobos, les artistes, les "racisés", les LGBTQ, les communautarismes, les vegans, etc ... Ils ont mué leur anticapitalisme en rejet de l’industrie, du développement et du progrès.

    - Une vraie organisation de gauche devrait analyser la situation réelle et agir en conséquence. En un temps où le capitalisme triomphe et où la politisation du peuple est à zéro, l’heure est moins que jamais aux grands discours révolutionnaires mais bien plutôt à de larges unions sur des axes clés de la colère populaire.
    Au lieu de cela, dès que le peuple ouvre la bouche, la gauche la lui ferme en hurlant au fascisme.

    La leçon des Gilets Jaunes
    Les GJ ont immédiatement mis en avant deux grands axes : les carburants et le pouvoir d’achat d’une part et le drapeau tricolore, c’est à dire la défense de la nation, d’autre part.
    Il est alors apparu que la gauche était non pas seulement ignorante du peuple mais contre le peuple : elle, elle militait pour les taxes carbone et pour la "transition énergétique", pour la "sobriété heureuse", pour la "règle verte" c’est à dire pour l’envol du prix de l’énergie et donc l’envol de tous les prix et le grand plongeon dans l’austérité. Et puis elle détestait le "nationalisme" par eurolâtrie ou, pour ses composantes gauchistes, par internationalisme de salon. Elle criait "ouverture des frontières" ou "immigrants welcome" pendant que le petit peuple voyait la mise en concurrence des main-d’oeuvre et le mois-disant salarial.
    Notre gauche a fini par soutenir les GJ car elle a réussi à les ramener à la "raison" en les faisant défiler pour le climat ou pour le RIC mais le peuple demeure en colère et il est assurément en colère contre une gauche qui, à ses yeux, est de l’autre côté de la barrière de classe.
    Pas étonnant que LFI se soit retrouvée à 6% et le RN à 23%. Le RN, lui, sait identifier les aspirations populaires et les exploiter.

    Que faire ?
    L’union entre Autain, Mélenchon, Roussel, Hamon, etc... n’est pas la solution. De toutes façon, elle se fera ... au second tour de la prochaine présidentielle. Tout le monde se retrouvera à voter Macron (qui somme toute est sur la même ligne "anti-fasciste", sociétale et "écologique" que la gauche qui l’a enfanté) contre Le Pen. In fine, ce vote ne sera pas un vote anti-fasciste mais bien un vote contre ce peuple "qui pue".
    La solution est, à gauche, d’enfin reprendre au RN la défense des aspirations populaires qu’il a captées (nation, UE, immigration, souveraineté, communautarisme), de prendre à bras le corps la défense des revendications économiques et sociales et d’arrêter de se moquer du peuple avec des histoires de racisés, de genre, d’écriture inclusive ou d’urgence climatique. Mais cela ne suffira pas. De larges alliances seront nécessaires, non pas de la gauche mais du peuple dans toutes ses composantes car il y un sauvetage de la souveraineté nationale qui urge et sans lequel aucune politique autre que libérale ne pourra voir le jour.

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