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Jour du dépassement ce 1er août : pourquoi cet indicateur reste pertinent ?
jeudi 1er août 2024 par novethic

A compter de ce 1er août, c’est le Jour du dépassement, soit le jour où l’humanité a consommé toutes les ressources renouvelables que la Terre peut produire en une année. Calculée par l’ONG Global Footprint Network, cette date arrive cette année un jour plus tôt qu’en 2023, alors qu’il serait temps d’inverser la tendance, alertent les chercheurs.
No planet B. Ce jeudi 1er août, l’humanité a consommé l’entièreté des ressources que peut fournir la planète sur une année, alors qu’il reste 152 jours avant la fin de l’année 2024. L’humanité vit donc désormais “à crédit”, selon les calculs de l’organisation nord-américaine Global Footprint Network. En effet, l’équivalent de 1,75 Terre serait nécessaire pour régénérer notre consommation de ressources et répondre à l’intégralité de nos besoins.
“Le jour du dépassement représente physiquement le jour où l’empreinte écologique de l’humanité dépasse la biocapacité de la planète”, explique Aurélien Boutaud, environnementaliste et consultant spécialisé dans l’accompagnement des politiques publiques en matière de transition écologique, à Novethic. Quant au reste de l’année ? “L’homme va continuer à consommer plus de ressources et à émettre plus de pollution que la Terre peut nous le permettre”, précise-t-il.
En 2023, le jour du dépassement avait été fixé un jour plus tard, le 2 août. “Même si la date reste stable, la pression sur la planète continue d’augmenter, et les dommages causés par le dépassement s’accumulent au fil du temps”, alerte cette ONG. Côté français, cette dette écologique est dépassée depuis bien longtemps. Le jour du dépassement national ayant été enregistré, cette année, le 7 mai dernier. Et comme le note WWF dans son communiqué, “si tous les humains consommaient comme les Français, nous aurions besoin de presque trois planètes pour subvenir à nos besoins”.
“Un bon outil de communication”
Concrètement, cette empreinte écologique est calculée à partir d’un vaste corpus de plus de 15 000 données scientifiques collectées par les Nations unies. Elle est ensuite rapportée à la “biocapacité” de la planète, c’est-à-dire la quantité de ressources écologiques que la Terre est capable de générer. Avant d’être multipliée par 365, soit le nombre de jours de l’année. En 2023, un changement de méthodologie et la prise en compte de données plus précises avaient entraîné un recul de près de 5 jours de la date fatidique, alors qu’elle n’avait “en réalité reculé que de 8 heures“, nous avait alors expliqué Mathis Wackernagel, co-inventeur de l’empreinte écologique et co-fondateur du Global Footprint Network.
Créée dans les années 1990 et diffusée à partir des années 2000, cette mesure n’a eu de cesse d’être contestée en raison de sa méthode de calcul. Mais “il reste un très bon outil de communication qui a eu beaucoup d’impact au moment où il y avait besoin de relancer notre prise de conscience des dimensions finies de notre planète”, observe Aurélien Boutaud. Pour le coauteur de “L’empreinte écologique”, “il a les défauts et les limites de n’importe quel indicateur alternatif ou synthétique, on pourrait avoir les mêmes critiques par exemple sur le PIB“, souligne-t-il.
Quid des limites planétaires ?
Alors que l’empreinte écologique ne prend en compte que les ressources biologiques que peut nous fournir la planète, un pan entier de notre activité manque. Les pollutions, les dégradations ou encore les atteintes que l’on porte à notre environnement sont absents. Alors si l’on souhaite aller plus loin dans notre prise de conscience, il faudrait regarder également du côté des “limites planétaires”, de ce qui “sort du tuyau de l’économie mondiale“, explique Aurélien Boutaud. Moins connu du grand public, ce concept se focalise quant à lui sur les seuils au-delà desquels les conditions d’habitabilité sur la planète sont remises en question. Parmi les 9 limites planétaires étudiées, 6 sont aujourd’hui dépassées, dont la dernière “l’eau douce” a été franchie en septembre 2023.
Si l’on devait tenir nos objectifs climatiques, il faudrait parvenir à gagner au moins 19 jours par an sur les 7 prochaines années. Or, on stagne. La raison ? “L’essentiel de notre déficit écologique est lié à notre empreinte carbone“, observe Aurélien Boutaud, mais pas seulement, il faut également voir du côté de notre alimentation et de notre agriculture, comme le note cette année le WWF.
Voir en ligne : https://www.novethic.fr/environneme...