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72 fusillades de masse en 46 jours aux États-Unis : quelles sont les causes sociales et politiques ?

samedi 18 février 2023 par Jean Penichon

Cette semaine a vu une nouvelle série de fusillades de masse aux États-Unis. Mercredi soir, une personne a été tuée et trois autres blessées au centre commercial Cielo Vista. Ces événements font suite à la fusillade mortelle survenue lundi soir à l’université d’État du Michigan (MSU), où un tireur isolé a tué trois étudiants et blessé grièvement cinq autres avant de se donner la mort.

« Plus aucun danger pour le public », a déclaré la police d’El Paso (Texas) après la fusillade de mercredi. Si seulement c’était le cas !
Les fusillades de masse sont désormais plus qu’un événement quotidien aux États-Unis. Le Registre des violences aux armes à feu a recensé 72 fusillades de masse aux États-Unis jusqu’à présent en 2023, en 46 jours. Ces incidents tragiques ont eu lieu cette année dans une vingtaine d’États et dans le District de Columbia. Ils avaient touché 37 États en 2022.

Le rythme s’accélère. La somme des 52 incidents de ce type survenus en janvier est de loin le chiffre le plus élevé pour ce mois depuis que l’on tient des registres sur ce genre de choses. Le précédent record en janvier était de 34, l’année dernière.

Pendant ce temps, le plus que reçoit le public des responsables gouvernementaux et des médias, ce sont des témoignages sur la rapidité avec laquelle la police, le FBI et d’autres agents des forces de l’ordre se sont rendus sur une scène sanglante donnée.

Par exemple, le procureur du district d’El Paso a salué la « fantastique coordination de toutes » les organisations policières. Le chef adjoint de la police de la MSU s’est vanté de la « réponse absolument écrasante de la police à cet appel initial… Nous avions des officiers dans le bâtiment en quelques minutes ».

L’autosatisfaction des politiciens, des policiers et des médias, qui ne sont pas en mesure d’expliquer ce qui se passe sans parler de garantir la sécurité du public, est obscène.

Une violence à cette échelle doit être traitée comme un phénomène social et non individuel. La société est elle-même devenue toxique et dangereuse.

Les États-Unis représentent en effet une aberration mondiale en matière d’armes : selon la Small Arms Survey (SAS), le pays recense 120 armes pour 100 habitants. Aucun pays au monde n’en compte autant.(NDLR)

Il ne fait aucun doute qu’un grand nombre de personnes aux États-Unis souffrent de maladies mentales. Cependant, il ne s’agit pas principalement d’un problème biologique, mais plutôt d’un problème social. La violence est omniprésente dans la société. Il n’est pas rare qu’un individu, craignant sa propre instabilité, contacte la police et soit lui-même abattu.

Le cadre général de la croissance de la détresse mentale, sociale et individuelle est clair : la pandémie meurtrière de COVID-19, à laquelle les autorités ont répondu par une indifférence et une négligence criminelles ; une vaste inégalité sociale, persistante et maligne ; des décennies de guerre et de violence perpétrées contre des peuples partout dans le monde par le gouvernement et les forces armées des États-Unis ; une baisse du niveau de vie pour des dizaines de millions de personnes, y compris la disparition des emplois décents et la perte de la sécurité d’emploi ; une instabilité et des turbulences politiques intenses ; et l’émergence d’une extrême droite déterminée àétablir un régime autoritaire.

La vie aux États-Unis n’a jamais connu un tel niveau de tension sociale et politique, d’incertitude et de menace depuis la période qui précédait la guerre civile.

Des sources officielles ont commencé à admettre que l’explosion meurtrière pourrait avoir des causes plus larges. Une étude récente des services secrets américains portant sur 173 attaques survenues dans des lieux publics ou semi-publics entre 2016 et 2020 a révélé que presque tous les agresseurs (93 pour cent) avaient subi « au moins un facteur de stress important dans leur vie dans les cinq années qui précédaient l’attaque ». Pour 77 pour cent d’entre eux, « le ou les facteurs de stress sont survenus dans l’année ». Ces « facteurs de stress » comprennent les problèmes de santé, le divorce, les expulsions, les problèmes d’emploi, les brimades à l’école ou au travail, les « contacts avec les forces de l’ordre », les « contacts avec les tribunaux civils », etc.

