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Ce que révèlent les élections législatives russes : Recul de la légitimité du pouvoir et enracinement du communisme

jeudi 23 septembre 2021 par Bruno Drweski (ANC)

Les élections législatives, mais aussi locales et régionales qui viennent de se dérouler sur trois jours en Russie ont confirmé l’érosion du vote pro-Poutine et la poussée du vote communiste. Ainsi que le maintien d’un fort taux d’abstention (environ 48%), chose qui s’est progressivement développé en Russie et ailleurs en ex-URSS au cours de la décennie écoulée.

Le parti « Russie Unie » du président Vladimir Poutine l’emporte certes avec 49,63% des voix, ce qui représente toutefois une baisse de 5 % par rapport aux élections de 2016, et un passage au-dessous de la barre symbolique des 50 %, ce qui peut être perçu comme un camouflet envers le parti présidentiel ...ou comme un désir de crédibiliser les élections.

Une des raison de ce recul est la situation sociale, la façon dont a été traitée la pandémie mais sans doute surtout la modification de la loi sur les retraites datant de l’époque soviétique et qui a été modifiée en accord avec les « conseils » du FMI, ce qui a provoqué des manifestations de masse souvent relayées par le Parti communiste de la Fédération de Russie (KPRF) qui, jusque là, osait rarement affronter trop frontalement le pouvoir et la logique capitaliste.

C’est dans ce contexte que l’on doit constater la poussée du KPFR qui, avec 19,2%, augmente de 6% son score par rapport aux dernières élections. On remarquera là aussi que ces résultats ne lui permettent pas de dépasser cette fois, la barre symbolique des 20 %. Ce résultat est suivi de loin par l’extrême-droite regroupée autour de Vladimir Jirinovski et dont le parti s’appelle en Russie « parti libéral-démocrate de Russie ». Il recule nettement avec un peu plus de 7,48%, talonné par par « Russie juste », une formation social-démocrate proche du Kremlin, qui obtient environ 7,43%, tandis que la formation de centre-droit « Nouvelles personnes » passe tout juste la barre éliminatoire avec 5,4%.

Les partis d’opposition, acceptés aux élections ou pas, ainsi qu’une partie des observateurs extérieurs ont dénoncé plusieurs fraudes. A Moscou, le KPRF apparaissait ainsi, au soir des élections, vainqueur, ce qui représentait un coup de semonce à la fois symbolique et révélateur, la capitale étant connue pour voter plus à droite que le reste du pays.

Lundi matin toutefois, coup de tonnerre, l’arrivée des résultats des votes électroniques a fait basculer les résultats en faveur de « Russie Unie », ...ce qui à permis à l’observateur français représentant l’ex-Front national, Thierry Mariani, de louer la victoire du parti du pouvoir tout en jurant que le vote avait été tout à fait exemplaire.

Les résultats de ces élections russes confirment en tous cas l’effritement de la popularité du pouvoir qui n’est plus seulement jugé sur sa capacité à reconstruire l’État et à assurer à la Russie une position respectable dans le monde, chose désormais acquise, mais qui est désormais aussi examiné à sa capacité de répondre aux exigences sociales de la masse de la population et des régions périphériques et donc à limiter le pouvoir des gros requins capitalistes qui ont proliféré depuis la fin de l’Union soviétique grâce à l’accaparement des biens publics et qui ne paient qu’une infime partie de ce qu’ils doivent à la collectivité.

Malgré des fraudes ici ou là, on doit néanmoins prendre avec beaucoup de recul les affirmations des dirigeants et partis dominant dans l’Union européenne et aux USA qui dénoncent le scrutin russe car celui-ci ne s’est, somme toute, pas déroulé avec plus de violations flagrantes de la légalité et du pluralisme que dans les démocraties libérales qui sont toutes dans une crise profonde expliquant les entorses grandissantes aux règles de l’équilibre et du pluralisme.

Crise de légitimité, manipulations électorales, voire doutes sur l’impartialité des votes électroniques empêchant les militants de tous les partis de pouvoir vérifier les dépouillements, autant de faits avérés dans toutes les « grandes démocraties », la Russie ne faisant pas exception, trente ans après le changement de régime organisé sous l’égide des « Chicago boys » suivi du massacre en 1993 approuvé par les puissances et les médias occidentaux des députés et partisans du parlement démocratiquement élu.

Les communistes qui ont mené une virulente campagne sur les questions sociales, représentent en fait la seule véritable force d’opposition que les milieux oligarchiques capitalistes sont obligés de tolérer, preuve que, au pays de Lénine, le communisme reste bien vivant et enraciné.

Les puissances occidentales sont de leur côté amenées à entretenir contre la Russie qui a restauré de façon insolente son indépendance nationale une « image d’ennemi », sans jamais oser reconnaître pour autant que l’opposition pro-libérale et pro-occidentale qu’ils soutiennent de l’extérieur représente peu de choses, au point où elle est incapable de créer ce à quoi les communistes sont parvenus, à savoir un rapport de force imposant son existence sur la scène politique officielle.

Et les deux petites formations libérales qui ont malgré cela participé aux élections n’ont pus obtenir, si on les compte ensemble, qu’un score à un chiffre. Le pouvoir capitaliste ne tient donc en Russie que parce que les élites qui se bousculent depuis 1991 dans les couloirs du Kremlin et des ministères économiques ou de la Banque nationales réussissent à faire craindre à la masse des Russes une nouvelle déstabilisation du pays à peine rétabli.

On doit donc considérer que, comme à l’Ouest, le vote pour les partisans de Poutine est en partie un vote négatif, ce qui impose au pouvoir une navigation à vue qui tôt ou tard ne suffira plus.
Cela, même si la politique étrangère du président fait largement consensus, ce qui n’est pas vraiment le cas dans les pays occidentaux.

Comme le dit l’adage, « au royaume des aveugles, les borgnes sont roi » et on peut considérer que la scène politique russe est dominée par un borgne qui voit loin sur la scène internationale mais qui reste aveugle sur la réalité de la vie d’une masse de ses compatriotes.
Qui révèle l’opportunisme d’une bourgeoisie nationale russe, ballotée entre bourgeoisie compradore et classes travailleuses.

   

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