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La Turquie vole au secours de Daech en bombardant les forces démocratiques syriennes

dimanche 23 décembre 2018 par Institut Kurde de Paris

À Afrîn, toujours sous occupation turque, les mercenaires djihadistes de la Turquie imposent une taxe de 15% sur les récoltes des oliveraies appartenant aux Kurdes, la principale richesse agricole, et en ont confisqué un grand nombre, profitant de l’absence des propriétaires, empêchés de revenir. À Jandaris, des combats ont même éclaté entre 2 factions à propos de récoltes d’olives volées à des agriculteurs kurdes (WKI). Le 13, des combats entre Ahrar Sharqiyya et Jabhat Shamiyya ont de nouveau démarré à Azaz et près du camp de Sujo, obligeant des familles déjà déplacées à fuir le camp, et ont gagné Afrin le 14. La police militaire créée par l’armée turque a arrêté plusieurs membres de Ahrar Sharqiyya, et des bruits font état de tensions à Jerablous entre ce groupe et les autres factions (ANF). Enfin, les informations continuent à arriver sur les exactions subies par les Yézidis, allant parfois jusqu’au meurtre.

Les Forces démocratiques syriennes (FDS) ont poursuivi leur offensive contre la dernière poche tenue par Daech entre Euphrate et frontière irakienne, autour de Hajin, où sont retranchés 3.000 combattants majoritairement étrangers.

Après avoir pris fin septembre les villages d’Al-Sousah puis d’al-Shajla, les FDS ont repoussé plusieurs contre-attaques avec le soutien aérien de la coalition, annonçant 49 djihadistes tués. Le 4, des Marines américains sont arrivés par avion pour participer à l’attaque finale sur Hajin. Daech a poursuivi toute la semaine ses contre-attaques au nord de Baghouz avec des véhicules piégés et des armes lourdes, et le 9, les FDS ont annoncé l’élimination de 61 djihadistes.

Dans Hajin, les djihadistes ont dynamité les maisons des familles qui avaient fui. Puis le 10, l’Observatoire syrien des Droits de l’homme (OSDH) a annoncé que Daech avait capturé 35 combattants FDS et en avait tué au moins 10, mais le responsable médias des FDS, Moustafa Bali, a démenti, tout en annonçant la mort au combat le 6 d’un combattant français, le marseillais Farid Medjahed.

Profitant d’une tempête de sable empêchant tout soutien aérien et limitant fortement la visibilité au sol, les djihadistes ont lancé de nouvelles contre-attaques. Malgré une défense de plusieurs heures des FDS, ils ont réussi à enlever 130 familles dans le camp de personnes déplacées d’al-Bahra, dont des membres de Daech ayant fait défection (OSDH), les emmenant tous vers Hajin.

En trois jours, 37 combattants FDS et 58 djihadistes ont été tués. Le 14, les FDS ont annoncé avoir tué 105 djihadistes en 2 jours (Kurdistan 24). Le 16, alors que les FDS repoussaient une attaque sur Baghouz, le commandant Redour Khalil a annoncé que la prise de Hajin prendrait plus de temps qu’initialement prévu, en raison des conditions météorologiques et du fait que l’ennemi était très aguerri. Selon l’OSDH, plus de 70 membres des FDS et des dizaines de djihadistes ont été tués depuis le début de l’attaque, le 10 septembre. Selon l’OSDH, le 20 une frappe de la coalition a tué 28 djihadistes dans Hajin, 7 autres étant tués par l’offensive au sol des FDS. Le 22, les FDS ont pu reprendre le contrôle d’une partie d’al-Susah, réduisant progressivement les dernières poches de résistance djihadistes dans la ville, notamment autour d’une grande mosquée.

