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Le retour de l’influence russe au Moyen-Orient

samedi 20 août 2022 par Khalil Bouzidi

« Il semble que l’invasion russe en Ukraine mette dans l’embarras un bon nombre de pays arabes alliés aux Occidentaux. »
Le 24 février dernier, l’invasion surprise de l’Ukraine par la Russie a suscité de vives réactions dans le monde occidental. La grande majorité des Etats a condamné cette agression par une résolution de l’Assemblée générale des Nations unies adoptée par 141 sur les 193 Etats membres de l’ONU. Si les pays arabes ont dans leur majorité voté pour le retrait des troupes russes, à l’exception notable de la Syrie, ils ont en revanche été plus circonspects dans leur déclaration respective.

Il semble que l’invasion russe mette dans l’embarras un bon nombre de pays arabes traditionnellement alliés aux Occidentaux. En effet, la dynamique de cette dernière décennie tend à montrer un retour progressif de l’influence russe au Moyen-Orient. Ce constat s’observe par une discrétion manifeste et beaucoup de prudence au sein de la diplomatie arabe. La guerre en Ukraine est une occasion d’analyser rétrospectivement les effets des politiques étrangères occidentales au Moyen-Orient.

La « relation spéciale » arabe

Depuis la fin de la Première Guerre mondiale, les pays occidentaux ont toujours joué un rôle déterminant au Moyen-Orient. Cette influence et sa longévité s’illustre par la relation qui lie les Etats-Unis et l’Arabie Saoudite. En effet, depuis les années 30, le fondateur de ce jeune royaume unifié d’Arabie, le roi Ibn Saoud, s’est durablement rapproché des Américains. Cette « relation spéciale » moyen-orientale naît de la rencontre du président Roosevelt et du roi Ibn Saoud sur le croiseur USS Quincy, lors du retour du président américain de la conférence de Yalta en 1945.
On attribue à cette rencontre la conclusion d’un pacte dont les dispositions prévoient une protection militaire du Royaume en échange d’un accès privilégié à ses ressources pétrolières.

Selon les sources officielles, le contenu des discussions portait essentiellement sur le projet de création d’un foyer national juif en Palestine et sur le départ des Français du Liban et de la Syrie. Il n’existe pas de trace écrite mentionnant un quelconque pacte de protection. Pour autant, la rencontre d’Ibn Saoud et de Roosevelt sur le croiseur USS Quincy symbolisera l’union indéfectible qui unit les deux pays autour d’un principal objectif : la stabilité de l’Arabie saoudite par la pérennisation de la dynastie des Saoud, au profit des intérêts économiques américains.

Dans la foulée des mouvements de décolonisation, les opposants à l’influence américaine apparaissent avec l’émergence du nationalisme arabe et de l’anti-impérialisme. Le plus célèbre d’entre eux, est ni plus ni moins que le représentant du panarabisme, le premier président de la République arabe d’Egypte, Gamal Abdel Nasser.
Après avoir destitué le roi Farouk, inféodé à l’occupant britannique, et nationalisé le canal de Suez, Nasser entreprend de moderniser son pays avec le soutien de l’Union soviétique.

Dans le contexte de la guerre froide, Moscou apporte également son soutien aux pays dont les régimes sont partisans du socialisme arabe, à l’image de la Syrie et de l’Irak. Toutefois, l’influence de l’Union soviétique semble progressivement s’affaiblir. En effet, la première perte d’influence significative de Moscou se traduit par le rapprochement du successeur de Nasser, Anouar el Sadate, avec Washington. L’Egypte de Nasser, qui avait promu le socialisme et le nationalisme arabe, libéralise son économie par la politique de l’Infitah (ouverture en arabe). Elle reçoit en contrepartie un important soutien américain au niveau économique et militaire.

Le nationalisme arabe s’efface progressivement au profit de la dimension religieuse. En 1979, l’invasion de l’Afghanistan par les soviétiques soulève une vague de solidarité des pays arabes et notamment des pays du Golfe à l’égard des populations musulmanes, du moins en apparence.
D’un point de vue stratégique, il s’agit pour les américains d’éveiller la sensibilité religieuse des pays arabo-musulmans contre l’athéisme de l’agresseur soviétique. L’Afghanistan consolide sa réputation de tombeau des empires en précipitant la chute de l’URSS en 1991.

