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USA : Changement de partenaire

samedi 27 novembre 2021 par Badia Benjelloun (ANC)

En mai 2008, Bush a rendu visite au roi d’Arabie aux mains des Saoud. Il lui a demandé une nouvelle fois depuis l’envolée des cours du pétrole de rehausser le niveau de production, il avait déjà plaidé en janvier de la même année pour cette même cause car les prix élevés à la pompe participent aux difficultés de l’économie américaine depuis quelques mois.

En mai, ils avaient atteint des sommets ‘historiques’, 126 dollars le baril de Brent et 127 le light sweet crude à New York. Ils allaient connaître un pic de 145 dollars avant de retomber en raison de la récession mondiale engendrée par la crise des subprimes.

Depuis les accords du Quincy, les Usa utilisaient le niveau de production de l’Arabie comme variable essentielle de stabilisation du prix du baril. C’était bien la première fois que ce levier s’est révélé inopérant, le roi Abdallah a répondu que l’offre était suffisante et que la flambée des prix reflétait une activité purement spéculative.
Démonstration était faite que le pays censé disposer du quart des réserves mondiales ne peut pas servir d’amortisseur aux fluctuations des prix.

Ces dernières semaines, l’administration étasunienne fait pression sur les pays de l’OPEP et particulièrement sur Moscou pour qu’ils augmentent leur production afin de limiter la hausse du cours du brut. Les prix oscillent autour de 80 dollars, mais nombre d’analystes prévoient qu’il atteindra les cents dollars, voire cent cinquante vers le milieu de l’année 2022.

Washington ne s’adresse plus préférentiellement à Ryad, c’est la Russie
qui est sollicitée, cette même Russie accusée régulièrement d’ingérence dans les élections des pays occidentaux et d’autres turpitudes. Elle subit depuis des années des sanctions économiques et des menaces d’agression militaire de la part des Usa. Les exercices menés de l’OTAN en Lettonie, ceux de la marine étasunienne en mer Noire constituent, sous forme de provocations assumées, une dégradation de la sécurité européenne et mondiale.

Poutine a laissé entendre que l’OPEP pourrait produire davantage de barils qu’annoncés tout en faisant remarquer que tous les pays producteurs ne sont pas en mesure d’augmenter leur extraction des hydrocarbures.

Les Usa ont puisé dans leurs réserves stratégiques pour tenter de limiter la hausse du prix de l’essence à la pompe de 60% en moins d’un an. L’ère des hydrocarbures non conventionnels extraits des schistes, technique maîtrisée mais peu rentable, qui devaient restituer l’indépendance énergétique étasunienne est révolue.

Une reprise entravée

La ‘reprise économique’ constatée un peu partout n’a rien de miraculeux car elle est mesurée par rapport à l’arrêt quasi-total de l’activité économique mondiale en 2020.

Elle se heurte à des perturbations importantes des chaînes d’approvisionnement mondiales qui participent à la hausse des prix des produits manufacturés et alimentaires ainsi que des carburants.
L’arrêt momentané des flux commerciaux en raison de la pandémie puis sa remise en marche met en lumière la très grande dépendance de la consommation vis-à-vis des importations depuis les pays producteurs majoritairement du ‘tiers-monde’, là où les salaires sont très bas.

Il souligne également la vétusté des infrastructures portuaires, la pénurie de main-d’œuvre dans les pays occidentaux, là où elle est nécessaire.

Le trafic maritime du commerce international est fortement embouteillé, le volume des marchandises a augmenté de 10,8% en 2021 selon l’OMC alors qu’il s’était contracté de 5,3% en 2020. La demande via le commerce en ligne a été stimulée par les confinements et autres mesures non pharmaceutiques prises pour lutter contre la pandémie.

Des porte-conteneurs s’accumulent par dizaines devant les ports californiens. L’extension des heures de travail à 7/24 autorisée par le gouvernement fédéral pour décongestionner l’embouteillage ne suffit pas à le résorber.
Les coûts d’expédition flambent, alors que la demande des consommateurs étasuniens en particulier reste soutenue. La fermeture des ports chinois pour contenir la plus petite épidémie de la Covid 19 aggrave les retards de livraison déjà considérables.

Une variable puisée dans les chauves-souris

L’annonce de l’apparition d’un variant du Sars-CoV-2 hautement transmissible et peu sensible aux anticorps générés par la spike du variant alpha a bousculé les bourses asiatiques mais également occidentales. La place financière de Paris a perdu 4,03% en une seule journée effaçant les gains accumulés ces dernières semaines, Londres et Francfort ont reculé de 3%.

Le Brent est alors passé de 78,06 le 25 novembre à 68,80 le lendemain sous l’effet d’une anticipation d’un arrêt de l’économie mondiale. L’évolution génétique du Sars CoV-2 qui dérive vers un échappement à l’immunisation naturelle ou vaccinale devient-il un facteur de correction de l’exubérance, anormalement euphorique, des marchés financiers ?

La crise du capitalisme des années quatre vingt a été surmontée par les ‘délocalisations’ initiée par les firmes étasuniennes qui ont installé leurs usines en Chine et profité des progrès de l’informatique et des communications ainsi que d’un coût modeste du transport maritime.

Les salaires dans les pays du centre de l’impérialisme n’ont pas progressé, réduisant leur part dans le PIB au profit du capital. Ils ont été compensés par les prix des produits importés, maintenus très bas en raison d’une réserve de main d’œuvre considérable des pays émergents, de l’absence de revendications syndicales et de conditions de travail très détériorées, voire dangereuses.

Cette évolution a été permise par la libre circulation des capitaux et des marchandises (mais pas celle des hommes) imposée à la planète entière, non par les États mais par les firmes qui choisissent les dirigeants politiques compatibles avec leurs propres besoins. C’est pourquoi les mascarades électorales sont de plus en plus spectaculaires, combats de coqs de plus en plus ‘sanglants’ entre marionnettes dociles vis-à-vis de firmes plus puissantes que les États.

Fin d’un cycle

Ce cycle d’une bonne trentaine d’années est en train de s’achever, l’inflation modifie les conditions de la classe ouvrière privilégiée des pays riches. Dans cette classe, on peut compter tous les salariés même hautement formés, y compris ceux du secteur tertiaire. Les banques centrales ont abandonné le dogme d’une inflation gardée au plancher pour ne pas dévaloriser l’épargne et ne pas augmenter les salaires.

Cette rupture a été rendue bien visible en France par le mouvement des Gilets jaunes puis par la révolte contre la réforme des retraites qui a concerné des corps de métiers comme celui des avocats, assez peu concernés jusque là par les mouvements sociaux revendicatifs.

Un peu d’inventivité et un zeste d’utopie sont des ingrédients indispensables pour un nouveau contrat social.

Sans la destruction de ce système régi par un dollar imprimé en faveur des ‘investisseurs’ dans les places financières et une surexploitation des pays en charge des produits manufacturés, on s’achemine vers la fin de l’histoire de l’humanité.

   

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