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Révolution Permanente couvre le soutien du NPA à l’OTAN contre la Russie

lundi 4 avril 2022 par Anthony Torres, Alexandre Lantier,

Les Trotskistes entre-eux !!! Pour info.(JP-ANC)

L’armement des milices nationalistes ukrainiennes par l’OTAN et les appels de Washington au renversement du gouvernement russe démasquent la pseudo-gauche petite-bourgeoise. Face à l’invasion réactionnaire de l’Ukraine par la Russie provoquée par les menaces de l’OTAN, elle fait son Union sacrée avec sa propre bourgeoisie. En France, le Nouveau parti anticapitaliste (NPA) pabliste et l’appareil stalinien de la CGT ont appuyé sans détour la politique des puissances impérialistes de l’OTAN qui visent à étrangler la Russie.

Le rôle du groupe moréniste Révolution permanente, lié au Parti des travailleurs socialistes (PTS) argentin, est de couvrir leur rôle réactionnaire. Les morénistes tentent d’empêcher les travailleurs de déborder ces appareils nationaux complices de la marche vers une Troisième Guerre mondiale. C’est le sens de l’article de Révolution Permanente intitulé « Ukraine : l’enjeu d’une politique anti-impérialiste indépendante », par Juan Chingo, Philippe Alcoy et Pierre Reip.

Leur article commente un débat entre le professeur Gilbert Achcar, membre du NPA et conseiller rémunéré de l’armée britannique, et le professeur Stathis Kouvélakis, ex-membre du parti Syriza qui au pouvoir a imposé l’austérité aux travailleurs grecs. Les Tartuffes de Révolution permanente prétendent dans leur article que des figures comme Achcar et Kouvélakis mènent un débat sur la politique révolutionnaire.

Ils écrivent :

  • « Très riches, les textes de Gilbert Achcar (GA) et Stathis Kouvélakis (SK) reflètent certaines des divergences existantes au sein de la gauche et de l’extrême-gauche en France concernant la guerre en Ukraine. S’ils permettent de nourrir la lecture de la situation et des questions qu’elle soulève, ils laissent cependant selon nous de côté la perspective d’une politique indépendante de la classe ouvrière et des secteurs populaires, qui serait pourtant la seule à même d’ouvrir la voie à une réelle auto-détermination du peuple ukrainien. »

Révolution permanente travestit ici le rôle politique d’Achcar et de Kouvélakis, et ainsi du NPA dont ils sont tous les deux des représentants politiques en vue. En réalité, les deux professeurs ne sont pas des révolutionnaires qui « nourrissent » la discussion à propos de l’Ukraine au sein de « l’extrême-gauche ». Achcar comme Kouvélakis sont des réactionnaires anti-ouvriers qui couvrent la politique impérialiste de l’OTAN par une propagande de pseudo-gauche.

Achcar est membre du NPA, professeur à la School of African and Oriental Studies de Londres, et conseiller payé par l’armée britannique. Comme l’on s’y attendrait d’un conseiller de l’impérialisme britannique, il a applaudi les interventions militaires de l’OTAN en Libye et en Syrie.
En 2011, il a soutenu la résolution 1973 du Conseil de sécurité de l’ONU autorisant le bombardement impérialiste de la Libye, en déclarant : « Vous ne pouvez au nom des principes anti-impérialistes vous opposer à une action qui empêchera le massacre de civils. »

Achcar fut également fervent partisan de l’intervention impérialiste en Syrie. Il a participé aux réunions en 2011 du Conseil national syrien, allié au renseignement américain. Il a conseillé à l’opposition syrienne contre Bachar al-Assad, dominée par un ensemble de milices islamistes liées à la CIA, de solliciter une assistance indirecte plutôt qu’une intervention directe de Washington.

À présent Achcar soutient, sans surprise, l’armement de milices d’extrême-droite ukrainiennes par l’OTAN, développant crûment un argumentaire pro-impérialiste. « Nous sommes pour la livraison sans conditions d’armes défensives aux victimes d’une agression – dans ce cas, à l’État ukrainien qui lutte contre l’invasion russe de son territoire », écrit-il dans un article déjà réfuté par le WSWS. Achcar accuse à tort tout opposant de l’OTAN de « campisme » prorusse.

L’article d’Achcar a aussi provoqué une réponse dans le magazine Contretemps par le professeur Stathis Kouvelakis, qui a milité au PCF stalinien, au NPA et à Syriza.

Kouvelakis a rejoint le PCF pendant ses études en France dans les années 1980, après que le PCF ait fait son alliance gouvernementale avec le PS du président Mitterrand pour imposer un « tournant de la rigueur    » aux travailleurs. Professeur à King’s College London entre 2002 et 2020, il a rejoint la Ligue communiste révolutionnaire en 2005, avant que celle-ci ne devienne le NPA en 2009. Il a ensuite été membre du comité central de Syriza de 2012 à 2015.
Syriza a fait campagne en 2014-2015 en promettant de stopper la politique d’austérité européenne qui dévastait la Grèce. Syriza est arrivé au pouvoir en janvier 2015.

