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Israël au miroir de l’Amérique latine
mardi 2 juillet 2024 par Maurice Lemoine
En Amérique latine comme ailleurs : l’effroi. Ce 7 octobre 2023, forçant les clôtures de l’atroce prison à ciel ouvert que constitue la bande de Gaza, les combattants du Hamas, la faction islamiste de la résistance palestinienne, s’infiltrent dans le sud d’Israël. Leur offensive y entraîne la mort de 1 163 Israéliens, dont 767 civils [1], et l’enlèvement de 245 otages (d’après les chiffres de la Cour pénale internationale ; CPI). En représailles, au nom d’une politique à caractère depuis longtemps messianique, le gouvernement de Benjamin Netanyahou entreprend ce qui va très rapidement devenir le massacre de la population palestinienne de Gaza.
Au sud du Rio Grande, frontière entre les Etats-Unis et le Mexique, les premières réactions s’accordent sur un point : de nombreuses atrocités ont accompagné l’opération militaire du Hamas. Le Brésil de Luiz Inácio Lula da Silva condamne « les attaques terroristes contre les civils ». Gouvernés par la droite, l’Uruguay, l’Argentine, le Paraguay (seul Etat de la région à définir le Hamas comme une « organisation terroriste »), le Costa Rica, le Guatemala, Panamá, le Salvador et l’Equateur, retrouvent les réflexes adoptés à l’occasion de la guerre en Ukraine : systématiquement alignés sur la position des Etats-Unis (à l’exception du Salvador, parfois en délicatesse avec Washington), ils condamnent la « barbarie » du Hamas et soutiennent inconditionnellement Israël.
En « pro-Netanyahou chimiquement pur », le président argentin Javier Milei se distingue particulièrement. Immédiatement après son élection, un premier voyage dans un avion privé financé par celui qu’il va nommer ambassadeur aux Etats-Unis, le magnat israélite Gerardo Werthein, propriétaire d’une des holdings les plus grandes du pays, l’a mené à New York, où il s’est recueilli sur la tombe du Rabbi Loubavitch, fondateur d’une secte économiquement puissante du judaïsme ultraconservateur. Immédiatement après, Milei s’est envolé pour Israël où l’on a pu le voir, entouré de rabbins orthodoxes, sangloter ostensiblement devant le mur des Lamentations. Annonçant qu’il reconnaîtra Jérusalem comme capitale de l’Etat d’Israël, ce catholique plus ou moins converti au judaïsme, sous l’influence d’Eduardo Elsztain (propriétaire de Cresud, du groupe immobilier IRSA, des Shoppings porteños, de Banco Hipotecario et d’un million d’hectares de terres), rompt ainsi avec la tradition argentine de non-alignement dans les conflits au Moyen-Orient.
Javier Milei et Benjamin Netanyahou (février 2024).
On notera au passage que, considéré comme appartenant au centre-gauche et encore au pouvoir le 7 octobre 2023, le prédécesseur du « libertarien », Alberto Fernández, a lui aussi soutenu sans réserve Israël et annoncé l’envoi d’une aide humanitaire à ce pays. Dans une Argentine qui compte la plus importante communauté juive d’Amérique latine, difficile, alors qu’on était à la veille de l’élection présidentielle (néanmoins perdue au bénéfice de Milei), de ne pas tenir compte du poids de cet électorat.
Dès le 18 octobre, alors qu’il présidait les quinze membres du Conseil de sécurité de l’ONU, le Brésil a présenté une résolution appelant « à une pause humanitaire » entre les belligérants. Exhortant « toutes les parties à se plier pleinement aux obligations du droit international, notamment les droits humains internationaux, y compris dans la conduite des hostilités », le texte fut rejeté en raison du veto des Etats-Unis.
Rappelant son appui à la solution « à deux Etats », Brasilia se trouve depuis accompagné à gauche (et entre autres) par le Mexique et la Colombie, mais aussi sur sa droite par l’Equateur et le Pérou. Une position que soutient également, au Chili, Gabriel Boric, cinglant avec le Hamas, mais également très critique des actions de Tsahal (l’armée israélienne). En compagnie du mexicain Andrés Manuel López Obrador (AMLO), Boric saisit la CPI pour qu’elle enquête « sur les crimes israéliens commis contre des civils dans la bande de Gaza ». Il est vrai que, pour lui, la problématique est la même qu’en Argentine, mais en inversé : avec de l’ordre de 350 000 à 400 000 personnes, le Chili abrite la plus forte communauté palestinienne en dehors du Proche-Orient.
