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Non, l’impérialisme français n’est pas un mythe !

jeudi 4 octobre 2018 par Francis Arzalier (ANC)

Lors du débat co-organisé à la Fête de l’Humanité par le Collectif Polex et l’ANC, un participant nous a reproché avec quelque véhémence d’avoir stigmatisé l’impérialisme de la France, qui, disait il, n’existe plus, absorbé qu’il est par la mondialisation : " Vous ( Français ) n’existez plus et ne le savez pas encore ". Ce qui revient à réduire l’impérialisme a un concept aux contours imprécis, et notre lutte contre lui a une coalition contre nature de tous ceux opposés aux pouvoirs supra-nationaux comme l’Union Européenne, y compris les Nationalistes xénophobes et autoritaires d’extrême droite.

Et il est certes vrai que dans ce jeune XXIeme siècle, les capitalistes français, actionnaires de sociétés transnationales plus que d’entreprises familiales dans l’hexagone ou le " pré-carré" colonial africain, ont fait leur mutation idéologique, s’expriment plus volontiers en " globish-english" de Wall-Street plutôt qu’en langue de Molière.

Comme Macron qui est l’un d’eux, ils révèrent les dogmes libéraux du Marché capitaliste sans frontières plus que le Nationalisme Gaulliste d’autrefois. Il est exact aussi que l’impérialisme de l’État et des "décideurs" politiques et économiques de France n’est plus que le brillant second de celui "Occidental" à direction Étatsunienne.

Intégré dans l’OTAN, l’UE, il est le plus souvent un allié obéissant, soumis aux appétits des affairistes nord-américains en Afrique et de ceux d’Outre-Rhin en Europe. Il n’en reste pas moins que cette alliance soumise n’exclut pas quelque concurrence sur le terrain. Elle s’exprime à l’occasion quand Macron et sa Cour médiatique dénoncent les brutalités discursif et le protectionnisme de Trump, quand ils disputent aux USA l’amitié et la clientèle des potentats pétroliers-intégristes du Golfe : concurrences inter-impérialistes secondaires certes, mais bien réelles, en Afrique, au Moyen Orient....

Cette place de "brillant second" au sein de l’impérialisme occidental que persistent à revendiquer les dirigeants français au delà même de leurs capacités, repose sur des réalités concrètes : les industriels-marchands d’armes de France sont au regard de la population hexagonale parmi les premiers du monde.

L’État Français dispose encore aujourd’hui d’une force militaire importante, notamment grâce à l’arme nucléaire, mais aussi à sa capacité d’intervention en Afrique, héritage de son passé colonial. Ils équipent les armées d’États guerriers comme l’Arabie Saoudite, qui nourrissent de sanglants conflits, au Yémen, en Syrie, en Afrique sahélienne.

Et la France poursuit sa très longue pratique d’Opérations Extérieures en Afrique : c’est l’armée française sur ordre du Président Sarkozy qui a écrasé l’État national de Libye. Certes il l’a fait avec l’assentiment de l’Impérialisme occidental en général, mais son initiative propre a déstabilisé tout le Nord du continent, le livrant durablement aux bandes armées éthnicistes, séparatistes et intégristes. C’est encore le pouvoir français de Hollande ( et son successeur Macron ) qui entretiennent l’armée française au Mali, sous le prétexte de pourchasser un intégrisme-djihadisme que l’intervention ne fait que renforcer au sein des opinions locales.

C’est encore la Société française Areva qui tire à bas prix du sous-sol nigérien le minerai d’uranium nécessaire aux centrales nucléaires françaises, alors que la plupart des citoyens du Niger ne disposent toujours pas d’électricité domestique. Et les ambitions de la firme française Total sur les énormes ressources pétrolières encore inexploitées sous le lac Albert en Afrique orientale sont à l’origine des grandes manœuvres actuelles de la diplomatie française en direction des pays riverains, RDC, Ouganda, Rwanda...

Ces constats doivent nous inciter à ne pas réduire l’Impérialisme à ses dirigeants de Washington ou de Bruxelles ( OTAN, Union Européenne ). Les dirigeants français ( ou Belges, ou Allemands ), ne méritent pas d’être exonérés de leurs responsabilités propres. Elles sont entières, et nous avons à rassembler les citoyens de nos pays contre leurs choix néfastes.

Car ce n’est pas contraints et forcés que Sarkozy, Hollande ou Macron ( ou Merkel ) s’alignent sur les décisions "libérales" et impérialistes de l’UE ou de l’OTAN, mais par choix politique et idéologique assumé.

Concluons :

Des impérialismes, donc, dont les plus virulents forment la coalition occidentale, unie en une volonté commune de pillage des ressources et de domination des peuples, bien que traversée encore par des ambitions concurrentes.

Des impérialismes, d’autant plus que l’Occident qui se crut en fin de siècle XX maître du monde doit constater partout, en Afrique, en Asie, en Amérique même, l’ébranlement de son hégémonie. D’audacieux concurrents peuvent eux aussi déployer un impérialisme économique ou politique.

Ainsi si la Russie capitaliste de Poutine a indéniablement permis à l’État national de Syrie d’échapper a la destruction programmée par l’Occident que subirent Irak et Libye, ses motivations relèvent plus du désir d’une grande puissance d’étendre ses zones d’influence que de la solidarité prolétarienne a l’égard des peuples du Moyen-Orient.

Les tractations récentes en fin de guerre en Syrie entre la Russie, puissance nucléaire, la Turquie, dont le gouvernement est à la fois intégriste, dictatorial et membre de l’OTAN, et un Israël militariste et colonisateur, doivent nous inciter à ce sujet à la lucidité. Le seul critère pour juger des relations entre une grande puissance et un pays laissé dans le sous développement par le passé colonial est de savoir si cette relation lui permettra de développer son industrie et son agriculture, dans le respect total de son indépendance nationale.

Ce n’est toujours pas le cas avec les intrusions occidentales en Afrique et en Asie.... A la grande fureur des puissances occidentales, prêtes à aller jusqu’à la guerre pour l’empêcher, de plus en plus de pays africains envisagent un autre chemin qu’ils espèrent "gagnant-gagnant" en nouant des relations contractuelles avec la Chine, l’Inde, la Russie, etc... L’avenir dira s’il en est ainsi.....

Notre action militante ne peut en rester à une approche simpliste de "l’impérialisme" contemporain sans tomber dans l’impuissance..

   

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