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L’ANC/RC, demain un parti (pas) comme les autres ?

dimanche 1er septembre 2024 par Charles Hoareau (ANC)

Nous vous proposons ici le texte d’introduction de l’atelier concernant la fusion de l’ANC et du RC lors des dernières Estivales à Saint Pierre la Bourlhonne le week-end dernier .

Cet atelier n’est évidemment pas destiné à remplacer les textes préparatoires à notre réunion d’unification et encore moins ceux qui seront adoptés lors de celle-ci. Il est une contribution à la réflexion collective et l’écrit ci-dessous, rien d’autre qu’une introduction personnelle à celle-ci.

Exercice difficile d’essayer de définir un point d’étape concernant nos deux organisations, d’autant plus que non membre du RC je n’ai aucune légitimité ni compétence à parler pour lui. Je compte d’ailleurs sur les membres du RC pour compléter et/ou corriger certaines des réflexions émises.

Pour autant, depuis les estivales dernières nous avons franchi une étape que les initiatives communes (fête ANC, Cercle Manouchian, commissions fusion, CN de l’ANC.…) ont permis d’approfondir. Les élections ont été la marque de ce franchissement en particulier sans doute pour l’ANC qui nationalement se présentait pour la 1ère fois à des élections.

Ces éléments nous obligent à un bond qualitatif.

Un moment paradoxal à la fois délicat, nécessaire et dynamisant.

A) Un moment délicat

Ne nous cachons pas que ce bond est délicat à franchir car les deux organisations et leurs membres ont une histoire différente, avec des attentes et des craintes différentes elles aussi.
Si, vu depuis ma place (je me trompe peut-être), le RC me semble plus homogène en termes de membres, l’ANC est, elle, composée de membres que l’on peut, un peu arbitrairement diviser en 3 catégories :

1. Des camarades, souvent anciens du PCF et anciens tout court, à la formation communiste établie, qui sont demandeurs d’une activité politique au quotidien en vue de la création d’une organisation révolutionnaire. Ce sont souvent les plus actifs dans le débat reste à conforter leur place et leur implication dans notre adresse aux masses.

2. Des camarades syndicalistes et/ou associatifs qui ont rejoint l’ANC pour son soutien aux luttes, ses positions dans le débat politique général mais qui n’ont que peu d’activité politique identifiée par « manque de temps » disent-ils et plus sûrement pour d’autres motifs qui s’entremêlent et se recoupent souvent :

  • a. Sous-estimation de l’enjeu, y compris pour leur propre réflexion, de la vie collective de l’organisation : rôle des cellules et des différentes instances. Point que nous avions résumé lors de notre création par « on n’est pas communiste tout seul ». La réflexion qu’entame le CN sur la question des publications sur les réseaux sociaux en est d’ailleurs une illustration.
  • b. Volonté de ne pas se marquer dans la période où nous sommes attaqués en particulier dans le syndicat.
  • c. Manque de savoir-faire, qui peut conduire à une forme d’anarcho-syndicalisme où on délègue au syndicat (organisation qui rassemble sous un statut) des responsabilités qui relève du parti (organisation qui rassemble sous une idéologie).
  • d. Peut-être aussi des difficultés de positionnement vis-à-vis des autres forces de notre camp dans la période de débat politique national compliquée que nous traversons.
  • e. Enfin peut-être aussi un découragement devant l’ampleur de la tâche qui entraine un repli sur soi et une baisse de l’engagement : après tout le fatalisme n’est pas réservé aux autres et le manque d’espérance aussi...

3. Des camarades qui cherchent du côté du marxisme et qui sont en pleine découverte de celui-ci sans parcours ni analyse marxiste. Ils cherchent par besoin de radicalité et par rejet des pratiques politiciennes constatées ailleurs et souvent attribuées presqu’exclusivement à la « forme parti ».

Chez ces camarades existe aussi souvent un rejet de pratiques internes d’organisations qu’ils ou elles connaissent de près ou de loin et à qui ils ou elles attribuent, souvent non sans raison, absence de débat, décisions prises « d’en haut », manque de transparence et de cohérence...
Du coup pour eux la forme association parait plus rassembleuse et donc plus rassurante. En fait il y a aussi dans ces craintes l’ignorance du fait qu’il n’y a pas en France une forme juridique spéciale pour un parti mais que ce sont les statuts et la dimension politique qu’ils portent qui fait la différence .

