Signe des temps : La Pologne se préparerait elle à basculer vers l’Est ?

C’est dans ce contexte général qu’il faut lire l’information qui suit.
Kaczynski (et son État-parti ?) a-t-il commencé à penser à l’avenir de façon stratégique ? Ou bien envoie-t-il simplement un signe aux États-Unis et à l’Allemagne pour qu’ils ne le considèrent plus comme un serviteur mais commencent à le traiter comme un (petit) partenaire, mais un partenaire qui menace de divorcer au cas où on continuerait à le traiter comme un sujet dépendant et éternellement mineur ?

Quelle est la signification du contenu de cette information ?

Jaroslaw Kaczynski, dans une interview accordée à Polsat (TV privée plutôt proche des milieux libéraux atlantistes, ce qui n’est pas non plus négligeable mais symbolique), a révélé qu’il lisait en ce moment deux livres révélateurs :

"- Polsat - "Laissons de côté la politique" : Que lisez-vous aujourd’hui, à part Leszczynski, dont vous avez parlé ? A en juger par nos informations, ce devrait être Piketty.

- J.Kaczyński - En fait, j’ai lu Piketty une fois, et ça vaut la peine de le lire. Que les choses soient claires : j’ai deux emplois à plein temps en ce moment et quelques années de lectures accumulées sur le dos. Le temps m’est donc vraiment compté. Je lis donc actuellement deux livres : le premier est un recueil des "Chroniques" de Jacek Bartosik sur la géopolitique. Et le second livre placé sur ma table de chevet, c’est "Piłsudski entre Staline et Hitler" de Krzysztof Rak. Je rentre tard et il me reste en fait peu de temps pour lire."

Quel message semble envoyer Kaczynski dans cet entretien ?

Derrière ces lectures, on peut essayer de percevoir la base conceptuelle des décisions géopolitiques que semble envisager peut-être ou tout au moins laisser penser comme envisagées par Kaczynski, qui est le véritable dirigeant de la Pologne actuelle, car il dirige le Parti dominant, donc le parlement, la présidence, le gouvernement, l’armée, la sécurité d’État, les médias d’État et l’appareil judiciaire (excusez du peu !) :

(a) M. Bartosiak a travaillé sur la doctrine de Pence, soit celle du contrôle américain de la géopolitique polonaise, en avertissant les Polonais que les États-Unis risquent de ne pas gagner dans une guerre avec la Chine, et que la Pologne pourrait être instrumentalisée dans ce conflit à l’encontre de ses intérêts.

b) Le livre de Rak montre, à partir des archives polonaises, que Pilsudski avait envisagé avant sa mort de conclure une alliance avec Staline contre Hitler, rejetant ainsi ses propres préjugés idéologiques ; Cependant, après la mort du maréchal en 1935, le ministre Beck, lui, ne s’est pas débarrassé de ses préjugés, et le résultat a été la défaite totale de la Seconde République de Pologne dans la Seconde Guerre mondiale.

Conclusion : Kaczyński envisagerait peut-être, tout au moins le laisse-t-il entendre, de répondre positivement (mais peut-être pas encore ouvertement) à l’appel récent de Poutine lui proposant l’amélioration des relations polono-russes.
On peut supposer d’ailleurs que Poutine n’a pas soudainement fait cet appel sans savoir ce qui se passe dans les couloirs et salons de Varsovie. Le leader polonais vieillissant a donc cette fois une chance d’entrer dans l’histoire en tant que véritable homme d’État laissant à son pays un héritage renouvelé.

A-t-il cela en tête ??? Sera-t-il soudainement à la hauteur de ce qu’il laisse penser ? Et le laissera-t-on faire si jamais ?

...Il est tellement facile de lui lancer dans ses pattes vieillies une "révolution colorée" vu le mécontentement des Polonais devant la crise sociale, l’appauvrissement massif des classes "marginales", l’émigration de masse des jeunes, le cléricalisme stupide et les discours nationalistes creux, et cela même si les Polonais dans leur majorité n’ont plus aucune illusion sur le libéralisme qu’ils ont connu de 1989 à 2015, et que les enquêtes d’opinion au cours des deux dernières années montrent, en particulier chez les tous jeunes, une montée très nette du radicalisme social de gauche, laïc, étatiste, eurosceptique, américanosceptique, et même "post", voire "néo-communiste" parfois même.

...Alors que tout a été fait par Bruxelles, les fondations téléguidées et l’ambassade des USA pour empêcher en Pologne l’émergence d’un vrai parti de gauche sociale, neutraliste et anti-atlantiste, ce qui a d’ailleurs permis à Kaczynski de prendre l’électorat polonais par les deux bouts, en jouant avec le "populisme", un coup à droite (morale et atlantiste russophobe), un coup à gauche (sociale).

Maintenant que son régime semble (???) consolidé, est il prêt à suivre sur le plan social ne serait-ce que le "pikettysme" ?
Et sur le plan géopolitique l’orbanisme-erdoganisme ?
Voire de suivre le chemin des nouvelles routes de la soie ...qui passent par Minsk et Moscou ?

...À suivre au prochain épisode ...En tout cas le rapport de force international semble basculer un peu partout et ceux qui le voient appartiendront au camp des gagnants, d’où qu’ils proviennent.