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Une rentrée de combat

lundi 10 octobre 2016 par Charles Hoareau, Président de l’A.N.C

1. Situation internationale

Il n’est pas besoin de disserter ni d’argumenter longtemps sur la situation internationale pour comprendre qu’elle suscite inquiétudes et révoltes. Comme le dit Evo Morales, le président de la Bolivie « Le Capitalisme est le pire ennemi de la vie et de l’Humanité, et des générations futures : il détruit notre mère nature, pour concentrer la richesse dans les mains de quelques rares privilégiés, générant une pauvreté extrême ». Et il rajoute « Si nous ne construisons pas un autre système pour nos sociétés, nous devrons remplacer le développement soutenable par la mort durable ».

Sans s’embarrasser de considérations fumeuses sur l’état de la planète, il a le mérite de donner un nom aux choses. Je cite pêle-mêle « Beaucoup de gens dans le monde sont soit réfugiés soit déplacés, à cause du réchauffement climatique ou à cause des guerres et des conflits tandis que 800 millions de personne meurent de faim…pour supprimer le terrorisme nous devons supprimer ses racines : la concentration de la richesse dans les mains de quelques-uns, une pauvreté et des inégalités qui n’ont jamais été aussi importantes de même que les discriminations, cela nourrit la violence… La politique belliciste d’Israël est probablement l’un des plus terribles exemples de barbarie dans le monde… il faut la levée immédiate du blocus contre Cuba… Les USA se servent du terrorisme et du trafic de drogue pour asservir les peuples… »
Et il conclut en disant : « l’objectif principal de l’humanité doit être « d’éradiquer » le capitalisme et l’impérialisme ».

On ne peut être plus clair. Et là nous n’avons pas le choix : soit on se résigne à la barbarie et on risque la disparition de l’humanité, soit on se bat, chacun et chacune à son niveau pour que vienne une société où les richesses seront mises en commun et donc pour une société communiste au sens originel du terme afin que les progrès techniques s’appuient et servent le progrès humain. Nous n’avons pas d’autre solution que de participer à inventer une société basée non sur le développement du capital pour quelques-uns, mais une société basée sur le progrès social pour tous, une société du socialisme de notre temps, socialisme qui reste à inventer et construire pas à pas. Nous n’avons pas le temps ni le loisir de nous poser la question si cela est réaliste ou utopique, pas tant pour reprendre la phrase de Che Guevarra « soyons réalistes, exigeons l’impossible » , mais parce que c’est la seule issue.

Il semble bien que dans l’histoire nous n’ayons jamais été autant confrontés à cette urgente nécessité d’un engagement de chacun dans ce combat, tant nous sommes dans une situation historique de développement du capitalisme qui donne au livre de Lénine, L’impérialisme stade suprême du capitalisme, paru il y a juste 100 ans cette année, une dimension prémonitoire.

-* 2. Situation nationale

Évidemment la France, dont le gouvernement n’a pas choisi de rompre, c’est le moins que l’on puisse dire, avec le système capitaliste, n’est pas épargnée par cette crise qui secoue le monde et qui doit sa source uniquement, et il me semble qu’il faut insister sur ce mot uniquement, au mode de production capitaliste. Les banques, l’évasion fiscale, les politiques « austéritaires » et de plus en plus autoritaires, liberticides et discriminatoires ne sont que des conséquences de ce choix de production. Elles peuvent être aggravantes en soi, mais ne sont jamais la cause. Sinon on devrait répondre à Berthold Brecht qui posait la question : « est-il plus moral de créer une banque ou de l’attaquer ? » qu’il peut y avoir un système bancaire moral, des dettes légitimes et que l’Union Européenne, qui est une dictature mise en place par le capital d’une partie de l’Europe, peut être sociale…

Nous le disons nettement : il ne peut y avoir de bon gestionnaire du capital et de la crise. Si on ne remet pas en cause le système, si on ne vise pas son « éradication » comme dit Morales, fatalement les inégalités vont encore s’accroitre et les guerres tant civiles qu’entre les peuples vont être de plus en plus la « solution » du capital international. Comme le disait Jean Jaurès en 1895 « le capitalisme porte en lui la guerre, comme la nuée porte l’orage ! »

C’est bien parce que le moteur de notre société est à la recherche incessante du meilleur taux de profit par quelques-uns qui se sont appropriés depuis des générations les richesses créées et celles à exploiter, que nous en sommes là. C’est bien ce mode de production et les lois qui en découlent qu’il faut combattre en priorité. Ne se concentrer que sur les conséquences c’est soit faire preuve d’un manque d’analyse, soit ne pas vouloir s’attaquer à la racine du mal. Retour ligne automatique
Il semble important de le préciser quand on voit les analyses qui fleurissent ici ou là et les pseudo solutions qui sont proposées.