Cependant, le 27, l’AFP a annoncé la mort d’au moins 41 combattants FDS dans une nouvelle contre-attaque sur Baghouz et Al-Sousah, dont les djihadistes, utilisant véhicules piégés et attaques-suicides ont repris les 25 et 26 une grande partie… En fin de journée, de nouveaux corps ayant été découverts, le bilan est monté à près de 70 combattants FDS tués, et une centaine de blessés. L’OSDH a aussi annoncé 24 djihadistes tués. Le 28, les FDS ont confirmé 72 morts, avant d’annoncer l’arrivée en renforts de 500 YPG et YPJ (unités féminines) expérimentés, venus de l’ouest, et d’armes lourdes (AFP). Une centaine de combattants supplémentaires est arrivée de Manbij le 30. Mais selon un reportage détaillé de France Soir le 28, Daech avait annulé en trois jours tous les gains des FDS depuis le 10 septembre…

Le même jour, l’artillerie turque a frappé les positions des FDS à Zour Maghar, sur la rive orientale de l’Euphrate, juste en face de Jerablous, selon l’agence étatique Anatolie en riposte à des tirs provenant de cette zone… Les tirs d’artillerie turque ont aussi visé les villages de Charikhli, Siftek et Ashme, à l’Ouest de Kobanê, provoquant des manifestations de protestation à Qamichli. Du 28 au 31, les FDS ont ainsi perdu 4 combattants.

Le timing choisi par Ankara pour lancer ces attaques ne pouvait qu’évoquer une opération de diversion visant à voler au secours des djihadistes… Dénonçant leur « synchronisation » avec les contre-attaques djihadistes, les FDS ont annoncé le 31 l’arrêt temporaire de la campagne anti-Daech, avertissant qu’il se prolongerait en cas d’autres attaques (AFP). Le même soir, les États-Unis ont exprimé leur « extrême préoccupation » à ces « frappes militaires unilatérales » sur des zones où pourraient également se trouver du « personnel américain ».

Depuis l’occupation d’Afrîn, les menaces turques sur le reste du Rojava sont constantes. Déjà le 5, les YPG renforçaient les défenses de Manbij au milieu de rumeurs d’une prochaine attaque turque (AMN) et annonçaient le 9 avoir abattu un drone turc à Kobanê. Ce même jour, le ministre de la Défense turc, Hulusi Akar, a annoncé, avec l’arrivée de militaires américains le 2 à Gaziantep, le début de la mission d’entraînement turco-américaine devant permettre à terme des patrouilles conjointes à Manbij. Le même jour, le Conseil militaire de Manbij a déclaré être prêt à défendre la ville. Le 23, le colonel Sean Ryan, porte-parole de l’opération Inherent Resolve, a confirmé qu’une patrouille commune de militaires américains et de combattants du Conseil militaire de Manbij avait riposté à des tirs le 15 près du village de Boughaz. Ryan n’a pas désigné les agresseurs, probablement une des factions rebelles soutenues par la Turquie…

Le moment choisi par Ankara pour lancer ses bombardements sur le Rojava, juste après le sommet d’Istanbul sur la Syrie, auquel le président turc a participé avec ses homologues français et russe et la chancelière allemande, met également en lumière l’absence d’engagement des Occidentaux aux côtés des FDS, pourtant leurs alliés contre Daech. Insistant sur la nécessité d’une solution diplomatique au conflit syrien, ce sommet a permis d’éviter (pour combien de temps ?) une attaque du régime et de ses alliés russes sur Idlib, mais il a aussi montré que M. Erdoğan conservait toute liberté de mouvement contre la Fédération du Nord Syrien, dont les autorités sont toujours qualifiées de « terroristes » au même titre que Daech… Le 30, le Président turc a annoncé devant les députés AKP au Parlement que les préparatifs d’une nouvelle offensive dans le nord syrien étaient terminés, précisant : « Nous allons détruire la structure terroriste à l’est de l’Euphrate »… Le même soir, le porte-parole des YPG, Nouri Mahmoud, a averti que les YPG « [réagiraient] à toute menace ou attaque » en « légitime défense » (AFP).

