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Une Italie plus à droite est impossible. En apparence !

jeudi 29 septembre 2022 par ANC

Deux camarades italiens membres du Rete Dei Comunisti, demeurant en France viennent d’adhérer à l’ANC. L’un deux nous fourni aujourd’hui une analyse des résultats des dernières élections italiennes. Une analyse que l’ANC fait sienne. Il faut aussi savoir qu’en Italie une organisation véritablement communiste est comme chez nous en construction. Mais ils ont une longueur d’avance, puisque Le Rete Dei communistes en alliance avec deux autres organisations appelé Union populaire ont fait un peu moins de 3% des voix et non donc pas eu de députés mais ils progressent en nombre de voix. C’est la raison pour laquelle l’ANC va œuvrer sans relâche pour mettre en place une "Union Populaire" de lutte de classe avec tous les communistes désireux de renverser le système capitaliste et de lutter contre l’OTAN, l’U.E et pour la Paix.(JP-ANC)

Si nous voulons commenter les résultats des élections législatives italiennes, nous ne pouvons pas nous arrêter aux gros titres des grands journaux.

Il serait intéressant d’analyser la campagne électorale probablement la plus triste et la plus grossière de l’histoire de la République et dans laquelle il y avait le moins de différences de programme entre presque tous les partis. Une campagne électorale courte, délibérément précipitée, qui a cherché plus que jamais à éliminer de la scène quiconque n’était pas en accord avec les diktats internationaux de l’Occident européen.

Il serait intéressant de l’analyser, mais nous ne le ferons pas, autant par pitié pour le lecteur que parce que cela ne servirait à rien d’autre qu’à montrer la décadence d’une classe politique nationale indécente, frisant le ridicule.

Passons donc au jour suivant les élections et analysons les chiffres.

Le premier fait notable - choquant mais pas inattendu pour ceux qui connaissent les conditions réelles de la vie en Italie, au-delà de la propagande mainstream et du monde coloré de la Fashion Week de Milan - est certainement l‘ampleur de l’abstention :

  • 36% des inscrits sur la liste électorale ne sont pas allés voter. 64%, c‘est le plus faible taux de participation de l’histoire de l’Italie, celui-ci étant traditionnellemnet élevé dans ce pays : supérieur à 90% jusqu‘aux années 70 et à 80% jusqu‘en 2008.

C’est depuis le gouvernement Monti (en 2011) - le premier gouvernement imposé par l’Union européenne pour "maîtriser les comptes de la troisième économie continentale" - que l’électeur italien a compris que son vote ne compte plus et que les élections, dans ce pays, ne sont guère plus qu’une couverture démocratique pour légitimer le contrôle total de l’UE sur la vie économique et sociale.
Les marionnettes du pouvoir, quant à elles, se contentent de se chamailler sur les droits sociétaux, droits importants mais qui ne coûtent rien et qui, de toute façon, sont inexistants en Italie.

Depuis 2008, soit en 14 ans, le taux de participation a chuté de 16 points, dont 9 depuis les dernières élections, avant la pandémie. Par comparaison, les dernières élections présidentielles françaises ont connu un taux de participation de 74% au premier tour et de 72% au second tour, soit une baisse respective de 4 et 2,5% par rapport aux élections précédentes.
En France, cette augmentation de l‘abstention avait été présentée, à l‘époque, comme une grande défaite démocratique.

“On peut donc parler pour définir ces élections italiennes de farce proto-démocratique qui ne trompe plus grand monde“.

Passons maintenant à la répartition des votes à proprement dite.

Fratelli d’Italia, le parti post-fasciste de Giorgia Meloni, obtient 26%, obtenant la place du premier parti de l’alliance gagnante de centre-droit, qui obtient plus de 44% au total. Une croissance incroyable - mais pas inexplicable - pour un parti qui avait obtenu 4% aux dernières élections.

La Lega de Matteo Salvini tombe de 17% aux dernières élections nationales (et de 34% aux élections européennes de 2019) à moins de 9%, perdant complètement sa domination dans le nord de l’Italie. Cela ouvre la voie au remplacement du leader, ou même à la liquidation de la stratégie suivie par ce parti depuis une dizaine d‘années.

Forza Italia de Silvio Berlusconi ne se noie pas et atteint 8%, en attendant que la nature suive son cours, car le leader a maintenant 85 ans....

Le Partito Democratico enregistre 19% des voix, un des pires résultats de son histoire. Quant à ses alliés et complices, la plupart ne dépassent pas les 3%, le seuil en dessous duquel ils ne sont pas représentés au parlement : la revanche n‘est donc pas pour bientôt.
Le parti le plus européen en atlantiste d‘Italie a ainsi définitivement perdu beaucoup de ses régions historiques et est de toute évidence détesté par les classes populaires après des décennies d’attaques contre les droits du travail.

Le Mouvement 5 étoiles dépasse à peine 15 %, perdant la moitié de ses votes de 2018. Il survit cependant, capitalisant sur le seul geste qu‘il a pu faire pour ne pas mourir : sortir du gouvernement Draghi et essayer de reconstruire un minimum de crédibilité en tant que force "différente". Une opération réussie surtout dans le sud de l’Italie puisqu‘il obtient 40% dans la ville de Naples.