-* 3. Les réponses politiques

En effet tant qu’on parle du constat, et si on en reste à celui-ci, on peut se mettre d’accord avec nombre de gens y compris les plus inattendus. Quand on voit que Joseph STIGLITZ, prix Nobel d’économie, donc prix Nobel d’économie…capitaliste, publie un livre de 500 pages pour dénoncer l’euro, on peut se dire que le constat est unanime sur le fait que l’économie est à la dérive et que les réponses apportées ne sont guère suffisantes. Retour ligne automatique
Mais quand on parle des réponses à faire, l’unanimité vole en éclat. Regardons celles qui existent.

Passons rapidement sur les réponses et les choix de gestion du PS ou de la droite qu’elles soient sarkozyste, juppéiste ou macroniste. Nous n’avons pas besoin de nous convaincre entre nous. S’ils sont tous en marche c’est pour permettre au capital de poursuivre sa course en avant vers son eldorado, le taux de profit le plus haut possible.

Face à eux quelle opposition ? On ne peut nier que lors des luttes ou devant certains projets une opposition politique se manifeste, opposition, que l’on peut qualifier comme camp du progrès, qui s’est retrouvée dans la bataille contre la loi travail ou pour dénoncer la situation faites aux déportés du capitalisme international que sont les réfugiés de la guerre ou les déracinés économiques. Mais qu’elle est l’offre politique alternative au capitalisme de cette opposition ?

De ce point de vue, la situation en Grèce et en Espagne et les espoirs que certains ont mis (voire continuent de mettre) en Podemos ou Syriza, est éclairante. Les positions suite au Brexit le sont encore plus. Il faut attendre de lire la déclaration du parti communiste anglais pour voir apparaître les mots de vote de classe au sujet du référendum anglais. Chez nous, confondant morale et politique, le camp du progrès (du PCF à l’extrême gauche) s’est contenté de ne voir dans ce vote que l’expression d’une xénophobie et la marque de l’extrême droite. Un peu comme si nous avions dû en France, en 2005, nous désoler du succès du NON à la constitution européenne au prétexte que le FN, appelait également à voter NON.

Le Brexit a clairement mis en lumière ce que nous disions dès 2005 : la question de l’UE est un marqueur du clivage entre anti et pro capitalistes, entre gauche véritable et tout le reste. Condamner le vote des anglais au nom d’une « Europe à refonder » c’est refuser de voir ce qui se joue, avec cette construction capitaliste, en termes d’accroissement des profits, sa forme dictatoriale, sa négation des souverainetés populaires. Retour ligne automatique
Aujourd’hui combattre le capitalisme passe par combattre ses institutions et ses constructions qu’il s’agisse du FMI, de l’OTAN ou de l’UE. Quelle union pouvons-nous faire sur le fond avec des forces qui se prononcent pour ces institutions-là ?

C’est sûr dans l’histoire il y a eu des rassemblements larges et même plus larges que la gauche plurielle et on pense aux gouvernements issus du CNR mais sur la base d’un contenu de progrès. C’est quand ce contenu a été mis en cause en particulier sur la question du soutien aux luttes, de la souveraineté nationale et de l’adhésion au plan Marshall que cette unité a été remise en cause. Les communistes d’alors ont quitté un gouvernement où ils considéraient qu’ils ne pouvaient plus défendre l’intérêt du peuple.

Vouloir aujourd’hui encore « contribuer à faire émerger une majorité pour une politique de gauche » se prononcer pour un « large rassemblement à gauche » comme vient encore de l’affirmer Pierre Dharéville dans son rapport introductif au conseil national du PCF est illusoire….sauf si on sous-entend dans ce terme vouloir rassembler les forces qui, tout en se réclamant du camp du progrès, renoncent à vouloir « éradiquer le capitalisme ». Le clivage d’aujourd’hui est là : humaniser le capitalisme ou l’éradiquer et combattre ses institutions. C’est bien dans ce débat qu’il y a besoin d’une réponse communiste.
Avant d’en venir à cette question, quelques éléments sur cette montée voulue et organisée du vote et des idées d’extrême droite.