D’emblée, les quatre principaux pays de l’Alliance bolivarienne pour les peuples de notre Amérique (ALBA), Cuba, le Venezuela, le Nicaragua et la Bolivie, ont replacé le tragique épisode dans son véritable contexte : il ne s’agit pas d’une guerre « entre le Hamas et Israël », née brusquement le 7 octobre, comme le rabâchent un peu partout les « éditocrates » pour manipuler l’opinion. Dans une allocution télévisée, le président vénézuélien Nicolás Maduro déclare : « Nous ne sommes pas d’accord avec certaines images des événements violents qui ont eu lieu, mais nous devons regarder d’où tout cela provient : le siège de Gaza, permanent ; le bombardement de Gaza, permanent ; l’apartheid qui existe à Gaza, permanent. »
Sans soutenir davantage les exactions commises dans le cadre de l’attaque du Hamas, mais sans utiliser les mots « terrorisme » ou « terroristes », obligatoires à Paris pour éviter de se retrouver devant un juge et échapper à la très médiatique Inquisition, le ministère des Relations extérieures cubain souligne que les évènements sont « la « conséquence de 75 ans de violation permanente des droits inaliénables du peuple palestinien et des politiques agressives et expansionnistes d’Israël ». Un résumé de ce que tout un chacun devrait savoir si le conformisme ambiant n’avait définitivement supplanté l’information : de 1948 à 2023, 247 résolutions du Conseil de sécurité, en théorie immédiatement exécutoires, ont été violées par… « le seul Etat démocratique » (selon la formule consacrée) du Proche-Orient [2].
Dès que la contre-offensive militaire menée contre Gaza a montré sa véritable nature, le président cubain Miguel Díaz-Canel a averti : « L’histoire ne pardonnera pas aux indifférents. » De fait, alors que les bombardiers, l’artillerie lourde, les tanks, les mortiers, les mitrailleuses de toutes sortes s’acharnent sur la population palestinienne et que les dirigeants « occidentaux » refusent d’adopter une position ferme contre cette sauvagerie, c’est la gauche latino-américaine qui va montrer la voie.
Considérant « inacceptable » le veto de Washington à la résolution proposée par le Brésil au Conseil de sécurité, la représentante du Mexique aux Nations unies, Alicia Buenrostro, hausse le ton : les attaques indiscriminées d’Israël contre les civils « pourraient constituer des crimes de guerre ». Le Chili, la Colombie et le Honduras rappellent leurs ambassadeurs pour consultation. En langage diplomatique, une telle mesure est un fort signal de mécontentement.
Huit mille cinq cents morts sont déjà à déplorer quand, le 11 novembre 2023, le gouvernement bolivien de Luis Arce va plus loin en rompant toute relation avec Tel Aviv. Somme toute, il ne s’agit que d’un retour à la situation antérieure au coup d’Etat qui, en novembre 2019, a renversé Evo Morales. Alors au pouvoir, ce dernier avait déjà expulsé l’ambassadeur israélien et rappelé le sien, début 2009, en réaction au caractère disproportionné de l’opération « Plomb durci » (13 Israéliens et 1 400 Palestiniens tués). En 2014, dans le contexte de l’opération « Bordure protectrice », le même Morales déclara considérer Israël comme « un Etat terroriste ». Les relations n’auront donc été rétablies que par la brève dictature de Janine Áñez, présidente de facto du 12 novembre 2019 au 7 novembre 2020.
Trente mille morts, d’après le Hamas, le 18 février 2024… A l’occasion du sommet de l’Union Africaine, à Addis-Abeba, Lula, le premier président brésilien à avoir visité Israël et les territoires occupés en mars 2010, met cette fois « les pieds dans le plat » : « Ce qui se passe dans la bande de Gaza n’est pas une guerre, c’est un génocide… Ce qui se passe dans la bande de Gaza avec le peuple palestinien ne s’est produit à aucun autre moment de l’histoire. En fait, cela s’est déjà produit : lorsque Hitler a décidé de tuer les Juifs. » Alors que Washington et ses satellites suspendent leur aide à l’Agence des Nations unies pour les réfugiés à Gaza (UNRWA), accusée de connivence avec les « terroristes » du Hamas à partir de quelques cas isolés, le Brésil annonce augmenter sa contribution. Cela vaut à Lula d’être déclaré personnalité non grata en Israël. Une sorte de bis repetita : en février 2016, sous la présidence de Dilma Rousseff, le Brésil avait été qualifié de « nain diplomatique » par Tel Aviv pour avoir refusé comme ambassadeur Dani Dayan, l’un des animateurs de la colonisation de la Cisjordanie.