Un allié pivot dans la stratégie d’influence russe

La naissance de la nouvelle Russie connaît des débuts pour le moins tumultueux. Les velléités d’indépendance de la République de Tchétchénie, poussent le nouveau président russe Boris Eltsine, à lancer une offensive dans le Caucase. Les séparatistes tchétchènes espéraient recevoir, à l’instar des Moudjahidines afghans, le soutien des pays arabes par solidarité à la majorité musulmane vivant en Tchétchénie.
Mis à part une brève condamnation par le biais du secrétaire général de la Ligue Arabe, ses Etats membres ne semblent pas être sensibles à l’appel à l’aide des séparatistes tchétchènes. Malgré un soutien sporadique, matérialisé par une aide financière des monarchies du Golfe et à l’afflux des Moudjahidines, fraîchement revenus de Bosnie, les pays arabes souhaitent maintenir leurs nouvelles relations avec Moscou.
D’autant que l’on observe dans les années 90 un refroidissement avec la Syrie, le plus vieil allié de la Russie au Moyen-Orient.

Depuis les années 70, la Syrie d’Hafez el Assad a noué une importante alliance stratégique avec l’URSS. Elle se concrétise, d’une part, par la mise en place d’installations navales et par un appui logistique à la marine soviétique dans la ville de Tartous. Cette ville côtière de l’ouest syrien permet aux soviétiques de disposer d’une position hautement stratégique en Méditerranée orientale. D’autre part, Hafez el-Assad, issu de la minorité alaouite (une branche hétérodoxe de l’islam chiite) est un laïc convaincu. Après sa prise de pouvoir en 1970, il forge son régime dans la continuité des principes de laïcité prônés par le Parti Baas.

La nouvelle Fédération de Russie naît dans un contexte de crise économique sans précédent. Le pays doit réunir des fonds de toute urgence et se tourne alors vers son allié syrien. Moscou exige de Damas le remboursement de sa dette évaluée à 13 milliards de dollars. Cette injonction cristallise les relations entre les deux alliés et réduit davantage l’influence russe au Moyen-Orient.

L’occasion d’attirer les pays arabes dans la sphère d’influence russe se présente au milieu des années 2000. En effet, bien que la majorité des gouvernements arabes ait condamné les attaques du 11 septembre 2001 et semblait soutenir les Etats-Unis dans cette épreuve, la compassion ne sera que de courte durée. Les abus incessants de l’armée américaine au Moyen-Orient et notamment en Irak, ne feront qu’alimenter le terreau d’un anti-américanisme déjà bien implanté.

C’est dans ce contexte que la Russie renoue avec l’allié syrien. La visite du nouveau président Bachar el Assad en janvier 2005 apaise les relations entre les deux pays. L’effacement de la dette syrienne à hauteur de 9,8 milliards de dollars, sur un total de 13,4 y a fortement contribué. Ce rapprochement nécessaire pour l’un s’avérera sur le long terme, mutuellement bénéfique et stratégique.

Poutine sur le chemin de Damas

En 2011, les régimes du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord connaissent d’importantes vagues de contestation. Les peuples arabes manifestent leur désir de se libérer du joug des régimes autoritaires de la Région. Ces mouvements de protestations auront raison des présidents tunisien et égyptien qui quitteront le pouvoir, respectivement en janvier et février 2011. Alors qu’une grande partie des pays arabes donnent le change en engageant des réformes institutionnelles (Maroc, Jordanie, etc.), d’autres sombrent dans la guerre civile.

C’est le cas de la Libye du colonel Kadhafi. Face à la répression sanglante du régime libyen, la France et le Royaume-Uni rassemblent une coalition en un temps record et interviennent en Libye avec un mandat onusien. En 2011, les Russes émettent de nombreuses réserves quant à une intervention en Libye tout en restant neutre. Vladimir Poutine, alors Premier ministre, reproche publiquement cette neutralité au Président Medvedev en déclarant que les Français et les Britanniques avaient largement outrepassé le mandat onusien.