Alors que Kouvélakis était membre du comité central de Syriza, Syriza a promis à l’Union européenne en février 2015 de maintenir les « réformes structurelles » imposées à la Grèce, puis a imposé 13 milliards d’euros en mesures d’austérité en juillet. Peu après, Kouvélakis a quitté Syriza, disant néanmoins que « le mot ‘trahison’ n’est pas approprié si on veut comprendre ce qui se passe ».

Dans son article, Kouvélakis met en garde contre l’opposition à l’OTAN de larges masses de travailleurs en Chine, en Inde, au Vietnam et en Amérique latine. Dans ces pays, écrit-il, « le discours moral des États-Unis et des pays occidentaux, et leur défense du ‘droit’, tellement sélective qu’elle en devient absurde, sont largement perçus pour ce qu’ils sont, à savoir une monumentale hypocrisie au service d’une entreprise d’asservissement. »

Kouvélakis évoque l’expansion de l’OTAN vers l’est depuis la dissolution stalinienne de l’Union soviétique en 1991 en absorbant la Pologne et d’autres anciens membres du bloc soviétique. Il critique ceux qui traitent Vladimir Poutine de « déséquilibré qui fantasme l’‘encerclement’ de la Russie par des puissances hostiles. Non, tout cela est malheureusement avéré, et a commencé à se mettre en place bien avant Poutine ».

Malgré ces aveux, Kouvélakis finit par tomber d’accord avec Achcar. Dénonçant la Russie, qu’il traite de « puissance impérialiste secondaire et régressive », il caractérise le conflit comme étant une guerre de libération nationale ukrainienne.
Il écrit, « Une chose est certaine : cette guerre ne peut en aucun cas être celle des forces qui luttent pour l’émancipation humaine ; par ses buts et sa logique propre, elle en est l’exacte négation. C’est une agression dirigée contre le peuple ukrainien ».

Cette définition fournie de la guerre par Achcar et Kouvélakis est réductrice et finalement fausse. S’il est clair que l’invasion russe de l’Ukraine est réactionnaire et divise les travailleurs russes et ukrainiens, il est également clair que la Russie et l’Ukraine sont loin d’être les seuls combattants. L’OTAN dépense des milliards d’euros pour armer les forces armées et les milices nationalistes ukrainiennes, qui servent de truchement à une guerre menée contre la Russie par l’OTAN.

On ne peut comprendre ce conflit en dehors de la politique suivie par les puissances impérialistes de l’OTAN depuis la dissolution stalinienne de l’Union soviétique en 1991. Washington et ses alliés ont tenté d’imposer leur domination sur une série de guerres impérialistes en Irak, en Yougoslavie, en Afghanistan, en Libye, en Syrie, au Mali, et au-delà.

En même temps, l’OTAN absorbait les anciens pays du bloc soviétique en Europe de l’Est et tentait de dresser les anciennes républiques soviétiques les unes contre les autres.

Depuis l’installation d’un régime pro-OTAN en Ukraine en février 2014, en un coup d’État dirigé par des forces d’extrême-droite suite aux manifestations du Maïdan à Kiev, l’OTAN dresse en particulier l’Ukraine contre la Russie.
Révolution permanente, par contre, prend très au sérieux les apologies pour l’OTAN formulées par Achcar et par Kouvélakis et tente de distinguer doctement lequel des deux professeurs lui plaît davantage :

  • « Si l’argumentaire de SK a l’intérêt de mettre en lumière l’internationalisation de la guerre en Ukraine et le rôle de l’OTAN, ces éléments ne suffisent cependant pas à définir la guerre comme un simple ‘conflit inter-impérialiste’, et encore moins comme une ‘guerre impérialiste mondiale non déclarée’ comme vont jusqu’à dire certains. Sur ce plan, GA a raison de pointer le fait qu’une guerre inter-impérialiste est ‘une guerre directe, et non par procuration’, mais il se trompe en refusant de voir la dimension internationale indéniable de la guerre en Ukraine ».

Ici, Révolution permanente falsifie la nature de la guerre et minimise les dangers énormes qu’elle pose aux travailleurs. En réalité, le conflit que l’OTAN livre à la Russie en armant les milices nationalistes ukrainiennes est une « guerre impérialiste mondiale non déclarée ». Le plus grand danger est celui d’une escalade, où l’OTAN et la Russie se mettraient à se battre non seulement à l’intérieur mais aussi en dehors des frontières de l’Ukraine, provoquant une guerre mondiale généralisée, menée avec des armes nucléaires.

