Association Nationale des Communistes

Forum Communiste pour favoriser le débat...

Accueil |  Qui sommes-nous ? |  Rubriques |  Thèmes |  Cercle Manouchian : Université populaire |  Films |  Adhésion

Accueil > ANC en direct > Actualité Politique et Sociale > Italie : Arrestations et perquisitions contre l’Unione Sindacale di Base et (...)

Italie : Arrestations et perquisitions contre l’Unione Sindacale di Base et les luttes de classe : l’USB proclame la grève générale dans la logistique. Ne touchez pas à l’USB !

mercredi 20 juillet 2022 par Unione Sindacale di Base et Giacomo Marchetti

Encore une fois les camarades italiens montrent l’exemple. La grève qu’ils ont déclenchée au cœur du fonctionnement de la société capitaliste leur vaut les foudres du pouvoir italien inféodé à l’U.E et à l’OTAN. (JP-ANC)

Depuis l’aube hier matin, une opération de police est en cours à l’instigation de la magistrature de Piacenza contre les dirigeants du syndicat logistique USB et Si Cobas. Avec pas moins de 350 pages d’ordonnance, c’est un véritable " théorème judiciaire " qui se construit sur la base d’une liste interminable de " faits délictueux " tels que piquets de grève, grèves, occupations d’entrepôts, assemblées, etc. De nombreux dirigeants syndicaux ont été placés en résidence surveillée et fouillés.

La logistique est l’une des plaques tournantes de l’économie capitaliste de nouvelle génération, la circulation des marchandises est un maillon décisif de la chaîne de valeur, et c’est là que la contradiction s’exprime au plus haut niveau : exploitation de la main-d’œuvre, le plus souvent étrangère et soumise au chantage, recours effréné aux contrats et à la sous-traitance à des coopératives avec infiltration, même pas trop souterraine, de la pègre organisée, droits syndicaux inexistants et systématiquement violés, et c’est donc là que les luttes et les conflits sont plus durs et plus déterminés, et là que la répression frappe.

L’USB est depuis trop longtemps dans le collimateur du Ministère de l’Intérieur et des parquets de la moitié de l’Italie : des le barrage de dénonciations contre ceux qui s’opposent à la guerre et à l’envoi d’armes, jusqu’aux condamnations de ceux qui ont manifesté contre l’assassinat de notre délégué logistique Abd El Salam lors d’un piquet de grève à Piacenza pour lequel personne n’a payé, en passant par la "découverte" d’une arme à feu dans les toilettes de la Fédération nationale de l’USB que l’on tente d’imputer à un dirigeant syndical logistique.

Il est donc clair que la tentative, bien sur criminelle, d’essayer d’empêcher que dans les entrepôts logistiques, dans les lieux de production et de commercialisation des marchandises grandisse et se renforce l’union de classe, conflictuelle, qui ne cède pas un pouce sur les droits des travailleurs.

L’USB proclame une grève générale de la logistique d’aujourd’hui 19 juillet à 20 heures à demain 20 juillet à 20 heures, lance un appel à toutes ses fédérations pour activer des garnisons de protestation dans chaque ville, et évalue avec ses avocats la contre-offensive judiciaire pour démanteler ce véritable théorème antisyndical et d’autres initiatives de lutte.

Unione Sindacale di Base Rome
Rome 19/7/22


Syndicalisme criminel ?

L’ordre de détention provisoire à domicile par le GIP de Piacenza - le ministère public avait demandé la détention provisoire en prison pour tous - pour 4 dirigeants de SiCobas et 2 de l’Unione Sindacale di Base, plus des mesures moins afflictives pour la liberté personnelle, comme l’interdiction de rester à la maison et l’obligation de signer pour deux autres syndicalistes, est une attaque très lourde non seulement sur les camarades individuels et les deux syndicats de syndicalisme conflictuel en question, mais sur la possibilité d’organisation syndicale en s ; et pas seulement dans le secteur de la logistique.

Les 350 pages avec lesquelles les mesures sont "justifiées" et les accusations - deux "associations criminelles" et 150 faits criminels spécifiques - sont explicitées, sont le résultat d’enquêtes qui ont commencé en 2016, menées tant par la DIGOS que par la Brigade mobile de la ville émilienne, en entendant de nombreux témoins, en suivant constamment les différents litiges, avec un usage copieux des écoutes téléphoniques.

Violence privée, sabotage, résistance, interruption d’un service public et évidemment association de malfaiteurs "en tant que dirigeants, promoteurs et participants, organisateurs", sont les chefs d’accusation dont certains - à l’exclusion de ces 8 pour lesquels une demande d’emprisonnement a été formulée - concernent des dizaines de suspects.

Le sabotage, c’est-à-dire le blocage d’un tapis roulant, l’interruption d’un service public, c’est-à-dire le blocage des marchandises dans les entreprises s’occupant du système postal, la résistance lors de l’inculpation d’un piquet de grève sont quelques-uns des délits reprochés.

