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Plan de paix ou complot désastreux ?
mercredi 1er octobre 2025 par Tehran Times
L’avis de l’Iran sur les 20 points de la proposition de Trump pour mettre fin à la guerre à Gaza.
Près de deux ans après le début de sa guerre génocidaire contre Gaza, Israël, soutenu par les États-Unis, se trouve dans une impasse. Malgré des campagnes militaires incessantes, les groupes de résistance de Gaza restent actifs, leurs réseaux affaiblis mais loin d’être vaincus. Le champ de bataille n’a pas permis à Israël d’obtenir la victoire décisive qu’il espérait, et une nouvelle stratégie est en train d’émerger.
Le président américain Donald Trump, désireux de réaffirmer son rôle de puissance mondiale, et le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, qui lutte pour maintenir sa fragile coalition au niveau national, ont dévoilé une proposition de cessez-le-feu pour Gaza. Présenté comme une avancée humanitaire, le véritable objectif de ce plan n’est pas la réconciliation, mais le désarmement des groupes de résistance palestiniens.
Il s’agit d’un cessez-le-feu conçu non pas pour résoudre le conflit, mais pour le remodeler en faveur d’Israël, en institutionnalisant son contrôle tout en privant les Palestiniens de leur seul moyen de pression.
La Maison Blanche a publié lundi le texte de sa proposition en 20 points, alors que Trump et Netanyahu se rencontraient à Washington. La proposition définit le cadre pour les prisonniers restants, la reconstruction, la gouvernance et le désarmement. Cependant, bien qu’il soit présenté comme une initiative de paix, ce plan est extrêmement partial en faveur d’Israël.
Les principaux objectifs stratégiques israéliens, notamment le maintien du corridor de Philadelphi, restent intacts, garantissant à Israël le contrôle permanent des points d’accès cruciaux à Gaza.
Le dilemme politique d’Israël
Israël est entré en guerre avec l’objectif déclaré d’éliminer le Hamas après que le mouvement de résistance ait mené une attaque militaire surprise dans le sud d’Israël le 7 octobre 2023. Pourtant, malgré le déploiement de tout son arsenal militaire, Israël n’a pas été en mesure d’atteindre cet objectif. Le Hamas et les groupes alliés continuent de faire preuve de résilience, utilisant des tactiques asymétriques qui neutralisent la supériorité conventionnelle d’Israël.
Netanyahu a déclaré que les forces israéliennes resteraient à Gaza, affirmant sans ambages qu’un retrait complet « n’était pas à l’ordre du jour ».
Sur le plan intérieur, Netanyahu est confronté à une pression politique croissante : sa fragile coalition est divisée, la lassitude face à la guerre se répand dans la société israélienne et les critiques internationales concernant la catastrophe humanitaire à Gaza s’intensifient. La guerre qui était censée assurer la domination d’Israël a au contraire mis en évidence ses vulnérabilités.
Dans ce contexte, le plan de cessez-le-feu n’apparaît pas comme un acte de bonne volonté, mais comme une bouée de sauvetage politique. Pour Israël, il offre un moyen de transformer l’échec en compromis. Pour Trump, c’est une chance de revenir sur la scène moyen-orientale en tant que pacificateur, même si la paix est la dernière chose que ce plan garantit.
La diplomatie comme arme
La logique centrale de la proposition est claire : échanger des armes contre des promesses. Ses principales dispositions sont les suivantes :
- Cessez-le-feu immédiat : le Hamas libérerait les otages dans les 72 heures en échange de prisonniers palestiniens.
- Désarmement : les groupes de résistance doivent démanteler les tunnels, rendre leurs armes et mettre fin à toute activité militaire.
- Surveillance internationale : des forces étrangères remplaceraient les troupes israéliennes et seraient chargées de faire respecter le désarmement.
- Zone tampon de sécurité : Israël maintiendrait une présence permanente à l’intérieur de Gaza sous le terme vague de « périmètre de sécurité » et conserverait le contrôle du corridor de Philadelphi, garantissant ainsi un accès et une influence continus.