Nous avons eu l’occasion d’écrire à plusieurs reprises, en nous appuyant sur des données chiffrées précises, élection après élection depuis les 35 dernières années et en nous basant non sur des pourcentages mais sur les nombres de voix de la totalité de l’électorat, ce que nous en pensions que je résume en deux mots : glissement de l’électorat de droite, et pourcentages aggravés par les refus de vote des milieux populaires.

Nous savons bien que rien dans les idées d’extrême droite ne peut résoudre la crise ni permettre de combattre le capital, pour autant nous savons qu’elle se nourrit aussi des abandons de classe de ceux qui se disent de gauche et notamment de ce rejet de l’UE que ne veut pas accepter l’ensemble des forces politiques. Juppé et Royal ont eu au moins le mérite de la franchise sur cette question : pas question d’un référendum en France sur la question de l’appartenance à l’UE, le résultat est connu d’avance. Au fond on en revient à cette autre question de Brecht : « Puisque le peuple vote contre le Gouvernement, il faut dissoudre le peuple ! ».

-* 4. L’importance de la réponse communiste

Si donc nous ne voulons pas dissoudre le peuple il est important d’apporter des réponses à ces questions légitimes, et d’essayer de contribuer à leur élaboration, modestement, pour ce que nous pesons aujourd’hui dans le débat politique.

Quand nous sortons, au début du mouvement contre la loi El Khomri, notre 4 pages sur les 10 propositions à mettre en œuvre immédiatement pour un code du travail de progrès, nous sommes exactement dans notre rôle (voir ici).

Non pas seulement soutenir les luttes et y participer ce qui est naturel car nous sommes concernés, mais à partir d’elles poser une question que nul ne pose alors dans le débat : celle du refus de la dictature de la propriété des moyens de production, proposer un code du travail qui mette dans un premier temps un frein à la monarchie patronale, pose pour principe le droit au salaire de remplacement pour les chômeurs et permette l’appropriation sociale en nous appuyant sur l’exemple de FRALIB.

Poser aujourd’hui les grands principes d’un changement de société, point de vue débarrassé des considérations tacticiennes ou électoralistes, mais se situant sur les enjeux et les perspectives est fondamental si nous voulons voir nos idées progresser. Il faut donc que chacun d’entre nous s’approprie notre Manifeste, le discute, le critique, l’amende, l’enrichisse (une tribune de discussion est prévue à cet effet sur le site de l’ANC). Et bien sûr le diffuse et le fasse partager. Sans doute la tâche peut paraître immense, mais elle est là.

Nous le disons dans le Manifeste : nul ne peut rester communiste tout seul. Parce que nous avons besoin d’intelligence collective pour progresser et parce qu’isolés nous serons confrontés à la vague idéologique du capital. Une idée cela se travaille, cela se construit, cela s’étend ou meurt selon le combat que l’on mène pour elle. La tâche est immense ?

Mais est-elle plus facile ailleurs ? Est-elle plus facile pour le peuple du Venezuela confronté à la contre-offensive de la bourgeoisie alimentée par les USA ? A-t-elle été facile pour les noirs d’Afrique du Sud confrontés à l’apartheid ? Est-elle facile pour les palestiniens ? Est-elle facile en Afrique, en Amérique latine et centrale, en Égypte et dans tout le moyen orient où l’impérialisme occidental règne en maître ?

Et pourtant dans ces pays, comme dans tous les pays du monde il y a des forces qui résistent comme ces communistes philippins qui mènent aussi un combat admirable pour la libération de George Ibrahim Abdallah car ils connaissent le prix de la liberté. Nulle part le combat est facile mais il est moins difficile quand on est nombreuses et nombreux à s’engager, à prendre sur le temps familial, syndical, associatif ou autre, du temps pour le débat, pour faire avancer des idées de progrès, pour aider à l’organisation sans laquelle aucune force politique ne peut progresser.

Nous ne sommes pas invités aujourd’hui à un forum où chacun peut poser des questions et donner son avis. Nous sommes assignés à bien plus que ça. A nous engager dans le combat que l’urgence d’aujourd’hui nous impose.

   

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