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L’équation franco-russe de Jean De Gliniasty

mercredi 28 avril 2021 par Richard Labévière

Ce petit livre [1] est indispensable à la compréhension de la Russie d’aujourd’hui et à bien d’autres choses ! Depuis le mariage du roi de France Henri 1er et d’Anne Iaroslavna (1051), il retrace l’histoire complexe des relations entre Paris et Moscou. Qui se souvient qu’au Congrès de Vienne, c’est le tsar Alexandre 1er qui a défendu les intérêts de la France et empêché son démantèlement ? Qui se souvient des millions de morts de la bataille de Stalingrad qui sonne le début de la fin du IIIème Reich ? Qui se souvient des prouesses de l’escadrille Normandie/Niemen ?

Entraînés par les États-Unis, la majorité des pays européens, dont l’Allemagne et la France, reconduisent des sanctions contre la Russie – depuis mars 2014, date de l’annexion de la Crimée, puis (plus tard) de la sécession du Donbass. Était-ce l’intérêt de la France que d’adopter une telle posture ?
Évidemment non !
Mais comme souvent, l’aplaventrisme de nos élites devant l’Oncle Sam eût force de loi…

Les sanctions touchent la quasi-totalité des relations entre les pays de l’UE et la Russie. Elles concernent : la diplomatie (exclusion de la Russie du G8 des pays industrialisés, suspension des négociations d’adhésion à l’OCDE et à l’Agence internationale pour l’énergie, report de diverses réunions internationales, tels les sommets euro-russes prévus par l’accord de 1997, etc.) – les individus : environ deux cents personnalités et une cinquantaine d’entités juridiques identifiés comme ayant participé à l’annexion de la Crimée ou à des actions condamnées par l’Union européenne.

Elles voient leurs avoirs gelés et subissent des restrictions à l’entrée sur le territoire de l’Union… Les relations économiques avec la Crimée et Sébastopol sont soumises à un quasi-embargo. Les restrictions des relations économiques avec la Russie touchent trois secteurs : les crédits aux entreprises ; les armes et les biens à double usage civil et militaire ; certaines technologies sensibles nécessaires à l’exploitation pétrolière.

Dans les faits, les entreprises européennes se plient aux sanctions américaines les plus sévères, car elles craignent d’être sanctionnées à leur tour par les lois américaines à champ d’application extraterritorial (CAATSA, etc.).

Cette posture pose la question de l’efficacité d’un éventuel allègement des sanctions européennes, à supposer que certains États membres, voire tous, arguant des progrès dans les négociations en Ukraine, s’opposent au renouvellement des sanctions européennes. En attendant, les relations économiques sont largement gelées.
Quel gâchis !!!

Dans ce contexte, la France éternelle n’a pas pri ou n’a pas voulu changer cette évolution.
Certes, Berlin et Paris, sachant que cela aurait été un casus belli pour la Russie, s’étaient opposées, lors du sommet de l’OTAN en avril 2008 à Bucarest, à l’accession de la Géorgie et de l’Ukraine au processus accéléré d’adhésion à l’OTAN (Membership Accession Plan).

Mais la discussion difficile avec les Américains, appuyée par la quasi-totalité des membres de l’OTAN, s’était soldée par un compromis on ne peut plus explicite. Le communiqué final indiquait que la Géorgie et l’Ukraine entreraient dans l’Organisation (Point 23 : « Aujourd’hui, nous avons décidé que ces pays deviendraient membres de l’OTAN »). Cette référence sera souvent reprise par la suite, directement ou indirectement, dans les communiqués des sommets de l’OTAN, et toujours invoquée par les intéressés.

Au sommet de l’OTAN de Lisbonne (novembre 2010), la France s’est ralliée au déploiement d’une force antimissile en Europe, théoriquement destinée à contrer la menace d’États voyous tels que l’Iran, mais selon Moscou, dirigée contre la Russie. Les propositions russes de participer au système ont été écartées.
Encore la main mise américaine…

Du côté français, on sait que le nouveau président américain Biden (élu en novembre 2020) va retrouver le chemin de Berlin pour parler de l’Europe, ainsi que l’avait fait son prédécesseur Obama dont il a été le vice-président. Il y a peu à attendre, à court terme, d’une évolution envers la Russie des pays membres de l’Union européenne, trop heureux de reprendre les « affaires courantes » avec le grand frère américain, à nouveau poli.

La France, pratiquement seule, sera face à un dilemme. Elle devra choisir : renoncer (pour un temps ?) à sa vision stratégique d’une Europe acteur géopolitique de plein exercice, et faire à nouveau cavalier seul avec la Russie, au risque de se retrouver isolée en cas de crise ?
Ou continuer à promouvoir, seule, la « souveraineté européenne » à l’intérieur de la structure de l’Union et à y jouer le jeu collectif », au risque de la prolongation de la crise avec la Russie ?

Jean de Gliniasty conclut : « c’est, en tout cas, le risque de la banalisation que France et Russie devront conjurer si elles souhaitent conserver aux relations franco-russes ce rôle qui a été tant de fois déterminant dans l’histoire du continent et, le plus souvent, dans un sens positif pour les deux pays  ».

Photo  : Le pont Alexandre III à Paris.


Voir en ligne : https://prochetmoyen-orient.ch/lequ...


[1Jean de Gliniasty : Petite histoire des relations franco-russes. Editions L’inventaire/L’Observatoire, janvier 2021.

   

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