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France Travail : Livret ouvrier et STO 2.0

samedi 3 juin 2023 par Unité CGT

Avec France Travail, mis en œuvre à partir de janvier 2024, Macron et son gouvernement nous promet le plein-emploi d’ici 2027 ! Avant de détailler l’avenir que promet Macron à la jeunesse populaire et aux travailleurs précaires et privés d’emploi, l’occasion est donnée à Unité CGT de revenir sur ce que la pensée néo-libérale entend par « plein-emploi » et, à la manière de la CGT chômeurs, de rétablir la vérité sur les chiffres du chômage !

Le Mirage du « plein-emploi » pour nous faire accepter le chômage de masse !

Quand le commun des mortels pense au plein-emploi, nous pensons à une société sans chômage : c’est le bon sens ! Pour les tenants du capital et leur valet, le « plein-emploi » correspond à un taux de chômage dit d’équilibre qui se situe juste en-dessous de 5%…
Voilà pourquoi Macron fanfaronne lorsqu’il annonce un taux de chômage de 7,2%. Pour eux, le chômage n’est pas un scandale en soi et reconnaisse, comme nous d’ailleurs, l’incapacité du capitalisme à fonder une société débarrassé de ce fléau.

Mais au-delà de leur cynisme, il faut également dénoncer leurs mensonges. Affirmer qu’en France il n’y aurait que 7.2% de la population active au chômage équivaut à compter moins de deux millions de travailleurs privés d’emploi. Un fantasme quand Pôle-Emploi dénombrait plus de trois millions d’inscrits en catégorie A (0 heure travaillée) et plus de six millions toutes catégories confondues sur la même période !

Ces mensonges remplissent deux objectifs : nous faire accepter le chômage et faire des travailleurs privés d’emploi et précaires les responsables de leur sort ! France Travail repose entièrement sur cette matrice idéologique réactionnaire.

France Travail ou le contrôle généralisé des travailleurs privés d’emploi et précaires !

France Travail, ce sera le nouveau nom pour Pôle-Emploi à compter du 1er Janvier 2024 et France Travail Jeune / France Travail Handicap pour les missions locales et cap emploi d’ici 2027.

A travers France Travail, un des objectifs pour le gouvernement est de construire un recensement complet de l’ensemble des travailleurs privés d’emploi et précaires pour qui l’inscription sera désormais obligatoire.
On peut notamment penser aux jeunes de moins de 25 ans ni en étude ni en emploi ou aux travailleurs en situation de handicap aujourd’hui très peu inscrits à Pôle-Emploi, Cap Emploi ou dans une Mission Locale.

L’inscription obligatoire pourrait être vu de manière positive, notamment pour lutter contre le non-recours au droits qui oscille entre 30 et 45%, mais on peut redouter – eu égard au nombre historique de radiations prononcées, 49 000 au premier trimestre 2023 – comme le syndicat CGT de Pôle-Emploi « qu’elle conduise à une logique coercitive d’accompagnement forcé ou de sanction-radiation ».
Le portail numérique de France Travail : c’est le retour du livret ouvrier… numérique du XXIème siècle

Pire, le rapport Guilly sur France Travail précise que ce seront « les équipes handicap issues de Pôle-Emploi-Cap Emploi [qui] assureront l’accompagnement et le diagnostic d’employabilité » des travailleurs reconnus handicapés (RQTH).
Ainsi, l’orientation des travailleurs en situation de handicap vers une entreprise dite adaptée ou protégée (ESAT) ne sera plus soumise à une expertise médicale de la MDPH mais selon le niveau d’employabilité défini par France Travail… pour le plus grand plaisir du patronat qui blesse et mutile les travailleurs avant de les sur-exploiter dans ces ESAT pour lesquels la France est fréquemment pointer du doigt par l’ONU !

France Travail ou l’intensification de la politique de la mise au travail contraint !

Pour les valais du Capital, les travailleurs sont coupables d’être au chômage. Selon eux, l’être humain serait naturellement paresseux ! Cette pensée n’est pas étonnante venant de parasites qui ne vivent qu’en volant les richesses produites par la sueur coulant sur d’autres fronts que les leurs…
Pour nous, le travail c’est d’abord la seule façon d’acquérir un revenu nous permettant de vivre et, dans une dimension collective, tel des millions de Robinson Crusoé, de dompter la nature pour satisfaire nos besoins.

Le travail n’a tellement aucun autre sens aux yeux qu’il est réduit à une simple donnée comptable. Le résultat est que dans de nombreux secteurs comme la logistique, les services à la personne et aux entreprises, le bâtiment… le besoin en main d’œuvre est constant à cause d’une politique patronale basée sur la précarité : une mise en concurrence féroce des travailleurs entre eux.
Là encore, pour cacher ses responsabilités, le patronat use et abuse de la rhétorique des métiers en tension en stigmatisant de feignants les travailleurs privés d’emploi et précaires.

