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"La Révolution est en marche" : la voix des sans voix !

jeudi 11 février 2021 par Bruno Drweski (ANC)/Sabrina Bousekkine (LRM)

L’ANC s’est retrouvée plusieurs fois aux côtés du Mouvement "La Révolution est en Marche" pour dénoncer, par exemple, les problèmes posés par la pénurie de logements sociaux le 25 janvier dernier (lire Fin de semaine de luttes tout azimuts pour l’ANC Île de France.http://ancommunistes.org/spip.php?article2820).
Il nous a semblé important de présenter cette organisation originale et combative par l’intermédiaire d’une interview entre Bruno (ANC) et Sabrina (LRM).

B : Pourrais tu présenter rapidement ce qu’est La Révolution est en Marche, quand est-elle née, pourquoi et quelles sont vos conceptions générales ?

S  : La Révolution est en Marche est un mouvement civique et politique né en 2017 à Aulnay-Sous-Bois. La genèse du mouvement s’inscrit entres autres avec la mobilisation populaire que nous avons élaboré contre la destruction du Gallion à Aulnay-Sous-Bois avec une rénovation urbaine qui inclut réellement les habitants, les premiers concernés et contre la gentrification sous-jacente .

Notre engagement est guidé par une volonté que tout citoyen puisse jouir de ses droits dans le respect, la dignité, en toute équité des libertés de chaque individu.

Le but de notre projet démocratique est de promouvoir le pouvoir d’action des citoyens, des sans voix, des invisibles, des marginalisés, des opprimés, de l’échelon micro-local à l’échelon national. En défendant la conscience sociale, les pensées critiques, le mouvement et l’expérimentation sociale et l’émancipation par des initiatives citoyennes menées à la fois aux zones rurales et quartiers populaires, notamment avec les associations, les syndicats, les citoyens engagés qui luttent au quotidien pour le développement local, le vivre et le faire ensemble.

Notre mouvement a pour but de contribuer à valoriser l’image de la banlieue (quartiers populaires) qui est souvent stigmatisée par les médias. Alors que les talents et les solidarités foisonnent et ne sont pas mises en lumière et cooptées au niveau public et institutionnel.

Notre mouvement a pour but aussi d’élaborer une stratégie de mobilisation et d’acquérir des capacités d’action individuelles et collectives afin d’engendrer le changement social, d’agir pour l’intérêt général et pour les générations futures pour un modèle de société durable qui préserve les valeurs humaines et l’égalité.

B : Dans quelles régions de France avez vous pu développer des activités ? Quelles sont vos principales activités ?

Partout en France sur sollicitations. On est fortement impliquée en région Ile de France. Mais notre implication se déploie de Rouen en Normandie en passant par Strasbourg dans l’Est de la France, Nice, Marseille dans le sud de la France, en passant par les ZAD de Nantes bref partout où nous sommes sollicités par les citoyennes et citoyens de France et de Navarre….

> Notre principe est d’accompagner les interlocuteurs sur sollicitation :

Dans le dialogue avec une institution ;
Dans la compréhension, l’appropriation et l’application d’un droit ou d’un devoir ;
Si nécessaire en instaurant un rapport de force via une mobilisation populaire avec les 1ers concernés ;

> Au sein de la Révolution est en Marche nous fonctionnons sous forme de 3 pôles :

1) Un pôle associatif qui agit au quotidien essentiellement sur les thématiques suivantes :

  • Familles en situation d’isolement : Accompagner les familles avec des enfants placés. Pour la connaissance de leurs droits. La compréhension et l’application des décisions judiciaires dans le but d’équilibrer le rapport avec les institutions telles que l’ASE (Aide Sociale à l’Enfance) ;
  • Solidarité : Action sociale de manière globale ;
  • Logement : Accompagner les locataires. Pour faire valoir leurs droits dans les rapports avec le bailleur. Remonter au bailleur les difficultés rencontrées par les locataires. Être force de proposition pour améliorer des dispositifs existants. S’assurer que le bailleur persiste dans un projet social ;
  • Rapprochement population/police : 6 mois de travail pour aboutir à 5 propositions de fonctionnement à mettre en place. Rencontre d’un ancien agent de la Brigade Anti Criminalité (BAC) à la retraite. Rencontre d’Alexandre Langlois, représentant syndicat CGT Police National. Animations de 2 débats avec Policiers et habitants dans la ville d’Aulnay sous bois. Création d’une bande dessinée pour sensibiliser chaque interlocuteur ;

