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Énergie - À Belfort, le Président a la mémoire courte !

dimanche 6 mars 2022 par Alain Amsellem

En déplacement à Belfort, le Président presque mais pas encore candidat (à l’époque) à sa succession s’est exprimé sur la réindustrialisation de la France et sur son avenir énergétique à l’horizon 2030 – 2050.
Concernant le plan de relance dans le domaine de l’énergie pour satisfaire les besoins du tout électrique qui nous est promis, que penser de ce revirement sur la relance de la filière électrique nucléaire alors que le candidat Macron de 2017 voulait réduire à 50% la production nucléaire dans le mix énergétique ?

Pure démagogie à l’époque puisque, sans rien changer aux moyens de production existants du fait de l’augmentation de la consommation liée à la volonté du « tout électrique » en raisonnant en pourcentage, le pari était sûr d’être gagné ! Sans doute que le futur Président avait besoin du soutien des partis écologiques pour asseoir son autorité.

A l’époque, nombre de voix se sont élevées pour dire qu’il était folie et totalement illusoire de fermer des tranches de production nucléaires et de vouloir compenser par des moyens de production intermittente et aléatoire ; depuis l’Histoire leur a donné raison puisque, avec la fermeture de Fessenheim, au cours de l’hiver 2021/2022 la France a été sur la corde raide pour satisfaire tous les besoins et a été obligée de demander à certains industriels de ne plus consommer pendant certaines périodes critiques.

Enfin, le programme énergétique annoncé à Belfort semble avoir retrouvé du bon sens car, relancer la filière Nucléaire est indispensable pour satisfaire les besoins à l’horizon 2030 sans nier que les énergies renouvelables ont toute leur place dans le mix énergétique à condition d’être lucides dans leur mise en œuvre et de peser avec claire voyance tous leurs avantages et tous leurs inconvénients et bien mesurer leur impact sur l’environnement.

En effet, est-ce vraiment toujours raisonnable d’imperméabiliser des terres agricoles en les bétonnant pour implanter des éoliennes sachant que les éoliennes du futur telles que pensées aujourd’hui mesureront 190 mètres de haut, nécessiteront 600m3 de béton armé pour ne produire que 2,35MW ; pour une production équivalente à une tranche nucléaire de 1300MW il faudra en implanter 553.

Cette politique va continuer de participer à l’artificialisation des sols ; dans une étude réalisée par Terre de lien publiée en février 2022, de 1950 à nos jours les surfaces agricoles sont passées de 72% à 52%. Des terres agricoles sont laissées en friche du fait de la diminution du nombre d’agriculteurs mais également du fait de terres rendues inexploitables par l’implantation de champs d’éoliennes et de fermes photovoltaïques et, l’idée à la mode est de faire pousser des légumes sur les ronds-points urbains et sur les toits terrasses des immeubles alors que des terres agricoles ne peuvent plus être exploitées.

Le père Ubu et l’esprit kafkaïen ont encore de beaux jours devant eux !

D’ici 2050, notre Président veut que soit doublé les 18,5GW produits aujourd’hui par les éoliennes soit : 37GW (37 000MW) ; à raison de 2,35MW par éolienne de 190 mètres, il faudra donc implanter 7900 éoliennes supplémentaires.

Au total les 15800 éoliennes occuperont une superficie d’environ 1000km2 soit presque l’équivalent du territoire du département du Val-d’Oise nonobstant les superficies agricoles gelées par l’implantation des fermes photovoltaïques dont il est impossible aujourd’hui d’en connaître leur nombre et leur implantation.

Concernant la filière hydrogène, quelle sera son utilisation : carburant pour les véhicules, chauffage, production d’électricité… ?

Compte tenu de la lenteur à laquelle le réseau de recharge des véhicules électriques se met en place ; le réseau de distribution d’hydrogène n’est peut-être pas encore prêt à irriguer l’ensemble du territoire français !
Par ailleurs, il faut se rappeler que tout changement d’état fait baisser le rendement du produit final obtenu or, pour fabriquer 1m3 d’hydrogène qui contient 3kWh d’énergie, il faut 5kWh d’électricité ; autant dire que l’on obtient moins d’énergie que l’on en consomme.

Dans son discours le Président pas encore candidat a évoqué la reprise de la production hydroélectrique ; rien n’est à négliger compte tenu des besoins futurs mais il me semble que dans ce domaine l’avenir soit limité ; en effet lorsque je faisais mes études il y a plus de 60 ans, on nous apprenait que 95% des sites exploitables étaient déjà exploités.
Cette volonté n’est-elle pas quelque peu démagogique ?

On le voit, pour sauver la planète sans la filière nucléaire, il ne semble pas y avoir de solution miracle à espérer d’autant que les pays de l’Union Européenne y vont en rangs dispersés chaque État mettant en œuvre sa propre politique.

Le cas de l’Allemagne est assez édifiant. Ce pays exportateur d’électricité le devient de moins en moins au fil des années. Elle a fait le choix de renoncer à la production nucléaire mais, pour compenser le manque elle doit avoir recours aux énergies fossiles bien que son investissement dans les ENR soit relativement important.

En 2021 sa production d’électricité provenait pour 41% des ENR mais, pour 28% des énergies fossiles, pour 15% du gaz naturel, pour 4% du pétrole et pour 12% du nucléaire et, cela ne semble pas la gêner de consommer de l’électricité achetée à la France et qui provient à plus de 70% du nucléaire.
Cette politique l’a amenée à avoir le coût de l’électricité le plus cher de l’UE : 0,3043€ le kWh TTC et taxée à 50%.

Le Danemark, lui, est crédité de meilleur élève européen en matière d’équipement ENR.
En 2019 sa production électrique provenait pour 18,2% d’énergie fossiles, 6,3% du gaz naturel et 79,1% des ENR mais, taxée à 75% son prix du kWh arrive juste derrière celui de l’Allemagne ; il faut bien payer les investissements dans les ENR !

La Pologne apparaît au sein de l’UE comme le plus mauvais élève pour arriver à une production bas carbone ayant continué à utiliser ses ressources propres puisque pratiquement 75% de sa production provient d’énergies fossiles : pétrole, gaz mais surtout charbon, et pour 16% des ENR ; mauvais élève mais qui a un des meilleurs prix du kWh, juste avant la Bulgarie très dépendante des énergies fossiles (39%) contre 42% d’énergie renouvelable et 18% d’énergie nucléaire mais dont le prix du kWh n’est que de 0,1€.

Et la France ?
Grâce à son héritage issu du programme du Conseil National de la Résistance et des nationalisations des secteurs du gaz et de l’électricité, elle a su investir dans la construction de barrages hydro-électriques au sortir de la guerre lorsqu’il a fallu reconstruire le pays, des centrales thermiques puis, a su prendre le virage du nucléaire lors du premier choc pétrolier ce qui a permis au pays de disposer de l’énergie électrique en quantité suffisante et à d’un coût parmi les moins chers d’Europe jusqu’à ce que le Parlement européen impose l’introduction de la concurrence sur le marché de l’électricité et qui avait pour but de faire baisser les prix.
Chaque consommateur est à même de juger du succès de la mesure.

Cerise sur le gâteau, à Belfort, Emmanuel Macron a évoqué avec force la réindustrialisation du pays alors que lorsqu’il était à Bercy il a été un des artisans de la vente d’Alstom à Général Électrique et dont il demande aujourd’hui à EDF surendettée, de racheter l’activité nucléaire !

Connaîtrons-nous un jour les dessous de ce Monopoly industriel ?

2 mars 2022

   

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