Les Russes accusent alors la coalition d’avoir envahi un Etat souverain mais sans apporter un réel soutien aux partisans du Guide de la révolution.

En revanche, on observe un revirement de la politique étrangère russe lors du conflit syrien. D’une part, car la Syrie a explicitement demandé l’aide des Russes et d’autre part, car au début des années 2010, le Président Medvedev souhaitait entretenir ses relations avec les Européens et les Américains. Lorsque Poutine reprend la présidence russe en 2012, il décide d’adopter une nouvelle approche stratégique concernant ses relations avec les Occidentaux.

D’abord par l’annexion de la Crimée en 2014, puis par le soutien inconditionnel au régime de Bachar el Assad en 2015.

L’intervention militaire en 2015 en Syrie a eu un rôle déterminant dans la résurgence de l’influence russe au Moyen-Orient. Le régime de Damas était assailli de toute part et certains experts annonçaient déjà la chute de Bachar el Assad. Ce dernier a survécu à la tempête du Printemps arabe grâce, entre autres, au coup de poker de Vladimir Poutine.
Profitant du désengagement américain dans la région, la Russie peut enfin prétendre à son statut de puissance médiatrice au Moyen-Orient.

Une diversité d’interlocuteurs

Bien que notre analyse ne se concentre que sur les pays arabes, il convient d’évoquer les relations entre deux importantes puissances non-arabes de la région : Israël et l’Iran. La Russie et l’Etat hébreu ont rompu leur relation diplomatique pendant la période soviétique. Cela s’explique par le soutien de l’URSS aux combattants palestiniens et à l’Egypte nassérienne entre les années 50 et 70.
Il faut également avoir à l’esprit que la polarisation du Moyen-Orient au moment de la guerre froide était à l’image de l’affrontement des deux superpuissances. Dans la mesure où les américains apportent leur soutien inconditionnel à Israël, les soviétiques choisissent de soutenir certains régimes arabes et par extension la cause palestinienne.

Pourtant, dès la chute de l’URSS en 1991, les relations diplomatiques entre Moscou et Tel Aviv ne feront que se développer. En effet, depuis la fin des années 80, environ 1 million de soviétiques se sont installés en Israël. La plupart ont depuis acquis la nationalité israélienne. Les citoyens israéliens russophones représentent aujourd’hui plus de 15% de la population. Parfaitement intégrés dans la société israélienne, ils gardent un attachement profond à leurs origines russes.

Au-delà du facteur démographique, les relations entre Israël et la Russie se sont davantage renforcées suite au Printemps arabe. Bien qu’Israël soit officiellement toujours en guerre avec la Syrie, une relative stabilité régnait entre les deux pays. Du point de vue israélien, il est toujours plus aisé d’avoir un ennemi que l’on connaît. Or, l’émergence de nouveaux acteurs et de l’islamisme sunnite radical pendant la guerre civile syrienne est une source d’inquiétude pour l’Etat hébreu. De ce fait, l’intervention russe en Syrie a été très bien accueillie tant par le régime de Bachar el Assad que par l’Etat d’Israël.

Notons cependant que les intérêts de ces différents acteurs peuvent parfois entrer en conflit. Israël craint l’expansion de l’Iran et du Hezbollah libanais, alliés de Bachar el Assad contre les rebelles en territoire syrien. Cette configuration constituerait une menace directe pour l’Etat hébreu. La complexité de cette situation s’explique par le partenariat stratégique entre Téhéran et Moscou. En effet, tous deux sont fermement engagés à réduire la menace de l’islamisme sunnite radical dans la Région.

En apparence, il pourrait s’agir d’un partenariat de circonstance, basé sur des enjeux sécuritaires. Néanmoins, cette coopération se fonde également sur un socle idéologique commun. Au-delà du sentiment anti-occidental que cultivent les gouvernements russe, iranien et syrien, Moscou a su fédérer ces Etats autour de la protection des minorités religieuses.