Il s’agit en fait d’un immense fichage de masse exercé sur l’activité syndicale des 7 dernières années dans le secteur de la logistique, dans les hubs des multinationales du secteur.

Une activité syndicale qui a permis non seulement l’amélioration concrète des conditions de travail des travailleurs, mais aussi l’émergence du système frauduleux des " changements de contrat " et de sa cogestion avec de " fausses coopératives ", des syndicats complices et une politique servile, comme si Piacenza était désormais une ville-entreprise aux mains des géants de la logistique.

Il faut peut-être remonter à la FIAT de La Valette, puis à celle d’Agnelli, et aux enquêtes qui ont fait " scandale " à l’époque pour pouvoir tenter une comparaison sur la façon dont une entreprise, en l’occurrence plusieurs entreprises, orientent aussi lourdement une enquête monstrueuse parce qu’elle voit ses propres intérêts lésés.

Faire des affaires sans avoir à traiter avec aucune entité organisée autre que ses concurrents directs, c’est le monde idéal des seigneurs qui considèrent qu’il est " normal " de recevoir tout bénéfice des territoires tout en payant des impôts là où cela les arrange (les paradis fiscaux ne manquent pas, même dans l’Union européenne).

En résumé, il s’agit d’un "théorème judiciaire" qui se nourrit de récits plutôt suggestifs, nés d’une distorsion sémantique évidente entre "agresseur et agressé", qui, d’une part, voudraient mettre un terme à la possibilité de s’organiser sur le maillon faible de la chaîne de valeur où l’action des travailleurs s’est avérée plus incisive, d’autre part, préparer le terrain pour un nouveau rétrécissement du droit de grève, de manière à le rendre "pénalement punissable".

Pour l’accusation et le GIP, ce sont les multinationales de la chaîne de valeur qui sont la " partie lésée ", ainsi que les membres individuels des syndicats, du moins jusqu’à ce qu’ils deviennent des dirigeants syndicaux.

La lutte de classe pour obtenir de meilleures conditions de travail - même en cas de changement de contrat - devient une extorsion, et la grève un chantage contre l’entreprise.

L’incitation à la syndicalisation, la recherche d’une plus grande représentativité au sein de l’entreprise et la dialectique - parfois un peu rude - entre les différents syndicats deviennent une sorte de "choc des organisations criminelles", avec des pratiques proches du gangstérisme.

Les employeurs "exaspérés", pour garantir la paix sociale, ont dû "céder aux revendications syndicales", et comme les rapports de force avec l’essor de l’organisation collective ont au moins relativisé le Far-West dans lequel le secteur pouvait auparavant prospérer, quelqu’un a pensé qu’"il fallait donner un signal", en prévision d’un automne qui s’annonce beaucoup plus chaud que cet été caniculaire.

Le message de fond qu’ils veulent faire passer est que les militants syndicaux, surtout ceux qui sont en conflit, et les organisations qu’ils dirigent, sont fondamentalement des organisations à but lucratif qui s’attaquent aux entreprises et aux membres individuels, pas différentes - sauf l’absence totale d’opposition aux entreprises - de ces appareils syndicaux concertés pachydermiques où prospèrent la corruption au détriment des membres et la servilité envers les entreprises et les palais du pouvoir (Draghi en tête, dernièrement).

Le GIP parle à plusieurs reprises d’"instrumentalisation des travailleurs involontaires", comme s’il s’agissait d’une masse amorphe de personnes crédules dupées par des dirigeants syndicaux sans scrupules, et non de travailleurs qui ont décidé d’entreprendre des formes de luttes dures parce qu’ils étaient les seuls incisifs dans une industrie où les conditions de travail étaient terribles et le respect des contrats une chimère, risquant leur propre sécurité - voire leur vie, comme dans le cas d’Abd Elsalam et d’Adil Belakhdim - poussés par des luttes similaires, dont ils voulaient imiter les résultats.

Il y a une certaine imagerie biaisée dans la narration qui est colportée (et les médias patronaux sont là pour être son porte-voix) dans les justifications entourant cet acte très grave contre le "nouveau mouvement des travailleurs".

Une "inspiration littéraire" qui semble s’inspirer des lois sur l’Union criminelle de la deuxième décennie du XXe siècle aux États-Unis, à l’époque du Red Scare, ou encore des fameux "théorèmes judiciaires" promus par une partie de la magistrature, à plusieurs reprises, dans notre malheureux pays.

Face à tout cela, les grèves proclamées dans le secteur de la logistique depuis le 19 juillet à minuit - et celles spontanées déjà mises en place le même jour - les initiatives locales et la manifestation nationale de ce samedi après-midi à Piacenza sont une première réponse pour que cette enquête se transforme en un cas d’école de l’hétérogénéité des fins de la lutte de classe par le haut, et en l’anticipation d’un nouveau cycle de luttes.

Source : Contropiano
Photos par Patrizia Cortellessa

Traduction JP avec Deepl

   

Un message, un commentaire ?

Forum sur abonnement

Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d’indiquer ci-dessous l’identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n’êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.

Connexions’inscriremot de passe oublié ?