2) Un pôle action qui vise à créer régulièrement, autant que de besoins à l’image des innombrables luttes pour récupérer nos acquis et en conquérir, des opérations « coup de poing » c’est-à-dire une mobilisation populaire pacifique mais ferme dans la revendications de ses droits (setting, occupation de locaux, manifestation, pétition, campement…) ;

3) Un pôle politique avec une forme d’organisation « La Démocratie Représentative » qui vise à permettre « la participation politique » qui désigne l’ensemble des moyens par lesquels un citoyen peut activement faire valoir sa prérogative à participer à l’exercice du pouvoir. La Démocratie Participative a pu porter son projet politique et sociétale aux élections européennes, municipales et le fera pour les Présidentielles 2022 ;

B : A partir de toutes ces actions, qu’est-ce qui vous a amenés à vous occuper plus spécialement de la question du logement ? Quelles actions avez vous entreprises ?

Les demandes d’accompagnement et revendications sur ce sujet sont quasi quotidienne. Le secteur du logement aujourd’hui est sinistré. Ce droit le plus élémentaire a largement été dévoué à la marchandisation et à la spéculation.

Entre la ségrégation socio-spatiale, l’arrêt de construction de logements sociaux, le mal logement, l’habitat indigne, les situations de surpopulation de sous-occupation, la crise de l’hébergement d’urgence, l’isolement et les difficultés vécues par les copropriétaires sur des patrimoine délabrées …

Le logement est une droit constitutionnel des plus élémentaires et pour lequel

B : Comment voyez vous la solution au problème du logement ? Est-elle possible dans le cadre du système existant ? Quelles pressions peut-on exercer pour changer les choses ?

- Premièrement le vote est une arme, sachons faire les bons choix politiques au niveau local comme au niveau national au moment de passer aux urnes ;
- Multiplier les mobilisations collectives, auto-organisées des 1ers concernés, inciter les 1ers concernés à s’organiser pour faire valoir leur droits (en étant affilier ou non à une entité) ;
- S’approprier le droit pour mieux se défendre et si nécessaire enclencher une démarche juridique ;

B : Avez vous réfléchi à un système vers lequel la société devrait tendre pour régler à l’avenir de façon définitive le problème du logement ?

> Voici une partie de notre vision sur le sujet :

LOGEMENT /HABITAT : RÉTABLIR LA DIGNITÉ ET L’HUMANISME :

Selon l’article 10 du préambule de la Constitution de 1946, repris dans celle de 1958, « la nation assure à l’individu et à la famille les conditions nécessaires à leur développement ».

CONSTATS

  • Droit constitutionnel non appliqué et bafoué ;
  • Le droit au logement est un droit à valeur constitutionnel qui vise à garantir à tout individu le droit d’avoir un toit. Sa mise en application effective date de la loi de 2007 sur le droit opposable au logement ;
  • Le droit à un logement découle également du droit à la santé garanti par l’article 12 du pacte des Nations unies sur les droits économiques, sociaux et culturels ;
  • 12 millions de personnes fragilisées par rapport au logement ;
  • 4 millions de personnes mal logés ;
  • 143 000 personnes sans domicile ;
  • Marchandisation du logement ;
  • Loi SRU non respectée faisant de certains maires des « hors la loi » la détournant par le biais des amendes ;
  • Trop d’hommes et de femmes n’arrivent pas à trouver un toit (Sans domicile, sans abri) ;
  • Trop de familles vivent encore dans des logements insalubres, surpeuplés, précaires ;
  • Trop de quartiers concentrent l’exclusion et engendrent inégalités et violences ;
  • Nécessité de faire évoluer les politiques foncières-financières et fiscales pour l’accès au logement ;
  • Hébergement contraint et sans logement personnel, indice de privation de confort, défauts graves de confort, mal logement : surpeuplement, vétusté

VALEURS ET ORIENTATIONS

  • Agir sur l’offre de logement : construire ou réhabiliter des logements, mais créer les conditions d’existence d’un habitat pour tous ;
  • Accès à un habitat digne pour tous ;
  • Meilleure application des lois en vigueur DALO, SRU, loi de réquisition de logement ;
  • Intervention de l’Etat auprès des bailleurs sociaux et sociétés de logement ;
  • Encadrement des loyers et des charges locatives pour limiter les loyers abusifs ;
  • Plan nationale de lutte contre l’insalubrité et le mal logement parc locatif social-privée (Copropriétés) ;
  • Evaluer et optimiser les logements vacants ;
  • Intervention de l’Etat et encadrement de la commercialisation des logement neufs ;
  • Lutte contre l’habitat indigne et les marchands de sommeil ;
  • Cesser les coupes budgétaires liées aux aides financières dédiées au logement (APL) ;
  • Résorber les bidonvilles et logements de fortune ;
  • Favoriser l’émergence et soutenir des « organismes de foncier solidaire » pour accéder sans spéculer ;
  • Lutter contre la précarité énergétique ;
  • L’accès au logement pour les dépendants, handicapés aussi ! Développer les appartements thérapeutiques et autres formes de logements pour les publics spécifiques en besoin ;

B : Quels sont vos rapports avec les mairies ou les différents bailleurs ?

