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Assassinat de Hassan Nasrallah : la lutte continue !
dimanche 29 septembre 2024 par Ibrahim al-Amin
Souvent, on ne choisit ni sa bataille, ni son moment, ni sa nature. Mais personne ne s’est jamais trouvé plongé dans une guerre sans en connaître la cause, et encore moins ceux qui forgent ces grandes batailles.
Sayed Hassan Nasrallah savait dès le premier jour ce qu’il faisait, il connaissait le prix à payer et l’ampleur des sacrifices à consentir. Cependant, il ne s’inquiétait jamais pour lui-même et n’était pas ébranlé par les menaces d’assassinat. Ce qui hantait un chef de sa trempe, c’était la responsabilité des sacrifices des camarades qui le suivaient, qui croyaient en son intelligence, son instinct, son humanité, ainsi qu’en la justesse de ses décisions.
C’est dans ce domaine précis que Sayed Hassan consacrait jour et nuit son énergie, et chaque fois que les événements devenaient plus lourds à porter, il se rappelait un incident survenu dans les années 1990. À cette époque, il avait cherché conseil auprès du Guide Suprême d’Iran, Sayed Ali Khamenei, sur la manière de résister à une telle pression. Sayed Hassan aimait répéter cette histoire pour en souligner la conclusion : quiconque croit vraiment en Dieu, en Ses prophètes et messagers, et qui place sa confiance en l’autorité spirituelle, trouvera réconfort en s’adressant directement à Dieu.
Depuis 1982, lorsqu’il a rejoint le mouvement djihadiste, à la suite de la victoire de la révolution de l’Imam Khomeiny en Iran, Sayed Hassan avait ancré une conviction fondamentale dans son parcours : celle qu’un État islamique avait été établi en Iran, que son chef était l’autorité suprême à laquelle il fallait obéir, et que choisir cette voie impliquait de comprendre le sens profond de l’obéissance, de l’engagement et de la discipline.
Hassan Nasrallah était profondément imprégné par sa foi religieuse, en particulier par les dimensions mystiques de celle-ci. Ainsi, il évoquait toujours spontanément le rôle de Dieu dans chaque événement, qu’il s’agisse de victoires ou d’épreuves. Cependant, ce qui distinguait ce chef religieux issu des écoles théologiques, c’était qu’il ne laissait jamais l’esprit inactif. Il faisait partie de ces rares leaders capables de maintenir un équilibre subtil entre la raison et la foi, de tracer un chemin qu’il considérait comme le plus adapté et le plus conforme à la compréhension historique et matérielle du monde.
C’est pourquoi il insistait toujours sur la nécessité d’équiper chaque résistant de la force nécessaire pour affronter les oppresseurs ici-bas. Conscient des exigences pratiques de la guerre, il était d’une rigueur implacable, gardant toujours son sang-froid et celui de ses proches, évitant que l’émotion ne domine une décision aux conséquences humaines importantes.
Il appelait d’ailleurs souvent au respect des « biens et des personnes ».
De nombreux événements ont marqué la vie de cet homme, et de nombreux chapitres restent à écrire sur son rôle, son influence et sa présence. Il faudra que quelqu’un révèle comment, dans le plus grand secret, il a aidé des peuples, des gouvernements et des mouvements de résistance à faire face à l’occupation et à la domination, non seulement au Liban, mais aussi dans des contrées lointaines, en contribuant à améliorer la vie des plus démunis.
Mais Sayed Hassan avait une histoire personnelle avec la Palestine.
Imaginons-nous le 7 octobre de l’année dernière, lorsque ses assistants l’ont réveillé pour l’informer que le Hamas menait une action de grande ampleur en dehors de la bande de Gaza et que « le monde était sens dessus dessous ». Selon sa méthode de travail, il n’avait pas besoin de contacter plusieurs sources pour s’informer des événements, car les rapports affluaient et il suivait directement les développements sur les écrans. Il n’a pas fallu longtemps pour que la décision soit prise : il s’agissait d’une bataille majeure, Gaza ne devait pas être abandonnée, et l’analyse des événements serait reportée à plus tard. La direction militaire de la Résistance a alors reçu l’ordre de présenter rapidement des plans pour ouvrir un front de soutien.
