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À propos du dernier sommet France/Afrique de Montpellier

vendredi 29 octobre 2021 par Farmo Moumouni sur Facebook

Un texte succulent de Moumouni Farmo sur sa page Facebook (CH-ANC)

Sorcellerie à Montpellier

<< Vous savez bien que tout cela finira par l’indépendance ! >>
Les propos sont de de Gaulle, ils datent de 1944. Ils les tint à propos de l’Algérie.

<< Vive l’Algérie française ! >>
C’est encore de Gaulle qui parle, à Monstagadem, le 6 juin 1958.

Le 1er novembre 1954, l’Algérie ne demanda à personne la permission de prendre le chemin de la liberté. Le général savait que tout finirait par l’indépendance, mais fit quand-même la guerre à l’Algérie. Il fut contraint se signer les accords d’Évian, en 1962.

À Dakar, le 26 août 1958, aux Africains qui brandissaient des pancartes appelant à l’indépendance, pendant qu’il tenait un discours, de Gaulle, lance :
<< S’ils veulent l’indépendance, qu’ils la prennent le 28 septembre >>

Cette indépendance, nous ne la prîmes pas (nos pères et nous), la France l’a gardée. Nos enfants, aujourd’hui veulent qu’on la leur offre !
Ils ont les mêmes fascinations, les mêmes attraits que nous. Ce sont nos héritiers dans la soumission, dans la compromission. Ils reproduisent les mêmes tares, les mêmes erreurs, les mêmes complexes que nos pères et nous.

Qu’ont-ils dit, que leur a-t-on fait dire qui ne soit déjà su ?
Mais il y avait la manière de dire, et en ce domaine, les femmes ont fait mieux que les hommes. Elle avaient de qui tenir : Anne Zingha, Saraounia Mangou, Ndete Yalla, Ranavalona, Ahossi ou amazones du Dahomey.

Des choses vraies ont été dites, mais elles ont été seulement dites.
Que peuvent ces quelques centaines de jeunes africains sinon interroger et dire ?
Que peut Macron sinon écouter et dire ?

Beaucoup étaient à Montpellier pour exister.
L’invitation à Montpellier était un viatique, un trophée brandi.
Être à Montpellier, en métropole, c’est l’extase pour le colonisé.
Puisqu’à Montpellier, on a beaucoup parlé d’histoire, d’esclavage et de traite négrière, ils iront peut-être visiter le port de Sète, par-là leurs ancêtres sont passés.

Comme de Gaulle à propos de l’Algérie, Macron à propos du pré carré sait que tout cela finira par l’indépendance.
Il ruse, il fait semblant de renoncer à la guerre, mais avance dans son cheval de Troie.

J’ai l’impression d’être dans une allégorie.
Le décor est fait de tragique et de comique :

* Le Commandant ou grand chef blanc

* À ses côtés l’interprète : Achille, œil, oreille et bouche du Commandant

* Les autres auxiliaires coloniaux (Kako Nubukpo, Alain Mabanckou, Pap Ndiaye, Souleymane Bachir Diagne, etc.), discrets, présents dans la foule.

* Les indigènes amassés devant le chef. Les uns disent comment ils entendent être libres, les autres demandent comment ils peuvent être libres. Tous demandent l’aide du chef : directives, conseils et moyens. Ils attendent l’approbation du chef, ils attendent sa reconnaissance. Ils l’admirent et l’acclament.

Je cherche en vain quel principe, quel motif, quel mobile ont pu jeter les jeunes d’un si grand continent aux pieds du chef d’un petit pays en déclin. C’est un jeu de dupes me dis-je : l’un promet une liberté illusoire, les autres par leur fausse allégeance reconnaissent une grandeur perdue.

Je ne trouve aucune explication rationnelle, alors je recours à ma vieille croyance africaine : la sorcellerie.

Ces jeunes ont été ensorcelés.

Dès qu’ils fouleront le sol africain, il faudra les désenvoûter : prières et incantations, fumigations et décoctions !

   

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