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Quand le sport et la guerre s’épaulent, ou, de l’usage perverti de la morale

mardi 4 avril 2023 par Francis Arzalier (ANC)

Les Cités de la Grèce antique, jalouses de leurs richesses et de leurs privilèges, se faisaient souvent la guerre. Mais elles surent néanmoins il y a deux millénaires inventer ces fêtes pacifiques du sport qu’étaient les Jeux Olympiques. Durant les Jeux, la trêve était de mise, au profit des compétitions entre les champions des Cités concurrentes.

La France de Macron premier, qui persiste à nourrir les Nationalistes ukrainiens antirusses d’armement lourd et de « formateurs militaires », doit accueillir les JO très bientôt : la vente des billets et les grands travaux ont déjà commencé, en attendant le grand spectacle.
Sport ou spectacle sportif, on pourrait s’en féliciter, s’il s’agissait bien d’une rencontre pacifique, rassemblant comme à Olympie autrefois des concurrents venus du monde entier, permettant aux divers supporters d’oublier quelques temps les désastres sanglants de la guerre.

Encore faudrait-il pour cela que les sponsors, organisateurs, politiciens, financiers et hommes des médias formatant l’opinion, soient capables de se départir un moment de leurs haines et de leurs volontés de puissance à l’encontre de ceux qu’ils jugent être leurs ennemis, leurs adversaires. Ce n’est malheureusement pas le cas dans notre pays, englué depuis des années dans l’obsession antirusse.

Depuis des mois, nos zélateurs du pitre sanglant Zélinski et des « démocrates » de l’OTAN et de la CIA qui le manœuvrent, répètent à qui mieux mieux qu’il ne saurait être question d’accueillir dans notre beau pays des athlètes russes, représentants d’un monstre froid et criminel. Mieux, on a même entendu Anne Hidalgo, Maire de notre capitale, perdre une occasion de se taire en affirmant tout de go que les athlètes russes « n’étaient pas les bienvenus dans SA ville » ! !

La décision d’interdire aux Russes de participer aux JO n’est pas prise, elle relève du CIO, gangrené par la corruption au service des financiers et pouvoirs occidentaux, mais les amis de Washington y travaillent, ce qui aboutira sans doute à la mort de « l’esprit olympique ».

Ce sont les mêmes communicants au profit de l’OTAN, qui nous font part de leur indignation à constater que « la Russie criminelle » va présider pour un temps le Conseil de Sécurité de l’ONU.
Les mêmes qui n’ont pas bronché quand les USA le présidaient aussi après avoir envahi l’Irak !

Comment pourrait-on s’étonner de cet effondrement du pacifisme en France, quand notre Assemblée nationale vient encore de s’illustrer en votant quasi unanimement (moins deux élus PCF qui ont encore un peu de bon sens et d’honneur, alors que ceux de LFI ont courageusement refusé de voter) une motion reconnaissant la famine en Ukraine (Holodomor) de 1930 comme « génocide sciemment commis par les dirigeants de l’URSS ». Ce qui est la réécriture raciste de l’histoire de l’URSS par les Nationalistes ukrainiens, lesquels furent par ailleurs alliés des envahisseurs allemands de 1941.

Tous les historiens. Y compris les plus anticommunistes, savent bien en effet que cette famine, due pour l’essentiel aux destructions consécutives à la guerre civile et à l’interventionnisme étranger au service des « Blancs », et à la Collectivisation imposée à une paysannerie parfois réticente à nourrir les foules ouvrières des villes, a tué des centaines de milliers d’hommes, dont une majorité de villageois, en Russie plus qu’en Ukraine.

L’expliquer par la méchanceté des dirigeants de la Russie soviétique contre les gentils ukrainiens est aussi inexact et raciste que l’explication par Hitler de la défaite allemande de 1918 par un complot « judéo-bolcheviste ». Tout cela au nom bien sûr de la morale et des Droits de l’Homme.

Que de crimes commis au nom de la morale !

Les pouvoirs politiques les plus arbitraires ont toujours utilisé la morale comme justificatif. L’empereur romain Néron accusa les chrétiens d’avoir incendié Rome, pour justifier leur massacre. Les Rois de France, eux, accusèrent les hérétiques médiévaux ou les Juifs de propager la peste, et les conquêtes coloniales de l’Afrique se firent souvent en prétendant lutter contre l’esclavage et pour les droits de l’homme et la démocratie au 19éme siècle. Tout cela jumelé avec ces croyances racistes que l’opinion française pervertie par cinq siècles de militarisme et de colonialisme traine comme d’autres une maladie héréditaire jusqu’à aujourd’hui, malgré les efforts d’une minorité militante.

L’idéologie libérale-capitaliste à l’époque de l’impérialisme, notre époque, use et abuse de la manipulation morale des esprits.

