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L’État d’Israël est illégitime et ne peut que disparaître à terme sous sa forme actuelle
lundi 10 février 2025 par Bruno Drweski/Jean Penichon (URC)
Le texte que nous publions plus bas a un but que l’on peut qualifier de provocateur. Mais il nous a semblé dans la situation dramatique et bloquée qui caractérise le conflit pour la possession de la Palestine aujourd’hui qu’il fallait forcer la prise de conscience de l’absurdité et du caractère illogique des conceptions qui se sont succédé depuis la naissance du sionisme et plus encore depuis la guerre de 1967.
En y rajoutant le bilan désormais incontestablement lamentable du traité d’Oslo devenu de fait caduque pour tout observateur réaliste, même si peu d’acteurs politiques majeurs osent encore le dire.
Les colons juifs et leurs descendants qui habitent aujourd’hui la Palestine grâce à la protection des Etats-Unis et des autres puissances post-coloniales occidentales doivent enfin comprendre qu’ils n’ont pas de place assurée et légitime dans ce pays, sauf pour ceux qui accepteront le droit à l’autodétermination pour le peuple palestinien spolié de toutes ses terres.
Car il y a eu trop de crimes commis, en particulier depuis deux ans, pour que l’on puisse désormais prôner un compromis « d’égal à égal » entre « l’offenseur » et « l’offensé », pour reprendre les termes que Karl Marx utilisait pour décrire la situation des colons anglais face aux autochtones lors de l’insurrection des Cipayes aux Indes. [1]
Le parallèle entre cette dernière situation et celle qui a abouti au 7 octobre 2023 saute aux yeux de tout observateur neutre, et si les colons anglais ou leurs collaborateurs locaux en ont alors payé le prix selon « la loi de la rétribution historique » formulée alors par Marx, pourquoi les « massacres du 7 octobre » devraient-ils échapper à la même règle ? Cela même si toutes les victimes « israéliennes » n’avaient pas été en partie victimes de la doctrine Hannibal décidée par les autorités de Tel Aviv.
Si l’Afrique du sud a pu échapper à cette « loi de la rétribution » c’est parce que le pouvoir des colons a finalement, et quand il était encore temps, accepté de voir le caractère inéluctable de la fin de l’apartheid. Il a alors su négocier un compromis avec les représentants du peuple spolié. Cette chose avait auparavant été rendue impossible en Algérie, et si l’on établit un parallèle entre cette dernière situation et l’actuelle politique de l’entité sioniste, on ne peut pas faire autrement que d’en conclure que ce qui a été décidé à Tel Aviv en ce moment, c’est exactement le scénario qui se serait produit en Algérie et en France si le putsch des généraux avait réussi ou si l’OAS était parvenue à prendre le pouvoir.
Bref, le génocide qualifié qui se déroule à Gaza, mais qui s’étend aussi vers le Liban et la Cisjordanie aujourd’hui et qui risque de mener à une guerre englobant au moins l’Égypte et la Jordanie a atteint un point de non-retour évident qui aura des conséquences d’autant plus dramatiques que l’offenseur tardera à voir la vérité en face. Alors que l’état changeant des rapports de forces régionaux, internationaux et économiques rend l’entité « Israël » de moins en moins viable.
C’est donc la « fresque » de ce qui est en droit d’arriver que nous avons voulu dessiner ici. Tout en gardant un espoir ténu que l’arrogance et la bêtise qui se disputent le pouvoir à Tel Aviv en ce moment cède la place au bon sens avant qu’il ne soit trop tard. C’est donc avec ces yeux que nous avons écrit ce texte que nous voudrions voir comme un pavé dans la mare pouvant aider à débloquer les esprits pour envisager une solution qui soit à la fois réaliste, et aussi humaniste que possible. [2]
Cette entité représente une masse de colons [3] qui s’est imposée par un nettoyage ethnique sur une terre arabe en expulsant le peuple palestinien de son propre pays.
Au lieu de faire payer aux dirigeants et aux pays responsables de l’antisémitisme européen le génocide des juifs européens, les impérialistes occidentaux ont préféré après 1945 se délester du problème qu’ils avaient eux-mêmes créé en utilisant les juifs comme instrument de leur propre domination en Asie occidentale.
C’est illégitime !
Les sionistes soulignent dans leurs textes fondateurs et dans la loi sur la citoyenneté que ce soi-disant État doit être ethniquement pur [4] , « un État juif », c’est-à-dire selon un modèle ethnico-nationaliste qui mène logiquement au fascisme.
C’est illégitime !
L’idéologie sioniste, dès le début, a planifié la dépossession des Palestiniens depuis la Nakba de 1947 jusqu’au génocide actuel.
C’est illégitime !
En conséquence, le droit à l’autodétermination des Palestiniens ne doit pas s’exercer dans les lignes de démarcation du cessez-le-feu provisoire de 1948 ou même celles décidées illégalement par l’ONU en 1947 en opposition avec sa propre charte sur l’autodétermination, mais dans celles de 1919/48 ...ce qui pose deux problèmes, celui du droit à l’autodétermination de tous les réfugiés palestiniens de 1948 sur tout ce territoire, mais aussi celui du non droit de vote des ceux qui sont arrivés comme colons en Palestine après 1948, à moins qu’ils acceptent de vivre avec les habitants légitimes expulsés du pays [5] de décider quelles propositions ils voudront faire aux habitants actuels de la Palestine venus de l’extérieur au nom de références bibliques dont le caractère scientifique peut être mis en doute.