Lula reçoit immédiatement l’appui des présidents colombien Gustavo Petro et bolivien Arce, qui à leur tour emploient le mot « génocide » et soutiennent la démarche de l’Afrique du Sud devant la Cour internationale de justice (CIJ). Pretoria y accuse Israël de violer ses obligations au titre de la Convention pour la prévention et la répression de ce crime absolu. Avec un prolongement lourd de conséquences : principal fournisseur, avec les Etats-Unis, des forces de sécurité colombiennes, Tel Aviv suspend l’ensemble de ses contrats de défense avec Bogotá.
Au terme d’échanges particulièrement houleux, Petro annonce le 1er mai 2024 que non seulement il répond à Tel Aviv en suspendant lui-même l’achat d’armements fabriqués par Israël – ce qui provoque indignation et fureur au sein de la droite militariste colombienne, déjà vent debout contre lui –, mais que son pays rompt à son tour les relations diplomatiques avec les bourreaux de la population gazaouie et des territoires occupés. Comme il se doit, sa position donne lieu à l’accusation d’antisémitisme, de négationnisme voire, comme pour ses homologues de la gauche continentale (et d’ailleurs), de connivence avec le « djihadisme ». Aussi malhonnête qu’absurde : aucun n’attaque la communauté juive ni même ne remet en question l’existence d’Israël. Souvent accusé d’un outrancier radicalisme, le président nicaraguayen Daniel Ortega lui-même, au lendemain du 7 octobre, a émis un communiqué exprimant la solidarité de son pays « aux victimes et aux familles innocentes » d’Israël, avant de préciser : « Les peuples palestinien et israélien ont le droit de vivre de façon sûre et en paix ».
De l’antisémitisme réel et non fantasmé…
Nul ne l’oublie : au lendemain de la Seconde guerre mondiale, le Brésil, l’Argentine, le Chili et le Paraguay ont abrité des criminels de guerre nazis. Josef Mengele au Paraguay, Adolf Eichmann en Argentine, Klaus Barbie en Bolivie, pour ne citer qu’eux. Toutefois, en 1947, treize des trente-trois voix en faveur du « plan de partage » de l’ONU [3] provinrent d’Amérique latine. Une fois créée l’entité sioniste, et si elles adoptèrent des positions relativement neutres à l’égard du premier conflit israélo-arabe, la quasi-totalité des nations du continent reconnut le nouvel Etat [4].
À une notable exception : la Colombie. Ce qui ne manque pas de sel à l’heure où le terme « antisémitisme » se voit accolé au nom de Petro.
Si une telle discrimination a existé, c’est précisément à l’époque, sous la gouvernance de l’oligarchie. Alors que, du fait de l’avènement du Troisième Reich, les pays du Cône Sud, quelle que soit leur couleur idéologique, accueillent entre 25 000 et 45 000 réfugiés juifs, le ministère colombien des Affaires étrangères, en 1939, après la Nuit de Cristal, émet une circulaire qui précise : « Il est nécessaire que les consuls, dans leur juridiction, mettent tous les obstacles humainement possibles à la délivrance de nouveaux passeports aux éléments juifs ». Emis en septembre, le décret 1723 interdit les visas pour les Juifs de toute nationalité, même en transit. Si le chancelier « libéral » Luis López de Mesa entend favoriser l’immigration européenne pour « améliorer la race colombienne », ce sera en effet à l’exception des Juifs, qui ont « une orientation parasitaire de la vie » et « des coutumes invertébrées d’assimilation de la richesse par l’échange, l’usure, le troc et la tromperie [5] ».
En raison de ce racisme pur et dur des deux partis traditionnels, le libéral et le conservateur (admirateur, en ce qui le concerne, de la Phalange espagnole et de l’Allemagne nazie), seuls 6 000 israélites parviendront à entrer en Colombie jusqu’à la fin de la Seconde guerre mondiale.
