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La Chine sort de la crise !

jeudi 15 octobre 2020 par Alain Boublil

Affectée la première par l’épidémie du corona virus, au point que certains lui en ont attribué la responsabilité, la Chine est sortie la première de la crise sanitaire, même si quelques foyers réapparaissent, et retrouve, avant tous les autres grands pays développés, un rythme de croissance qui va lui permettre rapidement d’en avoir effacé les conséquences économiques. On connait le scepticisme que suscitent généralement les données statistiques et les commentaires qui accompagnent les déclarations des dirigeants de Pékin sont le plus souvent critiques. Pourtant, la prestigieuse revue médicale « The Lancet » vient de publier une étude sans équivoque sur le succès des autorités chinoises pour contenir l’épidémie et empêcher que se produise la « deuxième vague » à laquelle la France, comme d’autres pays est confrontée aujourd’hui.

Le point le plus important réside dans la rapidité avec laquelle les autorités ont réagi. Dès le début du mois de février des dispositions très contraignantes étaient imposées à la population pour contenir la transmission du virus qui était apparu au centre du pays, à Wuhan, dans l’une de ses capitales industrielles.

En France, alors que l’on avait identifié la menace depuis plus d’un mois, on a attendu le 11 mars pour décréter le confinement, et à la différence de la Chine, nous ne disposions ni de masques, ni de tests pour lutter contre la diffusion du virus.

Le caractère souvent autoritaire du régime que l’on dénonce souvent, a aidé à imposer des mesures impopulaires mais elles se sont révélées efficaces, et cela en lien avec les autorités locales qui ont agi comme courroie de transmission des décisions prises à Pékin. Si l’on ajoute au contexte politique particulier la prédisposition naturelle des Chinois à la discipline, on comprend mieux pourquoi les analyses publiées dans ‘The Lancet » ont une certaine crédibilité.

Suivant les statistiques officielles, il y avait encore 85 000 personnes affectées par le virus, soit moins qu’en France, avec une population vingt fois plus nombreuse.

Un autre indicateur est révélateur. La Chine vient de célébrer sa fête nationale et les habitants ont bénéficié d’une semaine de vacances, la « Golden Week ». Le Nouvel An qui intervient généralement au mois de février, donne la possibilité aux familles de se retrouver, le plus souvent en milieu rural chez les anciens. Mais les vacances passées à l’occasion de la fête nationale sont consacrées au tourisme.

Cette année, les déplacements comptabilisés s’élèvent à plus de 637 millions, en net recul par rapport à l’an dernier où ils atteignirent 782 millions. Mais ce résultat est tout à fait remarquable car il confirme le recul de l’épidémie. S’il y avait eu le moindre risque à se déplacer dans tout le pays, il n’y a guère de doute que les autorités les auraient encadrés sinon limitées et qu’à tout le moins les familles auraient été bien plus réservées à l’idée de voyager.

La comparaison avec l’Europe sur ce point est frappante. Cela donne aussi une indication précieuse sur le fait que les consommateurs chinois n’hésitent plus à la dépense même quand celle-ci n’a rien d’obligatoire. Une certaine confiance est revenue qui est un gage certain pour la reprise économique.

On disposera d’une première estimation de la croissance pour le 3ème trimestre avant la fin du mois. Sur les trois derniers mois, la production industrielle se situe en hausse de 5% par rapport aux trois mois correspondants de l’année dernière. Sur les huit premiers mois de l’année, la consommation d’électricité a retrouvé le niveau de l’an passé, comme les ventes de détail aux particuliers et l’investissement des entreprises.

Tout se passe donc comme si le creux brutal du premier trimestre avait été comblé. L’inflation est modérée (+2,5% les trois derniers mois par rapport à 2019) mais les investissements dans l’immobilier restent sur une trajectoire de croissance élevée (+4,6% sur les huit premiers mois).

Les marchés financiers ne s’y sont pas trompés. L’indice principal de Shanghai, le CS 300 est en hausse de 17% depuis le début de l’année et l’indice de Shenzhen, où sont cotées les sociétés à haute technologie fait presque aussi bien que le Nasdaq (+29%).

Pendant ce temps Paris et Londres perdent respectivement 17 et 19%. Le Dow Jones et la bourse allemande ont retrouvé le niveau du début de l’année mais, dans ce dernier cas, c’est parce que l’indice DAX intègre les dividendes. Sans cela, il aurait baissé d’environ 5%. La situation est la même sur le marché des changes où le Yuan est en nette hausse face au dollar depuis le mois de mars (+5%). Les places de Shanghai et de Shenzhen ont multiplié les accords avec les bourses étrangères pour faciliter les transactions. La monnaie chinoise poursuit lentement son processus d’internationalisation mais elle est encore loin de pouvoir concurrencer le dollar et l’euro.

La politique monétaire chinoise est restée très classique avec des taux d’intérêt positifs et surtout une courbe des taux pentue, à la différence des places occidentales où les taux négatifs et le très fable écart suivant la maturité des emprunts sont la règle. Sur ce point, les banques chinoises ont un avantage sur leurs concurrents européens notamment. Le soutien à l’activité par la politique budgétaire est réel mais beaucoup moins marqué qu’en Europe, par exemple et surtout qu’en 2008 quand Pékin a dû faire face à la crise des sub-primes.

L’accent est plutôt mis sur la libéralisation de l’économie avec la levée progressive des restrictions sur les investissements étrangers et sur la transition énergétique. L’engagement récent du président chinois sur la neutralité carbone au plus tard en 2060 ne doit pas être sous-estimé. Il ne s’agit pas de se démarquer de la position américaine qui va dans le sens opposé pour s’attirer le soutien de la communauté internationale mais de la prise de conscience que le modèle de croissance chinois doit être réformé, devenir moins consommateur d’énergie et moins dépendant de ses exportations.

La « nouvelle guerre froide » avec les États-Unis n’a pas davantage affecté la croissance chinoise, même si elle pénalise plusieurs grands groupes qui avaient acquis une position forte dans les nouvelles technologies.

La raison principale en est que ce que l’on reproche au pays, ses exportations massives, est principalement le fait des sociétés internationales qui ont délocalisé une grande partie de leurs chaînes de production dans le pays. Il est illusoire de penser qu’elles vont changer de stratégie du jour au lendemain.

Le résultat des élections américaines constitue néanmoins un facteur important pour l’évolution à court terme de l’économie chinoise. Si Donald Trump est réélu, il se sentira à l’abri de toute contrainte politique intérieure, puisque ce sera son dernier mandat et il peut encore durcir sa politique. Cela relancera un climat d’incertitude qui ne sera bon pour personne. Si à l’inverse, Joe Bidden est élu, il est certain qu’on assistera à une désescalade des tensions et cela sera favorable à l’économie chinoise, bien sûr, mais aussi aux grandes firmes américaines qui ne seront plus sous la menace de revoir complètement leur stratégie.

La présentation toujours pessimiste et négative que l’on fait en France de la Chine n’est pas fondée. Elle n’incite pas nos entreprises à s’intéresser à ce marché. C’est regrettable, vue la place que le pays occupe dans l’économie mondiale. Au moment où le train de la reprise démarre, elles risquent fort de rester sur le quai.


Voir en ligne : http://ab-2000.com/fr/archives/2020...

   

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