Association Nationale des Communistes

Forum Communiste pour favoriser le débat...

Accueil |  Qui sommes-nous ? |  Rubriques |  Thèmes |  Cercle Manouchian : Université populaire |  Films |  Adhésion

Accueil > Voir aussi > À Lacq, l’incroyable complaisance des élus envers les industries (...)

À Lacq, l’incroyable complaisance des élus envers les industries polluantes

Comme à Fos sur Mer cela s’appelle du "clientélisme"

mercredi 21 février 2018 par Ariane Puccini et Elsa Dorey pour l’Obeservatoire des Multinationales

Rejeter en masse des liquides polluants et très toxiques dans le sous-sol est non seulement autorisé pour les entreprises chimiques et pétrolières du bassin de Lacq, mais aussi gratuit, ces entreprises étant exonérées de la taxe sur les activités polluantes !

Derrière cet incroyable cadeau accordé aux industriels, se trouve un homme central dans la politique locale : le député socialiste David Habib. Au nom de la préservation de l’emploi, ce député et les élus locaux qui le soutiennent se sont lancés dans une croisade anti-écologique où s’invitent dogmatisme, clientélisme et potentiels conflits d’intérêt. Quatrième et dernier volet de notre enquête sur le bassin industriel de Lacq.

Elle est bien plus imposante que ses trois sœurs de Mourenx, Pardies et Mont, avec lesquelles elle compose le bassin industriel de Lacq. Avec ses 225 hectares, la plateforme multi-entreprises « Induslacq » s’offre en spectacle depuis les hauteurs de la commune voisine de Lagor. L’énorme tas de soufre jaune extrait du gaz, qui brille au soleil, attire d’abord le regard.

L’œil se pose ensuite sur les réservoirs circulaires de la station d’épuration d’eaux biodégradables et sur les bâtiments orange vif de Toray, une industrie chimique japonaise. Plus loin, d’énormes tas de terres polluées excavées patientent devant un grand ventilateur diffusant un parfum citronné, censé masquer leur désagréable odeur.

Au cœur du complexe, un entrelacs de conduits tortueux et fumants. Bien malin qui saura affirmer si les fumées bleues, oranges ou blanches qui entourent les usines sortent des torches du site du groupe chimique français Arkema, des cheminées de l’incinérateur, des refroidisseurs, ou bien des tuyaux de l’unité de traitement du gaz de la Sobegi, filiale de Total.

Le gaz qui fait fonctionner toutes ces installations transite par des puits plongeant à quatre kilomètres de profondeur, dans une couche géologique appelée « Crétacé 4000 ». C’est aussi là qu’une bonne partie des industriels du bassin déverse ses déchets liquides toxiques.

Une multitude de polluants déversés en sous-sol

Avant de se désengager du bassin industriel, Total injectait déjà depuis 1974 ses rejets dans le Crétacé 4000 via deux puits situés à Lagor et Abidos. Un processus alors peu polluant : n’intégraient le sous-sol que les eaux de gisement, servant à séparer le gaz et le soufre. On ne faisait que réinjecter des éléments préalablement extraits du sol. Les autres industries fleurissant sur les plateformes se sont ensuite branchées sur les installations de Total pour évacuer leurs propres effluents chimiques, profitant d’un tarif d’injection très faible.

Aujourd’hui, il est pourtant impossible de trouver, dans les comptes-rendus du comité local de suivi du Crétacé 4000 – l’instance réunissant industriels, élus et associations environnementales veillant au bon déroulement de ces injections – la recette exacte de cette soupe de déchets liquides polluants dont les quantités fluctuent. Au gré des lectures, on relève une liste non exhaustive des substances injectées. Outre des sulfures d’hydrogène et des mercaptans, du gaz soufré toxique, on note aussi la présence de rejets sodés, de cyanures et de chlorures d’ammonium.

Ces derniers attaquent la roche et la rendent plus poreuse. D’ailleurs, le conduit qui va de Mourenx au puits d’injection, refait il y a moins de dix ans, présente déjà « des points de corrosion et d’importantes fuites à cause des produits injectés », relève Patrick Mauboulès, ancien salarié de Total et militant à la Sepanso (Société pour l’étude, la protection et l’aménagement de la nature dans le Sud-ouest).

« Identifier les flux injectés » : mieux vaut tard que jamais

En 42 ans d’exploitation du Crétacé 4000, l’impact sur l’environnement est loin d’être inexistant. Le débit des effluents injectés a diminué de moitié en dix ans : de 270 000 m3 en 2007 à 120 000 m3 par an en 2017. Cette baisse s’explique principalement par la forte diminution d’injection des eaux de gisement, ces eaux peu polluantes ayant servi à la purification du gaz. Restent donc les effluents chargés en polluants. De surcroît, cette chute du débit engendre des remontées dans les puits. Pour continuer à injecter, il faut conserver un fort débit.

Ainsi depuis 2016, on pompe 40 000 m3 d’eau par an dans le Gave de Pau pour l’injecter avec les autres liquides. En parallèle, l’injection des effluents provoque des microséismes de plus en plus fréquents et de magnitude de plus en plus élevée, « sans toutefois jamais dépasser l’événement maximum historique sur Lacq de 4,2 en 1997 », rapportent, rassurants, les comptes-rendus du comité local de suivi. Si l’année 2017 a connu une certaine accalmie, en avril 2016, une secousse de magnitude 4 a tout de même été ressentie à Lagor.

Il existe des alternatives à cette injection en sous-sol. Mais l’idée de dépolluer les effluents en surface plutôt que de les injecter tels quels n’arrive sur le tapis qu’en 2010. Après 35 ans d’utilisation du Crétacé 4000, la Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement (Dreal) constitue alors un groupe de travail avec les industriels dont la première mission consiste à « identifier correctement les flux injectés et à les qualifier en termes de quantité et de qualité ». Mieux vaut tard que jamais.

Dans les années qui suivent, certains industriels – Finorga et Speichim - trouvent des solutions alternatives, mais la plupart se défaussent. Dans un compte rendu d’octobre 2013, Hervé Brouder, directeur des usines Arkema de Lacq et Mourenx, déclare que le prix à payer serait « rédhibitoire compte tenu des volumes ». Sur les 10 000 tonnes d’effluents d’Arkema Lacq, traiter plus de 6000 tonnes en surface ne serait selon lui pas réalisable car les installations sont « structurellement construites pour les injections en Crétacé 4000 ». Hors de question pour lui de se lancer dans des travaux trop coûteux, même pour ce mastodonte de l’industrie chimique française, qui a vu ses bénéfices progresser de 50 % en 2016.

Suite de l’Article Ici.


Voir en ligne : http://multinationales.org/A-Lacq-l...

   

Un message, un commentaire ?

Forum sur abonnement

Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d’indiquer ci-dessous l’identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n’êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.

Connexions’inscriremot de passe oublié ?