Une autre falsification politique de la guerre par Révolution permanente, comme par l’ensemble de la pseudo-gauche, est de traiter la Russie de puissance « impérialiste ». L’invasion lancée par Poutine est sans doute réactionnaire : elle divise les travailleurs ukrainiens et russes et elle ouvre la voie à une intervention militaire intensifiée de l’OTAN dans la région. Mais traiter la Russie de puissance impérialiste falsifie l’histoire et les rapports de force internationaux qui sous-tendent la guerre.

La Russie, régime capitaliste issu de la dissolution stalinienne de l’Union soviétique, n’est ni plus puissante ni plus agressive que l’OTAN. Son économie pèse environ 1.700 dollars, soit 20 fois moins que celle de l’OTAN. Sa population de 144 millions est six fois moindre que celle de l’OTAN, ses forces armées (environ 1 million de soldats réguliers) trois fois plus petites que celles de l’OTAN. Et alors que les armées de l’OTAN sont aux frontières de la Russie, ce sont les banques des pays de l’OTAN qui s’emparent des recettes d’exportation de la Russie, et non l’inverse.

Révolution permanente, par contre, juge que les débats réactionnaires entre Achcar et Kouvélakis « posent la question de la politique dont nous avons besoin pour la période convulsive qui s’ouvre » et conclut :

  • « Si la réponse à la situation ukrainienne constitue dès lors un test décisif pour l’ensemble de la période à venir, la position formulée par GA nous semble ouvrir la voie à un dangereux alignement derrière l’OTAN tandis que celle de SK a pour limite de sous- estimer le rôle que pourraient jouer les travailleurs et les peuples sur la scène politique ».

Pourtant, Révolution permanente ne dit pas plus sur le rôle que les travailleurs pourraient jouer. En fait, c’est Révolution permanente aussi qui est aligné derrière l’OTAN, et sa propre propagande sous-estime le rôle que pourraient jouer les travailleurs pour stopper la guerre. Pour stopper la guerre et empêcher qu’elle ne provoque une guerre nucléaire, les travailleurs devront non seulement déborder mais aussi lutter consciemment contre les appareils syndicaux et politiques que couvre Révolution permanente.

Le WSWS a expliqué dans sa réponse à Achcar :

  • « Un parti marxiste, face au danger de guerre mondiale, lutte pour unifier les travailleurs de tous les pays contre la propagande chauvine dans laquelle la classe dirigeante veut noyer l’opinion dans chaque pays. Il démasque les falsifications historiques et les mensonges politiques que la bourgeoisie mobilise en faveur de la guerre. Ainsi il prépare l’intervention des travailleurs, comme les bolcheviks l’ont fait lors de la révolution d’octobre 1917 en Russie pendant la Première Guerre mondiale, pour arrêter la guerre et renverser l’ordre social qui l’a engendrée ».

Une telle politique nécessite de démasquer d’abord les milieux petit-bourgeois tant politiques que syndicaux que les médias pro-patronaux font passer pour « l’extrême-gauche » et le « mouvement ouvrier ». Ceux-ci sont totalement intégrés à l’appareil de propagande impérialiste.

Ainsi non seulement le NPA, mais aussi la CGT, syndicat historiquement stalinien et pro-Moscou, et aussi le parti LO apportent un soutien plus ou moins ouvert à l’OTAN en Ukraine.

Ces organisations ont évolué très loin vers la droite depuis l’époque, il y a 70 ans, à laquelle les ancêtres politiques pablistes du NPA ont rompu avec le trotskysme et le Comité international de la IVe Internationale (CIQI). Les bureaucrates et les professeurs petit-bourgeois de cette époque comptaient sur la manne financière d’immenses syndicats et surtout de l’État soviétique dominé par les staliniens. Les pablistes ont rompu avec le CIQI en 1953 en insistant que le PCF était le seul parti qui pouvait diriger les luttes des travailleurs en France.

Depuis la dissolution stalinienne de l’Union soviétique et l’effondrement des appareils syndicaux nationaux, ce milieu a évolué en tant que groupes petits-bourgeois pendant des décennies. Étonnés par la disparition de l’Union soviétique, qui réalisait les avertissements de Trotsky sur le rôle du stalinisme, ils se sont rapidement réorientés vers l’OTAN. Enrichis grâce à la bourse et employés dans des appareils syndicaux et des universités financés par des crédits de l’État et des organisations patronales, ils identifient instinctivement leurs intérêts à ceux de l’impérialisme.

Ils servent surtout à démoraliser des couches d’électeurs et de travailleurs qui pourraient constituer la base d’un mouvement de gauche. La tâche de construire un mouvement antiguerre et le danger d’une guerre mondiale nucléaire nécessite une opposition irréconciliable à la politique réactionnaire du pablisme.


Voir en ligne : https://www.wsws.org/fr

   

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