Pour ces deux dernières catégories cette crainte s’est par exemple exprimée dans le débat pour ou contre une liste ANC aux européennes. Allions nous devenir un « parti comme les autres « sous-entendu où le débat ne serait pas possible et où l’individu ne pas pris en compte face à une « direction rouleau compresseur » ?
Autre crainte : allions-nous devenir une organisation électoraliste ? Paradoxalement c’est parmi ces camarades que s’est aussi exprimée le plus la volonté du « vote utile » qui est à distinguer du choix politique de voter pour une autre liste par analyse différente de celle qui a présidé au choix de dépôt de notre liste. De ce point de vue il convient de distinguer la tactique choisie par le RC du vote (PCF, LFI ou autre) de ces camarades-là.

Dans tous les cas, ce qui caractérise nos deux organisations c’est que les membres du PCF (anciens ou actuels) sont très minoritaires...et de plus en plus au fur et à mesure des adhésions. Cette diversité, ici schématisée est, côté pile, signe de notre richesse, de la capacité de rassemblement de l’ANC et du pari réussi de sa création en 2016, mais aussi signe, côté face, de difficultés au moment de franchir ce bond qualitatif pourtant nécessaire maintenant.
Unir des forces différentes par l’histoire et donc le fonctionnement établi n’est certainement pas un long fleuve tranquille.

B) Un bond nécessaire maintenant

Nous marquons sur nos bulletins d’adhésion que l’on ne combat pas le fascisme en votant tous les 5 ans. La situation actuelle en est une illustration. De même, l’existence d’un front unitaire « démocratique » alors qu’est absent un parti révolutionnaire ne peut pas faire reculer le fascisme. De ce point de vue, les conditions mêmes de la constitution du Nouveau Front Populaire, le démontrent : renoncement sur la guerre, alliance contre-nature et désignations antidémocratiques, reconstitution du « front républicain » avec une partie de la droite...
Et le peuple, en particulier sa part la plus écrasée ne s’y trompe pas. Quoiqu’en dise la presse qui parle d’une participation « record » (sic !) c’est loin d’être le cas.

À peine plus de 66% de votants (sans compter les 10 millions de non-inscrits et les 5 millions d’étrangers en âge de voter) dans un pays qui votait à plus de 80% jusqu’en 1981 : on ne peut pas parler de participation record...

Concernant la dégringolade de la participation depuis 1981, on ne peut que faire le parallèle avec l’arrivée de la gauche au pouvoir et les déceptions qu’elle a créées qui, comme nous l’avons dit, ont tué l’espoir. Il nous faudra faire effort pour connaître précisément le taux national de refus de vote dans les quartiers populaires en examinant les résultats bureau par bureau.
Nous avons besoin de savoir s’il confirme la réalité marseillaise, ville où, même s’il y a eu comme ailleurs un sursaut relatif par rapport aux derniers scrutins, les quartiers les plus pauvres ne votent que très peu preuve s’il en fallait que le parti de la classe ouvrière de notre temps n’existe pas.

Dans ces conditions notre tâche la plus importante maintenant, et il y a urgence, c’est bien d’agir pour construire ce parti révolutionnaire qui manque au pays. Cela nous engage toutes et tous quelles que soient par ailleurs les responsabilités syndicales ou associatives que nous avons.

Soyons clairs cette tâche nous incombe et ne pourront la mener :

  •  Ni la LFI en l’état, son attelage disparate, son manque d’ancrage dans la classe ouvrière, son fonctionnement antidémocratique et bien sûr ses positions qui, pour être les plus radicales de l’alliance NFP, n’en sont pas moins bien en deçà de ce que non seulement le PCF a pu proposer par le passé mais même en dessous du programme commun ou des 110 propositions de Mitterrand en 1981.
  •  Ni le PCF malgré la bataille interne que mènent à l’intérieur des camarades dont on peut tout à la fois saluer le courage et l’obstination tout en constatant qu’ils n’ont rien empêché depuis des décennies au point que ce parti a des positions encore plus droitières qu’il y a 20 ans sous Robert Hue,

Ce ne sont pas ces deux forces de gauche qui peuvent aider à construire ce parti révolutionnaire. Et d’ailleurs elles ne le veulent pas. C’est donc à nous, avec tous ceux et celles qui le veulent de relever le défi.

De ce point de vue pour une fois Fabien Roussel a eu raison quand il a dit au lendemain du 1er tour des législatives que « la colère populaire qui cherchait à balayer Macron et son gouvernement n’a pas trouvé à s’exprimer dans la gauche mais dans le Rassemblement National. »
Comme quoi il ne suffit pas de faire un constat juste pour en tirer les leçons qui s’imposent pour un parti qui continue à parler d’ « Europe sociale », à justifier l’OTAN et à être plus que timide sur la Palestine sans parler de ses abandons des revendications et de la vie populaires ou de son rejet de toute force qui n’émane pas de lui.

