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La France est responsable de la situation au Mali.

samedi 20 mars 2021 par Badia Benjelloun (ANC)

Chaque génération a une nouvelle mission, soit elle la remplit, soit elle la trahit.
Frantz Fanon.
La France est responsable de la situation au Mali. À plus d’un titre !
D’abord en tant que puissance néocoloniale tutélaire elle a toujours été aux commandes car elle a favorisé, services secrets, opérations de déstabilisation et coups d’État fomentés depuis Paris, le premier en date a renversé le régime de Modibo Keita en 1968.
Elle est responsable car elle a imposé une dépendance économique en particulier par le truchement du franc CFA et pillé les ressources d’un pays qu’elle a cantonné dans la monoculture du coton.

Puis plus récemment, la France en détruisant la Libye a transformé un pays prospère avec un régime qui a su redistribuer en partie la manne de son sous-sol est devenu un territoire livrée à des bandes rivales soutenues par de nombreux pays étrangers qui s’y livrent une guerre interminable pour des intérêts stratégiques et économiques.

Ce crime de la France a déstabilisé tout le Sahel, le Mali en particulier.
Les immigrés maliens en Libye, fuyant les exactions et les marchés aux esclaves, qu’ils soient anciens soldats dans l’armée libyenne ou simples travailleurs ont reflué souvent avec les armes prises dans des casernes vers le pays.

C’est en effet depuis 2012 que des bandes de trafiquants en tout genre sévissent au Mali en particulier dans sa zone frontalière avec le Niger et le Burkina Faso. Elles se prétendent djihadistes mais vivent de rançons, de trafics humains, d’armes et de stupéfiants.

La suite, on la connaît.

C’est l’extension du territoire qu’elles contrôlent jusqu’au centre du pays et l’occupation de Kidal en 2012. La chute d’Amadou Toumani Touré, l’opération Serval et l’élection d’Ibrahim Boubacar Keïta.

Peu après Serval est commuée en Barkhane en 2014.

La France devient officiellement présence militaire d’occupation au long cours même si elle utilise le subterfuge du G5 pour le Sahel. Le G5 est une couverture pour faire intervenir la force tchadienne, la seule armée bien organisée de ces pays de la CEDEAO, par des instructeurs français.

Les accords d’Alger signés entre les différentes parties, l’État malien, la plateforme des groupes armés et la Coordination des mouvements de l’Azawad en vingt chapitres, 67 articles et trois annexes devaient résoudre la crise institutionnelle en organisant une forte décentralisation du pays.

L’accord prévoyait pour son application l’aide internationale en particulier, la France, l’Union européenne, l’Union africaine, la MINUSMA , la CEDEA, la BM, l’OCI, soit la légalisation d’une ingérence internationale.

Le comité de suivi de l’accord n’a jamais réussi à mettre en application les principes de réconciliation, de lutte contre la corruption et des trafics, l’aide au retour des déplacés et des réfugiés et l’aide à l’installation d’infrastructures dans le Nord, région qui en est dépourvue.

IBK a été dégagé !

IBK qui a été six ans de 1994 à 2000 Premier ministre de la présidence corrompue de Alpha Oumar Konaré ne pouvait mener à bien ce projet. Les exactions des bandes djihadistes se sont perpétuées. Il a laissé le Centre Ouest et le Nord Ouest aux mains du Groupe de Soutien à l’Islam et aux Musulmans et la région frontalière avec le Niger et le Burkina Faso à l’État Islamique du Grand Sahara.

Les élections législatives à l’évidence trop truquées d’avril 2020, l’enlèvement de l’opposant historique d’IBK, Soumaïla Cissé sur le fond endémique de l’appauvrissement de la population ont déclenché le mouvement de révolte en juin 2020 qui a abouti à la prise du pouvoir par le colonel Assimi Goïta.

L’Occident et les forces supplétives de la France de la CEDEAO ont désavoué ce renversement et ont procédé à l’étranglement économique du Mali par un véritable blocus.

Depuis septembre, un gouvernement de transition présidé par un général à la retraite Ba N’Daou avec comme Premier ministre Moctar Ouane est chargé de traiter les affaires courantes et de conduire le pays vers de nouvelles élections.
Nouvelles élections, c’est le leitmotiv de tous les parrains des pays occupés militairement par des troupes étrangères. Ce fut le cas en Afghanistan comme en Irak par exemple. Ce fut le cas pour les élections de 2013 qui ont porté IBK au pouvoir au Mali.

Cette préoccupation laisse à l’arrière plan les raisons profondes du mécontentement des Maliens.