Au même moment (1939), à Santiago, le secrétaire général du Parti socialiste, Salvador Allende, intercédait auprès du président de la République Pedro Aguirre Cerda pour que les réfugiés juifs allemands arrivant sur les côtes américaines sans visas soient admis au Chili.
Lors des votes sur le « plan de partage » en 1947 et sur la création de l’Etat d’Israël en 1949, la Colombie s’est abstenue. Il convient d’attendre avril 1957 pour que des relations diplomatiques soient établies. Il a fallu pour cela… la nationalisation du canal de Suez par Gamal Abdel Nasser, l’invasion de l’Egypte par Israël et ses alliés impérialistes français et britanniques en octobre 1956, puis, au terme d’une guerre éclair se terminant par un fiasco pour les assaillants, un appel de l’ONU à créer une force d’interposition entre Israël et l’Egypte. Bien avant qu’Israël ne prenne pied en Amérique latine, la Colombie surgit au cœur du Moyen-Orient ! Le 10 novembre 1956, un peloton de ses militaires, coiffés chacun d’un casque bleu (les premiers de l’Histoire) pénètrent dans la bande de Gaza où ils vont demeurer jusqu’au 13 mai 1958.
A nouveau sollicité par l’ONU en 1982, Bogotá enverra cinq cents hommes de son Bataillon Colombie n°3 dans le Sinaï où, avec des contingents de douze autres nations, ils protègent aujourd’hui encore les installations de la Force multinationale de paix et d’observation (MFO) chargée de vérifier le respect du traité de paix entre Israël et l’Egypte [6].
Entretemps, on le verra plus avant, avec pour boussole l’alignement inconditionnel sur Washington, les relations entre Bogotá et Tel Aviv ont changé du tout au tout.
El Batallón Colombia No. 3. FOTO Fuerzas Militares de Colombia
Juifs et « Arabes » du Nouveau monde
Selon les estimations, entre 500 000 et 750 000 Juifs vivent en Amérique latine, dont une majorité, 230 000, en Argentine (troisième communauté du continent après les Etats-Unis et le Canada) et au Brésil. Le Mexique en compte environ 50 000, dont la plupart vivent à Mexico. Peu d’entre eux ont exercé le pouvoir au plus haut niveau, si l’on excepte, « par héritage familial », le président péruvien (de droite) Pedro Pablo Kuczynski (2016-2018), né à Lima d’une mère française protestante et d’un père juif allemand ayant fui la montée du nazisme ; le vénézuélien (de gauche) Nicolás Maduro Moros, dont les grands-parents maternels et paternels, Juifs séfarades arrivés de Hollande via l’île de Curaçao, se sont convertis au catholicisme sur le continent américain ; et, depuis peu, l’ex-mairesse de Mexico Claudia Sheinbaum, élue présidente du Mexique le 2 juin 2024 pour le Mouvement de rénovation nationale (Morena ; gauche) : tous juifs, ses grands-paternels sont originaires de Lituanie et, du côté de sa mère, ont quitté la Bulgarie durant la Seconde guerre mondiale.
Hier comme aujourd’hui, cette diaspora hétérogène comprend aussi bien des financiers, des banquiers ou des grands négociants que des intellectuels, des artisans, des commerçants, des employés, des travailleurs, avec ou sans qualification. Juifs orthodoxes, libéraux, laïques (comme Sheinbaum) ou même athées, conservateurs, socialistes ou anarchistes, ils sont présents sur tout l’arc des opinions politiques (ce qui n’est pas le cas des associations, généralement conservatrices et très pro-israéliennes, censées les représenter) [7].
En février 2019, sous la présidence du leader d’extrême droite Jair Bolsonaro, vu trois ans auparavant en compagnie de Netanyahou devant le Mur des lamentations, le pro-sioniste affirmé Davi Alcolumbre va devenir la première personnalité juive à siéger à la tête du Sénat brésilien. « Nous sommes très fiers d’avoir un formidable juif et ami d’Israël au poste de président de cette chambre législative, réagit alors l’ambassadeur israélien Yossi Shelley sur les réseaux sociaux. Au nom du peuple et du gouvernement d’Israël, je vous souhaite Hatzlacha et Mazel Tov [succès et bonne chance]. »
Géographiquement pas très loin de là, et d’après feu le rabbin Marshall T. Meyer, membre de la Commission nationale des disparus (Conadep) créée en Argentine le 15 décembre 1983, trois mille membres de la communauté juive – professeurs universitaires, étudiants, hommes d’affaires, artistes, écrivains ou journalistes de gauche – figurent parmi les trente mille morts et disparus de la dictature (1976-1983).
