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L’affaire des casques blancs syriens à Genève : déconstruction d’une campagne médiatique !

L’appareil médiatique occidental ne sert plus à informer !

lundi 6 août 2018 par Guy Mettan pour Proche et Moyen Orient

Les récents conflits qui ensanglantent la planète, du Donbass à la Syrie, de l’Afghanistan à la Libye, ont popularisé la notion de guerre hybride. Désormais les guerres ne se limitent plus à un « banal » combat militaire mais se livrent sur tous les plans, militaire, civil, médiatique, économique, social et religieux. La guerre classique, avec hélicoptères, drones téléguidés et kalachnikovs, se double toujours d’une guerre de l’information auprès des opinions publiques par les pays qui télécommandent ces conflits à distance, très loin du front, soit, avant tout, nos démocraties occidentales.

Le conflit syrien, qui dure depuis sept ans et qui recourt à toutes les formes de guerre hybride moderne, est un modèle du genre. En décembre dernier, il a brusquement fait irruption sur la scène suisse, à travers un événement d’apparence banal, à savoir une conférence de presse sur l’organisation syrienne des « Casques blancs », une ONG [Organisation non gouvernementale] fondée en 2013 par un ancien officier britannique et censée secourir les blessés et les victimes civiles des bombardements dans les zones rebelles, candidate au Prix Nobel de la paix, couronnée par un Oscar à Hollywood et habituellement présentée par les médias occidentaux comme un modèle de vertu humanitaire.

Largement financée, à hauteur de plusieurs douzaines de millions de dollars par an par les gouvernements américain, britannique et par les membres de l’OTAN, cette organisation, basée à Londres, jouit d’une forte présence médiatique en Occident et sur la chaîne qatarie Al-Jazeera grâce aux professionnels de la communication qui la conseillent.

Il est certain que les rebelles, islamistes ou non, ont le droit et même le devoir de secourir les blessés et les victimes civiles des combats et que dans ce cadre une organisation telle que les « Casques blancs » est légitime. Toutefois, leur impartialité est fortement contestée par nombre d’observateurs sur le terrain, divers analystes du conflit syrien aux États-Unis et, naturellement, par les médias officiels syriens et russes, leur reprochant de venir en aide exclusivement aux organisations rebelles et de servir d’instrument de relations publiques et de promotion de la cause rebelle en Occident.

Puis, ils serviraient également de paravent aux combattants armés qui n’hésiteraient pas à troquer leurs kalachnikov et leurs grenades contre leurs casques blancs dès que le besoin s’en fait sentir et que les caméras tournent.

D’autres arguments, comme l’absence totale de femmes dans leurs rang, et l’impossibilité pratique pour les organisations reconnues de secours aux blessés, telles que Médecins sans frontières et le CICR, d’intervenir dans leurs zones d’activité, jettent également un doute sur leur impartialité, leur indépendance et leur neutralité, qualités qui sont pourtant exigées de la part des ONG humanitaires en Occident.

Conférence de presse avec des intervenants critiques sur le rôle des Casques blancs

C’est sur cette toile de fond que fin novembre dernier a surgi la polémique qui a plongé le Club suisse de la presse (CSP) que je dirige à Genève dans la tourmente et qu’il me paraît intéressante d’évoquer dans le cadre de cet article. Car, malgré son caractère anecdotique et ses enjeux limités, cette affaire est emblématique du fonctionnement des médias, en particulier lorsqu’ils se placent sur la ligne de démarcation de puissants intérêts internationaux divergents.

Mi-novembre, la Mission permanente de Russie prend contact avec le Club suisse de la presse afin d’organiser une conférence de presse avec trois intervenants critiques sur le rôle effectif des « Casques blancs » dans le conflit syrien. Après discussion, il est prévu d’organiser cette rencontre de presse l’après-midi du mardi 28 novembre, jour de la reprise des négociations sur la Syrie à l’ONU, et de donner la parole à trois personnes : Richard Labévière, ancien journaliste à la SSR, ancien rédacteur en chef à RFI [Radio France internationale], arabisant et spécialiste reconnu du Proche-Orient ; Vanessa Beeley, journaliste d’investigation britannique, fille d’un ancien ambassadeur anglais au Moyen-Orient et reporter en Syrie pour le compte de la chaîne russe Russia Today (RT) ; et le président d’une petite ONG suédoise de médecins pour l’éthique humanitaire.

« Il faut en effet savoir que les médias, comme lors d’une chasse à courre, chassent en meute, chacun cherchant à être le premier à porter le coup fatal. Cet effet de panurgisme est caractéristique du fonctionnement médiatique, chaque média copiant l’autre de peur d’être accusé de complaisance avec la cible ou qu’un concurrent s’empare du trophée ».