Il peuvent être synonyme de dialogue comme de rapports conflictuels et très tendus. Il dépend de la posture des institutions face aux revendications populaires que nous soulevons. Ce qui compte pour nous est le droit, l’égalité et la justice sociale des plus démunis.

B : Est-ce que vos actions "coups de poing" sur la question du logement ou d’autres vous ont aidé à analyser le fonctionnement actuel de la société ?

Complètement.
Ce type d’action et les accompagnements en lien direct avec les premiers concernés permet de saisir les mécanismes internes aux institutions, la lourdeur bureaucratique, les limites de leur efficience, l’inertie parfois de leur représentants, l’isolement accrue des 1ers concernés englués dans une précarisation massive de leurs conditions de vie.

B : Avez vous trouvé en route des partenaires fiables, associatifs, syndicaux, politiques ?

Parfois effectivement ce fut le cas. Nous sommes toujours ouverts à des mobilisations ouvertes avec diverses entités. Mais nous avons été le plus souvent amenés à porter de manière autonome nos luttes pour diverses raisons.

B : Avez vous pu développer des contacts à l’étranger ?

Oui aux Antilles. A l’heure actuelle la situation socio-économique des DOM-TOM est accablante et à un degré encore plus fort de ce que l’on vit déjà en Métropole. Avec une discrimination et des inégalités sociales encore plus criantes que en Métropole. La domination néo-colonialiste est une réalité en Outre Mer.

B : Comment qualifierais tu vos militants ? De quels milieux sociaux et professionnels sont ils issus ?

De révolutionnaires déterminés à tout donner pour dénoncer les injustices et les inégalités sociales. Pour défendre une révolution philosophique et systémique dans notre pays. Nous sommes toutes et tous issus de milieux populaires (prolétaires issue du précariat) avec des catégories socio-professionnelles à l’image des quartiers populaires.

B : Toute organisation a besoin de moyens pour se développer, mais en même temps dans beaucoup d’associations les débats sont vifs sur les aides qu’on peut ou qu’on ne devrait pas solliciter, est-ce que ce débat a déjà eu lieu chez vous et quelles réponses avez vous apporté ?

Oui. Nous avons eu ce débat.

Nous tenons à notre autonomie politique donc nous ne souhaitons pas nous retrouver dans des relations d’interdépendance avec les acteurs institutionnels que nous combattons dans leurs dérives. Il est important pour nous d’être cohérent et de préserver cette autonomie.

Par contre, nous estimons que l’octroi de financements publics pour le soutien de certains projets associatifs, notamment issus de la Politique de la Ville, relèvent en réalité de notre due et du bien commun le plus élémentaire aux collectifs, associations et mouvements qui tous les jours initient des actions pour l’intérêt général au sein notamment des quartiers prioritaires.

Aujourd’hui nous ne disposons d’aucunes subventions ni financements publiques. Disons que nos projets ont pour le moment été véritablement boycottées, saqués du fait de notre implication politique et notre non allégeance à aucune autorité publique.

Le système de la Politique de la Ville par les arbitrages de certains élus illustrent parfois des formes réelles d’instrumentalisation d’associations. Le jeu de l’attribution annuelle de financements génère en filigrane une forme de clientélisme associatif caché à visée notamment électoraliste.

B : Que représente à vos yeux et aux yeux du public la figure de Hadama Traoré ?

Premièrement Hadama Traore dit « Black Alinsky » fait parti des fondateurs du mouvement et il en est aussi le porte parole ;
Deuxièmement il est aujourd’hui la locomotive du mouvement dans une posture, une éthique et une énergie entièrement dédiée aux sans voix, aux plus démunis, à la lutte et au combat politique en ayant lui-même initié sa propre révolution philosophique en ayant fait le choix entre autre de s’extraire et de se libérer du système aliénant ;
Il est le premier à porter plainte et initier :

  • - un procès contre Gerard Collomb alors anciennement ministre de l’intérieur ;
  • - contre le syndicat Alliance Police Nationale ;
  • - une mobilisation de plusieurs mois devant l’IGPN pour dénoncer l’inertie de nos institutions publiques censées rendre justice face aux dérives et à l’abus de pouvoir d’une certaine police qui viole, discrimine et tue en toute impunité.
   

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