Par ailleurs, la question du devenir des djihadistes et de leurs familles actuellement détenus au Rojava continue à se poser. Précédemment estimé à 500, leur nombre se monterait en fait à près de 1.000, originaires de 24 pays. De nouveaux combattants sont capturés chaque jour au combat, mais il y a aussi 550 femmes et 1.200 enfants. Dès le 20 septembre, le responsable des relations internationales de la Fédération du Nord Syrien, Abdul Karim Omar, avait averti du risque d’évasion en cas de chaos, qualifiant leur présence de « menace pour l’humanité ».

Parmi les détenus, 2 Britanniques membres d’un groupe de 4 surnommé par leurs otages les « Beatles » en raison de leur accent anglais, coupable d’enlèvements, de tortures et de décapitations, le Français Adrien Guihal, « voix » de la revendication par Daech de l’attentat de Nice en 2016, l’albigeois Thomas Barnouin, proche des frères Clain, qui avaient quant à eux revendiqué ceux du 13 novembre 2015, et la recruteuse Emilie König…

Le 4, Sinem Mohamad, membre du Conseil démocratique syrien (CDS), émanation politique des FDS, demandait sur Spoutnik au pays concernés de rapatrier leurs ressortissants. Omar a précisé : « Nous jugeons les mercenaires syriens […] mais pas les étrangers. […] Nous n’avons pas une législation qui autorise la peine de mort. Si nous les condamnons et qu’ils finissent de purger leur peine de prison, où iront-ils ? ». Au moins deux Américains ont déjà été rapatriés et la Russie, et le Soudan et l’Indonésie ont aussi repris des ressortissants, mais Royaume-Uni et France ont commencé par refuser tout rapatriement. En France, avocats et familles défendent un jugement en France. En fin de mois, la position française a paru évoluer. Paris a annoncé envisager le rapatriement progressif de 150 enfants, notamment du camp de Roj – mais sans leurs mères, qui devraient donc donner leur accord à cette séparation… (Le Monde)

Les relations avec le régime semblent toujours aussi difficiles. Le 1er octobre, le nouveau porte-parole du SDC, Amjad Othman, a indiqué que si les négociations ne progressaient plus, ce n’était pas en raison de la présence des Américains, comme l’affirme Damas, mais faute de volonté du régime, qui refusait toute concession… Un responsable du PYD a averti que le SDC était prêt au dialogue, mais n’accepterait pas la « réconciliation » telle que Damas l’a imposée à Deraa ou dans la Ghouta, une reddition menant à la reprise de contrôle par l’armée du régime (Kurdistan 24). Le 12, le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a accusé les États-Unis de vouloir « créer un État illégitime sur les territoires syriens à l’est de l’Euphrate »… (Spoutnik), et le 15, le ministre syrien des Affaires étrangères, Walid Moualem, a prévenu : « Nous n’accepterons pas le fédéralisme », menaçant de « libérer l’Est de l’Euphrate » : « L’État syrien est décidé à recouvrer l’ensemble de sa souveraineté territoriale, par le dialogue ou d’autres moyens » (AFP).

À l’intérieur de la Fédération du Nord Syrien, la crise des programmes scolaires de la communauté Assyrienne s’est amplifiée, la communauté elle-même se montrant divisée entre ceux qui acceptent les nouveaux programmes introduits par les autorités et ceux qui les refusent. Une douzaine d’écoles refusant de les appliquer ont été fermées, tandis que le cursus alternatif a été adopté dans plus de 2.200 établissements. Certaines familles, inquiète de ce que les diplômes obtenus dans ces établissements ne sont reconnus que par les 2 Universités de Kobanê et du Rojava, ouvertes toutes les deux en 2016, ont fait le choix d’envoyer leurs enfants dans les écoles gérées par le régime (AFP, Libération).

Pour tout ceux que les information kurdes intéressent lire le bulletin complet et la revue de presse en pdf ci dessous.

   

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