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Alerte pour la Colombie !

lundi 24 mai 2021 par Association Citoyennetés pour la paix en Colombie et Assemblée Citoyenne en France

Nous, membres de l’association Citoyennetés pour la paix en Colombie résidants en France ainsi que les membres de l’Assemblée citoyenne en France, lançons un appel à toute la communauté internationale à se prononcer contre les crimes de lèse humanité en cours en Colombie. Ces crimes commis par les forces de l’ordre et des groupes paramilitaires contre le peuple colombien dans le cadre de la grève générale, ont cours depuis le 28 avril 2021 et ne font que s’intensifier. Cette répression abominable s’exerce dans les villes les plus mobilisées, notamment : Cali, Palmira, Bogotá, Yopal, Ibagué, Pereira, Neiva, Pasto, Madrid, Floridablanca, Medellín, Barranquilla et Popayán.

Nous n’aurions jamais eu connaissance de ces actes sans le travail précieux de témoignage et registre de la mobilisation que la population réalise et diffuse via les réseaux sociaux bravant la censure et le contrôle des médias officiels par l’État.

La Fédération pour la Liberté de la Presse (FLIP) dénonçait le 13 mai des agressions de la part des forces de l’ordre contre des journalistes : au moins 124 agressions et 144 victimes. Malgré cette situation, le travail des médias alternatifs colombiens et de quelques journaux a été aussi vital.

Tant la police que les agents de l’ESMAD (appellation pour les CRS en Colombie) et les militaires agissent contre les manifestant.e.s, tirent sur les parties du corps à risque - poitrine, visage, abdomen - même à balles réelles, les frappent, jettent leurs véhicules blindés sur la foule.

Lors de l’arrivée de la garde Indigène dans la ville de Cali, ils sont restés à l’écart ou offraient même de la protection à personnes habillées en civil lorsque celles-ci attaquaient avec des armes à feu des manifestant.e.s. Ces agressions se font contre la population civile, des défenseur.e.s de Droits humains, des journalistes ainsi que la “Minga” Indigène.

Le bilan est alarmant et augmente chaque jour.

Au 21 mai 2021 l’ONG Temblores, dénonce 2905 cas de violence de la part des forces publiques (sans inclure les personnes disparues), 855 victimes de violence physique, 43 meurtres commis présumément par la force publique, 1264 arrestations arbitraires, 39 victimes d’agressions oculaires, 21 victimes de violence sexuelle et 6 victimes de violence de genre.

Human Rights International a communiqué, le 20 mai 2021, 1148 personnes ont été portées disparues dans le contexte de la grève générale (148 continuent disparues).

Depuis le 20 mai, des corps de personnes portées disparues ont été retrouvés dans les fleuves colombiens, présentant des signes de torture et de mutilation dont décapitation. Ceci nous replonge dans les jours les plus sombres et macabres du conflit armée colombien, où des corps étaient jetés aux rivières pour effrayer les communautés qui habitaient les rivages.

Ces violences systématiques des forces de l’ordre répondent aux ordres donnés par Iván Duque Márquez, actuel président de la Colombie et d’autres membres du parti politique au pouvoir. Depuis le premier jour de grève, la police et l’ESMAD tirent sans raison sur les manifestants ; le 2 mai 2021 l’armée de se rend dans les villes ; le 17 mai, la présence militaire dans les villes est renforcée.

Contre les agissements du président, des militaires à la retraite ont condamné officiellement cette répression disproportionnée à l’encontre de la population.

Cherchant à justifier ces actions, le gouvernement s’attèle à stigmatiser les manifestant.e.s (ainsi que la mobilisation sociale), tant à l’intérieur du pays comme à l’étranger, les traitants de "vandales’’, "voyous’’, même “terroristes”. Ce positionnement est répété aveuglément par les médias officiels du pays : RCN, Caracol, l’hebdomadaire Semana, entre autres. Non seulement ces médias se sont chargés de cacher les graves violations des droits humains dénoncées par des citoyens, mais ils incitent également la population à la haine dans leurs rédactions.

C’est le cas de l’hebdomadaire Semana qui dans sa dernière édition du 22 mai a publié une couverture et un article qui pointent à Gustavo Petro [actuel sénateur et candidat présidentiel en tête dans les sondages], comme le protagoniste et incitateur de la grève générale en Colombie. Cet article, dans un pays où les défenseur.e.s des droits sont assassiné.e.s, met en risque la sécurité du sénateur Petro.

Ainsi, de manière irresponsable nie la capacité organisatrice du peuple et le message qu’il veut faire passer au gouvernement en place : la lutte contre les politiques injustes et de mort qui oppresse un peuple qui ne peut vivre dignement.
Les affirmations de l’hebdomadaire Semana sont encore plus préoccupantes car elles stigmatisent tout le mouvement dont Petro fait partie, la Colombia Humana, dans un contexte où des opposants politiques se font assassiner systématiquement.

Entre 1984 et 2003, les membres du premier parti politique issue d’un processus de paix en Colombie (l’Union Patriotica), ont subis un génocide politique et ont été poursuivi.e.s, assassiné.e.s, massacrés (plus de 5000 personnes), disparu.e.s et forcé.e.s à l’exil.

Depuis le 14 mai 2021 la Commission Interaméricaine des Droits de l’Homme (CIDH) demande au gouvernement l’entrée dans le territoire pour effectuer une vérification des dénonciations contre les droits humains. Duque, au lieu de permettre l’entrée de la Commission, a envoyé son ancienne vice-présidente, actuelle chancelière, à Washington pour dialoguer avec eux.

Aujourd’hui, nous, citoyens et citoyennes résidant en France, demandons une prise de position de la part des entités gouvernementales françaises. Nous sommes plus de 28 000 Colombien.nes qui contribuons à la France. Nous vous demandons d’agir contre ce massacre qui a lieu en Colombie. Vous êtes les seuls à pouvoir arrêter cela, le monde ne peut rester indolent ni indifférent à ce qui se passe en Colombie.

Une lettre, une déclaration, un appel international, une mission de vérification, une motion d’observation suffiront pour que le gouvernement d’Ivan Duque s’assoie, parle avec son peuple et arrête de lui tirer dessus.

Vous pouvez faire que l’article 60 de la Convention de Vienne sur les Traités de Libre commerce s’applique. Le non dialogue du gouvernement risque de plonger le pays dans une situation d’instabilité majeure.
Avec tout notre respect, Signataires,
Association Citoyennetés pour la paix en Colombie et Assemblée Citoyenne en France
Paris, 23/05/ 2021

   

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