Claudia Sheinbaum – Photo de sa page Facebook.
Le chiffre le plus fréquemment cité estime à 18 millions le nombre de latino-américains ayant une origine « arabe », c’est-à-dire descendant des vagues de migrants syriens, libanais ou palestiniens débarqués entre la fin du XIXe et le début du XXe siècle [8]. Parmi eux, entre 600 000 et un million de Palestiniens. Que dépassent de loin les Libanais : 15,4 millions de personnes [9] ! Les uns et les autres très présents dans la vie politique : Carlos Menem, président argentin (1989-1999), d’origine syro-libanaise (mais nommant ministre de l’Environnement Sergio Bergman, un rabbin qui n’abandonnera jamais sa kipa) ; le colombien Julio César Turbay (1978-1982), issu de la communauté libanaise, comme l’équatorien Abdalá Bucaram (1996-1997), le brésilien Michel Temer, tombeur et successeur de Dilma Rousseff (2016-2018) ; parmi les descendants de migrants palestiniens figurent le chef de l’État hondurien Carlos Flores Facussé (1998-2002), son homologue salvadorien Antonio Saca (2004-2009), ou, toujours au Salvador, l’autoritaire Nayib Bukele. Lequel, lors des événements récents, et rappelant ses origines, a condamné le Hamas, distingué « la cause palestinienne » des agissements de ce « groupe terroriste », qualifiant au passage ses membres de « bêtes sauvages » et d’ « animaux ».
Au-delà de ce turbulent personnage, régulièrement mis en cause pour sa politique hyper-répressive, pas de profil type. Au sein de ces communautés majoritairement converties au catholicisme, on trouve l’un des hommes les plus riches du monde, le mexicain Carlos Slim ; les membres de l’oligarchie hondurienne connue sous l’appellation péjorative de « turcos » (familles Facussé, Larach, Canahuati, Nasser, Kafie, Atala, etc.), directement impliquée dans le coup d’Etat de 2009 contre le président Manuel Zelaya (en compagnie des puissantes familles juives des Goldstein ou des Rosenthal) ; l’un des historiques chefs de la guérilla marxiste salvadorienne des années 1980, Shafik Hándal ; énormément de commerçants (petits et grands) ; les footballeurs du club Deportivo Palestino créé dans la banlieue de Santiago (Chili), dès 1920 ; des masses de citoyens « lambda » et des personnalités admirées (l’acteur argentin Ricardo Darín), voire adulées (la chanteuse colombienne Shakira).
Sans être déterminante, l’existence de ces divers groupes humains a favorisé un intérêt particulier des « latinos » pour la région moyen-orientale.
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[1] Selon un décompte réalisé par l’Agence France Presse (AFP) à partir des derniers chiffres officiels disponibles le 1er février 2024.
[3] Le 29 novembre 1947, la toute nouvelle Organisation des Nations unies divise la Palestine, alors sous mandat britannique, en trois entités (résolution 181) : un Etat juif, un Etat arabe et Jérusalem (sous mandat international).
[4] En 1948 : Nicaragua, Costa Rica, Uruguay, République dominicaine, Salvador, Guatemala, Honduras, Panamá, Paraguay et Venezuela. En 1949 : Argentine, Bolivie, Brésil, Chili, Colombie, Cuba, Pérou, Equateur et Mexique. En 1950 : Haïti.
[6] Participent également à cette mission l’Australie, le Canada, Fiji, la France, la Hongrie, l’Italie, la Nouvelle-Zélande, la Norvège, les Etats-Unis, l’Uruguay, les Pays-Bas et la République tchèque.
[7] Six jours après le coup d’Etat de 1973 renversant au Chili Salvador Allende et l’Unité populaire, le Comité représentatif de la collectivité israélite envoya une lettre de félicitations à la nouvelle Junte de gouvernement.
[8] Entre 1860 et 1914, une première vague d’environ 1,4 million de personnes d’origine syro-libanaise a fui l’Empire ottoman pour aller s’installer dans les Amériques. Comptant de nombreux Palestiniens, la deuxième vague démarrera à partir des années 1920.
[9] Selon des chiffres publiés par les autorités libanaises en 2018.