Reconstruire, y compris en tenant compte des erreurs passées et présentes dans les formes d’organisations que l’on connait où la démocratie interne, la volonté de débat de fond et le droit au désaccord laissent à désirer et participent du refus de s’engager. De ce point de vue il faudra préciser notre conception de la démocratie interne et du centralisme démocratique qui en est la pierre angulaire.

C) Un bond dynamisant

Nous mesurons déjà l’impact et le signe que peut envoyer notre conférence de fusion même s’il ne faut pas en exagérer la portée. Nous en voyons déjà les effets, renforcés qu’ils sont par la liste des européennes. Mais bien sûr cela suppose un engagement et des tâches car cette perspective dynamisante ne deviendra réalité que si nous en faisons davantage en termes d’implication personnelle.

Ainsi, et je ne parle que de l’ANC, si depuis sa création, celle-ci n’a pas cessé de progresser en nombre de membres, nous n’arrivons pas encore à ce que cela se traduise suffisamment en progression militante dans l’organisation et dans la tenue d’initiatives en direction des quartiers et des entreprises : tracts à l’embauche, sur les marchés, dans les lieux publics...

Ce bond dynamisant il nous faut le traduire en plan de travail pour gagner à la constitution de cellules d’entreprises et de quartier, en discussion approfondie avec les membres, en rendez-vous réguliers avec la population qu’il s’agisse de tracts ou de la diffusion du Manifeste.
Ce plan de travail ne peut faire l’impasse sur la qualité de vie de l’organisation et en premier lieu le temps d’échange nécessaire avec nos membres pour les gagner à l’action politique de terrain en tenant compte des freins évoqués plus haut.
La qualité de vie suppose de « prendre soin de nos membres ».

Notre poids dans le débat public national, dans les choix politiques, est à ce prix. Pour finir je ne résiste pas à vous livrer un extrait de l’appel « (Re)construire » lancé en mars 2014 au lendemain d’élections municipales elles aussi catastrophiques pour notre camp. Il n’a rien perdu de son actualité sauf que l’urgence s’est accentuée

« Les élections qui viennent de se tenir montrent que la non prise en compte des questions d’emploi, de salaire, de protection sociale, de logement et l’absence d’un parti révolutionnaire conduisent le monde du travail, au découragement, au désespoir ou à se tromper de colère.
(...)La droite et son extrême gagnent surtout par défaut de perspective politique ouverte par un mouvement progressiste.
(...)Plus que jamais une organisation révolutionnaire en prise avec les luttes dans les entreprises et les quartiers populaires et détachée de tout électoralisme doit émerger. C’est de notre responsabilité à chacun de nous,
Nous qui ne croyons pas que le capitalisme soit aménageable,
Nous qui ne voulons pas de compromission avec la social-démocratie.
Nous qui ne confondons pas mondialisme et internationalisme
Nous qui ne voulons pas de cette alliance ouest-européenne nouvelle puissance impérialiste.
Nous qui voulons que les plus exploités, les plus précaires, les chômeurs, les discriminé-e-s, ne laissent à personne d’autres qu’à eux-mêmes la prise en main de la lutte pour leur émancipation.
Nous affirmons qu’à l’image de ce qu’essaient de construire les peuples d’Amérique du Sud nous pouvons nous aussi sortir de l’Union Européenne et de l’euro pour construire d’autres coopérations internationales.
Nous affirmons qu’il est temps que celles ceux qui veulent inventer le socialisme du 21e siècle se rassemblent quels que soient par ailleurs les engagements qu’ils peuvent avoir.
Si nous laissons faire c’est l’obscurantisme, la réaction et même le fascisme qui gagneront.
La transformation de la société passera par chacun de nous ou ne sera pas. Nous ne pouvons pas nous défiler, remettre au lendemain ou nous décourager devant l’ampleur de la tâche.

Assumons nos responsabilités, dans toute la France, prenons notre place dans la (re)construction de l’organisation révolutionnaire dont le pays a besoin. »

   

Messages

  • 1. L’ANC/RC, demain un parti (pas) comme les autres ?
    6 septembre, 19:35 - par Gérard Jugant


    Vive le rassemblement de tous les communistes authentiques et à bientôt. Gérard

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