Toutes les décolonisations se sont déroulées ainsi, de l’Algérie à l’Afrique du Sud, et du Vietnam au Kenya.
C’est le sens incontournable de l’histoire. En bref, nous pouvons légitimement nous poser la même question qui s’est imposée en Algérie après l’éclatement de l’insurrection de 1954 conséquence de la "rupture de Sétif 10 ans avant, « à savoir » « la valise ou le cercueil » pour les colons si le principe de cohabitation dans un même État est refusé.
Les communistes algériens conséquent comme Henri Alleg l’ont compris et adopté, d’où leur soutien à l’indépendance d’une Algérie arabe dès qu’elle a eu lieu et malgré ce qu’ils pouvaient penser des errements politiques du FLN par ailleurs.
La solution à deux États qui avait déjà du plomb dans l’aile après l’assassinat de Rabin, n’est plus faisable depuis le 7 octobre 2023, et la réponse génocidaire engagée contre la population et la résistance palestiniennes. Cette proposition, même si certains font encore semblant hypocritement de s’y référer, n’est plus d’actualité pour Les Palestiniens [6] mais aussi pour l’ensemble des peuples de la planète qui subissent les conséquences indirectes de ce conflit sans fin qui déstabilise le monde entier.
Les "Israéliens" devront donc tôt ou tard ou revenir en Europe, ou émigrer aux USA/Australie, etc., ou émigrer dans la région autonome juive du Birobidjan en Russie créée sous Staline et existant toujours formellement (il parait d’après nos sources russes que Poutine, qui est plus visionnaire que les chefs d’États occidentaux, a maintenu cette option Birobidjan pour le moment où l’entité sioniste se désagrégerait) ...
Les Juifs présents en Palestine resteront là-bas si et seulement s’ils acceptent le vivre ensemble à égalité de droits avec les Palestiniens.
Cela veut dire la fin du sionisme et du mythe d’un « État juif ». La vraie gauche anti-impérialiste devrait dès maintenant en prendre conscience.
Ce sera une longue déchirure, violente et cruelle car l’impérialisme occidental a besoin de ce greffons (qui ne prend décidément pas) militaire pour imposer sa géostratégie en Asie occidentale, couper l’aire arabe en deux, empêcher l’intégration régionale des rives Sud et Est de la Méditerranée, contrôler la voie de passage Méditerranée- Océan indien et rendre plus difficile la solidarité afro-asiatique.
[1] https://www.revolutionpermanente.fr/Quand-Karl-Marx-denoncait-la-propagande-coloniale-des-medias >
[2] Nous mentionnons ici quelques articles qui aident à comprendre la profondeur géostratégique et historique qu’a atteint aujourd’hui le conflit pour la possession de la Palestine : < https://la-pensee-libre.over-blog.com/2024/11/n-261-les-portes-du-grand-continent-la-palestine-la-chine-et-la-guerre-pour-l-avenir-de-l-humanite.html > ; < https://la-pensee-libre.over-blog.com/2024/03/n-256-geopolitique-appliquee-et-bataille-pour-la-paix-et-le-droit-au-developpement-la-palestine-comme-point-central-du-rapport-de-force-mondial.html > ; < https://academiedegeopolitiquedeparis.com/palestine-historique-inventer-deux-citoyennetes-sur-un-meme-territoire-comme-etape-vers-une-citoyennete-commune-2
[3] Les Juifs forment-ils un peuple ? A cette question ancienne, un historien israélien apporte une réponse nouvelle. Contrairement à l’idée reçue, la diaspora ne naquit pas de l’expulsion des Hébreux de Palestine, mais de conversions successives en Afrique du Nord, en Europe du Sud et au Proche-Orient. Voilà qui ébranle un des fondements de la pensée sioniste, celui qui voudrait que les Juifs soient les descendants du royaume de David et non — à Dieu ne plaise ! — les héritiers de guerriers berbères ou de cavaliers khazars.( Shlomo Sand )
[4] Les Falachas éthiopiens, les juifs yéménites et les juifs polonais ou autres n’ont rien en commun si ce n’est la religion pour les croyants ou l’héritage lointain d’un passé religieux pour les non croyants.
[5] C’est exactement le même problème qui se pose en Nouvelle Calédonie où la France veut faire voter les néocalédoniens tout juste arrivés depuis quelques années, au dépend des Kanaks et … des Caldoches, qui sont là depuis toujours pour les premiers et depuis les déportations du XIXème siècle pour les autres.
[6] Déclaration commune FPLP, FDPLP et FPLP-CG : La cause palestinienne est la cause de toute la Palestine, terre, peuple, droits, avenir et destin. La solution à cette cause ne peut être obtenue que par le départ de l’occupation et de toutes les formes de colonisation, ouvrant ainsi la voie à notre peuple pour déterminer son destin national sur sa terre.