France Travail, comme Pôle-Emploi avant lui à travers la mise en place du plan « Métiers en tension » qui consistait selon la CGT Pôle-Emploi à « contraindre les privés d’emploi à accepter les postes définis par le patronat », accompagne cette politique patronal des bas salaires, contrats courts et temps partiel imposé !

Le saut qualitatif franchi par France Travail est le remplacement du Projet Personnalisé d’Accès à l’Emploi qui fixe notamment les critères (métier, nature du contrat, salaire, périmètre géographique de recherche) de l’Offre Raisonnable d’Emploi dont le refus entraine une radiation, par le Contrat d’Engagement Obligatoire.
Dans le projet de loi, le Contrat d’Engagement est défini comme : « les objectifs poursuivis et les engagements réciproques pris pour les atteindre ainsi que l’ensemble des obligations liées à la mise en œuvre de son contrat d’engagement […] par lui-même comme par la structure qui l’accompagne ».

On voit bien que ce n’est pas un simple changement sémantique mais bien de logique : le gouvernement ne raisonne plus en termes de projet personnel mais d’objectifs et d’obligations à remplir afin de retourner à l’emploi, et d’abord ceux que le patronat à juger être en tension, les plus précaires…
Et gare à celles et ceux qui voudront faire de la résistance, c’est-à-dire refuser les emplois imposés pour construire un projet basé sur leurs aspirations : le mot « sanction » revient 85 fois dans le rapport France Travail !

La réaction atteint son paroxysme lorsque l’on aborde la partie du rapport relative aux expérimentations RSA contre activité qui se dérouleront dans 18 départements pour être généralisé en 2027.

France travail : faire du chômage un business

Avec France Travail, les services publics de l’emploi deviennent des opérateurs publics chargés principalement du diagnostic et de l’orientation des travailleurs privés d’emploi et précaires aux côtés d’opérateurs privés chargé de leur accompagnement.
C’est le grand marché des prestations type valoriser son image professionnelle – où l’on apprend aux jeunes filles à bien se maquiller – AccélèR’Emploi ou encore un Emploi Stable c’est pour Moi qui ne servent pas à rien d’autres que gaver des entreprises privées. Faire de l’accompagnement des chômeurs un marché et donc du chômage un business :
Sarkozy l’a pensé et Macron l’a réalisé !

Cette libéralisation des missions des services publics de l’emploi met en péril, à moyen terme, les réseaux des missions locales et des Caps emploi pourtant indispensables et beaucoup plus efficace dans l’insertion des jeunes et des travailleurs handicapés que les structures privées.

Conditionner le RSA à 20 heures d’activité par semaine, c’est faire des chômeurs des objets marchands pour ces prestataires mais aussi, dans certains départements, une main d’œuvre gratuite pour le patronat en faisant d’eux « des travailleurs sans salaire » selon la CGT Chômeurs des Bouches-du-Rhône.

En effet, la présidente Martine Vassal du conseil départementale a remporté la course à celui qui aura la politique la plus réactionnaire en souhaitant imposer aux allocataires du RSA des heures travaillées.

Pour elle comme pour Macron, il s’agit d’«  imposer l’idée qu’il ne peut y avoir de lutte contre le chômage sans la casse méthodique des statuts, garanties collectives ou droits sociaux. Bref, d’une main d’œuvre gratuite pour satisfaire la soif de profit du patronat » affirme la CGT Chômeurs dans son communiqué.

Le projet de Loi « pour une nouvelle société du travail et de l’emploi » qui préfigure France Travail nous renvoie aux heures les plus sombres de notre histoire, celle où le travail forcé était généralisé et les organisations syndicales chassées !
Il est d’ailleurs saisissant de constater qu’avec France Travail, les organisations syndicales de salariés perdent leurs prérogatives et ne pourront rien influencer.

Petit à petit, avec les ordonnances Macron renforçant les accords d’entreprises et aujourd’hui France Travail qui donne y compris la main au patronat sur la formation professionnelle, c’est la dictature ouverte du patronat qui se construit.

A l’opposé de ce projet, la CGT, principale force de la résistance ouvrière et du monde du travail, devra tout mettre en œuvre pour imposer, aux côtés des forces progressistes, une autre démocratie dans laquelle ceux qui produisent décident, une société fondée sur le droit au travail et du travail avec des droits !


Voir en ligne : https://unitecgt.fr/france-travail/

   

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