Nos colonisateurs ont prétendu combattre ce mal, l’esclavage, apporter la vraie foi contre les faux dieux, les libertés contre la barbarie, et leurs héritiers, de Macron à Marine Le Pen, le prétendent encore au service des Nationalistes Ukrainiens hissés au pouvoir par un coup d’état, emprisonnant leurs opposants y compris des moines orthodoxes et revendiquant fièrement l’héritage des Bandéristes pro-Nazis !

Dans ce domaine de manipulation de l’histoire et ses réalités au nom d’une morale trafiquée, il y a même une spécificité du chef de file de l’impérialisme, celui états-unien, qui s’est toujours nourri du puritanisme protestant : le Président Wilson avait fondé sur ces bases morales la SDN en 1918 (un monde redécoupé au service des USA au nom du Droits des Peuples), et ses successeurs l’ont refait en manipulant l’ONU à leur service après 1945, contre le colonialisme européen leur concurrent, et contre le communisme au nom de la liberté individuelle.

Sous son égide, l’argumentaire des Occidentaux, y compris français, contre les « tyrans de leur peuple », Saddam Hussein en Irak, El Assad en Syrie, Kadhafi en Lybie., les Talibans en Afghanistan, a servi à justifier chaque invasion directe ou indirecte, en utilisant les subversions internes, souvent après les avoir utilisées quelques temps contre les mouvements de libération nationale.

Dans la période la plus récente, les idéologues les plus pervers de l’impérialisme n’hésitent pas à manipuler des thèmes, soit disant progressistes (woke, mee too, destruction de La nature, du climat, des animaux dont les hommes seraient coupables) au service de leurs objectifs (ainsi les revendications féministes utilisées contre l’indépendance de l’Iran).
C’est notamment devenu quasi-quotidien dans les médias français, surtout ceux audiovisuels d’État et privés, devenus depuis un an « l’avant-garde du parti de la guerre », selon la formule de Serge Halimi et Pierre Rimbert (Monde diplomatique, mars 2023). Et l’offensive capitalistique actuelle de « l’ogre Bolloré » (formule d’Éric Orsenna) sur les médias, l’édition, etc…, ne peut qu’accentuer encore le phénomène.

Cette imprégnation ultra-libérale des esprits, dans sa version « de Gauche », va jusqu’à rejeter l’héritage le plus élémentaire du mouvement ouvrier depuis deux siècles (le droit au travail, seule source des richesses produites), en affirmant que « le travail est une valeur de Droite » (Sandrine Rousseau), au nom d’un « droit à la paresse » manipulé, qui n’est que le nouvel habillage moral du parasitisme bourgeois.
Et cette « imprégnation » semble même avoir contaminé les milieux militants, si l’on en croit le récent Congrès de la CGT, qui a vu éliminer des cercles dirigeants les éléments les plus critiques du capitalisme, au nom de la « parité des genres » et des revendications féministes.

« La politique » serait-elle toujours immorale ?

Sûrement pas ! Depuis un demi-siècle, cette affirmation-piège est un des thèmes favoris de la contre-révolution idéologique libérale. Et on ne saurait sous-estimer ses résultats dans l’opinion française : nos communicants ont réussi à l’imprégner massivement de l’idée longtemps portée par la seule extrême-droite, selon laquelle toute action politique est signe de corruption et d’avantages personnels, qu’il s’agisse de professionnels relevant de partis, d’élus ou de militants.

Ce qui est non seulement faux, mais profondément injuste. Car, s’il existe quelques « pourris » au sein de nos institutions, il faut rappeler un passé révolutionnaire dont on peut être fier : Le PCF, de 1920 aux années 70, devait sa forte audience dans le prolétariat, certes à ses analyses claires, mais plus encore au dévouement altruiste de ses militants, jusqu’au sacrifice de leur vie parfois.

Il fallut la dérive massive de la fin du XXème siècle, pour voir carriérisme et électoralisme devenir dominant parmi les cadres du Parti, au détriment des militants liés à la production de richesses.
Cette « mutation » suicidaire au profit d’analyses opportunistes droitières n’ont pas fait disparaître les militants, elle les a contraints à quitter « la vieille maison » et à s’éparpiller pour préserver leurs convictions marxistes de combat social et politique et leurs impératifs moraux égalitaires et altruistes. Ils n’ont pu le faire qu’en groupuscules militants concurrents, sans grande influence dans l’opinion.
Mais ils ont persisté, garants d’un avenir reconstruit s’ils savent s’unir.

Car, n’en déplaise aux idéologues de la bourgeoisie française, de Droite et de Gauche, il n’y a pas d’engagement communiste militant durable et tranquille sans engagements moraux.

Communistes, et fiers de l’être, nous l’assumons, contre l’air du temps individualiste et l’instinct de domination de l’autre, cette « libido dominandi », qui transforma trop de militants irréprochables au départ en tyranneaux carriéristes dans notre histoire.
Il existe en chacun de nous et peut mener à toutes les dérives si le collectif organisé ne le contrôle pas.

mars 2023

   

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