- Gouvernance : une autorité de transition, supervisée par un « Conseil de paix », gérerait Gaza, avec des personnalités telles que Tony Blair, dont la candidature controversée a été avancée comme leader potentiel.
Bien que présenté comme une feuille de route vers la stabilité, le contenu du plan est fortement orienté vers les intérêts israéliens. Il garantit les objectifs militaires et territoriaux d’Israël par la voie diplomatique, tout en n’offrant aux Palestiniens qu’un peu plus que de l’aide et la reconstruction.
Du scepticisme à l’indignation
Bien que la proposition ait reçu le soutien de plusieurs pays, elle a également suscité de vives critiques.
Le Hamas et d’autres ont déjà rejeté catégoriquement la clause de désarmement, insistant sur le fait que la lutte armée reste un droit jusqu’à la fin de l’occupation. Ils craignent qu’Israël ne reprenne la guerre à sa guise une fois les prisonniers libérés et son influence perdue.
Reuters a cité une source du Hamas qualifiant le plan de Trump de partial et d’impossible, tandis qu’un responsable palestinien a déclaré qu’il adoptait toutes les conditions israéliennes.
L’ancien leader du Parti travailliste britannique Jeremy Corbyn a critiqué l’implication de Blair, affirmant que « la décision catastrophique de l’ancien Premier ministre britannique d’envahir l’Irak a coûté la vie à des milliers et des milliers de personnes ».
Le sénateur australien David Shoebridge a également déclaré : « Le seul rôle de Tony Blair au Moyen-Orient devrait être celui d’un accusé, jugé pour avoir déclenché la guerre illégale et désastreuse en Irak qui a détruit des millions de vies ».
De plus, Balakrishnan Rajagopal, rapporteur spécial des Nations unies sur le logement, a averti que les zones tampons et l’autorité de transition étrangère équivalaient à des accaparements de terres déguisés en paix.
L’illusion de la paix
La proposition de cessez-le-feu de Trump et Netanyahu n’est pas une voie vers la paix, mais une manœuvre stratégique visant à neutraliser la résistance palestinienne par des moyens non militaires. Elle représente un passage des bombes aux salles de réunion, mais l’objectif sous-jacent reste le même : nier la souveraineté des Palestiniens tout en consolidant le contrôle israélien.
Pour les Palestiniens, le désarmement sans indépendance n’est pas la paix, mais la capitulation. Pour la communauté internationale, ce plan rappelle que la véritable stabilité dans la région ne peut être obtenue par la coercition ou le contrôle extérieur.
La paix réelle ne viendra que lorsque les droits, la liberté et la justice des Palestiniens seront reconnus, et non lorsque la résistance sera éliminée sous le faux prétexte de la reconstruction.
Ziad al-Nakhala, du Jihad islamique, a déclaré que cette proposition reflète la position totale d’Israël, imposant par l’intermédiaire de Washington ce que la guerre n’a pas pu obtenir, au risque de déclencher un conflit régional.
Tout plan de cessez-le-feu ou de reconstruction doit donner aux Palestiniens un contrôle réel sur Gaza, y compris sur ses frontières et sa gouvernance. Les Palestiniens doivent être autorisés à se défendre, et le désarmement doit être volontaire, lié à des accords politiques équitables.
Israël ne devrait pas maintenir de zones tampons, le corridor de Philadelphi ou la possibilité de reprendre des opérations militaires. Les autorités internationales devraient soutenir, et non remplacer, la gouvernance palestinienne, et leurs actions devraient être transparentes et responsables.
Les médiateurs doivent être neutres et crédibles, en évitant de confier des postes opérationnels de pouvoir sur Gaza à des personnalités controversées pour leurs interventions au Moyen-Orient.
L’aide et les efforts de reconstruction devraient se concentrer sur la reconstruction des hôpitaux, des écoles et des infrastructures tout en renforçant l’indépendance palestinienne, plutôt que d’utiliser l’aide comme un outil de contrôle politique.
Voir en ligne : https://www.tehrantimes.com/news/51...