Campagne d’intimidation de l’organisation faîtière des Casques blancs

Dès le 21 novembre, alors même que l’invitation publique à la conférence n’avait pas encore été envoyée aux médias, un tweet de la Syria Civil Defence (SCD ou Syrian Campaign), l’organisation faîtière des Casques blancs basée à Londres, me somme de m’expliquer sur cet événement, d’indiquer qui l’organise et pourquoi. Après plusieurs échanges et une fin de non-recevoir (nous n’avons pas à justifier nos choix puisque notre plate-forme est ouverte à tous, y compris aux Casques blancs s’ils le souhaitent) et une proposition de venir s’exprimer à Genève, le SCD étend sa campagne d’intimidation à l’ensemble des membres du comité du Club suisse de la presse.

Pendant plusieurs jours, des dizaines de tweets exigeant l’annulation de cette conférence sont envoyés sur les comptes twitter du comité en provenance des membres du SCD et de leur cercle proche. Comment la Syrian Campaign a-t-elle été informée de la tenue de cette conférence alors qu’aucune information publique n’a été publié ? Mystère !

Pressions de la part des « Reporters sans frontières »

Finalement, la pression augmentant, le Club de la presse diffuse l’invitation aux médias jeudi 23 novembre dans l’après-midi. Deux heures après, Reporters sans frontières Suisse (RSF) publie un communiqué indiquant qu’elle ne veut pas être associée à cette manifestation (RSF est membre du CSP) qu’elle juge inappropriée et demande son annulation pure et simple, avec copie à l’ensemble des membres du comité du CSP et à la presse locale.

En début de soirée, l’information est publiée sur le site de la « Tribune de Genève » et reprise par quelques médias. Dans le courant de la soirée, j’envoie une réponse pour m’étonner de cette initiative de la part d’une association de journalistes qui revendique « le droit d’informer et d’être informé librement partout dans le monde » et pour indiquer qu’une telle demande émane en principe de gouvernements dictatoriaux et non de défenseurs de la liberté d’opinion et qu’accepter d’annuler l’événement équivaudrait à une censure incompatible avec notre mission de plate-forme neutre et ouverte à l’ensemble des acteurs internationaux.

Campagne internationale de soutien pour la liberté d’expression

La « Tribune de Genève » publie cette réponse. La controverse devient publique et gagne en intensité. Des contrefeux s’allument et une campagne internationale de soutien à la conférence se met en place. Des dizaines et des dizaines de mails et de tweets sont envoyés au Club suisse de la presse pour l’enjoindre à ne pas céder aux pressions et à maintenir l’événement, en provenance d’universitaires, de chercheurs et de défenseurs de la liberté d’expression aux États-Unis, en Suède, en Grande-Bretagne, au Canada et même d’Australie et de Nouvelle-Zélande, et de Suisse bien sûr [1]. Même un éminent membre du comité de parrainage de RSF Suisse m’envoie un message de soutien pour dénoncer les pressions de sa propre association !

La conférence de presse se tient comme prévu

Le mardi 28 novembre, la conférence de presse se tient comme prévu, en présence d’une soixantaine de personnes. Après lecture d’une mise au point sur les tentatives de censure et la campagne de soutien, les trois intervenants présentent leurs arguments, suivies de questions des journalistes présents, portant essentiellement sur la crédibilité et la légitimité des intervenants.

Certains médias lancent de nouvelles attaques contre le Club de la presse et son directeur

Le lendemain matin, la Radio romande rapporte l’affaire en titrant « Guy Mettan à nouveau accusé de servir de relais à la propagande russe » tandis que « Le Temps » titre sur 5 colonnes « Le Club suisse de la presse dans la tourmente syrienne. Son directeur est de plus en plus critiqué pour son manque de transparence ».

Les Casques blancs ne sont à peine ou pas du tout mentionnés. Les autorités genevoises sont interpelées et sommées de s’expliquer sur leur soutien au Club de la presse et les « doubles casquettes » de son directeur qui donne la parole à des intervenants « plus que douteux » sans indiquer les commanditaires de ses conférences de presse. A noter cependant que les médias genevois – « Tribune de Genève », « Le Courier » et Léman Bleu – restent factuels et s’abstiennent de prendre position.

La suite de l’Article Ici.

Lire aussi : Exfiltration des Casques Blancs : 2 mensonges du gouvernement britannique Ici.


Voir en ligne : http://prochetmoyen-orient.ch/laffa...


[1la France est absente ??? NDLR

   

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