Soixante-douze fusillades de masse aux États-Unis jusqu’à présent cette année sont un chiffre horrible. Mais, c’est un fait que le nombre de morts résultant de la politique délibérée de la classe dirigeante est bien plus élevé. De façon grotesque, les médias et le gouvernement prétendent que la mort d’un million de personnes dans une pandémie évitable, avec ses répercussions sur des dizaines de millions de personnes ou plus, n’a eu aucun impact sur le tissu de la société américaine ?

Un lien a déjà été établi entre la mort massive et la récente flambée des taux de suicide. Ces derniers sont en hausse dans les communautés particulièrement touchées par la pandémie. Tentant d’expliquer le nombre de personnes qui se suicident, le Dr Sean Joe, professeur à la Brown School of Social Work de l’université de Washington, a mis en avant le « stress cumulatif ».

Les difficultés sociales généralisées, le « stress cumulatif » et leur expression particulière dans les « facteurs de stress » individuels s’exercent sur un très grand nombre de personnes, mais seul un pourcentage infinitésimal (bien qu’il soit relativement important et en augmentation) s’effondre dramatiquement face à eux.

En examinant les fusillades de masse, on doit tenir compte des conditions politiques, sociales et culturelles spécifiques aux États-Unis. La folie meurtrière est le symptôme, comme l’a dit un jour Frederick Engels, parlant de la Russie, d’une société« en pleine décomposition économique, morale et intellectuelle ».
Réunion en ligne : Samedi 10 décembre

La guerre sans fin a profondément et irrémédiablement brutalisé la société américaine.

Aujourd’hui, après avoir passé des décennies à dévaster des sociétés au Moyen-Orient et en Asie centrale, faisant des millions de morts et de mutilés, l’élite dirigeante américaine se dirige vers une guerre avec une puissance nucléaire, la Russie, avec des conséquences potentiellement incalculables.

Des centaines de millions de personnes pourraient périr, et les responsables américains haussent les épaules et répètent leur détermination à ne pas être « dissuadés » par cette possibilité. Qu’est-ce que les personnalités les plus vulnérables sont susceptibles de conclure de cette légèreté et de cette insouciance criminelles ?

La vie est incroyablement bon marché.

Le système politique américain fonctionne entièrement au service des riches. Tout pour Wall Street, les oligarques des entreprises et les classes moyennes aisées supérieures, rien pour le reste de la population. De vastes couches ont le sentiment de ne pas compter ; leur misère ne signifie rien pour ceux qui sont au pouvoir.
Les deux partis de la grande entreprise et leurs représentants à Washington sont tenus en mépris, à juste titre. Personne n’attend rien, à part des coups et des abus, de la part des institutions dirigeantes de la société.

La suppression de la lutte des classes pendant des décennies, grâce surtout aux syndicats qui s’efforcent d’étouffer toute contestation du patronat et du gouvernement, a été un facteur désastreux et destructeur de la vie américaine.

La suppression de la combativité des travailleurs, qui mettrait en lumière la physionomie réelle de la société moderne et indiquerait surtout une issue à l’impasse économique et politique actuelle, endommage et déforme la conscience populaire.

La situation culturelle dégradée joue également un rôle important. Au lieu de faire la lumière sur l’état réel des choses, la culture populaire glorifie avant tout l’argent, les gens célèbres, l’arriération et l’indifférence sociales.
La quasi-pornographie lumpen qui domine une grande partie du monde de la musique et du divertissement a pour effet de polluer l’atmosphère, de noyer ou d’étouffer la critique sociale et d’encourager les pires instincts, les plus bas.

En tant que force sociale, cependant, la classe ouvrière réapparaît de manière puissante. La « masse critique » de crises qui se croisent – la pandémie, l’escalade de la guerre, la croissance extrême des inégalités sociales – a engendré un puissant sentiment de colère et d’opposition.
Le développement de la lutte des classes inspirera et fournira également une étincelle de lumière à de nombreuses personnes actuellement désorientées et en détresse.

L’effroyable pic des fusillades de masse révèle un immense dysfonctionnement social. Le capitalisme américain et son élite dirigeante obsédée par la richesse constituent le plus grand et le plus omniprésent « danger pour le public » !
La seule façon de sortir de cette situation est la révolution et le socialisme.

(Article paru en anglais le 17 février 2023)


Voir en ligne : https://www.wsws.org/fr/articles/20...

   

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