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" France, mère des arts, des armes et des lois…"

samedi 15 janvier 2022 par Francis Arzalier (ANC)

La formule est de Du Bellay, en 1558, et elle a souvent servi à exprimer l’orgueil d’être de ce pays, une suffisance nationaliste que le reste du monde qualifie souvent " d’arrogance française."

Ceci dit, la formule fut justifiée, durant quelques siècles avant le nôtre.

1-La primauté artistique et intellectuelle était réelle, quand Léonard de Vinci, fleuron de la Renaissance italienne, venait travailler en Val de Loire, sous l’égide des Rois de France. Elle le fut plus encore au Siècle des Lumières, quand nos Philosophes éclairaient l’Europe entière, quand Diderot servait de conseiller à la Tzarine de Russie, et Voltaire à un Roi de Prusse. Et cela dura jusqu’au XXème siècle, au point que Picasso est cru par tous un grand maître de l’Art français, alors qu’il fut jusqu’à sa mort espagnol. Et la langue d’Hugo, de Flaubert, d’Aragon et de Sartre, passa longtemps pour celle de l’intelligence créatrice, elle le méritait.
Jusqu’à ce que, diront les chagrins, leurs petits fils dégénérés ne sachent plus qu’éructer des pensées courtes en franglais de latrine, quand le tweet aura remplacé la rhétorique rationnelle.

2- Celle des lois fut aussi longtemps un modèle, pour le pire parfois et souvent le meilleur, quand l’égalité civile enfantée par la Révolution française, se répandit se diffusa d’Italie en Pologne, et des Pays Bas en Espagne, y compris par le gant d’acier du Code Napoléon. Et la laïcité, elle aussi, fut jusqu’au cour du siècle XX souvent considérée comme un apport français, et fille de Descartes.

3- Bien sûr, toutes ces médailles d’or de la Nation française reposaient depuis le début sur la troisième personne de cette trinité bellaysienne, la prépondérance militaire, les canons et les mercenaires qui firent de Louis XIV l’arbitre des pugilats européens, les soldats paysans de l’Empire, qui pilèrent allègrement l’Europe, avant de s’effondrer sous le poids des peuples excédés.
Les 19ème et 20ème siècles furent moins probants : la France qui se pensait encore la plus forte, se fit déculotter en 1870, faillit renouveler cette défaite en 1914, avant de se retrouver dans les vainqueurs coalisés en 1918, au prix d’une hécatombe de ses jeunes. Toujours persuadée d’être « la première armée du monde », elle courut à la débâclé en 1940, et ne s’en releva en 45 que par la coalition improbable de l’Armée Rouge et des GIs de Normandie.

4- Il lui restait, bien sûr, de sa domination militaire passée, un grand Empire en Afrique et Asie, que la majorité française jugeait encore en milieu de 20ème siècle éternel, comme les Allemands le disaient du IIIème Reich en 1942. La même cécité aboutira au même fiasco mérité.

5- Le « Reich millénaire » d’Hitler meurt sous les coups des peuples opprimés en 1945, et l’Empire colonial français humilié par sa déroute en Indochine (1954) puis en Algérie (1962), sera obligé d’accorder l’indépendance à ses colonies d’Asie et d’Afrique noire. Non sans arrière-pensées, car ces nouveaux États du « pré-carré » seront liés au maître français par un faisceau de liens économiques, politiques… et militaires.
L’édifice contraignant qui enchaîne depuis 62 ans ses ex-colonies à la France officielle, repose sur sa présence militaire, faite de bases permanentes, d’ingérences constantes par le biais de barbouzes et de militaires locaux formés en « métropole », et chaque fois que jugé nécessaire à Paris, d’interventions militaires directes, pour garantir ou maintenir le dirigeant « indigène » favori du « protecteur » blanc.

6- Le dernier exemple en date est l’OPEX française dite Barkhane au Sahel, avec l’assentiment tacite des alliés occidentaux, USA, Allemagne et OTAN, bien contents de voir la France s’engluer dans un combat perdu d’avance. Ils y voient un moyen d’empêcher ou freiner l’influence des concurrents Chinois ou Russes en Afrique. Une stratégie de l’Impérialisme occidental en crise, qui va d’échec syrien en débandade afghane, et délègue volontiers à la France, son partenaire mineur, un espace africain volontiers dévolu au plus ancien en ces contrées.

Le même grand écart entre une volonté dominatrice surannée et une capacité militaire en recul marque la France en 2022 :
Le Président Macron, en quête d’un renouvellement de mandat improbable, ne sait plus guère gagner sur le terrain les guerres qu’il engage.

7- L’aventure malienne, qui annonçait fièrement éradiquer les djihadistes du Sahel, est un échec militaire total, les bandes armées, délinquants autant que fanatiques, se sont multipliées jusqu’au sud du pays, et l’insécurité étendue au Burkina et au Niger y a semé les exactions et multiplié les réfugiés. Ils ont l’argent nécessaire aux recrutements, et n’ont en face d’eux que des États soumis à l’étranger par la corruption, incapables d’assurer la protection des citoyens.

8- C’est plus encore un échec politique : le peuples de Bamako, qui applaudissait encore les soldats français en 2013, manifeste régulièrement aujourd’hui pour exiger leur départ, et c’est même cette exaspération populaire qui a reversé l’ex- Président IBK, au profit d’une transition militaire qui a incarné beaucoup d’espoirs, et en a peu concrétisé pour l’instant.
Et le même rejet populaire vis à vis de la France et du pouvoir local se manifeste au Burkina.

9- Le pire stigmate de cet échec est que l’objectif tacite fixé par l’Occident au Sahel, à savoir empêcher l’expansion en Afrique de l’Ouest de la Russie et de la Chine, est en train de s’effondrer.
Après le Centrafrique, qui servit longtemps de terrain de jeux aux troupes françaises, avec des résultats plus que discutables et de nombreuses accusations de prostitution et de viol, c’est au Mali que les autorités de Transition font appel aux soldats russes de la société privée Wagner.

On peut douter que cela seul suffise à restaurer un État national solide, unique solution durable à l’insécurité, c’est en tout cas l’humiliation majeure pour les dirigeants français.
Et les prémices d’un retrait seulement retardé par le contexte électoral français !

Macron, qui se prend toujours pour un stratège international, alors que chacun sait qu’il n’est qu’un tacticien électoral, se félicite d’assumer pour les mois qui viennent la « présidence de l’Union Européenne », oubliant de préciser que cette charge honorifique ne lui confère aucun pouvoir réel sur les destinées de l’UE.

Il persistera à n’être que le soutien obéissant des dirigeants de l’OTAN et des États Unis, qui ont organisé à l’Est de l’Europe l’encerclement militaire contre la Russie, à grand renfort de bases aériennes, et de manœuvres militaires menaçantes, avec la complicité des nationalistes au pouvoir en Pologne, aux Pays Baltes et en Ukraine. Ils y multiplient les provocations contre la Russie et son allié biélorusse, au risque d’engendrer un dérapage guerrier un de ces jours.

Et le Président d’une France affaiblie et vassale continuera à inciter ses porte- paroles médiatiques à inonder les français de discours anti-biélorusses.

« L’arrogance française » décidément, se porte bien en 2022.

14/1/2022

   

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