La présence de chiites et de différentes confessions chrétiennes d’Orient a fait émerger un dialogue interconfessionnel entre musulmans et chrétiens. De ce fait, on ne peut résumer les relations russo-iraniennes à un simple partenariat de bon voisinage. Les dimensions religieuse et culturelle, qui ne pouvaient exister sous l’ère soviétique, sont souvent perçues comme accessoires, alors qu’elles participent pleinement à la stratégie d’influence russe.

Depuis le début du conflit syrien, Moscou est parvenu à s’imposer comme une puissance médiatrice au Moyen-Orient, au détriment de la traditionnelle pax americana. Toutefois, en raison de la diversité des interlocuteurs arabes de la Russie, les puissances du Moyen-Orient se trouvent dans une position délicate, voire embarrassante depuis l’invasion russe en Ukraine.

Le déclin de l’influence américaine au Moyen-Orient ?

Au cours des deux dernières décennies, les pays du monde arabe prennent conscience de l’importance de diversifier leurs partenariats et de ne pas dépendre du soutien exclusif des Etats-Unis.
Une tendance qui s’observe notamment dans le Golfe depuis l’administration Obama. Les relations entre l’Arabie Saoudite et les Etats-Unis ont connu quelques soubresauts, suite à l’émergence de l’actuel prince héritier Mohamed Ben Salmane, dit « MBS ». Le revirement américain sur la question iranienne et la volonté d’instaurer un dialogue avec l’ennemi juré de Riyad, poussent les saoudiens à élargir leurs horizons.

Depuis l’accession au pouvoir du roi Salmane en 2015, le rapprochement russo-saoudien s’analyse sous différentes perspectives. La première est fondamentalement économique. Elle répond au besoin de l’économie russe de réguler le prix à l’accès des ressources pétrolières. Ce partenariat stratégique se conclut en 2016 par l’accord OPEP+. L’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP), principalement composée des pétromonarchies du Golfe, garantit à la Russie un prix du baril relativement acceptable pour son économie.

La dimension diplomatique est également très significative. Il convient de noter que l’intervention russe en Syrie n’a reçu aucune hostilité de la part des pétromonarchies du Golfe. Bien que chaque Etat de la Région poursuive des intérêts divergents, le maintien du statu quo par la préservation du régime d’Assad et l’immobilisme des Occidentaux apportent, de façon très cynique, une forme de stabilité.
Alors que l’intervention américaine en Irak (2003) a contribué au développement territorial des djihadistes, l’intervention russe semble avoir rassuré les puissances régionales du Moyen-Orient.

A nouveau, on ne peut mentionner le rapprochement avec les pétromonarchies et plus particulièrement avec l’Arabie saoudite, en faisant fi de la composante idéologique. Contrairement aux Etats-Unis, la Russie est bien moins exigeante s’agissant des questions de droits humains et de libertés fondamentales.

Cette proximité idéologique s’est magistralement illustrée lors du sommet du G20 à Buenos Aires en Argentine. En 2018, la Russie est isolée en raison d’une escalade avec l’Ukraine suite à un incident naval en mer d’Azov. MBS quant à lui est compromis dans l’assassinat du journaliste saoudien Jamal Khashoggi. Tandis que les autres chefs d’Etat ne semblent pas vouloir afficher leur proximité avec le président russe et le prince héritier saoudien, ces derniers se mettent en scène dans un exercice de communication plus qu’éloquent. Avant de s’installer l’un à côté de l’autre, ils échangent une longue et chaleureuse poignée de main, s’esquissent de larges sourires et affichent leur complicité au monde entier.
Cet exercice de communication est avant tout un message des saoudiens adressé à l’allié traditionnel américain.

Il serait toutefois prématuré de prédire le déclin de l’influence américaine sur les pays du Golfe. En effet, les intérêts stratégiques des américains l’emportent sur les valeurs démocratiques. Washington reste le partenaire économique privilégié des pays du Golfe. La coopération militaire est également très développée, au point qu’elle crée une dépendance vis-à-vis des Etats-Unis.

