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Le racisme : un héritage français de l’histoire
mardi 28 novembre 2023 par Francis Arzalier (ANC)
Notre pays fut durant cinq siècles une grande puissance coloniale et maritime, ce qui lui a laissé de multiples héritages.
L’un d’eux est méconnu, et pourtant extraordinaire : alors que le littoral de l’hexagone fait seulement 5500 km de long, celui des divers territoires d’Outre-mer porte la longueur totale du littoral français à 20 000, et le territoire maritime de la France est le DEUXIÉME au monde ! Ce qui n’est pas sans importance géopolitique à l’heure où il est de plus en plus question d’exploiter les ressources minérales off-shore, sans parler de la présence militaire et stratégique des Caraïbes au Pacifique. Ce qui permet de mieux comprendre l’acharnement coûteux des gouvernants français pour s’accrocher aux « confettis de l’Empire » comme l’île de Mayotte en Océan Indien ou Saint Pierre et Miquelon (6000 habitants !) au large du Canada. Un argument pour se prétendre encore une grande puissance, dont les vantardises diplomatiques d’un Macron font s’esclaffer le monde entier…
Un autre de ces héritages prête beaucoup moins à sourire, l’actualité aujourd’hui le démontre amplement. Les mentalités françaises, qui par ailleurs ont enfanté bien des révolutions, traînent depuis des siècles une morgue raciste à l’égard des peuples coloniaux, dont l’infériorité et les mauvais instincts supposés justifiaient l’exploitation et la conquête.
Jusqu’en 1848, ce n’est pas si lointain, les Africains Noirs des rivages atlantiques furent déportés par centaines de milliers vers les colonies esclavagistes des Antilles, par des marchands et des marins de Nantes, Le Havre ou La Rochelle, avant que les soldats et colons de la Troisième République ne transforment leur continent d’origine en Empire français, d’Alger, Tunis et Marrakech à Dakar, Brazzaville et Tananarive.
Au prix de quelques paradoxes, l’école de Jules Ferry prétendait encore en 1950 apporter aux « braves africains » les Droits de l’Homme au lieu de l’esclavage et la sauvagerie d’antan », mais en notre nom, on n’hésitait pas à punir avec férocité les ingrats qui méconnaissaient le bonheur d’être sujets français, de la brousse malgache aux villages algériens.
Une France 2023 nettoyée de ses héritages malsains ?
Et, bien sûr, nos maîtres à penser de 2023, nous répètent la main sur le cœur que ce passé est révolu, que l’esclavage fut il y a des siècles un crime contre l’humain dont nous sommes aujourd’hui bien loin, que le temps où les êtres humains se vendaient en marchés aux enchères est bien loin, où les pogroms, les « ratonnades » de l’OAS en 1960 sont un passé oublié depuis lors…
Sauf que ces derniers jours, ce passé sulfureux nous ressaute au visage :
1/ Le 26 novembre 2023, la ville de Romans en Isère a failli vivre une évidente « ratonnade » comme celles menées à Oran et Alger par les commandos pieds-noirs de l’OAS, quand ces fous furieux racistes, conscients de la victoire proche des patriotes Algériens, tuaient les femmes de ménage et les enfants arabes dans les rues.
À Romans, sept décennies plus tard, une centaine de nazillons cagoulés et armés criaient leur désir de tuer des Arabes en menant une action punitive contre le quartier La Monnaie accusé d’avoir donné le jour aux voyous soupçonnés de bagarre conclues par la mort d’un jeune français dans un bal de village. Il est vrai que la plupart des journaux, à commencer par le torchon de Bolloré le journal du Dimanche, avaient rendus publics les prénoms à connotation musulmane des jeunes mis en examen, dans la foulée, à l’appel de groupes racistes internet, d’autres se lançaient à déclarer leurs envies de « se faire des musulmans » à Paris et ailleurs en France, en déployant des drapeaux tricolores, que Doriot et Salan utilisaient aussi…
Faut-il redire à Messieurs Darmanin, Ciotti, et autres Bardella, que ces quelques actes de fascistes ornés de croix gammées sont là pour rappeler que l’arbre antisémite qu’ils voient partout cache le bien réel racisme anti-arabe et musulman, qu’ils sont les premiers à nourrir depuis un mois ? Que leur discours faisant des immigrés et leurs enfants des « quartiers difficiles » les responsables désignés implicitement de l’insécurité est un appel au crime ?
2/ Le Figaro, qui ne passe pas pour un brûlot gauchiste, a publié le.21/11/2023 un reportage qu’en son temps, quand il était celui des Communistes, le quotidien L’Humanité se serait honoré de produire. Sous le titre « Sur le parking de grandes enseignes de bricolage, de véritables marchés aux clandestins, il décrit comment en grande banlieue parisienne, sur le territoire de Pierrelaye, opère au grand jour sans que cela émeuve les autorités un succédané des marchés aux esclaves d’il y a deux siècles.
Les travailleurs sans papiers s’y rendent pour vendre (à bas prix évidemment) leur force de travail à des clients, chefs d’entreprise ou particuliers, désireux de travaux, petits ou grands, contre un petit salaire négocié, selon le vieux principe libéral, « un renard libre dans un poulailler libre ».
C’est évidemment parfaitement illégal de leur part, mais au grand jour ! La journaliste donne même des détails, sur le regroupement par langues pratiquées des clandestins sur cet espace, Arabes de ci, Slaves un peu plus loin…
Seul « progrès » sur les marchés d’esclaves d’autrefois, les clandestins viennent s’y vendre temporairement de leur propre volonté : il est vrai que ces « dangers publics » selon Marine et ses amis ont besoin de se nourrir…
Du baratin grandiloquent à la réalité.
La France 2023 est devenue le Royaume de l’Hypocrisie, avec son pseudo-monarque Macron, qui fait profession de donneur de leçons humanistes à la télévision, un cache-sexe minable pour l’impuissance internationale, la veulerie au service des USA, la culture des inégalités sociales et le racisme suggéré.
Car la « solution » à l’indignité des marchés aux migrants selon les Sénateurs des Droites consiste à supprimer l’aide médicale aux sans-papiers, ce qui est à la fois une indignité morale à leur égard, mais aussi un risque sanitaire pour l’ensemble des Français en cas d’épidémie.
Photo : Des migrants attendent des clients près des magasins de la zone industrielle de Pierrelaye, dans le Val-d’Oise. Sofiane Boukhari pour Le Figaro
Le 29/11/2023