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Pour mieux comprendre comment fonctionne le lobbying dans une "démocratie" censitaire

mardi 5 octobre 2021 par Jean Penichon

Après notre article sur "Le lobbying en action", il nous parait intéressant pour comprendre comment fonctionne ce détournement de la démocratie au bénéfice des grands groupes industriels internationaux, de lire cet article, complaisant à souhait. (JP - ANC)

Bruno Erhard, vous êtes directeur des affaires publiques de Boehringer Ingelheim France.
Pouvez-vous nous décrire votre activité ?Mon travail consiste à interagir avec les pouvoirs publics afin de promouvoir les intérêts de Boehringer Ingelheim en France.

L’industrie pharmaceutique est un secteur très réglementé par les pouvoirs publics. Les médicaments sont soumis à autorisation de mise sur le marché tant au niveau national qu’européen. Elle s’inscrit donc dans un processus en plusieurs étapes.

Par exemple ?

Chaque année, les parlementaires étudient et votent le projet de loi de financement de la sécurité sociale. Les propositions nous ont été dévoilées vendredi dernier et le projet de loi doit être présenté mercredi prochain en Conseil des ministres. Certains articles concernent les drogues et si nous constatons que certains impacts de ces dispositions s’avèrent pénalisants, nous contacterons les élus ou conseillers ministériels, en toute transparence. C’est notre rôle, mais s’il s’agit d’une disposition qui concerne l’ensemble du secteur du médicament, alors ce sera au tour du LEEM (organisation professionnelle des entreprises du médicament) d’intervenir.

Nous ne sommes plus dans le monde opaque qui aurait pu exister, il y a longtemps, dans la plupart des secteurs

Comment se passent ces discussions ?

Ces réunions ont souvent lieu dans les bureaux des permanences parlementaires ou dans les cabinets ministériels. Dans le Rhône, plusieurs députés suivent de près l’industrie de la santé comme Jean-Louis Touraine, Cyrille Isaac-Sibille ou encore Bernard Perrut et Bruno Bonnell. L’image de l’industriel qui traite avec un élu dans un grand restaurant est une image d’Epinal ! Nous sommes ici pour faire valoir nos arguments mais le parlementaire parle au nom de l’intérêt général.
Il est souverain.

S’il a connaissance d’une difficulté dans la rédaction d’un article de loi en préparation, il peut intervenir en proposant par exemple la rédaction d’un amendement qui sera discuté au sein de la commission des affaires sociales. Il n’est alors pas sûr d’être adopté. C’est souvent une course d’obstacles. Et toutes ces demandes sont à l’ordre du jour des parlementaires. Nous ne sommes plus dans le monde opaque qui a pu exister, il y a longtemps, dans la plupart des secteurs. C’est tout le contraire maintenant.(Mon œil NDLR)

Comment justifiez-vous les dépenses liées aux actions de représentation d’intérêts menées en 2020, soit entre 200 000 et 300 000 euros en 2020, que vous déclarez à la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique ?

C’est l’agrégation de plusieurs éléments : une partie de mon salaire et celui de mes collaborateurs pour la partie de notre travail consacrée aux actions d’influence ainsi qu’un pourcentage de la contribution à notre syndicat professionnel qui défend nos intérêts auprès des autorités.

Il y a encore une connotation négative quand il s’agit de lobbying. Pourquoi ?

Il y a encore un peu de fantaisie quand il s’agit de lobbying et il faut être grossier pour dire que c’est un secteur qui n’est pas transparent. Le lobbying est un élément sain pour le bon fonctionnement de la démocratie, à condition qu’il soit transparent.
Un pays démocratique, et donc ses élus et ses dirigeants, ont besoin de prendre en compte l’avis des acteurs économiques mais aussi des acteurs associatifs, avant de prendre une décision. C’est le cas de la France.
J’insiste sur le fait que le lobbying n’est pas spécifique au monde économique puisqu’aujourd’hui les ONG mènent également des actions de lobbying.

Mais dans le monde de la santé ?

C’est un secteur qui a été touché par plusieurs scandales comme l’affaire du Mediator en 2009. Mais depuis, les lois ont considérablement renforcé le besoin d’une plus grande transparence. C’est positif !

Bien sûr, on peut encore voir des comportements plus ou moins déviants comme il en existe dans toutes les professions. Il y a encore un fond de méfiance, mais aujourd’hui il y a beaucoup moins de sujets polémiques. Je crois par exemple que la crise du Covid-19 a permis de réconcilier les Français avec les industriels du secteur de la santé. (Alors là, il nous prend pour des cons !NDLR)

Quelles sont les principales qualités d’un bon lobbyiste ?

Il doit pouvoir sortir de son cercle d’expertise et donc avoir une très bonne culture générale. Il doit bien entendu être attentif à l’ensemble de l’environnement dans lequel il évolue et avoir un sens aigu de la diplomatie, de l’humilité et de la rigueur.

Recueilli par Vincent ROCKEN


Voir en ligne : https://francenewslive.com/lyon-veu...

   

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