En effet, l’acquisition de matériels américains par les forces armées des pétromonarchies (Arabie Saoudite et Emirats Arabes Unis en tête) nécessite des formations dispensées par l’armée américaine.

Une prudence nécessaire pour la préservation des intérêts économiques vitaux

On constate toutefois, une volonté de la part des pays arabes de ménager diplomatiquement les Russes. Face à l’invasion de l’Ukraine, les pays arabes, à l’exception de la Syrie, ont adopté deux postures. Une majorité a condamné du bout des lèvres l’agression russe ou a exprimé son inquiétude, tandis que d’autres ont éludé la question favorisant la désescalade face au parti-pris.

Cette prudence se traduit avant tout par la volonté de préserver les intérêts économiques des pays arabes. En 2021, la Russie et l’Ukraine représentaient 30 % des exportations de blé dans le monde. De nombreux pays arabes subventionnent le pain depuis près de 50 ans afin de le maintenir à un prix abordable. Dans un contexte social difficile, l’augmentation du prix des denrées alimentaires de base, tel que le pain, peut facilement mener à des mouvements de contestations sévères.
Plusieurs régimes arabes ont vacillé durant des « émeutes du pain » entre les années 70 et 80.

Le 18 janvier 1977, l’Egypte présidée par Anouar el Sadate se voit contrainte, sous la pression du Fonds monétaire international (FMI), de renoncer à subventionner les produits de première nécessité, comme le pain. Pendant deux jours, de violentes émeutes éclatent d’Alexandrie au Caire. Le bilan est lourd, il fait état de 79 morts et près de 800 blessés.

Le 20 juin 1981, c’est au Maroc que la population se soulève dans un contexte de forte crise économique. Le gouvernement marocain augmente de 50% le prix des produits de première nécessité telle que la farine. La répression est sanglante, on dénombrera officiellement 114 morts, alors que les syndicats et les partis d’opposition annoncent un bilan de 600 à 1000 victimes.

Le 27 décembre 1983, la Tunisie connaît une tragédie similaire. A nouveau, sous la pression du FMI, le gouvernement tunisien annonce l’augmentation des prix du pain. Les tunisiens manifestent en masse dans la rue et à l’instar de l’Egypte et du Maroc, ces mouvements seront sévèrement réprimés par le régime. Le bilan sera de 70 à 150 morts selon les sources.

Parfois la raison de ce ménagement peut se situer ailleurs.
Le Maroc est encore une fois un exemple significatif. Le Royaume chérifien est le seul pays du monde arabe à s’être absenté du vote de la résolution de l’Assemblée générale des Nations unies, condamnant l’invasion russe. Au-delà de ses importations de céréales en provenance de Russie et d’Ukraine, la motivation des Marocains se trouve surtout dans ses importations d’hydrocarbures. En effet, en 2018, la Russie était le troisième fournisseur de pétrole du Maroc.

Bien que le conflit ukrainien ne concerne pas directement les pays arabes, la mesure des intérêts de chaque Etat contraint ces derniers à un délicat jeu d’équilibriste. Pour les pays traditionnellement alliés aux Occidentaux, il est important d’entretenir cette relation tout en préservant les intérêts économiques qui peuvent avoir un sérieux impact sur leur politique intérieure.

***

Si la guerre en Ukraine a su fédérer les pays européens et les membres de l’OTAN, jusque-là en « état de mort cérébrale » pour reprendre la formule du président Macron, le conflit a surtout confirmé l’émergence d’un monde multipolaire.

Les dirigeants arabes prennent conscience qu’ils ne pourront pas toujours être soutenus par leurs alliés traditionnels car les sociétés civiles occidentales sont en mesure d’exercer une pression sur leurs dirigeants.
De ce fait, il peut y avoir une attente sur des sujets de société tels que les libertés individuelles, les droits humains, les droits des femmes, etc.

L’analyse de l’état des relations entre les pays arabes et les pays occidentaux, à la lumière du conflit ukrainien, nous permet surtout de constater un changement progressif de paradigme des politiques étrangères occidentales au Moyen-Orient.


Voir en ligne : https://lemonde-arabe.fr/09/08/2022...

   

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