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Le lobbying en action

lundi 4 octobre 2021 par Matthieu Lietaert

Nous savons bien que Macron obtempère immanquablement aux injonctions du MEDEF et du lobbying permanent des grands groupes industriels et bancaires.
Prenons l’exemple des décisions dites "sanitaires" prises par le gouvernement. Les Big Pharma ont la médaille d’or des dépenses de lobbying tous secteurs confondus : deux fois plus que les compagnies d’assurance et trois fois plus que les compagnies énergétiques. Alors ! Qui décide actuellement de la stratégie prophylactique de la nation ? C’est pourquoi l’ANC demande la levée des brevets des vaccins dans l’intérêt de la population mondiale et la création d’un grand service public français de la santé regroupant les soignants, les hôpitaux et les laboratoires de recherche. Notre santé est trop précieuse pour la laisser au pouvoir de l’argent roi... (J.P-ANC)

Un lobbying pharmaceutique disproportionné ?

La facture des vaccins arrive, leur efficacité diminue et les “booster shots” vont semble-t-il faire partie du décor pour un certain temps. Pourquoi nos gouvernements ont-ils suivi l’industrie pharmaceutique sans mettre en place une stratégie complémentaire de prévention, à côté du vaccin ?

A quoi sert le lobbying ?
Par le biais de conférences, recherches, communications massives, rencontres à tous les échelons, le but est d’inonder la scène politique d’un seul message. Les acteurs capables d’une telle force de frappe sont souvent des acteurs transnationaux.

Dans les années 80, l’Union européenne entre dans la relance du Marché Commun, caractérisée par une nouvelle relation entre commissaires, chefs d’État et CEO. Elle symbolise la croyance que les acteurs du sacro-saint marché nous sauveraient d’une mondialisation agressive.

Presque quatre décennies plus tard, ce qui vient de se dérouler devant nos yeux, en lien avec le Covid-19, devrait inquiéter toute personne fondamentalement démocrate.

Comment, pour un problème d’évidence mondiale dès son origine, a-t-on pu aboutir à une solution de marché, mettant les États et leurs citoyens en compétition pour y avoir accès ?

Pourquoi une réponse allant vers un “bien commun” mondial n’a-t-elle pas été retenue ?

Le lobbying de l’industrie pharmaceutique a joué un rôle clé pour convaincre de la solution miracle. Si les données en Europe sont peu transparentes, les chiffres du lobbying parlent d’eux-mêmes aux États-Unis. Selon OpenSecrets, un budget de 300 millions de dollars a été dépensé en 2020 par l’industrie pharmaceutique et pas moins de 1500 lobbyistes travaillent pour elle uniquement à Washington DC.

Les Big Pharma ont la médaille d’or des dépenses tous secteurs confondus : deux fois plus que les compagnies d’assurance (150 millions USD) et trois fois plus que les compagnies énergétiques (100 millions USD).

Soyons clairs : je ne parle pas du grand complot.
Mais bien d’une alliance entre acteurs publics et privés comme ça se fait souvent dans nos démocraties. S’il y a quelques mois, dans l’urgence et avec de l’information manquante, des choix politiques ont été pris, ne serait-il pas utile de se reposer la question du bienfait de cette alliance, aujourd’hui ?

Cui Bono ? [1]

La professeure Susan Strange qui révolutionna l’analyse du pouvoir commençait ses recherches par une simple question : qui bénéficie des décisions prises ? Cette question lui a permis de théoriser qu’une myriade d’acteurs privés transnationaux (entreprises, mafia, églises, etc.) étaient en train de gagner en pouvoir sur les gouvernements.

Alors, cui bono des politiques actuelles en lien avec le Covid ?
Du côté d’une entreprise comme Pfizer, les nouvelles sont au beau fixe. L’action est passée de 29 à 48 USD entre mars 2020 et août 2021, le prix de la dose est passé de 15,5 à 19,5 euros cet été - soit une augmentation de 25% - et le CFO Frank D’Amelio faisait récemment sous-entendre qu’une dose de vaccin se vend normalement à 175 USD et que le vaccin du covid pourrait rapporter 20 milliards USD par an à l’entreprise.

Du côté des États, si au niveau politique, la solution Big Pharma semble intéressante sur le court terme, au niveau économique, selon le dernier rapport international The Great Vaccine Robbery, l’Union européenne aurait payé 31 milliards d’euros de plus à l’industrie pharmaceutique. La Belgique 796 millions d’euros...

La nécessité d’une réponse intégrale

Du côté des citoyens, pour les personnes à risque, il n’y a pas de doute que le vaccin joue un rôle des plus utiles. Ceci n’est pas remis en question.Ce qui devrait nous préoccuper est l’absence de débat sur la complémentarité des solutions proposées : vaccin d’une part, oui en solidarité internationale, mais prévention de l’autre, aussi et pour tous.

Si nous regardons uniquement les chiffres de l’alimentation - que certains considèrent comme la base de notre santé - 55% des Belges sont en surpoids, 21% en obésité, et donc à risque du covid-19. [2]

Où est la communication massive de notre gouvernement pour motiver les citoyens à manger plus sain, limiter l’omniprésence du sucre, et faire plus de sport ?

" Il reste possible - et urgent - de nous réapproprier une vision intégrale, incluant non seulement le vaccin mais également des mesures de prévention de long-terme. "

Autre mesure de prévention, Ana Rodriguez de l’Université de New-York a publié en septembre 2021 qu’un test sanguin pourrait aider à détecter les personnes qui ont une haute probabilité de terminer en unité de soins intensifs, et d’anticiper certains problèmes.

Il reste donc possible - et urgent - de repenser ce qui nous a été vendu, et de nous réapproprier une vision intégrale, incluant non seulement le vaccin mais également des mesures de prévention de long-terme.
C’est une action nécessaire si nous voulons éviter d’être enfermés dans une logique, a priori interminable, d’acheter à l’industrie pharmaceutique les doses annuelles qu’elle essaie de nous vendre.

Toujours plus cher, moins efficace, et seulement pour les pays qui peuvent se le permettre.


Matthieu Lietaert
Professeur à la IE Business School de Madrid, docteur de l’Institut universitaire européen de Florence sur les questions de lobbying et réalisateur du film The Brussels Business (ARTE, RTBF)

   

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