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La Grande-Bretagne renforce l’apartheid israélien

mardi 26 juillet 2022 par Peter Frankental

La Grande-Bretagne redouble d’efforts pour soutenir l’apartheid israélien par le biais d’un nouvel accord commercial et d’importation de produits fabriqués dans les colonies israéliennes illégales. Le Royaume-Uni a choisi d’être un soutien actif de l’oppression brutale des Palestiniens.

Ce mois-ci marque le cinquante-cinquième anniversaire de l’occupation par Israël de la Cisjordanie, de Jérusalem-Est et de la bande de Gaza, ce qui en fait l’une des plus longues occupations militaires de l’histoire récente. Elle a infligé d’horribles injustices au peuple palestinien.

L’approche du Royaume-Uni à l’égard de l’occupation a été peu sincère. D’un côté, il a prétendu vouloir faire respecter le droit international en notant l’illégalité du réseau de colonies israéliennes dans les territoires palestiniens occupés. De l’autre, il n’a rien fait pour dissuader Israël de les étendre. Pire encore, le Royaume-Uni a effectivement encouragé leur croissance économique en n’interdisant pas le commerce des produits des colonies israéliennes.

Aujourd’hui, l’engagement du Royaume-Uni en faveur du droit international est sur le point d’être à nouveau testé alors qu’il entame des négociations avec Israël sur un accord de libre-échange visant à « améliorer » un accord de commerce et de partenariat existant.

L’accord commercial actuel du Royaume-Uni avec Israël est un accord de continuité post-Brexit reproduisant les termes de l’accord commercial de l’UE qui couvrait le Royaume-Uni avant son retrait de l’UE.

Tout cela peut sembler assez simple. Après tout, il existe déjà un modèle européen. Cependant, les fonctionnaires du ministère du Commerce international [Department of International Trade ou DIT, NdT] tentés de copier-coller une grande partie du texte de l’UE devraient y réfléchir à deux fois.

Comme Amnesty International l’a expliqué dans un récent briefing au DIT, l’accord d’association UE-Israël existant s’est avéré totalement incapable de distinguer de manière fiable les marchandises en fonction de leur lieu d’origine. Il s’agit d’une exigence de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), qui vise à garantir la transparence et la cohérence de l’application des accords commerciaux. Il est également essentiel d’éviter qu’un traitement préférentiel soit accordé aux marchandises provenant des colonies illégales d’Israël.

L’application territoriale de l’accord est devenue un test décisif de la détermination du Royaume-Uni à s’opposer aux projets d’Israël d’annexer les territoires qu’il occupe. Si le Royaume-Uni se trompe, Israël pourra continuer à faire passer des biens produits au sein de son réseau tentaculaire de colonies illégales situées sur des terres palestiniennes volées pour des produits « d’origine israélienne ».
Cela encouragerait la politique israélienne d’expansion des colonies, qu’elle poursuit sans relâche depuis cinquante-cinq ans, parallèlement à la dépossession des Palestiniens et à la fragmentation de leurs terres. Cette politique n’est pas seulement une forme d’annexion rampante, mais elle est de plus en plus considérée comme un apartheid.

En vertu des règles défectueuses de l’UE, l’arrangement technique actuel visant à exclure les produits originaires des colonies israéliennes de l’accès préférentiel au marché repose sur le fait que les importateurs vérifient eux-mêmes les codes postaux figurant sur les preuves d’origine israéliennes, puis sur le fait que ces importateurs ne réclament pas de préférences commerciales lorsque les codes postaux indiquent que les marchandises proviennent des colonies israéliennes.
Cela a créé une lacune dans l’application de la législation, car les autorités douanières restent largement ignorantes des volumes et des caractéristiques des marchandises qui proviennent des colonies et pour lesquelles un traitement préférentiel a été réclamé et accordé à tort.

De cette manière, le commerce international a pu soutenir l’occupation militaire. Malgré leur illégalité au regard du droit international, les colonies israéliennes de Cisjordanie continuent de produire une large gamme de biens industriels, dont beaucoup sont fabriqués dans des districts industriels spécialement construits à cet effet.
Ces biens, qui sont exportés en Israël et dans le reste du monde, comprennent des produits en plastique et en métal, des textiles, des tapis, des cosmétiques, des aliments transformés et du vin.
Si l’on ajoute à cela toute une gamme de produits agricoles issus des colonies – olives, dattes, raisins, avocats et agrumes –, c’est toute une gamme de produits qui se construit à partir de terres qui ont été illégalement appropriées.

Les colonies israéliennes sont fondées sur la dépossession, la discrimination et la violence, mais elles sont également motivées par des intérêts commerciaux. Les activités commerciales sont essentielles à pratiquement tous les aspects du maintien, du développement et de l’expansion des colonies. Elles bénéficient de la confiscation illégale par Israël de terres et d’autres ressources palestiniennes.
Elles bénéficient des politiques discriminatoires d’Israël en matière de planification et de zonage, d’incitations financières et d’accès aux services publics et aux infrastructures. En fait, elles bénéficient de tout un système discriminatoire qui, comme Amnesty et d’autres l’ont montré, équivaut à un apartheid organisé par l’État.

C’est ici que la rhétorique du Brexit sur le fait « d’aller au-delà » des règles de l’UE pourrait réellement faire la différence.

Le Royaume-Uni doit améliorer de manière significative les accords actuels entre l’UE et Israël, en comblant les lacunes qui permettent aux produits des colonies d’être livrés avec des étiquettes bidon « Made in Israel ».

Tout d’abord, les bureaucrates britanniques doivent veiller à ce que l’accord entre le Royaume-Uni et Israël contienne trois éléments clés : premièrement, une déclaration claire, explicite et sans ambiguïté soulignant la non-reconnaissance par le Royaume-Uni des territoires palestiniens occupés comme faisant partie de l’État d’Israël.

Deuxièmement, une définition du champ d’application territorial qui exclut explicitement et sans équivoque les produits et services des colonies israéliennes du champ d’application de l’accord, sans pour autant compromettre tout accord commercial distinct conclu avec l’Autorité palestinienne.

Et troisièmement, un arrangement mutuellement convenu selon lequel les « règles d’origine préférentielles » empêchent clairement les produits originaires des colonies d’être désignés comme originaires d’Israël.

En outre, le Royaume-Uni devrait interdire une fois pour toutes l’importation de tous les biens produits dans les colonies illégales d’Israël et contribuer à mettre un terme aux bénéfices de plusieurs millions de livres qui ont encouragé les violations massives des droits humains contre les Palestiniens.

L’enjeu est de taille. Si le contexte des droits humains est ignoré, le Royaume-Uni conclura un accord qui renforcera le système cruel d’apartheid d’Israël contre les Palestiniens.

Source : Jacobin Mag, Peter Frankental, 20-06-2022

Traduit par les lecteurs du site Les-Crises


Voir en ligne : https://www.les-crises.fr/la-grande...


Peter Frankental est le directeur des affaires économiques d’Amnesty International UK.

   

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