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"Dans l’équipe de Staline" de Sheila Fitzpatrick

vendredi 23 février 2018 par Danielle Bleitrach.

Je n’ai pas lu cet ouvrage, mais comme je l’explique dans notre livre 1917-2017, Staline, un tyran sanguinaire ou un héros national [édité chez Delga], je pense que la « destalinisation a été ratée, et que le rapport Khrouchtchev ne permettait pas d’opérer une véritable critique de la période stalinienne.

J’en donne plusieurs exemples, non seulement à l’inverse de ce que réclamait maurice Thorez,les éléments négatifs caricaturaux n’ont jamais permis un véritable bilan de cette période, mais la vision d’un « pouvoir personnel » où tout reposerait sur un seul tyran est totalement erronée ; sans doute parce que Khrouchtchev participait de cette équipe dirigeante et a voulu en perpétuer les avantages.

Si Staline l’emporte sur Trotski c’est comme le dit Togliatti parce qu’il sait créer collectif et parce qu’il fait ce qu’il dit. Il sait s’entourer de gens très capables et des bolcheviques sincères. Je viens de retrouver dans ma bibliothèque le gros volume consacré au XXe Congrès du PCUS (1956). Le fameux rapport Khrouchtchev secret n’a pas été présenté aux délégués. Le rapport officiel insiste sur le fait que les forces du capital, les pays occidentaux qui espéraient qu’à la mort de Staline, l’URSS s’écroulerait en sont pour leur frais.

Le bilan sur l’état de l’URSS est aussi celui de la période stalinienne à sa manière. Je crois qu’il y a des travaux d’historiens et qu’il faut s’appuyer sur eux, comme il est nécessaire de tenir compte de l’opinion des Russes sur la question. Il est en outre clair que les anglo-saxons n’ont pas comme les auteurs français tendance à mener un combat d’abord idéologique sur le sujet à travers le concept qu’ils dénoncent de totalitarisme.

C’est à ce travail qui n’a rien d’hagiographique auquel nous convions nos lecteurs. Il devrait au premier chef intéresser les communistes si ceux-ci étaient capables de ce travail indispensable de savoir regarder leur passé avec leur propre lunette et s’en prétendre l’occulter, ce qui leur permet d’ailleurs de poursuivre, ils abandonnent la combattivité « stalinienne » mais gardent l’infaillibilité pontificale, l’opinion du dirigeant devenu dogme, quel que soit par ailleurs le caractère désastreux du dirigeant en question. Oui la destalinisation a été ratée. (note de Danielle Bleitrach)

Les éditions Perrin continuent leur remarquable travail de traduction d’ouvrages étrangers de premier plan avec la publication “Dans l’équipe de Staline” de l’historienne américaine Sheila Fitzpatrick. Cette dernière nous propose une analyse très approfondie du réseau de dignitaires communistes sur lequel s’appuya Joseph Staline de 1920 jusqu’à 1953. Des hommes qui ont permis au successeur de Lénine de se maintenir à la tête de l’Union Soviétique.

Ce que le travail de Fitzpatrick met en évidence tient principalement au fait que les hommes qui entouraient Staline étaient à la fois dévoués, fidèles et compétents. Au terme de l’ouvrage l’historienne propose un lexique qui recense l’ensemble de ces personnalités. La liste est importante mais surtout si ces hommes sont indispensables, ils sont toujours en équilibre précaire dans des jeux de pouvoir qui peuvent tourner au jeu de massacre.

Ainsi le russe Molotov, son dauphin, qui resta à ses côté alors que sa femme avait été arrêtée et exilée par Staline. Il survécut au maître du Kremlin et mourut à presque cent ans. De son côté le géorgien Beria fut l’une des pièces maitresses du dispositif de sécurité soviétique. Il dirigea le NKVD mais fut exécuté peu de temps après la mort de celui qu’il servit avec passion. Jdanov fut l’un des plus anciens compagnons de route de Staline et fut l’un des idéologues de la reprise en main de la culture par le parti. Il disparut en 1948. Joukov fut l’un des artisans du succès de l’armée soviétique contre les troupes nazis. Il avait la confiance de Staline et après sa mort il participa à la liquidation de Béria.

Certaines de ces personnalités ont connu des destins contrastés. Ainsi Kirov ami intime de Staline et compagnon de route sera assassiné en décembre 1934. Nombreux furent ceux qui furent liquidés ou emprisonnés pour des raisons idéologiques : Kamenev, Rykov, Svanidzé, Piatakov, Lozoviski. On oublie à quel point il était dangereux d’approcher de près ou de loin Joseph Staline durant la période où il dirigea l’URSS.

“Dans l’équipe de Staline” met en exergue les trajectoires d’hommes dévoués à une idéologie, un projet et un homme. L’ouvrage nous aide à mieux comprendre le cercle rapproché de celui qu’on surnommait le “Vodj” et que Khrouchtchev démantèlera quelques années après la mort de celui qu’il servit. Un ouvrage utile et éclairant.


Voir en ligne : https://histoireetsociete.wordpress...

   

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