Des opérations menées dans les fermes de Chebaa aux tentatives d’infiltration de combattants palestiniens à travers la frontière, en passant par les premiers accrochages, le front s’est rapidement transformé en un véritable champ de bataille. Sayed Hassan s’efforçait d’établir des règles d’engagement prenant en compte à la fois la nécessité de soutenir Gaza et les contraintes du Liban. Entre les deux, il supervisait continuellement la situation et ajustait les stratégies en fonction de l’évaluation de la situation régionale.
Au fil du temps, les combattants de la Résistance ont demandé la permission d’utiliser des armes et des infrastructures réservées à une guerre de plus grande envergure. Il leur rappelait que les règles fixées pour la bataille de soutien dictaient les types d’armes, d’installations et de moyens à utiliser. Il était conscient du coût élevé de ces décisions. Alors que l’ennemi montrait des capacités opérationnelles avancées, reflétant une expertise en renseignement et une utilisation impressionnante de la technologie, Sayed Hassan exhortait ses commandants à trouver des moyens d’éviter des pertes humaines et d’empêcher l’ennemi d’étendre le conflit, ce qui était la tâche la plus complexe.
Jusqu’à il y a quelques mois, Hassan répétait dans des réunions à huis clos et dans ses discours que l’ennemi, soutenu par les États-Unis, l’Europe et d’autres puissances, cherchait à arrêter le front de soutien. Face aux menaces croissantes contre le Liban, affirmant que l’ennemi voulait changer les règles du jeu, Hassan a dû reformuler la stratégie pour deux objectifs : d’une part, montrer certaines capacités militaires afin de dissuader l’ennemi ; d’autre part, maintenir la continuité du front de soutien tout en minimisant les sacrifices. Mais il savait que les pertes seraient inévitables, ce qu’il a constaté avec la mort de plusieurs commandants de terrain et l’assassinat de ses proches collaborateurs.
Au cours des deux dernières semaines, Sayed Hassan a agi comme si la Résistance faisait face à une nouvelle réalité. Les opérations de sécurité sophistiquées menées par l’ennemi ont changé l’approche de la direction de la Résistance, et tous ont convenu de la nécessité urgente de relever ce défi, qu’il s’agisse d’identifier les failles, qu’elles soient techniques ou humaines, ou de comprendre l’étendue des informations que l’ennemi possédait sur la Résistance.
Cela s’est accompagné d’une réflexion stratégique sur la nouvelle direction prise par l’ennemi dans sa guerre, ainsi que sur les mécanismes à mettre en place pour y faire face. C’était peut-être l’ordre du jour de la réunion à laquelle Sayed Hassan participait avec d’autres commandants avant que l’ennemi ne les surprenne avec des tonnes d’explosifs, tuant tous les présents, mais n’effaçant pas les idées discutées.
La Résistance fait face aujourd’hui à des défis sans précédent. Certains sont d’ordre organisationnel, touchant à sa structure civile ; d’autres sont d’ordre opérationnel, liés à son corps militaire. Enfin, certains défis sont stratégiques, concernant l’image de ce mouvement, qui demeure la figure de proue des mouvements de résistance depuis l’établissement de l’entité d’occupation.
Ceux qui ont accompagné Sayed Hassan, qui lui ont fait confiance et ont partagé ses choix, doivent savoir que la bataille initiée par l’ennemi ne se terminera pas facilement. Seule une résistance active pourra dissuader l’ennemi de commettre davantage de massacres.
Il est essentiel que les gens restent patients et ignorent ceux qui, bien que nombreux, ne connaissent que la trahison, les opportunistes qui se cachent derrière des apparences héroïques, et ceux qui, traumatisés, cherchent à se venger.
À côté de tout cela, il y a les camarades fidèles de ce grand dirigeant, au Liban, dans la région et dans le monde, qui ne peuvent brandir qu’un seul slogan : la lutte continue !
Voir en ligne : https://lecridespeuples.substack.co...