Actuellement, la région du Sahel souffre d’insécurité, il y a plus de deux millions de déplacés et de réfugiés. Elle souffre aussi d’insécurité alimentaire et sanitaire, cela concerne 15,4 millions dont 7,2 sont des enfants. Insécurité en matière de santé et d’éducation. Plus de 4000 écoles ont été fermées.

Là-dessus, le Premier ministre Moctar Ouane après s’être déplacé à Alger voir un rescapé de la COVID-19 soigné en Allemagne et fort contesté par un Hirak puissant se félicite de la coopération avec l’Algérie pour faire avancer les accords d’Alger de 2015.
Le communiqué commun est stupéfiant d’obséquiosité à l’égard du pouvoir algérien. Il indiquerait presque le choix d’une nouvelle dépendance où serait troquée la France contre l’Algérie comme nouveau Maître.

L’Algérie a toujours soutenul’optionde l’indépendance des Touaregs. Elle a œuvré en sous-mains pour contrer la suprématie de la France et nourri les ambitions du Mouvement National de Libération de l’Azawad (MNLA). Ce parti pris n’est pas dénuéd’intentions sur les richesses énergétiques et minières du sous-sol du Nord du Mali. Il est pour le moins dissonant que le chef d’État algérien puisse s’exprimer sur Twitter que la solution malienne serait à 90% algérienne laissant un petit pourcentage de marge de manœuvres aux États de la CEDEAO, soit la France.

La nomination de M. Mohamed Ould Mataly le 18 mars 2021 comme Conseiller spécial du Président du Conseil National de Transition jette un fort effroi sur les Maliens attachés à l’intégrité territoriale de leur pays.
On reproche à Ould Mataly, ancien député du Rassemblement pour le Mali, le parti d’IBK, d’avoir hypertrophié sa fortune par le trafic de drogue et d’armes, ce pourquoi il a reçu des sanctions de l’ONU en 2019 (gel de ses avoirs à l’étranger, interdiction d’emprunter des vols réguliers).
Originaire de la région de Gao, il est surtout très influent au Nord du Mali. Il aurait financé des hauts gradés de l’armée malienne en échange de leur protection pour son trafic. Parmi eux figure le général Sangaré, responsable du massacre du village d’Ogossagou en février 2020 où des miliciens dogons ont massacré des dizaines de villageois peuls.

Maintenant, Barkhane, dégage !

La restauration dans son unité territoriale d’un État malien souverain passe par l’expulsion de toutes les armées étrangères du pays.
Une réconciliation nationale sans ingérence extérieure redeviendra possible.
Il faudra que toutes les composantes ethniques travaillent pour s’émanciper des mafias de tout genre auxquelles elles confient leur sécurité en l’absence d’un État central qui puisse l’assurer.

La France est grandement responsable de sa fragilisation.
Elle doit se retirer du Mali.

La mise en pièces de ce pays par des trafiquants n’est pas une fatalité.
L’ANC renouvelle son appel à tous de participer à la campagne ‘plus un seul soldat français en Afrique’.

Si nous n’aidons pas de toutes nos forces le Mali, on risque de voir naître dans cette partie de l’Afrique, une entité sécessionniste mafieuse, comme au Kosovo. On observe que les aires que se partagent les différentes milices ‘islamistes’ recouvrent une grande surface du pays, du Nord au Centre et à ‘Ouest. Cela n’est pas sans rappeler la situation de la Syrie à la différence près que la République arabe syrienne dispose d’une armée bien structurée, équipée d’un matériel de qualité qui repousse autant qu’elle peut les agresseurs du pays.

L’armée du Mali est quasi-inexistante, ses soldats sont mal payés et disposant d’un équipement dérisoire. Le parrain français n’a jamais aucune intention de remédier à cet état des choses, au contraire, il préfère déployer ses propres forces.
Le nombre des soldats qui y sont dépêchés est passé récemment à 5200 soit plus du double de la présence étasunienne en Afghanistan.

Si l’on n’y prend garde, le Mali va sombrer doucement dans le trou noir des anciennes entités politiques que disloquent des politiques de destruction menées par les puissances occidentales.

Irak et Afghanistan en font foi. Déjà, les ‘djihadistes’ protégés des Algériens, du Qatar, de l’Arabie Saoudite ou plus directement de pays occidentaux débordent en Côte d’Ivoire, au bénin, au Ghana et au Togo.

Nous disons à Macron (qui compte pérenniser l’intervention militaire au Mali comme il l’a affirmé au dernier sommet du G5) avec les Maliens, Barkhane, dégage !

   

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