Enfin, le “pôle centriste“ obtient presque 8%, ne parvenant à convaincre qu‘une partie des centres-ville aisés, malgré la couverture médiatique disproportionnée que lui ont accordé les médias grand public.

Voilà pour les chiffres. Mais les chiffres seuls peuvent être trompeurs et n‘aident pas à lire ces élections sur le plan politique.

Il nous faut, en premier lieu, rejeter la lecture trop facile de ceux qui se disent terrifiés par la montée de l‘extrême-droite et qui, pour échapper à cette situation, se forcent à voter pour ceux-là mêmes qui l‘ont produite (en France, nous connaissons aussi cette histoire de “front républicain“ et d‘injonctions à “faire barrage“).
En effet, la coalition de droite obtient le même pourcentage de votes que lors des élections précédentes : seule change la répartition des votes en son sein. Dire que tout le monde en Italie est devenue fasciste équivaut donc à ne pas comprendre la réalité politique de ce pays.

Ce que nous montre clairement l’analyse des résultats, c‘est que la recherche par les électeurs d‘une autre réponse politique aux problèmes du pays que celle proposée par l’agenda de Mario Draghi - c’est-à-dire les contraintes européennes, la guerre euro-atlantique, l’appauvrissement des plus pauvres, etc. - a abouti au report de nombreuses voix sur la seule force parlementaire qui était apparemment dans l’opposition parlementaire.
Ainsi qu‘à une très forte augmentation de l‘abstention, comme nous l‘avons déjà indiqué.

En effet, rappelons-nous que, depuis deux ans, le gouvernement italien est dirigé par l’ancien président de la Banque Centrale Européenne, avec le soutien de tous les partis politiques, unis au nom de l‘unité nationale (sauf Fratelli d’Italia, qui était dans l’opposition mais a ensuite voté pour toutes les mesures les plus importantes).
Les “gouvernements techniques“ sont très efficaces pour massacrer les classes populaires puisqu‘ils n‘ont pas de compte à rendre aux électeurs mais uniquement à Bruxelles et Francfort. Cette forme de gouvernement a déjà été utilisé à plusieurs reprises en Italie et a permis de dévaster le peu d‘État social qui existait encore.

Par conséquent, ce à quoi nous assistons, c‘est la poursuite du soutien populaire à l‘homme fort du moment qui promet des miracles irréalisables. Car la " double cage " dans laquelle l’Italie est placée, celle de l’OTAN et de l’Union européenne, ne permet pas aux forces politiques italiennes de prendre de véritables décisions en matière de politique économique, sociale et militaire, c‘est-à-dire sur ce qui forme la vraie vie du pays, au-delà de quelques droits sociétaux sporadiques, qui ne coûtent rien au budget de l‘État.

En 2018, cette recherche d‘un changement politique avait récompensé le Mouvement 5 étoiles et la Lega. Aujourd’hui, elle récompense davantage les post-fascistes de Giorgia Meloni. C‘est en effet une nouveauté relative, quelque peu "historique", même s’il faut tout de même rappeler que les fascistes occupent des postes gouvernementaux importants depuis les gouvernements de Berlusconi.

Nous ne tarderons pas à savoir combien de temps durera cette nouvelle configuration du “sentiment politique“ de grandes masses : l‘hiver nous promet clairement des rationnements d‘énergie, une nouvelle augmentation de l‘inflation, des fermetures d‘entreprises et des licenciements, autrement dit, une “fin de l‘abondance“.
Ces phénomènes ne sont que les effets de la fin de la mondialisation capitaliste, de la nouvelle division du monde en blocs et du retour de la guerre comme un des moteurs des relations internationales.

En d‘autres termes, l’histoire devient une tempête, surtout pour l’Europe. Il en a été ainsi au 20e siècle, il en est de nouveau ainsi aujourd’hui.

Cela explique pourquoi la situation historique que traverse l‘Italie ne peut pas être expliquée uniquement à partir des résultats des élections. sur l‘analyse des chiffres. La droite a gagné mais elle doit maintenant gouverner au cœur de cette tempête.
Or, elle n’en a ni la capacité ni la possibilité. L’Italie est déjà sous tension. Elle risque la récession et ne pourra pas supporter une augmentation des mesures d’austérité et des leviers de pression de la part de Bruxelles.

Le gouvernement de droite devra bientôt céder la place à un nouveau gouvernement "technique", peut-être supervisé par Mario Draghi comme Président de la République, un rôle institutionnel qui a depuis longtemps cessé d’être « super partes », c’est-à-dire de nature représentatif et impartial, comme le voudrait la Constitution Italienne.
Une des constitutions les plus modernes et les plus avancées du monde, qui a été vidée de son sens et modifiée dans un sens régressif par la droite et la gauche sociale-démocrate et que l’Union européenne prétend même aujourd’hui démanteler de manière formelle.

En bref, aujourd’hui, peu importe qui est au gouvernement : le pilote automatique UE-OTAN fonctionne depuis longtemps et poursuivra son programme.
Whatever its takes [1], comme le dirait Mario Draghi.

Photo : Votre guerre - Nos factures


Nous vous proposons l’analyse officielle de nos camarades de Rete dei Comunisti par Mauro Casadio.


[1Quoiqu’il en coûte...air connu.

   

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